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656Après l’excellent article de William Pfaff sur le sujet, du 11 août, un autre article, de Patrick J. Buchanan aujourd’hui, aborde indirectement la même question de la prolifération des armes nucléaires, en la présentant comme une chose dont le caractère maléfique et catastrophique est finalement loin d’être évident.
Buchanan remarque à propos de la crise iranienne, en exposant ce que deviendrait la situation dans la région si l’Iran acquérait la Bombe : « If or when Iran goes nuclear, she has a deterrent to intimidation. U.S. freedom of action in the Persian Gulf comes to an end. We would have to behave as gingerly with the mullahs as we do with Kim Jong Il, something intolerable to our neoconservatives and President Bush. For the Israelis, an Iranian bomb would have the same impact as Stalin's explosion of a bomb had on us in 1949. Israel's invulnerability would come to an end. She would enter the world of Mutual Assured Destruction, like the one we had to live in during the Cold War. » Dans les deux cas et que cela plaise ou non aux idéologues, Buchanan décrit une région stabilisée, sécurisée, rendue plus stable par l’impossibilité d’une agression comme celle dont les Américains menacent épisodiquement l’Iran.
Pfaff remarquait en effet, dans son texte du 11 août : « America’s determination to stop nuclear proliferation produces perverse results. At a period of mounting Middle Eastern instability and American engagement in two wars in Islamic countries, it increases the allure of nuclear weapons to governments that do not have them, and reinforces their perceived value as political assets and as deterrents against foreign attack.
» Nuclear proliferation does not itself promote aggression. Take the alarmist scenarios routinely cited by American and Israeli officials. There is no imaginable way by which nuclear aggression by Iran against Israel could have other than catastrophic results for the attacker. The same is true for any attack by North Korea on an American base in East Asia, or by India on Pakistan, or Pakistan on India.
» The existing nuclear states, on the other hand, could attack a non-nuclear nation and probably escape military retaliation, although not huge political and moral opprobrium. Since everyone sees this, it adds to the perceived injustice of the American position defending the nuclear monopoly of these states. »
On avait coutume de dire, dans les années 1980, lorsque certains (Gorbatchev, notamment) parlaient de l’élimination totale des armes nucléaires, qu’on ne peut faire rentrer dans sa bouteille le diable nucléaire, une fois qu’il en est sorti, — ou encore : “on ne désinvente pas le nucléaire”. Aujourd’hui, c’est autre chose qui est en train de sortir de sa bouteille, comme un diable, après 60 ans d’appréciation officielle sur l’indiscutable vertu de la non-prolifération : l’idée que la prolifération n’est pas nécessairement cette calamité dont on nous parle. C’est l’étrange legs de la crise iranienne, avant qu’elle n’ait éclaté, si elle éclate d’ailleurs. Le débat est en train de s’ouvrir, — et quel débat.
Mis en ligne le 15 août 2005 à 17H15
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