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1945Nos lecteurs (Automates Intelligents) connaissent Howard Blum, que nous avons souvent cité. Il s'agit d'un politologue scientifique américain, dont les travaux aux multiples facettes ont abordé la question du progrès, de la puissance industrielle et plus généralement de l'évolution du monde actuel. Il ne s'est jamais exprimé à la légère, ce qui a toujours fondé sa crédibilité
Or aujourd'hui il porte une accusation terrible. (On lira son article en suivant ce lien.) Il juge que les deux accidents successifs qui ont affecté les entrepreneurs privés de l'espace, dont nous avons rendu compte (sur le http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2014/150/actualite.htm#actu7>Virgin Atlantic
C'est en principe la Nasa qui a toujours été en charge de cette démarche, ceci depuis le programme Appolo dédié à la “conquête” de la Lune, élément important de la compétition avec l'URSS dans le cadre de la guerre froide. Mais en fait, en sous-mains, à force de lobbying notamment électoral, ce furent toujours les industriels du SMIC qui ont tenu la main.
Mais les temps ont bien changé depuis pour la Nasa et pour l’“espace américain”. La perte d'intérêt de l'opinion pour les questions spatiales, comme les restrictions budgétaires imposées à l'Etat fédéral, ont diminué quelque peu les crédits publics. Dans le même temps, des entrepreneurs multimilliardaires privés ont prétendu pouvoir fournir des solutions plus rapides et moins coûteuses que ne le seraient celles de la Nasa. Il s'agissait dans un premier temps d'organiser du tourisme spatial en espace dit sub-orbital. Mais des tâches beaucoup plus importantes, comme celles consistant à ravitailler la navette spatiale, avaient été entreprises. Or comme indiqué en introduction, deux accidents graves ont affecté ces deux programmes.
Le SMIC n'avait pas renoncé à pousser la Nasa vers de nouvelles grandes opérations, intéressant la Lune ou Mars. Mais récemment, ces programmes semblaient en difficulté. C'est le cas concernant le Space Launch System de la Nasa. Derrière de tels programmes se trouvent les industriels du SMIC. Mais leurs conflits internes, selon Howard Bloom, paralysent les travaux. De plus, ils cherchent dans l'immédiat moins des résultats qu'accéder à des contrats publics. Howard Bloom cite en désastreux exemple de cette politique l'avion dit du siècle JSF F35 qui vraisemblablement n'aboutira jamais. Grâce à Philippe Grasset, ce cas est bien documenté sur son site Dedefensa.
Or le SMIC a vu d'un très mauvais œil le développement des programmes des entrepreneurs privés, pour deux raisons principales. Ils prétendent pouvoir réaliser de tels programmes à des coûts bien moindres que ceux de la Nasa. D'autre part ils ont mis en place des solutions bien plus simples que celles proposées par le SMIC. Notamment pour le lanceur Antares qui comportait d'un moteur russe ancien mais recyclé. Aussi leurs projets ont fait l'objet de multiples critiques, diligentées en sous-mains par le SMIC, mais auxquelles la Nasa a fait volontiers écho. Le thème en était que l'Espace est une affaire trop sérieuse pour être confié à des aventuriers fussent-ils couverts de succès dans d'autres domaines. Il faut dire que nous pensions de même et que nous avions formulé ces mêmes critiques.
Mais selon Howard Bloom, ces arguments ne portaient pas auprès du public. Il fallait donc que le SMIC agisse de façon plus spectaculaire. C'est ainsi que sont survenus les deux accidents de Virgin Galactic et de Antares. Beaucoup d'observateurs en ont conclu qu'effectivement l’espace ne pouvait pas être une activité commerciale, surtout si celle-ci implique la vie de clients non professionnels. Ne cherchez pas qui sont les responsables de ces accidents, nous dit Howard Bloom. Cherchez à qui profite le crime. Les entrepreneurs privés ne renonceront pas, affirment-ils. Mais dans l'immédiat leur démarche est bien plus difficile.
L'accusation est si terrible qu'elle devrait provoquer une tempête de protestations, y compris dans l'opinion. A notre connaissance, cela n'a pas été le cas jusqu'à présent. Les citoyens il est vrai sont sans doute si habitués à constater les forfaits du CMI, aux Etats-Unis tout au moins, qu'ils ne s'étonnent désormais plus de rien.
Pour ce qui nous concerne nous continuons à penser que les acteurs publics, Nasa, Esa, ne devraient pas passer la main. Mais il faudrait que les Etats les financent et qu'ils les contrôlent mieux, notamment en ce qui concerne la Nasa. Ceci d'autant plus que les programmes spatiaux sont des programmes d'avenir, susceptibles de multiples retombés. C'est ce qu'ont bien compris dans l'immédiat la Chine et l'Inde.
Jean-Paul Baquiast