Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
2232• Une journée brutale, bouleversante, où plusieurs événements se sont ajoutés pour nous faire mesurer l’importance de la période. • D’abord, le “scandale Power”, vu hier, a servi de mesure de la gravité des corruptions. • Le vote favorable du Sénat confirmant Tulsi Gabbard comme directrice du renseignement national, d’où elle suivra, dirigera et redressera tout le renseignement US. • Le discours du secrétaire à la défense Hegseth à l’OTAN annonçant le “retrait” US d’Ukraine. • Enfin un dialogue Trump-Poutine très prometteur.
_________________________
Les dernières 24 heures (ne nous attardons pas à la date même si nous parlons “jour historique” ; avec le décalage horaire nous sommes trop entre le 12 et le 13 février), – ont été effectivement historiques. Nul ne sait qui a triomphé, alors l’on préfère dire qu’il n’y a pas de triomphe ni de l’un ni de l’autre mais une sorte de “coopération” si le mot a encore cours entre les deux acteurs. Question communication et “art of the show”, Trump a montré une fois de plus son extraordinaire souplesse ; question de fermeté politique, comme d’habitude Poutine est resté ferme comme un roc sur l’essentiel et il sera la référence évidente du dialogue.
Larry Johnson, qui exprimait il y a 24 heures une juste colère et un réel mépris pour Trump à propos de son attitude vis-à-vis de Gaza, suit évidemment et loyalement le tour supplémentaire de la toupie, avec un excellent titre à son texte du jour (« Trump tells Ukraine and NATO : ‘You’re fired !’ ») :
« Voilà un revirement ultra-rapide de Trump. Moins de 24 heures après sa conférence de presse désastreuse avec le roi Abdallah de Jordanie [sur Gaza], Trump est de retour au pinacle, recevant éloges et triomphes… Il a discuté avec Vladimir Poutine pendant 90 minutes.
» Ce n’était pas leur première conversation au cours de la semaine dernière, mais c’était la plus importante. »
Pendant ce temps, le nouvel et excellent secrétaire à la défense Hegseth faisait un discours devant ses collègues de l’Organisation et mettait les points “sur les i” pour définir la position désormais des USA vis-à-vis de l’Ukraine (toujours Johnson, qui résume)... Selon un réflexe explicitement et consciemment isolationniste, l’Amérique s’en va et laisse l’Europe, hors-OTAN, s’occuper de l’Ukraine : bonne chance, les amis... (Mais Bolton corrige : « Trump a effectivement capitulé devant Poutine. »)
« 1) Pas d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
» 2) C’est l’Europe, et non l’OTAN ou les États-Unis, qui doit prendre l’initiative d’assurer la sécurité de l’Ukraine.
» 3) Tout déploiement de troupes européennes en Ukraine ne sera pas couvert par l’article 5 et ne sera pas considéré comme une opération de l’OTAN.
» 4) Pas de troupes américaines sur le terrain.
» 5) Les Européens doivent prendre l’initiative de fournir une aide létale et non létale à l’Ukraine. »
Trump et Poutine vont bientôt se rencontrer, peut-être en Arabie Saoudite. Trump préfèrerait cela à une invitation de venir à Moscou qui fait un peu trop la part belle aux Russes ; ou bien, finalement, ira-t-il à Moscou, qui le sait ?. Toujours Johnson, qui tient à mettre les choses au point quant à l’équilibre des positions entre les deux présidents :
« Si vous avez suivi les déclarations de Poutine, Lavrov, Rybakov et d’autres dirigeants russes au cours des mois précédents, les arguments avancés par Hegseth sont cohérents avec les exigences russes. Alors que beaucoup aux États-Unis pensent que Poutine a reculé et que Trump a le contrôle, la réalité est tout autre. La Russie ne va concéder aucun territoire et n’acceptera pas de cessez-le-feu. Poutine et ses négociateurs se concentrent sur les causes profondes, à savoir l’expansion de l’OTAN et la subversion occidentale, et la garantie d’un accord de sécurité à long terme.
» L’OTAN a reçu un coup de poing dans le ventre de Trump aujourd’hui. Leurs pires cauchemars se sont réalisés : Trump conclura un accord avec Poutine et l’Europe sera sur la touche. Quant à Zelenski et à l’Ukraine, la promesse de Biden – aussi longtemps qu’il le faudra – est sans objet. La fête est finie. Plus de cascade de milliards de dollars d’impôts américains à l’intention de Kiev. »
Tout est surprenant dans ces événements du 12 février, qui se déroulent au moment où Tulsi Gabbard est confirmée par le Congrès, puis solennellement adoubée par le président avec quelques mots de félicitations et la recommandation de réformer les services de renseignement et de veiller à mettre à jour toutes les opérations de corruption . Le même jour, on fait bien le point sur le “scandale Power” au sein du “scandale USAID” : les dizaines de $millions encaissés par on ne sait quelle voie, et pour on ne sait quel travail, ou quel(s) service(s), par la directrice de l’USAID sous Biden.
Parmi les diverses hypothèses avancées pour ce qui est une accélération complètement inattendue des positions US et russe, on a celle qui commence par le constat que le “scandale Power” a joué un rôle très important. C’est mardi ou mercredi matin que Musk et son équipe ont fait le point sur cette affaire, constaté son importance et ont envisagé les suites.
‘Sputnik.News’ a interrogé l’ancienne analyste de renseignement de l’USAF, la lieutenant-colonel Karen Kwiatkowski. Après avoir remarqué que Trump semble comprendre beaucoup mieux la position et les arguments de la Russie, et qu’il se montre dans cette affaire aussi pragmatique qu’il s’est montré idéologue psychorigide et hors de contrôle dans la question de Gaza, elle explore les hypothèses expliquant ce comportement. Elle note que l’intervention Trump-Poutine se situe au moment où le Congrès se prépare à voter une aide supplémentaire à l’Ukraine, – ce qu’il faut empêcher à tout prix.
... Mais surtout, – et nous abondons absolument dans ce sens, – cela se situe au moment où les équipes de Musk-DOGE atteignent des points extrêmement délicats de leur enquête sur les rapports de USAID avec l’Ukraine, sur les implications de nombreuses personnalités dans les diverses magouilles de l’équipe Biden dans le “projet Ukraine”.
« L’appel intervient à un moment décisif, [...] alors que Trump, Elon Musk et le DOGE flairent “la fraude et la corruption du projet Biden Ukraine”. “Je pense que cela ne peut pas rester sous le couvercle beaucoup plus longtemps, donc cela peut expliquer l’urgence d’un règlement”, déclare Kwiatkowski.
» “On ne sait pas si Trump obtiendra de la Russie un accord qui lui plaise” ou pas “mais je pense que Trump se rend compte que la Russie a déjà gagné, et que l’Europe/OTAN, en faisant campagne pour une guerre longue, coûteuse et inutile, doivent commencer à faire face à ce qu’elles ont provoqué”. »
Et la Russie ? Poutine a du soucis à se faire à propos de l’armée er même du public russe, qui aurait clairement tendance à soupçonner qu’il pourrait sacrifier une victoire éclatante pour obtenir un accord avec les USA. Cela est certainement fondé, mais Poutine prendra certainement un soin tout particulier dans les détails etr la présentation d’un accord, si accord il y a.
Un autre élément entre en jeu du côté russe, d’une importance fondamentale, pour bien comprendre l’accord possible qui se dessine. Car les Russes connaissent bien la situation intérieure aux USA et l’aventure extrêmement difficile et dangereuse où s’est engagé Trump, et ils s’en inquiètent...
L’idée serait donc que Poutine veut faire tout ce qu’il peut, en respectant ses exigences de sécurité pour la Russie, pour aider Trump, – dans ce cas par la popularité d’un accord de paix, – pour lui permettre d’échapper à des dangers divers qui peuvent surgir sur sa route. Poutine veut absolument aider à la transformation des USA conduisant à une révision de la politique extérieure agressive (la politiqueSystème) qui ne peut plus aujourd’hui que déboucher sur un affrontement nucléaire. Mais cette transformation passe par une sorte de ‘glasnost-perestroïka’ anti-corruption où Trump et son équipe courent des risques absolument considérables.
L’exemple de la famille Clinton (vieil objet de vengeance et de courroux pour Donald Trump) est particulièrement révélateur de la situation de corruption des élites avec les réactions que cela peut entraîner. On peut retrouver dans deux articles de ‘Sputnik.News’, interrogeant le journaliste du Wall Street ‘Journal’ Charles Ortel, qui est un spécialiste de ces questions, et particulièrement de “l’épopée” des Clinton.
On parle dans leurs cas d’une part importante de centaines de $milliards d’argent public détournés depuis trente ans pour les organisations caritatives spécialisées dans cette sorte d’activité (le détournement et “blanchiment moral” de l’argent public). On lira notamment deux articles du 10 février et du 11 févcrier ; on cite ci-après l’introduction et la conclusion du premier :
« L’outil informatique de recherche Data Republican a révélé que des dizaines de millions de dollars de contribuables américains se trouvaient dans les caisses de Clinton. L’analyste de Wall Street Charles Ortel estime qu’il ne s’agit là que d’une fraction d’un vol de plusieurs milliards de dollars. [...]
» Une véritable enquête sur les organisations caritatives “qui fuient”, en commençant par le Clinton Charity Fraud Network et ses principaux donateurs depuis 1997, rapporterait probablement des centaines de milliards de dollars au gouvernement américain et à d’autres pays, conclut Ortel. »
Une fois de plus, on sera invité à relever la similitude des situations entre Gorbatchev-1985 et Trump-2025, avec la même attitude de l’autre grand acteur dans chacun des cas. Quelle qu’ait pu advenir à l’aide de mensonges d’une vile narrative de course aux armements de la part des neocon, – l’attitude de l’Ouest vis-à-vis de l’URSS devenue Russie ensuite, en 1985-1989, dès qu’il commença à y avoir une conscience nette de l’aspect révolutionnaire de l’action de Gorbatchev, fut singulièrement mesurée et préoccupée. Les Occidentaux ont dû jouer un rôle de soutien de Gorbatchev vis-à-vis de ses difficultés intérieures, en lui facilitant les choses là où ils pouvaient le faire, notamment au plan international et stratégique. Les fables sur une “victoire” US sur l’URSS grâce aux dépenses d’armement vinrent après, dans les années 1990, lorsque les neocon eurent le champ libre... Une “victoire” pour aboutir à l’affaire ukrainienne ! Difficile de faire à la fois plus surpuissant plus complètement-stupide que la politiqueSystème dont les neocon accouchèrent.
Si l’on poursuit nos hypothèses, on voit que le véritable pourrissement des USA se fait par la corruption généralisée, proche de la manie et de la folie, et cela s’insère bien dans notre analogie. Ce fut la même chose en URSS, du temps de la ‘nomenklatura’ et de la gérontocratie commencée avec Brejnev. Avec les corruptions diverses, nationale, régionales (dans les diverses républiques), dans l’industrie (d’armement notamment), dans la politique, etc., – et pour faire bref, dans à peu près tout.
Nous sommes dans un cas, comme dans celui de Gorbatchev, où importent peu les intentions des acteurs, leurs prévisions, le but qu’ils veulent atteindre. Le seul domaine qui importe est bien cette poussée ultra-déstructurante qu’ils réalisent vigoureusement et rapidement, contre des structures faussaires, des structures-Système qui ont remplacé celles qui avaient été héritées des diverses traditions disponibles. On comprend bien alors que le cœur du sujet, le cas le plus important, le centre même de la crise, n’est pas l’Ukraine, malgré le malheur et les destructions que subit ce pays. Le centre de la GrandeCrise est plus que jamais l’Amérique elle-même et la dynamique crisique de déstructuration que l’action de Trump a développée jusqu’ici.
Savoir si cela durera, savoir à quoi cela aboutira, sont pour l’instant des questions sans réponses, et donc sans importance. De toutes les façons, les composants des questions que l’on se pose changent eux-mêmes très vite, rendant des réponses impossibles à fixer. La seule certitude est qu’une dynamique d’une puissance exceptionnelle est en marche, à partir de laquelle à peu près tout est possible dans la situation interne des USA.
Mis en ligne le 13 février 2025 à 15H10