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708Par Panagiotis Grigoriou, de Greek Crisis (http://greekcrisisnow.blogspot.com/2012/02/sophie-et-sagesse.html).
[…] «[S]ous la Troïka prolongée, les dirigeants imprudents prennent bien des risques. Pas d'utilisation prolongée sans verdict populaire. A leur opposé, nos concitoyens sages ne se laissent pas impressionner et poursuivent leur chemin jusqu'à se prononcer devant la Commission Sociale de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. Tel était le discours de Sonia Mitralia, membre du Comité grec contre la dette et du CADTM international le 24 janvier 2012 à Strasbourg sur le thème: “Crise humanitaire sans précèdent en Grèce”.
»“Presque deux ans après le début du traitement de choc imposé par la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international à la Grèce, son bilan est catastrophique, révoltant et inhumain.
»“Tout d’abord, même les inspirateurs de ces politiques admettent maintenant ouvertement non seulement leur échec patent, mais aussi que leurs recettes étaient dès le début totalement erronées, irréalistes, inefficaces et même contre-productives. En voici une illustration qui concerne non pas une question secondaire mais le cœur du problème, la dette publique grecque elle-même. Selon tous les responsables du désastre grec, si leurs politiques (d’austérité plus que draconienne) s’avéraient efficaces à 100%, ce qui est d’ailleurs totalement illusoire, la dette publique grecque serait ramenée en 2020 à 120% de PIB national, c’est-à-dire au taux qui était le sien … en 2009 quand tout ce jeu de massacre a commencé ! En somme, ce qu’ils nous disent maintenant cyniquement, c’est qu’ils ont détruit toute une société européenne… absolument pour rien !
[…]»“En réalité, des expressions telles que ‘austérité draconienne’ sont absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Les salaires et les retraites sont amputés de 50% ou même, dans certains cas, de 70%. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines des milliers des SDF misérables, affamés et en haillons. [...] L’Etat grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012 !, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé. Des dizaines de milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants des maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments. Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante, comme d’ailleurs celui des séropositifs et des toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités […].
»“On pourrait continuer presque à l’infini cette description de la déchéance de la population grecque. Mais, même en se limitant à ce qu’on vient de dire, on constate qu’on se trouve devant une situation sociale qui correspond parfaitement à la définition de l’état de nécessité ou de danger reconnu depuis longtemps par le droit international. Et ce même droit international oblige expressément les États à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de ses citoyens et non pas au remboursement de ses dettes.
»“Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU à propos de l’état de nécessité: ‘On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un État, de la même façon que pour un individu.’
»“Notre position, partagée par des millions de Grecs, est claire et nette et se résume au respect du droit international. Les Grecs ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur pour plusieurs raisons.
»“Primo, parce que l’ONU et les conventions internationales – signées par leur pays mais aussi par les pays de leurs créanciers – intiment à l'État grec de satisfaire en toute priorité non pas ses créanciers mais plutôt ses obligations envers ses nationaux et les étrangers qui se trouvent sous sa juridiction.
»“Secundo, parce que cette dette publique grecque, ou au moins une part très importante, semble réunir tout les attributs d’une dette odieuse, et en tout cas illégitime, que le droit international intime de ne pas rembourser. C’est d’ailleurs pourquoi il faudrait tout faire non pas pour empêcher (comme l’Etat grec le fait maintenant) mais plutôt pour faciliter la tache de la Campagne grecque pour l’audit citoyen de cette dette afin d’identifier sa part illégitime.
»“Notre conclusion est catégorique: la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique grecque en font partie en tant que premier pas dans la bonne direction. C’est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix…”.
(www.cadtm.org/Crise-humanitaire-sans-precedent).
»Oui, c'est aussi Madame Mitralia un visage de notre sagesse. En grec (“sagesse”), se dit Sophia (Sophie) mais elle est universelle.
»Et si le futur Président de la République Française s'engage à porter cette affaire devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, amis Français (et journalistes attentifs) souhaitez-vous poser cette question embarrassante à tous vos candidats ?
»Voilà ma proposition.
»(Proposition en somme ouverte, aux États-Unis aussi, il y a des candidats aux prochaines élections, sans ignorer les autres pays comme la Russie).»
Panagiotis Grigoriou, Sous la Troïka et sous la neige, Grèce, 04/02/2012
“GEO”
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