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3929• Articles du 18 août 2021. • A l’occasion de la Grande Débâcle de Kaboul, un coup d’œil sur la presseSystème, cette « poupée/ Qui fait “oui, oui, oui, oui”/ Toute la journée... », fidèle soutien de la politiqueSystème de Washington D.C. et du bloc-BAO par extension.• Où l’on voit que cette presseSystème et ses inspirateurs finissent par croire à ce qu’ils disent. • Cela leur posera à tous quelques problèmes s’il s’avère qu’un jour, Biden et ses généraux (ou bien : Biden versus ses généraux) aient à répondre à la question “ Who Lost Afghanistan ? ”. • Contribution : dedefensa.org et WSWS.org.
En même temps qu’un des grands guerriers trotskistes du WSWS.org nous expose l’extraordinaire corruption de la presseSystème (US) par rapport à ses maîtres qui sont en charge de la conduite de la politiqueSystème, nous nous attachons à ce qui pourrait apparaître comme une “énigme-Biden”. Les deux sont liés, mais peut-être indirectement, ou bien accidentellement c’est à voir.
Le sel de l’affaire se trouve résumé dans le constat de l’auteur du texte ci-dessous, Joseph Kishore, mais peut-être dans une mesure bien plus importante qu’il ne le dit à cause de facteurs dont il n’a pas eu connaissance. Cette phrase pose le constat :
« The deluders became the deluded », c’est-à-dire, selon le vieux truc de “l’arroseur arrosé”, « Les illusionnistes sont devenus les illusionnés », – phrase qui convient mieux que “les manipulateurs manipulés” qui vient tout de suite sous la plume par sa forme, du fait de la présence du mot “illusions”, renvoyant parfaitement au mot-concept de “narrative” que nous utilisons systématiquement et qui se trouve ici aux premières loges.
Kishore reprend l’historique de la neutralisation de la “grande presse nationale” (avec les autres locaux qui suivent) d’antant en un organe uniforme de complète propagande, au profit d’une narrative qui est principalement ici le fait de la politiqueSystème, dite impérialiste ou/et belliciste, dite également selon notre penchant, déstructurante des pays et régions qu’elle assaille pour permettre d’y installer le “modèle américaniste” conforme aux vœux du Système. Effectivement, c’est bien l’expérience vietnamienne où la presse joua un rôle éminent contre la politiqueSystème qui conduisit le Système (ou DeepState, ou communauté de sécurité nationale, ou..., etc.) à donner comme consigne fondamentale : “il faut contrôler la narrative” ; c’est-à-dire contrôler la “grande presse nationale” en la transmutant en presseSystème.
Kishore décrit donc une évolution impeccable et implacable, avec des détails peu connus comme les consignes adressées par des directions rédactionnelles à leurs journalistes pour structurer les textes ou leurs interventions télévisées de façon à effacer tout effet négatif (pour les forces armées US) du récit des opérations décrites. Le cas de CNN est cité avec des détails intéressants. Bien entendu, le champ des opérations de guerre s’est aussitôt et largement étendu à toutes les interventions concernant toutes les opérations et productions de la politiqueSystème, les opérations d’influence, les analyses générales, les arguments progressistes-sociétaux, les “révolutions de couleur”, le wokenisme, etc.
L’opération de (re)structuration aboutissant à l’actuelle presseSystème a été conduite avec tant de précision, auprès de journalistes dont la tendance est devenue finalement un réflexe pavlovien qui n’est même plus réalisée, que les “manipulateurs” ont fini par croire selon leur propre manipulation, et ainsi devenant des “manipulés” par eux-mêmes. Leurs inspirateurs ont suivi la même voie si bien qu’on a dérivé vers un système complètement fermé où la narrative devient complètement impérative et déterministe, et qu’il devient impossible intellectuellement et psychologiquement de s’en détacher. On se trouve alors prisonnier de notre concept du déterminisme-narrativiste, où effectivement les manipulateurs sont obligés de se manipuler eux-mêmes parce qu’ils ont été conduits à croire évidemment ce qu’ils “racontent”, comme l’on rapporte un “récit” qui devient finalement, par enchaînement des logiques impératives, la seule réalité possibler, c’est-à-dire la Vérité selon eux.
« Tels sont les médias américains, – un système d’illusion et d’auto-illusion, dans lequel les propagandistes en viennent à croire leur propre propagande et sont stupéfaits lorsque la réalité les frappe de plein fouet.
» Pour parachever l'absurdité de toute cette entreprise, les médias ont, en particulier au cours des cinq dernières années, participé à l'effort visant à qualifier de “fake news” tout reportage véridique. Les médias qui ne font pas partie des “sources autorisées”, – les “sentinelles” de l’opinion publique, – sont censurés par Google, Facebook et d’autres plateformes, soi-disant pour avoir diffusé des “fausses informations”... »
(Kishore précise que « Cela s’est surtout appliqué au ‘World Socialist Web Site’, qui a une couverture inégalée de l’occupation de l'Afghanistan, qui dure depuis deux décennies » ; nous, nous serions enclins à nuancer le propos : ‘WSWS.org’ a certes été censuré, mais il est loin d’être le seul et sans doute pas nécessairement “le plus” ; certains sites de la droite extrême, ou même simplement ‘indépendants’, qui existent malgré le mépris trotskiste, sont également en bonne posture.)
Cette situation générale est aujourd’hui confrontée à la possibilité d’une situation spécifique extrêmement complexe. Le terme “possibilité” renvoie à l’incertitude où nous sommes de la véracité de ce qui est exposé au travers de deux articles qui citent de bonnes sources (et d’autres articles également honorables), qui développent de bonnes argumentations, qui enfin donnent une explication assez inattendue de la débâcle US en Afghanistan. Ces deux articles du site RedState.com, résolument conservateur et qui nous a montrés à plusieurs reprises le sérieux de ses interventions.
La premier article est une sorte de documentation propre à étayer la thèse que soutient le second. Il nous rapporte qu’au printemps 1975, au temps de la débâcle Saigon-1975, l’un des principaux opposants à une aide à apporter d’urgence au gouvernement de Saigon pour résister à l’attaque communiste (Nord-Vietnamiens) fut le jeune (32 ans) sénateur démocrate Joe Biden. L’article cite un autre article de ‘The Atlantic’, du 26 mars 2021, mettant en évidence le rôle joué par le jeune Biden pour refuser toute aide aux Sud-Vietnamiens, refusant des crédits pour rapatrier les Sud-Vietnamiens “compromis” avec les USA et laissant le Vietnam à la débâcle de la politique américaniste :
« Biden et les autres démocrates restèrent insensibles [à la demande du président Ford de débloquer des fonds]. Dans un discours prononcé au Sénat le 23 avril, Biden fit valoir que le président n’avait pas l'autorité nécessaire pour secourir quelque Vietnamien que ce soit. “Je ne crois pas que les États-Unis aient une obligation, morale ou autre, d’évacuer des ressortissants étrangers” autres que des diplomates de pays tiers. “Les États-Unis n’ont aucune obligation d’évacuer fût-ce un ou cent mille et un Sud-Vietnamiens”. Les États-Unis devraient laisser la tâche de les protéger aux “organisations qui sont disponibles” et aux“ canaux diplomatiques”. Une semaine plus tard, les chars nord-vietnamiens pénétraient dans l'enceinte du palais présidentiel de Saigon, quelques heures seulement après que le dernier hélicoptère eut transporté les derniers Américains hors du Vietnam. »
L’auteur de ce premier article avait déjà évoqué l’hypothèse que la débâcle de l’Afghanistan pouvait venir essentiellement de la volonté de Biden de quitter ce pays, d’arrêter immédiatement cette guerre par désintérêt pour elle autant que pour les Afghans, exactement comme il avait montré son désintérêt pour les Vietnamiens ; à cet égard, l’ancêtre n’aurait pas changé de paroisse :
« Ce n’est pas seulement Joe Biden l’incompétent. C’est Joe Biden le diabolique. Il n’a pas évité les allusions au Vietnam, il les a utilisées pour estimer qu’il pouvait faire ce qu’il a fait, [comme pour le Vietnam], et s’en sortir sans trop de mal. Il a ordonné le retrait sans véritable plan parce qu’il n’a jamais eu de plan. Le plan était de foutre le camp et de les abandonner.
» Maintenant, il est furieux d’être mis en tort une fois de plus, furieux que nous nous préoccupions vraiment de lui et que nous exigions des réponses, furieux qu’il doive en fait rendre des comptes. »
C’est alors qu’intervient le second texte que nous citons qui évoque, lui, un désaccord entre Biden et ses généraux. Biden voulait un retrait ultra-rapide et radical et les militaires ne le voulaient pas. Les militaires ont fait mine d’accepter l’ordre de leur président, – pour être sénile, on n’en est pas moins président, – et ils n’ont rien préparé du tout parce qu’ils pensaient mettre ainsi Biden au pied du mur et le faire reculer, lorsqu’ils lui auraient dit : “Non, nos plans ne sont pas prêts, il est donc impératif d’arrêter au moins temporairement le retrait des forces”...
« Ayant travaillé directement pour un trois étoiles de l’état-major de l’armée de terre, je peux vous dire que cela résonne en moi. La réponse standard du Pentagone, du moins du côté de l’armée de terre, à toute tâche qu’elle ne veut pas accomplir c’est de hocher vigoureusement la tête [en signe d’acceptation] tout en ne faisant absolument rien. J’étais un officier d’état-major de l’armée de terre pendant la réduction des effectifs après l’opération ‘Tempête du Désert’ (1991) et une réduction des forces (RIF) des officiers de campagne, la première depuis la fin de la guerre du Vietnam, était imminente. On nous a ordonné de ne pas planifier une RIF parce que si quelqu’un entendait dire que nous planifions une RIF, il supposerait qu’une RIF était acceptable pour l’armée, tandis que si nous ne planifions pas nous n’aurions sans doute pas à le faire par simple évidence chronologique et manque de temps. En conséquence, [le plan d’absence de plan de l’armée n’ayant pas fonctionné], ce qui aurait pu être un processus contrôlé et ordonné [en Afghanistan] s’est transformé en une panique stupide. Est-ce que tout cela ne vous semble pas familier ? [...]
» Les généraux ont pu se convaincre qu'ils avaient convaincu Biden d’annuler complètement le retrait afghan, comme il l’avait fait pour la plupart des initiatives du président Trump. Puis, de façon inattendue, Biden a décidé d’aller de l’avant, et, oui certes, son mépris ostensible pour la vie humaine a joué dans sa décision. L’armée a été laissée sur le carreau parce qu’ils avaient refusé de prendre les mesures préliminaires nécessaires pour évacuer les non-combattants et les Afghans amis. [...]
» [Mais] la théorie de Nick Arama est moins charitable. Quand l’armée s’est aperçue qu’elle n’avait pas obtenu ce qu’elle voulait, elle s’est dit “tant pis, on lui fait avaler ça” et elle a laissé ce désastre se produire en cascade, afin de donner à Biden une précieuse leçon de chose sur la façon dont la bureaucratie fonctionne réellement lorsqu’on n’est plus un simple petit sénateur fanfaron d’un État pisseux.
» Je ne sais pas si Biden voulait ce qui se passe en Afghanistan, mais je pense qu’il a eu ce qu’il a demandé. »
(Voyez la “méthode Goodpaster”, cela résonne en vous, n'est-ce pas?)
L’hypothèse est donc bien développée et présente sous une étrange lumière les événements d’Afghanistan, en faisant d’une querelle de centres de pouvoir à Washington D.C. le déclencheur d’une catastrophe qui affecte le statut de puissance des États-Unis dans le monde. Ce serait un signe de plus de la crise du pouvoir, révélant par ailleurs un président certifié sénile, mais accroché à certaines obsessions politiques et inhumaines qui le conduisent à mal apprécier le véritable poids de son pouvoir : là où Trump a cédé à ses militaires par prudence, Biden aurait tenu bon et provoqué indirectement le désastre afghans par incapacité de jugement des forces bureaucratiques, avec ses généraux arrogants et plus intéressés par les privilèges de leur caste que par la sécurité nationale des Etats-Unis.
Cela conduit à une situation qui nous ramène à la presseSystème “contrôlée” en s’interrogeant sur la façon dont elle devrait gérer cet affrontement entre deux forces du même parti de la politiqueSystème, dont elle est l’instrument manipulé, s’il s’avérait qu’il y a affrontement. Bien entendu, il va de soi nous n’aurions/que nous n’aurons pas un débat sur la pertinence et la hauteur morale d’avoir mené ces vingt ans de guerre absurde. Pentagone ou Biden, le débat est toujours tranché dans le sens des aiguilles d’une montre : ces guerres sont justes, bonnes, intelligentes et si jolies... Mais nous ne ferions pas, par contre, et peut-être pouvons-nous affirmer d’ores et déjà que nous ne ferons pas l’économie d’un débat, opposant éventuellement Biden à ses généraux, sur la question “Who Lost Afghanistan ?” ; cette question, réminiscence inévitable, revenant à chaque catastrophe de cette sorte si riche à Washington D.C., depuis 1949 et le fameux débat “Who Lost China ?”, après la prise du pouvoir par les communistes de Mao Tsé-toung... Et la malheureuse presseSystème, dans cette occurrence, devra prendre ses marques, – de quel côté ? Pile ou face ?
Quant à Biden, célèbre pour son désintérêt pour les vies humaines d’autant plus grand qu’il est entré dans le crépuscule de la sénilité, il devient par une sorte d’étonnante inversion quasiment nietzschéenne (“poor ‘Ol’White Joe’”), un président qui amoindrit très fortement, sans le savoir ni même s’en apercevoir, la politiqueSystème essentielle à la survie de l’“Empire”, et par conséquent l’“Empire” lui-même. Un jour, les antiguerres et antiwars de tous les pays se prendront la main et rendront grâce au vieux crouton, tandis que la presseSystème tentera, avant de s’effondrer, de remettre en un cercle parfait une narrative de plus en plus maltraitée et déchiquetée par ceux-là mêmes qui l’inspirent et l’exigent, tout simplement parce que pour eux qui vivent dans le simulacre, pour eux ce simulacre c’est la Vérité bien plus qu’une vérité-de-situation.
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Après l'effondrement du gouvernement fantoche américain en Afghanistan au cours du week-end, les médias et l'establishment politique ont été accaparés par la question suivante : comment ont-ils été si désastreusement “pris au dépourvu” par l'effondrement extrêmement rapide du régime de Kaboul ?
La réponse à cette question a beaucoup à voir avec le rôle des médias eux-mêmes. L’une des fonctions traditionnelles de la presse bourgeoise est non seulement d’informer le public, mais aussi d’informer la classe dirigeante. Les médias américains, cependant, ont été complètement transformés en une machine de propagande d’État. Au cours de ce processus, la classe dirigeante a créé un instrument non seulement de tromperie, mais aussi d'auto-illusion. Les illusionnistes sont devenus les illusionnés.
Une leçon majeure que la classe dirigeante avait tiré de la guerre du Vietnam était la nécessité de “contrôler la narrative”, ce qui signifiait contrôler les médias. La couverture médiatique de l’horrible réalité de la guerre avait joué un rôle important dans l'évolution de l’opinion publique, et de nombreux journalistes de premier plan, dont Walter Cronkite, présentateur de CBS News, après l’offensive du Têt en 1968, se prononcèrent ouvertement contre la guerre.
La classe dirigeante a conclu que si elle pouvait limiter la diffusion des mauvaises nouvelles, – ce qui signifiait limiter la diffusion de la vérité, – elle pourrait influencer le résultat de ses opérations impérialistes. La guerre du Golfe de 1991 contre l'Irak a marqué une étape importante dans ce processus, les médias reprenant consciencieusement la propagande de la première administration Bush. L’un des seuls journalistes à avoir rendu compte de la dévastation causée par les bombes américaines, le correspondant de CNN Peter Armett, fut dénoncé par la Maison Blanche comme un instrument de Saddam Hussein. En 1999, Arnett fut contraint de quitter la chaîne à la suite d'un scandale fabriqué à partir de son reportage sur l’“Opération Tailwind”.
La transformation des médias en porte-parole de l'armée est devenue explicite au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, alors que l'administration de George W. Bush se préparait à la guerre en Afghanistan. Dan Rather, le présentateur principal de CBS News, a résumé la lâche prosternation des médias devant l'État lorsqu'il a déclaré le 17 septembre : « George Bush est le président. C'est lui qui prend les décisions. En tant qu’Américain, dites-moi où il veut que je m’aligne, je m’alignerai et il prendra la décision. »
Fin octobre 2001, trois semaines après le début de la guerre, Walter Isaacson, président de CNN, envoya un mémo aux correspondants internationaux de la chaîne leur ordonnant d’« équilibrer » toute information sur les victimes civiles des avions de guerre américains par des déclarations « sur la façon dont les talibans ont hébergé les terroristes responsables » des attentats du 11 septembre 2001. Il déclara au Washington Post à l’époque qu’il lui semblait « pervers de trop se concentrer sur les pertes ou les difficultés des forces US en Afghanistan ».
Le “responsable des normes et pratiques” de CNN prescrivit ainsi à tous ses présentateurs d’inclure dans leurs reportages un langage spécifique justifiant la guerre, tel que : « Le Pentagone a souligné à plusieurs reprises qu'il essayait de minimiser les pertes civiles en Afghanistan, alors même que le régime des Talibans continue d’abriter des terroristes liés aux attentats du 11 septembre qui ont coûté la vie à des milliers d'innocents aux États-Unis. »
Cela a défini les “normes et pratiques” pour l’ensemble des médias pendant les 20 ans d'occupation. Elle a couvert les horribles atrocités associées aux premières phases de la guerre, notamment la torture et le massacre de milliers de prisonniers par les chefs de guerre soutenus par les États-Unis près de Mazar-i-Sharif en novembre 2001. La dévastation continue causée par les bombes américaines et les frappes de drones, la corruption et la criminalité inestimables des divers mandataires américains amenés à diriger le gouvernement “démocratique”, n’ont pratiquement pas été rapportées au cours des deux dernières décennies.
Ce qui a commencé avec l'Afghanistan s'est aggravé avec l'invasion de l'Irak en 2003. L’armée et les médias ont collaboré directement à l'institutionnalisation des “reporters intégrés” [‘embedded’], en commençant par quelque 700 journalistes qui ont été affectés à des unités militaires. Expliquant l'objectif de ce programme, le lieutenant-colonel Rick Long, du corps des Marines, a déclaré à l'époque : « Notre travail consiste à gagner la guerre. La guerre de l'information en fait partie. Nous allons donc tenter de dominer l'environnement informationnel. »
Avant l'invasion de l'Irak, les médias ont participé au soutien de la guerre en répercutant les mensonges du gouvernement sur les “armes de destruction massive”. Pendant l'invasion, ils ont consciencieusement présenté la propagande militaire décrivant des Irakiens “libérés” et joyeux. Après l'invasion et pendant l'occupation, elle a aidé le gouvernement à persécuter ceux qui cherchaient à exposer ce qui se passait réellement, notamment Chelsea Manning et l'éditeur de WikiLeaks Julian Assange. Tout au long du processus, elle s'est efforcée d’exclure le sentiment anti-guerre largement répandu du cadre du “débat” officiel.
Les mêmes personnes qui ont acclamé la guerre en Afghanistan au cours des 20 dernières années, – Wolf Blitzer, Martha Raddatz, Andrea Mitchell, Brian Williams (qui a dit des frappes aériennes de Trump en Syrie en 2017 qu'il était impressionné par la « beauté de nos armes »), et d'innombrables autres, – fournissent maintenant les commentaires sur la débâcle qu'elle a produite.
Aucun de ces “journalistes” bien payés ne pense à remettre en question les prémisses sous-jacentes qui les ont conduits à tout faire si désastreusement faux en premier lieu. Le fait que les États-Unis aient lancé la guerre pour “vaincre le terrorisme”, “promouvoir la démocratie” et “protéger les femmes et les jeunes filles” est accepté comme une évidence. Dans les reportages interminables des chaînes câblées et des chaînes de télévision, ainsi que dans les pages du New York Times, du Washington Post et d’autres grands journaux, on ne trouvera pas une seule voix qui s'oppose à la guerre ou qui ait quelque chose de critique à dire sur les intérêts politiques et sociaux qui la sous-tendent. Les “commentateurs experts” sont inévitablement puisés dans la réserve bien remplie d'anciens généraux et d'anciens agents de renseignement qui se sont “intégrés” aux médias.
Cela s’applique aussi, ou peut-être surtout, aux médias “progressistes”. Rachel Maddow de MSNBC, qui a été présentée à un moment donné comme une journaliste de “gauche”, a produit lundi un commentaire plein d'indignation selon lequel « les militaires, les militaires afghans que nous avons passé toutes ces années à construire, ne voulaient pas se battre ». “Nous” avons dépensé tout cet argent, s'est-elle plainte, et « ils n'ont vraiment fait que remettre aux talibans les clefs de leur pays le moment venu ».
Il y a plus de 10 ans, en juillet 2010, Maddow a passé plusieurs jours en Afghanistan pour “rendre compte” de l’occupation militaire américaine, glorifiant les opérations de “nation building” des généraux américains à qui elle a parlé. À un moment donné, Maddow a fait l'éloge du centre pénitentiaire américain de Bagram, utilisé comme centre de détention pour les prisonniers torturés dans les sites noirs de la CIA ou devant être transportés à Guantanamo Bay. La meilleure chance de repousser les talibans, a déclaré Maddow, « c’est la loi et l’ordre, et une partie de la loi et de l'ordre consiste à enfermer les gens ».
Tels sont les médias américains, – un système d'illusion et d’auto-illusion, dans lequel les propagandistes en viennent à croire leur propre propagande et sont stupéfaits lorsque la réalité les frappe de plein fouet.
Pour parachever l'absurdité de toute cette entreprise, les médias ont, en particulier au cours des cinq dernières années, participé à l'effort visant à qualifier de “fake news” tout reportage véridique. Les médias qui ne font pas partie des “sources autorisées”, – les “sentinelles” de l’opinion publique, – sont censurés par Google, Facebook et d’autres plateformes, soi-disant pour avoir diffusé des “fausses informations”. Cela s’est surtout appliqué au ‘World Socialist Web Site’, qui a une couverture inégalée de l’occupation de l'Afghanistan, qui dure depuis deux décennies.
Le longu et ignominieux amas mensonges et de propagande des médias s’applique non seulement à la guerre en Afghanistan, mais aussi, et peut-être surtout, au pays qui la mène. Malgré tous les discours sur l'échec de l'établissement de la “démocratie” en Afghanistan, personne dans les médias de l'establishment ne peut parler honnêtement de l'état de la “démocratie” aux États-Unis, qui a, au cours de l'année écoulée, vacillé au bord de la dictature, ou des relations sociales qui la sous-tendent...
La catastrophe infligée à l'Afghanistan est l'expression extérieure de la criminalité du capitalisme américain. Les 20 dernières années d'occupation militaire ont été 20 années de décomposition politique, sociale et culturelle de la classe dirigeante américaine et de toutes ses institutions, y compris les médias eux-mêmes. Et si les médias sont “pris au dépourvu” par l'effondrement de Kaboul, ils seront encore plus choqués par l’éclatement d’explosions sociales à l'intérieur des États-Unis.
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