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637Dans une intervention de Pierre Conesa, lors du séminaire “La France et ses stratèges”, tenu le 22 mars 2010.
(http://www.fondation-res-publica.org/L-Europe-doit-definir-son-rapport-avec-les-Etats-Unis_a488.html.)
«Parler, à propos de la prolifération, de la dissuasion “du fort au fou” considérant le proliférant comme un fou, est regrettable lorsqu’il s’agit simplement de dissuasion du faible au fort, sauf que nous sommes dans la situation du fort alors qu’habituellement nous sommes dans la situation du faible. Nous refusons à l’autre la légitimité que nous tirions de cette faiblesse, mais ce n’est pas en lui attribuant un qualificatif psychopathologique que nous réglerons la question. Il s’agit de s’interroger sur les ressorts politiques de la prolifération plutôt que d’en faire une espèce de concept unique curable par une méthode globale.
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»Un exemple : Sachant que l’essentiel du pétrole du Golfe est acheminé en Asie, le jour où les Chinois, pour « sécuriser leurs voies d’approvisionnement », enverront des bateaux de guerre dans le Golfe persique, considérerons-nous, comme les Américains, que c’est une menace ou y verrons-nous, en tant qu’Européens, une contribution à la sécurité internationale ? Cette question a sa légitimité. Il en est de même de notre rapport à la Russie (que j’ai évoqué dans “La fabrication de l’ennemi: le cas russe”, article paru dans Libération (31 décembre2009). La “construction de l’ennemi” aujourd’hui, se passe à Washington et nous avons beaucoup de mal à nous en distancier.
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»Les concepts stratégiques américains sont fondés sur un constat historique : les États-Unis n’ont jamais connu la guerre sur leur territoire. Les Américains ont toujours vécu la guerre médiatisée. Leur concept de guerre est donc : “Je casse tout chez l’adversaire, ensuite il demande la paix”. Nous nous sommes trouvés dans la situation extraordinaire où il fallait expliquer à des Irakiens qu’ils n’avaient plus ni eau, ni électricité, ni services publics, ni police, ni armée qu’ils avaient la chance d’avoir la démocratie. Pour eux, la démocratie était l’opposé de ce qu’ils avaient connu sous la dictature, non pas sur le plan politique mais sur le plan matériel. Nous ne pouvons pas, en tant qu’Européens, adopter des concepts militaires qui consistent à tout casser pour ensuite devoir reconstruire, même si nous sommes meilleurs pour la reconstruction. Donc ce rapport à la guerre doit légitimer et construire des concepts militaires d’emploi qui doivent être assez fondamentalement différents de ceux des Américains.»
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»Je remarquerai pour terminer que, dans un espace globalisé, mondialisé, la seule structure militaire qui survive est l’OTAN. Un observateur extérieur pourrait se demander pourquoi nous tenons tant à une structure militaire dont nous avons du mal à définir le mandat mais qu’on retrouve à l’autre bout du monde, en Afghanistan, agissant dans un contexte qui laisse perplexe : Que sommes-nous allés faire là-bas ?
»Le véritable enjeu stratégique aujourd’hui, c’est la façon dont l’Europe doit se penser vis-à-vis des États-Unis, c’est là le point essentiel de ma conclusion. Je vous remercie.»
“GEO”
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