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416[…] «Être populiste, c'est d'abord désirer que le peuple, source de toute vérité et de toute bonté, soit le seul principe ou le seul fondement du politique. Le “peuple” est ainsi érigé en principe salvateur. Il incarne le Sauveur, le collectif providentiel. Mais il n'échappe pas lui-même à l'ambiguïté, ni à l'ambivalence. Quoi qu'il en soit, le populisme est une promesse de rédemption. C'est à ce titre qu'il doit être pris au sérieux. Il s'agit de soumettre à un libre examen cette aspiration au salut par le Peuple constituant l'une des composantes fondamentales de l'idéologie moderne, ou de la religion de Modernes. Une religion politique ou séculière, dont l'autre composante est la religion du Progrès. Le fait nouveau, qui justifie qu'on puisse parler de postmodernité en un sens non conventionnel, est que ces deux figures constitutives de la religion des Modernes se sont dissociées, jusqu'à s'opposer. Entre le peuple capté par le populisme et le progrès monopolisé par la vision techno-marchande du monde, il existe désormais la même tension qu'entre la plèbe et les élites, les majorités localisées et les minorités déterritorialisées, les peuples et la construction d'une “société mondiale” ou d'une démocratie postnationale. Dans le ciel déchiré des idéaux l'on aperçoit deux constellations qui se font face et/ou écho : le progrès contre le peuple/le peuple contre le progrès.»
Pierre-André Taguieff. Le nouveau national-populisme, CNRS éditions.
“GEO”
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