Une série TV aggrave le différend Israël-Turquie

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Les Israéliens s’inquiètent de plus en plus de l’attitude de la Turquie et ils n’ont pas accepté avec enthousiasme l’annulation de l’exercice international turc auquel il devait participer. Ils ont considéré le diffusion d'une série de fiction à la télévision turque (nationale) comme l'argument suffisant pour un incident diplomatique de grande envergure. Ils expriment ainsi leur rancoeur de l'évolution des relations avec la Turquie, mais d'une façon beaucoup plus profonde que la seule mauvaise humeur. Les Israéliens, qui manient le symbole à leur avantage d’une façon outrageusement efficace sinon d’une façon simplement outrageante, sont particulièrement sensible aux attaques symboliques portées contre leur vertu supposée; ce qui est le cas avec la série TV qui montre des soldats israéliens en action contre des Palestiniens, de la façon qu'on imagine.

C’est The Independent qui, ce 16 octobre 2009, rapporte l’épisode.

«Israel's increasingly troubled relations with its main ally in the Muslim world took a turn yesterday when it formally protested to Turkey over the “incitement” generated by a television series featuring fictional scenes of barbaric acts by Israeli soldiers. […]

»The acting Turkish ambassador, Ceylan Ozen, was summoned yesterday to the Israeli foreign ministry in protest at the drama series Ayrilik which shows soldiers brutalising Palestinians. In one abbreviated sequence shown on YouTube, a soldier is seen gratuitously shooting a girl at close range, killing her. In another, Palestinians are apparently about to be executed by a firing squad.

»Mr Lieberman said this week that the broadcast was “incitement of the most severe kind... under government sponsorship,” and added: “Such a drama series, which doesn't even have the slightest link to reality and which presents Israeli soldiers as murderers of innocent children, isn't worthy of being broadcast even by enemy states and certainly not in a state which has full diplomatic relations with Israel.”»

Cet épisode n’est certainement pas anecdotique, malgré le sujet qui semblerait l’être. On sait qu’aujourd’hui, les grrrrands problèmes du monde passent par ces matières absolument futiles de la communication, de la création symboliste et symbolique, et du reste du même acabit. Encore une fois, dans ce domaine les Israéliens, avec leur paranoïa systématique, sont les maîtres de la manipulation. Dans ce cas, l’affront et l’attaque sont d’autant plus insupportables qu’ils en connaissent l’efficacité. Leur colère n’est pas feinte, et le grand cas qu'ils font de la gravité de l'affaire non plus.

L’un dans l’autre, la querelle entre Israël et la Turquie pourrait aller loin et provoquer des situations nouvelles au Moyen-Orient, d'une grande importance. Le perdant est bien entendu Israël, qui avait, dans la Turquie, un formidable allié, aussi bien par sa position stratégique, l’étendue de ses relations qui pouvait fournir des relais stratégiques pour Israël, enfin et bien entendu son caractère de grand pays musulman. Les Israéliens sont les seuls responsables de leur infortune. C’est vraiment leur comportement inqualifiable à Gaza, en janvier de cette année, qui a fait basculer la situation des relations avec la Turquie. Dans cette affaire, Israël représente un passé grotesque et cruel, sans aucune possibilité de rachat dans les circonstances actuelles; il est un résidu de la “politique de l’idéologie et de l’instinct”, qui a fait ses preuves et dont le poids et l’absurdité commencent à devenir un fardeau insupportable dans les relations internationales.


Mis en ligne le 16 octobre 200ç à 16H07