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3611• Notre propos est de faire un lien entre les deux ‘sous-crises’ de la GrandeCrise : celle de la guerre israélo-palestinienne et celle de l’Ukraine.. • Le 7 octobre 2023, nous pronostiquions que la première allait supplanter la seconde du point de vue essentiel du système de la communication. • Six mois plus tard, force est d’admettre que c’est faux, qu’il existe comme un quadrille où, à tour de rôle, la GrandeCrise change de partenaire sans jamais en abandonner aucune. • Cela donne un avantage inattendu au seul pays qui danse avec les deux : la Russie.
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Depuis le 7 octobre, vous devez admirer la façon dont les deux ‘sous-crises’ principales de la GrandeCrise dansent un pas de deux, tantôt l’une prenant la vedette des canards-de la presseSystème, tantôt l’autre, jalouse, la lui reprenant. Tout se passe comme un si un grand Ordonnateur nous jouait un universel Quadrille français réduit à deux (le Grand Ordonnateur, celui qui se fiche du Grand Ordinateur de Ray Bradbury), avec des figures inédites qui semblent nous donner un spectacle inédit mais qui en fait ne font que dissimuler sous une apparence une progression parallèle qui cache à peine une intégration totale de l’une dans l’autre, – et vice-versa.
On doit se rappeler que, le 7 octobre 2023, une opinion unanime nous laissait penser que le violence de la crise israélo-palestinienne allait complètement supplanter la crise ukrainienne dans le système de la communication, – là où réellement les choses se passent. Nous pouvions sans danger aucun, c’est-à-dire en toute certitude, affirmer ceci qui constituait une certaine “libération” des Russes du carcan de la communication qui tenait ‘Ukrisis’ entre ses poings :
« Pour ‘Ukrisis’, la crise ukrainienne, c’est la première fois depuis le 24 février 2022 que les Russes sont complètement libérés, – temporairement, en principe, – de la main de fer de la communication antirusse qui s’est déchaînée contre eux. Cela ne signifie pas que l’on ne parle plus de l’Ukraine mais que l’Ukraine n’est plus l’épicentre de la GrandeCrise. Pour la Russie, c’est une opportunité, voire une victoire stratégique inespérée et nous verrons ce qu’ils en font et en feront, – ce pourquoi l’on dit ce que l’on dit à propos de leur poussée sur le front. »
Ce constat pouvait tenir au début de la conjonction des deux crises mais il n’a pas tenu longtemps. Il y avait une erreur de notre part, celle de faire la part trop belle à la raison (même subvertie), alors que nous sommes pourtant rebelles et hostiles à l’empire de la raison. Nous n’avions pas assez mesuré la puissance de la folie affectiviste qui mène le monde, et donc l’influence sataniste qui nous écrase.
Les deux crises paroxystiques ainsi installés n’opérèrent pas comme deux vases communiquant, mais poursuivirent parallèlement leur parcours paroxystiques. Ainsi trouvons-nous de plus en plus des séquences où les deux ‘sous-crises’ se trouvent en même temps sur le point de faire éclater presque de concert, – mais sans concertation, certes, – une sorte de paroxysme du paroxysme.
Nous ne voulons pas dire pour autant qu’il n’y a eu qu’une sorte de prolongement de la sorte de paralysie semblant avoir été instaurée par le système de la communication, simplement étendue à une deuxième ‘sous-crise’ où l’on retrouve les mêmes attitudes d’extrémismes et de simulacres. C’est là que se situe une certaine nouveauté, sinon une nouveauté certaine : les acteurs humains, essentiellement de “notre” côté de cette affection de paralysie cérébrale et de simulacre de perception, tiennent un rôle effectif encore plus ridicule et sans effet qu’au temps de la seule ‘Ukrisis’, tandis que les événements totalement hors de notre portée, de notre influence et de notre compréhension, avancent à pas de plus en plus marqués.
Nous dirions même que cette paralysie affectiviste et pathologique qui “nous” affecte n’a fait qu’empirer et a fourni à ces événements “hors de ...” un élan supplémentaire. Cela signifie, en termes opérationnels, que les deux ‘sous-crises’ évoluent dramatiquement, – chacune en tenant compte l’une de l’autre pour en tirer avantage, – et aggravent d’une façon sans cesse leurs situations respectives. Nous faisons du sur-place comme des robots arrêtés par un obstacle non-programmé tandis que les ‘sous-crises’ filent comme le vent des tempêtes. L’on découvre alors des situations inédites, pleines d’un charme catastrophique qui rendent les cours de nos Grandes Écoles militaires aussi vaines qu’une production de Netflix.
Prenez cet exemple qui a largement dépassé l’hexagone (venu du ‘Figaro’) puisqu’un commentateur de la classe de Larry Johnson s’en est emparé ; il s’agit d’une interview du commandant de la frégate multi-missions ‘Alsace’, un navire de combat très moderne de la Marine Nationale, la “Royale”. La situation qu’il nous décrit est exemplaire de la situation générale qui règne actuellement dans les zones de la Mer Rouge etc. adjacentes, là où les marines occidentales sont censées évoluer.
‘Le Figaro’ : « Vous revenez de plusieurs semaines de mission en mer Rouge, à bord de la frégate Alsace . Vous qui étiez en première ligne, comment décrivez-vous la situation là-bas ? Quelle menace représentent réellement les Houthis? »
Commandant Jérôme Henry : « Nous ne nous attendions pas forcément à ce niveau de menace. Il régnait une violence désinhibée assez surprenante et très importante. Les Houthis n’hésitent pas à utiliser des drones qui volent au ras de l’eau, pour les faire exploser sur les navires de commerce, et à tirer des missiles balistiques. Nous avons dû procéder à au moins une demi-douzaine d’assistances à la suite de frappes Houthis.
[...] » Il y a longtemps que nous n'avons eu affaire à un tel niveau d'armes et de violence... ».
Passons sur un autre point important de l’autre ‘sous-crise’, exposé au même moment, la situation de la ville de Kharkov. Cette fois, les témoins sont également des gens bien informés et qui, à de nombreuses reprises, nous ont parfaitement informés en ridiculisant toutes les sources officielles sur les mêmes sujets. Mercouris-Christoforou décrivent la situation de Kharkov actuellement après les frappes successives de missiles russes, puis de l’artillerie russe elle-même qui a pris position, contre les divers centres de production et de distribution d’énergie :
« A Kharkov, qui est la seconde ville du pays et à l’heure où nous diffusions ce programme, cette ville est à nouveau complètement privée d’électricité, la ville est dans la plus complète obscurité, le métro ne fonctionne pas, les usines ne peuvent évidemment pas fonctionner et Kharkov qui est une ville industrielle clef du pays connaît des conditions de vie complètement intolérables, et de plus en plus de gens quittent la ville et si les Russes ont un plan pour prendre Kharkov, c’est exactement lav situation idéale, avec absence d’électricité, plus d’internet, pratiquement plus de population civile, tout cela rend la défense de la ville extrêmement difficile sinon impossible et il devient extrêmement facile pour les Russes, s’ils le décident, de bombarder et de pilonner les positions ukrainiennes dans la ville , et ainsi vous pouvez avancer qu’une offensive russe contre Kharkov sera lancée avec succès, ce qui constituera un événement considérable malgré toutes les tentatives faites pour le minimiser... »
Vous voyez, sur ces deux cas qui caractérisent les difficultés extrêmes des occidentaux dans les deux ‘sous-crises’, qu’il s’agit d’une illustration de deux situations générales qui évoluent parallèlement. Du côté de la ‘sous-crise’ du Sud plane l’option d’une riposte iranienne à l’attaque israélienne contre l’ambassade d’Iran à Damas, où nous partageons à nouveau (décidément !) le point de vue de Mercouris qui nous dit que l’Iran ne tombera pas dans le piège de la riposte lançant une guerre générale malgré l’attaque douloureuse de Damas, qu’elle se fera très prudente et frappera, si elle devait frapper, hors de cette orbite qui entraînerait une guerre générale .
Là aussi, nous nous nous trouvons à un paroxysme, comme à Kharkov. C’est ce dernier point qui doit conclure notre propos.
En effet, nous constatons que les deux ‘sous-crises’, loin de voir l’une chasser l’autre (au niveau du système de la communication, là où les choses comptent), poursuivent en fait leur ascension paroxystique de ce qui est déjà un paroxysme. Il n’y a aucun lien direct entre ces deux dynamiques, ni d’ailleurs entre les deux crises, mais il y a un lien politique, géographique et surtout psychologique. Il se nomme Russie, et l’on comprend bien : bien sûr, la Russie en Ukraine, mais aussi la Russie proche de l’Iran comme elle ne l’a jamais été...
Nous pensons, nous, que si Poutine est considéré en général par certains (y compris de ses amis) comme non-machiavélique, il est au moins rusé comme un renard. Il ne peut pas ignorer que, si un conflit considérable éclatait entre Israël et l’Iran, avec implication de l’Amérique et soutien des pays de l’UE, la Russie pourrait juger le moment opportun de jouer son rôle, – outre d’alimenter l’Iran en armement, – d’enfoncer décisivement le front ukrainien et de faire un sort au régime Zelenski. Que se passerait-il alors ?
C’est là l’essentiel, la carte-maîtresse : l’homme qui tient dans sa main le joker, qui lui permet, sans avoir à déplacer ses porte-avions hypersoniques, d’avoir un atout-maître au Nord comme au Sud. Quant à nous, il faudra bien remballer notre thèse : aucune de ces deux ‘sous-crise’ ne liquide (du point de vue du système de la communication) l’autre.
Mis en ligne le 13 avril 2024 à 15H55