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2867Ce qu’on nomme désormais le krach boursier chinois qui a pris des allures extrêmement importantes ces derniers jours ne nous intéresse principalement pour l'instant que dans la mesure où il entre dans une classification nouvelle de l’évolution crisique de la Grande Crise de l’effondrement du Système, que nous identifions sous l’expression nouvelle de “tourbillon crisique”. Nous devons très rapidement offrir une analyse détaillée quoique dans le courant de nos rubriques d'“actualité”, de ce nouveau concept dont nous pensons qu’il est rendu nécessaire par l’évolution extrêmement rapide de la situation générale (contraction du Temps, accélération très rapide de l’histoire en constante mutation métahistorique). Nous donnons, précisément dans cet ensemble de textes, d’une part un commentaire de notre fait pour identifier, catégoriser et hiérarchiser l’événement selon notre méthodologie (“tourbillon crisique” pour le cas), d’autre part des informations courantes et la perspective historique du krach (d’où il vient depuis 2007-2008), essentiellement en nous référant et en citant deux analyses de Nick Beams, de WSWS.org.
Dans ce cas du krach chinois, le site WSWS.org, sous la plume de Beams, fait à notre sens un bon travail d’analyse. Les habituelles appréciations doctrinales trotskistes sont à leur place, aisément identifiables, à notre sens d’une utilité discutable, – bref, le lecteur peut et doit de lui-même en faire l’usage qu’il convient. Par contre, nous ne retrouvons pas certaines tendances fâcheuses, dues elles aussi à un penchant trotskiste qui repousse le sensationnel mais qui n’en reste pas moins “discrètement-sérieusement (à-la-trotskiste) complotiste”, et qui entraîne ce que nous jugeons être une certaine déformation obsessionnelle qui aurait des allures obsessionnelles. (Par exemple, voir notre texte du 4 juillet 2015 sur la situation en Grèce.) Mais non, dans le cas du krach chinois, le travail disons “objectif“, dans tous les cas technique de la situation, n’est pollué en rien par ce que nous venons de signaler.
Nous publions ici un extrait d’un premier article de Beams, qui donne les circonstances où l’effet de la “crise grecque” (européenne) sur la situation financière mondiale est décrit, puis observé dans son affaiblissement, non pas par le résolution de la “crise grecque” mais par investissement progressif par le krach chinois de la catégorie de l’élément crisique financier du “tourbillon crisique”. Ce passage est extrait de cet article d'un 8 juillet 2015, traduction française de la version anglaise du 7 juillet 2015, bien sûr du même auteur et du même site WSWS.org. Nous reprenons plus loin un autre article (du 10 juillet 2015, version française d'un article en anglais d 8 juillet), de WSWS.org également, sur la perspective historique du krach boursier chinois, de Nick Beams également. (Attention, dans nombre de cas il faut compter que la date indiquée de publication de ces articles correspond à un jour plus tôt de nos propres dates, à cause du décalage horaire.)
«Les bourses dans le monde semblent avoir résisté à l’onde de choc initiale du « Non » massif du référendum grec, en grande partie dû à la conviction que le gouvernement Syriza est encore plus anxieux d’obtenir un accord avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international pour imposer l’austérité. Dans le même temps, les marchés financiers pourraient bientôt être touchés par l’effondrement en cours du prix des actions chinoises.
»Lundi, l’indice Dow Jones de New York était en baisse de seulement 47 points soit 0,3 pour cent, tandis que les marchés européens ont baissé entre 1 et 2 pour cent. La réaction relativement modérée des marchés à la situation grecque, du moins pour le moment, ne repose pas seulement sur leur appréciation que le gouvernement Syriza va encore plus à droite. Elle reflète aussi des changements dans la composition de la dette grecque ces sept dernières années. En 2008, lorsque la crise financière mondiale a éclaté, les banques privées ont été exposées à la Grèce à hauteur de $300 milliards, réduits à $54 milliards aujourd’hui grâce à des opérations de sauvetage organisées par l’UE, le FMI et la Banque centrale européenne. En 2012, lorsque les marchés ont craint une sortie de la Grèce de la zone euro, environ 80 pour cent de la dette grecque étaient dus aux banques privées et 20 pour cent à des institutions publiques. Ce rapport a été inversé. [...]
»Si les spéculateurs financiers ont été soulagés que la turbulence causée par le referendum grec n’a pas encore été aussi marquée qu’on aurait pu s’y attendre, la crise sur les marchés et dans le système financier chinois se profile comme une nouvelle menace. Les mesures d’urgence prises par le gouvernement chinois au cours du dernier week-end, dont l’engagement explicite des banques centrales du pays de fournir une quantité illimitée d’argent, ont largement échoué à arrêter une chute qui a anéanti presque $3000 milliards de dollars de capitalisation boursière au cours du mois passé...»
En d’autres termes, c’est bien à un effet d’empilement et nullement à un chassé-croisé que nous avons insisté pour la crise générale du domaine financier commencé, – c’est l’essentiel de l’argument chronologique de ce propos, – en 2007-2008 et qui n’a pas cessé depuis. Le krach chinois n’est pas une nouvelle crise mais un épisode de plus d’un ensemble crisique qui approche à grands pas d’une décennie complète. Dans cette dynamique, il s'ajoute à la “crise grecque” sans en rien la remplacer. Dans cette logique, il n’est pas question une seconde de détacher, ni le krach chinois, ni l’ensemble crisique financier 2007/2008-2015 dont fait également partie la crise grecque/européenne, de ce que nous nommons la Grande Crise de l’effondrement du Système, dont nous datons justement le début de sa phase ultime à 2007-2008. Tout cela est intimement, complètement, et nous irions même jusqu'à écrire “totalitairement lié” au Système, justement parce que lié au Système qui est par essence totalitaire, et inscrit de cette façon totalitaire dans sa crise d’effondrement.
Il nous paraît ainsi inutile et vain, et surtout illogique et infondé, d’envisager le krach chinois en tant que crise spécifique et d’envisager ses effets et ses conséquences de ce point de vue, par exemple pour la seule position politique générale de la Chine, pour les rapports dits “de force” (en réalité “rapports de confusion et de désordre”) avec les USA, sur la position de l’“alliance” Chine-Russie, sur la situation européenne, sur la question des grands traités-Système en discussion, etc. Toutes ces choses, situations, évènements, projets, etc., sont également partie intégrante du désordre universel et donc soumises aux mêmes conséquences et effets imprévisibles, temporaires et aléatoires qui leur ôtent toute qualification pour prétendre à être interprétées comme des références en quoi que ce soit indicatives de la moindre prospective rationnelle. (Tout juste, – mais ce n’est pas rien pour ceux qui en font usage s’ils en disposent,– peut-on introduire un élément d’intuition [haute] pour signaler une tendance prospective qui apparaîtrait soudain offerte par ce biais, comme brusquement éclairante de la situation générale.) Le seul rapport du krach chinois est avec le reste en général et en totalité, c’est-à-dire avec le désordre universel qui caractérise notre situation, et plus techniquement observé, avec ce que nous nommons le “tourbillon crisique” qui est l’empilement accéléré, dans le désordre même si avec des processus internes d’enchaînement très imprévisibles, très temporaires, très aléatoires de crises dans un rythme stupéfiant d’accélération qui ne semble pas avoir de fin (qui ne doit pas avoir de fiun sinon l’épisode final et eschatologique) ; cette situation de constant mouvement tournoyant, autant dans la dynamique des crises en cours que dans la production incessante de nouvelles crises.
On s’abstiendra par conséquent avec une attention extrême à ne pas établir quelque prospective que ce soit, – aspect absolument essentiel de notre méthodologie. Le krach chinois s’inscrit dans cet ensemble furieux et chaotique du “tourbillon crisique”, mais avec ses caractères bien compris, bien entendu, qui constituent, eux, des références de substance de l’objet de la crise. Et lorsqu’on parle de cette situation diluvienne du krach chinois, on retrouve un cas typique du capitalisme néolibéral ayant atteint le stade suprême de sa folie autodestructrice, et dans ce cas la Chine en fait complètement partie, et devient un des facteurs essentiels du Système en cours d’effondrement. Cela correspond à son ambiguïté fondamentale que nous ne manquons jamais de rappeler et d’encore rappeler lorsque nous parlons par exemple des BRICS/SCO, dont nous ne dissimulons pas une seconde, encore et encore, qu’ils ont parfois et même souvent un rôle antiSystème d’une extrême importance. Cette idée est largement développée dans notre F&C du 8 juillet 2015, et rappelée ici par quelques extraits ...
«Si l’on prend les dirigeants des BRICS, deux sont prudents par nature (le Chinois et le Russe), l’un est un peu fantasque mais il apprend (l’Indien Nodi), deux sont en difficultés directement dans leurs pays (le Sud-Africain et la Brésilienne). Tous ont des pays immenses à gérer dont les fragilités et les vulnérabilités sont multiples, nullement parce qu’ils sont trompeurs sur la puissance qu’on leur prête, mais parce qu’aujourd’hui aucun pays au monde (sauf Monaco et quelques confettis du genre, peut-être ? Et encore...) n’est dispensé de fragilités et de vulnérabilités multiples, parce que c’est la règle et que c’est la loi... [...] Comment les BRICS/SCO pourraient-ils réagir contre cela [le désordre universel] ? Il n’en est pas question... D’abord, en fonction de tout ce qu’on a vu plus haut, selon les cas particuliers, les situations des pays, les personnalités des dirigeants ; mais surtout, pour la raison essentielle que nous avons cent fois explorée, que les BRICS/OCS font nécessairement partie du Système autant qu’ils en peuvent être considérés comme les adversaires (antiSystème par accident, certes, mais aussi en substance par une partie d’eux-mêmes, ce qu’ils sont, le traitement qu’on leur a fait subir, etc.). [...] Reste notre hypothèse centrale, fondamentale, primale comme les moyens déchaînés d’une Cause Première ; car tout ce que nous avons décrit ci-dessus n’empêche pas, et l’on dirait même “au contraire”, que les évènements se poursuivent à un rythme déchaîné. Malgré toutes leurs bonnes intentions, leur prudence, leur mesure, leur sagesse dirait-on même, les BRICS/SCO n’ont rien empêché du tout, ils n’ont rien imposé du dixième du millième de l’ordre qu’ils voudraient voir s’instaurer, pourtant respectueux des intérêts de chacun et de tous, bloc BAO inclus. Leur sagesse elle-même est une cause d’irritation insupportable pour un bloc BAO/USA devenue fou et abîmé dans le “sectarisme”...»
Dans cette optique, le “tourbillon crisique” que nous introduisons dans ce texte, que nous identifierons et définirons très rapidement en détails, est un phénomène pour l’instant fait de désordre pur, d’énergie tournante en constante accélération, un phénomène qui n’est pas encore en phase d’autodestruction (celle qui caractérise l’effondrement final du Système), mais toujours dans cette phase où l’aspect surpuissance et l’aspect autodestruction sont concomitants et même parfois confondus. Pour tenter d'être encore plus clair, ce n’est pas exactement le phénomène que nous étudiions, pour le compte d’Orlov et pour le compte de nos conceptions qui diffèrent sur tel ou tel aspect tout en se rejoignant sur le principal, lorsque nous avons observé le concept du “trou noir financier” d’Orlov (le 2 juillet 2015). Notre idée est que, d’une part nous n’allons pas, – nous n’allons pas encore vers une réduction, vers une dissolution systématique du phénomène par quasi-entropisation dissolvante de la matière ; nous sommes encore en phase dynamique furieuse où se côtoient (bis) surpuissance et autodestruction, même si nous approchons nécessairement de la phase d’autodestruction pure. Notre autre idée, la plus essentielle, est qu’il ne faut pas, dans le contexte de la Grande Crise d’effondrement du Système, poursuivre la catégorisation des crises (financière, politique, sociétale, culturelle, psychologique) puisqu'il s’agit du “tourbillon crisique” (le concept identifié permet de bien mieux comprendre la situation à partir de laquelle on l’a forgé), – parce que le “tourbillon crisique” est évidemment un Tout qui homogénéise et réduit à rien les spécificités crisiques pour ne garder des crises que leur substance crisique et la doper d’une formidable énergie. C’est de ce point de vue que nous précisons de manière imagée que le krach chinois a “no future” parce que, même s’il a des effets multiples, diluviens, en cascade, il n’en produira aucun qui soit spécifique de lui, de façon négative ou même positive ; en quelque sorte, c’est un krach boursier nihiliste en déjà entropique-Système.
... En attendant (avec une certaine impatience, certes) la phase absolument finale de l'évènement eschatologique cosmique qui étend son ombre sur la mécanique catastrophique du monde avant même de nous apparaître, nous enchaînons sur le texte annoncé plus haut, du 10 juillet 2015, de WSWS.org également, de Nick Beams également, “sur la perspective historique du krach boursier chinois”.
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La chute continue du marché boursier chinois, en dépit des efforts acharnés des autorités gouvernementales et financières pour y mettre un terme, a des implications économiques et politiques, à la fois en Chine et dans le monde. Mardi, les actions chinoises ont chuté de nouveau; l’indice Shanghai Composite a baissé de 1,3 pour cent et le Shenzen Composite de 5,3 pour cent. Le même jour, Shanghai a ouvert en baisse de 8 pour cent les pertes revenant à 4,7 pour cent en milieu de journée. Shenzen a aussi perdu 3,3 pour cent. Plus significative encore a été l'annonce de la suspension des transactions pour 1476 sociétés, plus de 50 pour cent des sociétés cotées aux deux principales bourses chinoises, gelant des capitaux d'une valeur de $2,6 mille milliards.
Les baisses de cette semaine ont fait suite aux réunions d'urgence du week-end entre le premier ministre chinois Li Keqiang, les responsables bancaires et les régulateurs financiers. Le résultat de ces délibérations a été que la banque centrale a été autorisée à fournir des liquidités quasi illimitées à la China Securities Finance, une institution d'État, pour financer les maisons de courtage et veiller à la “stabilité du marché”. Jusque-là, ces mesures d'urgence se sont révélées vaines.
La Chine étant la deuxième économie du monde en importance, la plus grande selon certains critères, et la source d'au moins 30 pour cent de la croissance économique mondiale, on craint de plus en plus que les retombées de la chute du marché boursier n’affectent le reste de l'économie et le monde en général. De manière significative, les cours à terme du cuivre ont chuté mardi à leur plus bas niveau depuis 2009, après une chute de 8,4 pour cent au cours des deux jours précédents. Le “Docteur Cuivre”, comme on l'appelle parfois dans les milieux financiers, est considéré comme un indicateur économique clé. En tant que principal centre de fabrication du monde, la Chine est le plus grand consommateur du métal. Les prix du minerai de fer et du pétrole ont également baissé avec l’effondrement des marchés boursiers.
Les racines de la crise se trouvent non pas dans l'économie chinoise en soi, mais dans l'effondrement du système capitaliste mondial qui a commencé avec la crise financière de 2008. L’impact de celle-ci sur la Chine a été immédiat. Avec l'effondrement du commerce mondial à la fin de 2008 et au début de 2009 (à un moment donné, le taux de décroissance était comparable à celui du début des années 1930), les exportations chinoises ont chuté, entraînant la perte de 23 millions d'emplois.
Face à une crise sociale potentiellement explosive, le régime chinois a réagi avec un programme de relance de $500 milliards, accompagné d'une expansion massive du crédit aux collectivités locales, leur permettant d’entreprendre des projets d'infrastructure et de développement immobilier. De nouveaux complexes urbains et parfois des villes quasi entières ont surgi presque du jour au lendemain. Le régime gardait l'espoir que l'économie mondiale connaitrait un ralentissement cyclique et que l'expansion reprendrait. Mais les événements de 2008 marquaient la fin de conditions qui avaient, les deux décennies précédentes, permis à l'expansion constante des exportations vers les marchés européen et américain d’alimenter la croissance chinoise. Aujourd'hui, l'expansion des exportations contribue très peu à la croissance économique de la Chine.
Pour un temps, l'expansion des infrastructures alimentée par le crédit et le développement de l'immobilier a stimulé l'économie chinoise et maintenu son expansion à des taux proches de ceux d'avant 2008. Cela a incité des experts économiques myopes d’affirmer que, malgré l'effondrement financier, le capitalisme avait encore une fois démontré sa résistance inhérente parce que la Chine et d'autres marchés ‘émergents’ donneraient une nouvelle base à la croissance mondiale. Pronostic rapidement démenti; il a été officiellement reconnu par le FMI et d'autres autorités économiques mondiales comme une chimère.
Le gouvernement chinois a reconnu qu’une structure de l'économie où l'investissement, soutenu par le crédit, constituait environ 50 pour cent du produit intérieur brut (PIB), tandis que les dépenses de consommation représentaient à peine 35 pour cent, n'était finalement pas viable. Par conséquent le régime a pris en 2013 une nouvelle orientation économique et déclaré que désormais les tendances du marché joueraient un “rôle décisif” plus important encore. En novembre 2013 lors d’une réunion majeure de la direction du Parti communiste, le président Xi Jinping nouvellement élu a présenté ainsi son programme: «Nous devons approfondir la réforme du système économique en mettant l’accent sur le rôle décisif du marché dans la répartition des ressources ... »
La nouvelle orientation se composait de deux éléments clés: la diminution de l’intervention de l'Etat et le contrôle du système financier qui serait de plus en plus ouvert aux flux de capitaux internationaux; et l'augmentation du niveau des dépenses de consommation dans l'économie nationale. Une façon évidente de stimuler la dépense intérieure aurait été d'augmenter les salaires des centaines de millions de travailleurs chinois. Mais cette voie était barrée par la lutte concurrentielle sur les marchés mondiaux capitalistes. Toute hausse significative des salaires des travailleurs signifierait que les entreprises manufacturières chinoises, qui opèrent avec des marges bénéficiaires faibles car elles remplissent des contrats avec des sociétés transnationales américaines ou européennes, se verraient éliminées des marchés par des concurrents installés dans des pays meilleur marché d’Asie du Sud-est, comme le Vietnam. Et vu la réduction des salaires américains sous l'administration Obama, les entreprises chinoises sont même concurrencées par des Etats-Unis devenus eux-mêmes une plateforme de production à bas coût.
Pour cette raison, le régime, qui règne dans l’intérêt des oligarques qui dominent les échelons supérieurs du Parti communiste chinois (PCC), a cherché à stimuler les dépenses de consommation par une autre voie. Il a décidé de créer un “effet de richesse”, en encourageant des secteurs privilégiés de la classe moyenne à investir sur le marché boursier. Il a attiré les petits investisseurs sur le marché avec la garantie implicite que le gouvernement chinois qui contrôle fermement les leviers du système financier, saurait sécuriser leurs investissements. Le résultat a été un déluge d'argent sur le marché boursier, qui a fait monter l'indice de Shanghai de plus de 150 pour cent durant l'année qui a précédé son pic le 12 juin. Une grande partie de cet investissement a été réalisée par le biais de prêts sur marge où les actions achetées par les investisseurs constituent la garantie des prêts qu'ils obtiennent, la condition étant qu'une partie de la dette soit remboursée si les actions perdent une certaine valeur.
Ces prêts stimulent le marché lors d'une reprise économique mais ils exacerbent toute chute, les investisseurs confrontés à des appels de marge étant obligés de vendre une partie de leurs actions afin d’honorer leurs dettes, créant ainsi une spirale descendante. En avril dernier, alors que les prêts sur marge étaient en pleine expansion – cette forme de dette avait été multipliée par cinq depuis un an jusqu’en juin, représentant à un moment donné 17 pour cent de la capitalisation du marché – le gouvernement a encore versé de l’huile sur le feu en permettant aux investisseurs individuels d'ouvrir jusqu’à 20 comptes de transaction boursière.
Le résultat a été une nouvelle poussée de la valeur des actions. Face à une bulle financière massive, le gouvernement a lancé une action coup de poing contre les prêts sur marge le 13 juin, provoquant l’actuelle liquidation des titres. La décision de freiner les prêts sur marge se basait sur l'hypothèse que, avec ses larges pouvoirs, le gouvernement pourrait contrôler la situation et laisser progressivement se dégonfler la bulle. Mais les lois du marché capitaliste se sont avérées plus fortes que le régime le plus puissant. Le gouvernement chinois est désormais confronté à une chute incontrôlée, menaçant de déstabiliser l’ensemble d’un système financier criblé de dettes. On estime que les collectivités locales ont à elles seules quelque $4 mille milliards de prêts non remboursés.
L’effondrement a des conséquences politiques potentiellement explosives. Ayant perdu toute prétention à défendre l'égalité sociale et encore moins à représenter le socialisme, les “capitalistes rouges” du Parti communiste chinois vivent dans la peur mortelle d'une éruption de luttes sociales et politiques de la classe ouvrière chinoise. Maintenant que l'économie chinoise ralentit – il se peut que la croissance du PIB tombe en dessous de l'objectif officiel de 7 pour cent et peut-être jusqu'à 4 pour cent – cette perspective menace de plus en plus, alors même que la couche sociale sur laquelle le PCC a cherché à s’appuyer devient elle-même de plus en plus hostile et que la façade d’“infaillibilité” du régime est brisée.
La crise financière en Chine va non seulement conduire à un nouveau ralentissement de la croissance économique mondiale et à l'intensification des luttes de la classe ouvrière internationale, elle créera aussi les conditions pour que ces luttes soient rejointes par l'un de ses plus forts bataillons.
Nick Beams (WSWS.org)
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