Une perspective France-UK pour les armements

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…En effet, il semblerait qu'on puisse parler d'“une perspective” entre la France et le Royaume-Uni au niveau des armements (coopération). Il apparaît, écrirons-nous avec prudence, qu’une dynamique de recherche de coopération dans ce domaine soit en train d’être développée. Des rencontres régulières ont désormais lieu, notamment au niveau des systèmes militaires aéronautiques.

@PAYANT Des sources proches des institutions européennes nous signalent qu’effectivement ces rencontres ont pris un aspect quasiment institutionnel depuis quelques mois, après plusieurs années d’immobilisme. «Le gouvernement français encourage ses industriels à évoluer dans ce sens», disent ces sources, qui parlent de conversations exploratoires sur des programmes tels que les drones et, éventuellement, à plus long terme, vers des ambitions plus larges. (Mais le “plus long terme”, aujourd’hui, peut être bien court, en raison de la pression des événements.)

Le côté français, y compris gouvernemental, estime que les Britanniques sont dans une situation qui favorise une telle coopération. D’une part, il y a les contraintes budgétaires à venir (très vite), qui vont être considérables pour les Britanniques. D’autre part, le probable nouveau gouvernement conservateur (à partir du début de l’été 2010) va se trouver dans une situation difficile au niveau européen. Il sera pressé par son aile “eurosceptique” de ne rien faire qui se rapproche d’une intégration européenne, mais pourtant conduit à entreprendre une politique européenne comme seule alternative aussi bien à ses difficultés intérieures (budget) qu’aux changements qui affectent les relations du Royaume-Uni et des USA après la crise de 2008 et les incertitudes de la politique extérieure US. «La formule est simple et caractérisée par l’absence de choix. La seule issue restante pour les Britanniques, c’est la coopération européenne bilatérale, et le seul pays avec lequel une telle coopération peut être à la fois importante et intéressante, c’est la France.» (On sait que nombre de conservateurs sont conscients de cela.)

Une question reste ouverte au cœur de ces négociations: celle des porte-avions et de leurs équipements. Les récentes spéculations britanniques n’ont été ni démenties stricto sensu ni clarifiées. Elles montrent au moins une considérable incertitude, qui se reflètent dans des déclarations contradictoires chez les conservateurs britanniques. Les Français n’ont pas encore pris une décision ferme pour un deuxième porte-avions. Le sort extraordinairement incertain du JSF aussi bien pour les coûts que pour les délais, sinon pour la viabilité du programme, est, pour les Britanniques, une hypothèque majeure.

Nos sources estiment qu’aujourd’hui, dans ce domaine, «la situation est plus ouverte qu’elle n’a jamais été et des orientations qu'on jugerait encore impensables peuvent être envisagées». Un point est notamment remarquable, qui est d’envisager désormais dans les milieux français officiels et industriels l’“hypothèse nucléaire”, jusqu’ici toujours tenue comme hors du domaine de la spéculation réaliste; il s’agit de l’hypothèse de l’abandon du JSF par les Britanniques et de leur équipement aéronaval en Rafale. Cette hypothèse est envisagée si, effectivement, les deux pays optent pour une coopération de production des porte-avions et s’ils envisagent chacun deux unités.

Un point général est remarquable et doit orienter la spéculation. La situation générale, politique, économique, etc., est si confuse et incertaine, si complètement hors de tout contrôle, que toutes les réflexions et logiques diverses développées jusqu’ici n’ont plus aucune assise stable. Nous entrons dans une ère de survie où les anciens schémas et choix politiques n’ont plus aucune certitude. C’est dans ce cadre de réflexion qu’il faut comprendre que plus aucune hypothèse ne peut être écartée, et que des logiques évidentes jusqu’ici barrées par des choix stratégiques et idéologiques qu’on jugeait inexpugnables peuvent s’imposer.


Mis en ligne le 18 novembre 2009 à 07H36