Une nouvelle catégorie pour GW/POTUS : le virtualisme renforcé

On parvient aujourd’hui à atteindre un degré proche de la perfection dans l’élaboration d’un monde virtualiste taillé sur mesure pour le président, — désormais baptisé POTUS (“President Of The United States”) pour nos archives, — pour brouiller les pistes. Le voyage d’hier à Bagdad en est une excellente application.

Un récent incident, signalé comme extraordinaire, est commenté dans le même sens. Il s’agit de l’intervention de Bush-le-père pour tenter d’imposer à son fils le Président le remplacement de Rumsfeld par un général à la retraite. La lettre d’information Washington Insider du 15 juin 2006 commente de cette façon l’incident :

« …The elder Bush’s intervention was an extraordinary attempt to rescue simultaneously his son and the country. The former president, a practitioner of foreign policy realism, was intruding on the president’s parallel reality. Just as his father cannot break Bush’s enchantment with “victory,” so the revelation of the Haditha massacre does not cause him to change policy. For him, the alleged incident is solely about the individual Marines, and had nothing to do with the war. Haditha, for Bush, exists in a bubble. »

Le refus de GW Bush de céder aux objurgations de son père et de se débarrasser de Rumsfeld tient essentiellement à la participation massive du même Rumsfeld à l’élaboration du monde virtualiste de GW Bush. Si le secrétaire à la défense s’en allait, Bush se trouverait plongé dans un profond désarroi psychologique parce qu’il perdrait l’un des principaux réalisateurs (au sens cinématographique, tendance-Hollywood) de ce monde virtualiste. Il est temps d’admettre l’idée que les grandes décisions politiques à Washington, — ici, celle de soutenir Rumsfeld contre vents et marées, — dépendent effectivement de considérations de cette sorte.

Mis en ligne le 14 juin 2006 à 13H39