Une victoire considérable pour Obama, – mais une stratégie obligée?

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Grande et nette victoire de Barack Obama dans la primaire de Caroline du Sud: 55% contre 27% à Hillary Clinton et 18% à Edwards. Mais une victoire qui va peut-être enfermer Obama dans une stratégie éventuellement perdante, dans tous les cas très difficile à conduire à terme. Obama se bat depuis le début pour ne pas être le “candidat des Noirs” ou le “futur premier président noir des USA”. Mais, en Caroline du Sud, Obama a été élu par les Noirs (autour de 80% des Noirs ayant voté ont voté pour lui).

AP News (RAW Story) donnait le 26 janvier une description commentée de cette situation.

«As expected, blacks made up half the voters in Saturday's contest, slightly outnumbering whites and making up by far their biggest share in any presidential contest so far this year. Obama won about eight in 10 of their votes, with black men and women supporting the Illinois senator by about that same margin, according to preliminary results from exit polls of Democratic voters conducted Saturday for The Associated Press and the networks.

»Clinton and Edwards split the white vote about equally, with each getting support from nearly four in 10 and Obama getting about a quarter. Obama's high-water mark among white voters so far this year has been the 36 percent he got in New Hampshire, where he finished second overall to Clinton; he also got a third of the white vote in the year's first contest in Iowa, enough for him to win overall in that state.

»Highlighting the decisive role race seemed to play in Saturday's voting, about eight in 10 of Obama's votes came from blacks. About six in 10 of Clinton's, and nearly all of Edwards', came from whites.

»Racial attitudes were also in play in voters' perceptions of how effective the candidates would be if elected. Whites were nearly twice as likely to name Clinton over Obama as being most qualified to be commander-in-chief and likeliest to unite the country, while blacks named Obama over Clinton by even stronger margins in both areas.

»Following a week of sharp attacks between the Obama and Clinton campaigns in which race became a factor, Obama's relatively small share of white supporters in South Carolina could raise questions about his ability to attract those voters in the crucial Super Tuesday contests on Feb. 5, when nearly half the country will vote.»

Cette orientation est largement favorisée par “les” Clinton (Hillary et Bill, avec Bill dans le rôle du bad cop), précisément Bill qui attaque cruellement Obama pour l’enfermer dans le rôle du “candidat des Noirs” en le comparant à Jesse Jackson. (Jackson, candidat en 1984 et en 1988, faisant ces deux campagnes spécifiquement comme “candidat des Noirs”. Bill Clinton répondant le 26 janvier à David Wright, de ABC.News : «Jesse Jackson won South Carolina in '84 and '88. Jackson ran a good campaign. And Obama ran a good campaign here.»). C’est une tactique évidente du clan Clinton. Au plus Obama est enfermé dans sa position de “candidat des Noirs”, au moins il a de chance d’être un candidat d’union capable de rassembler une majorité du parti démocrate.

L’évolution de la campagne démocrate, avec ses rebondissements qui favorisent la radicalisation des deux principaux concurrents en exacerbant leur antagonisme, suit une voie désormais classique de “montée aux extrêmes”. L’aventure risque de déchirer le parti démocrate et, surtout, de ranimer les tensions raciales. Elle divise d’ores et déjà cette campagne présidentielle 2008 en deux campagnes présidentielles bien distinctes, chacune avec ses incertitudes et les incertitudes de l’une alimentant les incertitudes de l’autre. La première campagne est effectivement celle qui oppose Clinton à Obama avec l’affrontement et les risques de division qu’on a vus. Au terme de cette première campagne, une situation différente existera, notamment avec la question de savoir si le parti démocrate aura toujours la position de favori qu’il avait l’automne dernier. En face, il y aura un parti républicain d’autant plus incliné à “monter aux extrêmes” contre le démocrate qu’il aura craint longtemps une déroute. Si John McCain est désigné du côté républicain (hypothèse favorisée actuellement), cet extrême sera une réaffirmation tonitruante de la politique belliciste de l’administration Bush. Encore n’évoque-t-on pas la possibilité d’une candidature indépendante puissante qui favorisera encore la radicalisation générale. La perspective est le contraire de ce qu’on attend (espère) après l’administration Bush, le contraire d’un apaisement autour d’une campagne d’union et de rassemblement.


Mis en ligne le 28 janvier 2008 à 05H10