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27 février 2006 — Il y a ceux, comme David Brook, qui se disent rassurés par les ‘experts’, qui lui ont assuré que le rachat de la gestion de l’infrastructure de 40% des grands ports US par une société arabe des EAU ne pose aucun problème de sécurité. D’autres, comme Frank Gaffney qui est à la base de cette affaire avec un article dans le Washington Times le 14 février (sans lui, les ports auraient été vendus comme une lettre à la poste), ne l’entendent pas de cette oreille et tirent à boulets rouges sur l’administration GW qui fut pourtant leur idole. En effet, on parle des partisans du président, des radicaux d’extrême droite, dont Brook et Gaffney font partie. Ils sont déchirés et vont en désordre dans cette polémique.
Pour l’autre camp, celui des critiques rigoureux ou/et inconditionnels, l’affaire des ports américains est une occasion en or, une polémique de rêve (voir notamment WSWS.org). En un mot, car le cas est clair : GW, l’homme de la guerre contre la terreur, l’homme de la “Long War”, qui approuve la vente, clef sur porte, de la sécurité et du contrôle de 40% des grands ports américains à une société arabes, des EAU, dont deux des terroristes de 9/11 étaient originaires, qui a soutenu activement les talibans jusqu’au 11 septembre, et ainsi de suite.
Les Arabes parent le coup et annoncent qu’ils suspendent leur offre, et ils demandent même que le gouvernement US fasse son enquête sur leur propre honorabilité. Cela est implicitement poser l’idée que ce n’est pas le principe de confier la gestion et la sécurité des ports à une puissance privée et à une puissance étrangère qui est en cause, puisque l’actuel gestionnaire des ports est britannique. Il y a simplement quelques détails d’honorabilité, de conformisme guerrier, à régler. Il ne fait aucun doute que les Arabes autant que l’administration entendent réaliser ce marché. Trop d’intérêts privés, y compris les bonnes relations de la famille Bush et consorts avec l’establishment pétrolier arabe au Moyen-Orient, sont en cause.
L’affaire des ports US va donc suivre son cours avec la potentialité forte d’une polémique durable. En attendant, elle apporte ou confirme plusieurs points, sans surprise excessive tant ils se situent dans le courant général de l’évolution de l’administration GW Bush. Surtout, elle contribue à accentuer jusqu’à l’absurde les contradictions inhérentes aujourd’hui à la situation aux USA, — entre “the Long War” et le business as usual, entre le nationalisme quasi-hystérique de l’Amérique “en guerre” et la globalisation également hystérique dans la façon où elle est poussée jusqu’à ses extrêmes.
Voici quelques réflexions et constats sur ce désordre grandissant.
• L’affaire des ports US met en évidence les contradictions insupportables entre les impératifs de sécurité nationale et les règles (l’absence de règles) de la globalisation. Si les deux phénomènes sont représentés jusqu’à l’hystérie aux USA, comme on l’a noté, c’est tant mieux : la démonstration n’en est que plus convaincante. Nous avons en présence l’extrémisme hystérique de “the Long War” (la perception de l’importance de la sécurité des ports) contre l’extrémisme hystérique d’une autre façon de la globalisation (une seule référence : le dollar, devant lequel toutes les valeurs s’effacent).
• Cela n’empêche que, hors de ces hystéries, l’affaire pose un sérieux problème de sécurité. L’Amérique, ce pays hyper-cadenassé de “secret-Défense” et de contrôle de l’exportation des technologies jusqu’au dernier boulon, se trouve par contre totalement offerte dans d’autres domaines qui sont manifestement aussi important pour sa sécurité. C’est une situation typiquement bureaucratique, et d’une bureaucratie largement sclérosée : un extrémisme paralysant dans certains domaines, un laxisme complet dans d’autres. Cette situation de complet déséquilibre permet toutes les corruptions, toutes les manipulations et toutes les influences.
<196> L’affaire a révélé clairement de profondes fractures au sein de la “majorité” (par l’hystérie et par l’intervention vocale) qui, dans l’establishment washingtonien, soutient la politique bushiste. Désormais, d’un peu partout s’élèvent des clameurs pour accuser le porte-drapeau de la politique bushiste de trahir la politiquer bushiste. Aucun événement n’est plus marquant à cet égard que le déclenchement de la polémique sur les ports US, venant d’un “super-hawk”, Frank Gaffney, indéfectible soutien de la politique bushiste mué en terrible accusateur de GW Bush. Lisez l’analyse de Jim Lobe sur l’intervention de Gaffney et sur le personnage lui-même : c’est vraiment hystérie contre hystérie. Cette évolution n’a aucune chance de déboucher sur une situation significativement différente. Elle annonce essentiellement un supplément de désordre à Washington où les extrémistes vont s’étriper entre eux après avoir étripé les “moins-extrémistes” qu’eux, tout en restant vigilants contre un retour de ces derniers.
• Certes, l’affaire met surtout en évidence la réalité de “the Long War”, ou guerre contre la terreur, montage complet qui tient en otages non seulement la politique des USA mais les relations internationales elles-mêmes. A cet égard, le texte de William Greider dans The Nation est intéressant à consulter. Il montre combien la perception des événements actuels est en train d’évoluer. L’affaire des ports US y contribue de façon notable.
« A conservative blaming hysteria is hysterical, when you think about it, and a bit late. Hysteria launched Bush's invasion of Iraq. It created that monstrosity called Homeland Security and pumped up defense spending by more than 40 percent. Hysteria has been used to realign US foreign policy for permanent imperial war-making, whenever and wherever we find something frightening afoot in the world. Hysteria will justify the “long war” now fondly embraced by Field Marshal Rumsfeld. It has also slaughtered a number of Democrats who were not sufficiently hysterical. It saved George Bush's butt in 2004.
» Bush was the principal author, along with his straight-shooting Vice President, and now he is hoisted by his own fear-mongering propaganda. The basic hysteria was invented from risks of terrorism, enlarged ridiculously by the President's open-ended claim that we are endangered everywhere and anywhere (he decides where). Anyone who resists that proposition is a coward or, worse, a subversive. We are enticed to believe we are fighting a new cold war. But are we? People are entitled to ask. Bush picked at their emotional wounds after 9/11 and encouraged them to imagine endless versions of even-larger danger. What if someone shipped a nuke into New York Harbor? Or poured anthrax in the drinking water? OK, a lot of Americans got scared, even people who ought to know better.
» So why is the fearmonger-in-chief being so casual about this Dubai business?
» Because at some level of consciousness even George Bush knows the inflated fears are bogus. So do a lot of the politicians merrily throwing spears at him. He taught them how to play this game, invented the tactics and reorganized political competition as a demagogic dance of hysterical absurdities, endless opportunities to waste public money. Very few dare to challenge the mindset. Thousands have died for it. »
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