Une sacrée f*****g bonne riposte de Blago-Iago

Le f*****g gouverneur-scandale de l’Illinois Blagojevich, dénoncé, villipendé, injurié par toute la vertueuse classe politique et démocrate US, notre-President-elect africain-américain et vertueux en tête, vient de riposter (strike back). Et la riposte n’est pas piquée des vers. Alors que tout le monde réclame la démission et la tête de Blago, le considérant comme scandaleux, corrompu, relaps, indigne de la démocratie US, insupportable et infréquentable, – ce qui est le sort de ceux qui se font prendre la main dans le sac à faire ce que tout le monde fait dans le système, – Blago, donc, usant de son leste langage et de ses prérogatives constitutionnelles de gouverneur-qui-ne-veut-pas–démissionner, a nommé de son propre chef un successeur au sénateur Obama devenu notre-President-elect. La Constitution le lui permet, horreur. Et devinez quoi? Il a nommé un brave vieux politicien à la retraite, un vieux cheval de retour de 71 ans très modeste, un vieux Roland Burris qui a une carrière modeste de perdant dans nombre d’élections et de poste de second couteau dans le parti (démocrate) dans l’Illinois, – et devinez quoi ? (Bis) Mr. Burris est black, – c’est-à-dire, pardon, africain-américain. Bogda s’y connaît en preneur des autres au piège de leur vertu affichée en sautoir.

Même notre-President-elect africain-américain à tous est un peu gêné aux entournures. (D’autant que son chef de cabinet-nominated, Rahm Emmanuel, par ailleurs soutien number one d’Israël en pleine activité en ce moment, est assez mal pris dans cette affaire. Passons.) Notre-President-elect s’est donc exprimé, selon le Times de ce 31 décembre, avec une prudence vertueuse qui honore son habileté de politicien de l’Etat de l’Illinois: «The move was condemned by Mr Obama, who said that while Mr Burris was a “good man and a fine public servant”, the governor had no right to appoint him. “I agree with [the Democratic leaders’] decision, and it is extremely disappointing that Governor Blagojevich has chosen to ignore it,” the President-elect said.»

F*****g problème, les gars. Voici ce que nous en dit le même Times de Londres, toujours bien informé et un tantinet venimeux. Nous le citons abondamment parce qu’il met bien en évidence toutes les arcanes de cette affaire qui mélange fort bien les imbroglios de la corruption générale et les nécessités de la vertu omniprésente dans le système américaniste, qui est le nôtre également bien entendu. Trouver effectivement aussi intimement mélangés la plus prodigieuse corruption qui règne dans le système et le plus sacré politically correct que représente la nomination d’un viel Africain-Américain au siège de sénateur, alors qu’il n’y en a guère eu au Sénat, dans le temple de la vertu de cette nation qui a enfin éradiqué le péché originel et monstrueux avec l’élection de notre-President-elect, voilà qui est un bon cas d’exposition de l’état du système. Tout y est, y compris cette remarque d’un politicien africain-américain recommandant à ses pairs démocrates, espérons-le avec un brin d’ironie, de ne pas “pendre” ni “lyncher” l’Africain-Américain nommé par l’immonde Blago, – qui ne frémirait à l’évocation de ces deux verbes à propos d’un Africain-Américain? (Blago, accordons-lui cela, mériterait par proximité d’orthographe et d’esprit de devenir, méchant pour méchant, le “Iago” de la pièce en train de se jouer dans l’Illinois; celle de Shakespeare étant également pleine de références racistes et antiracistes très postmoderne selon notre décryptage vertueux et contemporain, comme chacun sait puisqu’il s’agit aussi bien du Maure de Venise que d’Othello.)

«Rod Blagojevich, the scandal-plagued Illinois Governor who is accused of trying to sell Barack Obama’s US Senate seat, astonished political observers last night by naming a retired, 71-year-old black politician as the replacement to fill it.

»Despite facing multiple corruption charges, impeachment proceedings and warnings from the Democratic leadership in Washington that anybody he chose would be unacceptable, Mr Blagojevich named Roland Burris, the former Illinois attorney-general, to succeed Mr Obama. […]

»“Please don’t allow the allegations against me to taint this good and honest man,” Mr Blagojevich declared, as he stood next to a beaming Mr Burris at a chaotic Chicago press conference. “The people of Illinois are entitled to have two US senators represent them in Washington DC.”

»Although Mr Burris had called for the governor’s resignation four days after his arrest, yesterday he described Mr Blagojevich as a man of “unquestioned integrity, extensive experience and a wise and distinguished senior statesman of Illinois.”

»The audacious move by Mr Blagojevich, who has defiantly refused to step down despite his arrest on December 9, immediately presented Democrats with a political dilemma. Legally, the Illinois Governor still has sole power to name Mr Obama’s replacement, and it was unclear if the party leadership on Capitol Hill really has the constitutional power to block the appointment. The Illinois secretary of state said, however, that he would refuse to certify the appointment and court battles are expected on all fronts.

»“This was a stunning display of chutzpah,” said Chris Kofinis, a Democratic strategist. Party leaders were dismayed that Mr Burris, who has paid $14,000 (£9,700) in donations to Mr Blagojevich’s campaign funds, had accepted the appointment.

»A statement representing all Senate Democrats, lead by Harry Reid, the chamber’s leader, said the appointment was “unfair to Mr Burris, unfair to the people of Illinois and ultimately will not stand”. A spokesman for Mr Reid called it “unacceptable”.

»If Mr Reid makes good on his threat to try to block the move, he and his colleagues will find themselves opposing only the fourth African- American to enter the Senate since Reconstruction. Two of the other three have come from Illinois, including Mr Obama, where the black vote is a central constituency for Democrats in the state.

»In a clear sign of the racially charged dimension of the appointment, Bobby Rush, a veteran black congressman from Illinois, stood up at the press conference to declare: “I ask you not to hang or lynch the appointee. Roland Burris is worthy.”»

Le problème des systèmes construits intégralement sur la corruption, et ayant choisi la vertu intégrale pour se représenter devant l’extérieur du monde, c’est qu’il se glisse parfois un mouton noir paradoxal devenant mouton enragé. Ce f*****g de Blago-Iago en est un. Corrompu jusqu’à la moelle, comme les amis du système démocrate de Chicago connu pour cette vertu-là, Blago-Iago a joué le jeu à fond du temps de sa fortune, tout cela en accord avec notre-President-elect du temps où il ne l’était pas encore, élu, et en accord également avec l'éminence grise de fer Rahm Emmanuel. Pris la main dans le sac, Blago-Iago emmerde, pour ne pas dire embarrasse tout le monde. L’impérative vertu exige son élimination vite fait bien fait. Blago-Iago se retrouve voué aux gémonies, abandonné par tous les copains et les coquins. Un classique du genre. Mais le corrompu déchu se rebelle et le mouton noir devient mouton enragé. Autre classique du genre. Si c’est comme ça et puisque c’est comme ça, il refuse de démissionner comme la rumeur publique et vertueuse l’en presse et il utilisera jusqu’à la corde le texte sacrée de la Vertu américaniste, notre-Constitution à tous.

Admirons le sens tactique de Blago-Iago. Arriver à trouver un vieux cheval de retour africain-américain qui marche dans la manœuvre qui est plus une vengeance qu’une combine et se retrouve comme l’un des très rares Africains-Américains propulsés au Sénat, et encore, pour le siège de notre-Président elect, africain-américain lui-même comme chacun a le devoir sacré de ne plus jamais l’ignorer, – la manœuvre est audacieuse et tactiquement superbe. Blago-Iago leur pose un sacré problème, dans ces temps où il ne fait pas bon jouer avec la vertu du monde postmoderne.

Mis en ligne le 31 décembre 2008 à 06H56