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3656Comme l’on sait, les actes politiques finissent par marquer celui qui les posent, surtout lorsqu’il est président des USA, même président-bouffe, et que ces actes marquent indépendamment dans ce cas, une trahison échevelée de toutes ces promesses de campagnedans le sens du bellicisme nourrie de vantardise, d’hybris, de narcissisme bombastique.
(Lorsque nous disons “marquent indépendamment”, nous voulons dire sans véritable pression coercitive du DeepState : c’est notre analyse sans aucune hésitation en même temps que ce que nous pensonsde ce DeepState. Il n’y a pas de manipulation machiavélique de Trump, mais simplement exploitation de ses travers, – le narcissisme, le cynisme complet, le darwinisme capitalistique, etc., – du fait de ses conseillers neocons qui ont remplacé les généraux [qu’on nous présentait déjà comme délégués du DeepState] et emploient simplement comme tactique d’influence, spécialité d’un Bolton, la flagornerie et la flatterie.)
Cette réalisation du comportement de Trump devenu président ultra-neocon et “président de guerre” contre toutes ses promesses semble provoquer une secousse de type tectonique chez les démocrates, dans la perspective des présidentielles de 2020, – des démocrates qui pourraient alors obtenir le renfort paradoxal d’une fraction républicaine qui jusqu’ici les détestaient absolument, c’est-à-dire la fraction non-interventionniste conduite par le sénateur Rand Paul. C’est notamment la thèse de Patrick Buchanan, le patriarche des républicains, de tendance paléoconservatrice (non-interventionniste) au moment où comme on l’a vu cette tendance gagne du terrain dans le part républicain. Son jugement est sévère pour Trump, mais surtout il prédit un complet renversement d’orientation. On revient sur son commentaire du 19 avril 2019 :
« “Le président a déclaré qu'il ne voulait pas voir ce pays impliqué dans des guerres sans fin... Je suis d'accord avec lui ", a déclaré Bernie Sanders lors de l'assemblée publique de Fox News lundi [15 avril] à Bethlehem, en Pennsylvanie. Puis il a tourné et regardé droit dans la caméra : “M. le Président, ce soir, vous avez l'occasion de faire quelque chose d'extraordinaire : Signez cette résolution. L'Arabie saoudite ne devrait pas déterminer la politique militaire ou étrangère de ce pays.”
» Sanders parlait d'une résolution appuyée sur les War Powers qui aurait mis fin à la participation des États-Unis à la guerre civile de cinq ans au Yémen, qui a créé l'une des grandes crises humanitaires de notre temps, avec des milliers d'enfants morts dans une épidémie de choléra et une famine. Soutenue par un parti démocrate uni au Congrès et une faction anti-interventionniste du GOP dirigée par les sénateurs Rand Paul et Mike Lee de l'Utah, la résolution avait été adoptée par les deux chambres du Congrès. Mais 24 heures après que Sanders l'eut exhorté à le signer, Trump, écoutant les conseils des faucons de son Cabinet et du Conseil de sécurité nationale, a opposé son veto à la Rés.J.S.7, la qualifiant de “tentative dangereuse d'affaiblir mes autorités constitutionnelles”.
» Avec suffisamment de votes républicains dans les deux chambres pour soutenir le veto de Trump, ce devrait être la fin de toute cette affaire.
» Eh bien, ce n'est pas le cas : Trump vient peut-être de céder l’argument de la paix aux démocrates pour les présidentielles de 2020. Si Sanders se présente comme candidat, nous aurons une élection avec un démocrate qui se présentera sur le thème “plus de guerre” tant répété par Trump. Et Trump défendra le bombardement des rebelles et des civils yéménites par le prince héritier Mohammed bin Salman d'Arabie Saoudite.
» Trump veut-il vraiment devenir président du “parti de la guerre” en 2020 ? Veut-il entrer en 2020 avec les démocrates qui dénoncent les “guerres sans fin de Trump” au Proche-Orient ? Parce que c'est vers cela qu'il se dirige.
» En 2008, John McCain, premier faucon au Sénat, a été mis en déroute par un sénateur de premier mandat de gauche de l'Illinois, Barack Obama, qui avait remporté sa nomination en battant Hillary Clinton, plus faucon, qui avait voté pour autoriser la guerre en Irak. En 2012, le candidat républicain Mitt Romney, qui était beaucoup plus faucon que Obama sur la Russie, a perdu. Par contre, en 2016 a été le républicain Trump, qui se présentait s'est présenté comme un républicain différent, un opposant à la guerre en Irak et un anti-interventionniste qui voulait s'entendre avec le Russe Vladimir Poutine et se sortir de ces guerres au Moyen-Orient, a été élu. »
Buchanan énumère alors les divers “exploits” de Trump depuis qu’il est président : retrait de l’accord nucléaire de l’Iran et sanctions très sévères, désignation du Corps des gardiens de la Révolution comme organisation terroristes ; Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et l’annexion de Golan, épousant complètement la politique belliciste de Netanyahou (« Sanders, bien qu'il soit pro-Israël, soutient une solution à deux États et fustige le régime de “droite” Netanyahou. »). Trump a parlé des retraits de Syrie et d’Afghanistan, mais les troupes sont toujours là ; il s’est retiré du traité FNI et a continué à armer les Ukrainiens ; il a menacé d’intervenir au Venezuela en agitant la piètre marionnette-Guaido, et et ainsi de suite... Buchanan note, oubliant scandaleusement Tulsi Gabbard, de loin la plus active et la plus courageuse : « En regardant de près les candidats en tête de liste pour l’investiture démocrate de 2020, – Joe Biden, Sanders, Kamala Harris, Beto O'Rourke, Pete Buttigieg, Elizabeth Warren, Cory Booker, – pas un ne semble être aussi faucon que Trump l’est... »
Il poursuit et conclut son article de la sorte :
« Le centre de gravité de la politique américaine se déplace vers la position de Trump de 2016. Et l'aile anti-interventionniste du GOP se développe. Lorsque ces anti-interventionnistes républicains s’ajoutent aux anti-guerre démocrates au Congrès, ils sont capables, comme dans la résolution sur les War Powers interdisant l’intervention au Yémen, de produire une nouvelle majorité bipartisane.»
» Prédiction : D'ici les primaires de 2020, la politique étrangère sera à l'avant-plan et le Parti démocrate aura pris la haute main sur l’approche “plus de guerre” que le candidat Donald Trump a occupée en 2016. »
Il ne semble pas que Trump soit conscient du danger (électoral dans tous les cas) qui se trouve dans son évolution. Même si les sondages le donnent encore en bonne position, même si la course USA-2020 semblerait réglée d’avance à cause de sa position dominante et exclusive dans le parti républicain, contre le désordre, la foule et la concurrence du côté démocrate, il est évident que le facteur de politique étrangère n’a pas encore donné le moindre effet dans la perception du public. Dès qu’il en sera différent, dès que les démocrates auront commencé à se regrouper, et s’ils montrent effectivement une tendance au moins en partie antiguerre et en pleine expansion dans ce sens, et qui aura un impact indéniable dans une fraction non négligeable du parti républicain, Trump devrait sentir l’effet négatif de son extraordinaire changement de conceptions de sécurité nationale vers le bellicisme expansionniste par rapport à USA-2016.
On notera que Trump poursuit imperturbablement ses gesticulations et ses postures guerrières avec l’annonce de sa décision d’envoyer des troupes supplémentaires à la frontière mexicaine, soi-disant pour contenir (certains désiraient “affronter”) des troupes mexicaines accusées d’être sensibles aux arguments sonnants et trébuchants des narcotrafiquants. Certes, ce type de posture belliqueuse aux frontières des USA est plus populaire aux USA qu’une posture de cette sorte en Ukraine ou en Syrie, pour des raisons évidentes parce qu’il s’agit d’une pression exercée directement sur la situation intérieure US. Certes, on ne sort pas de la gesticulation sans beaucoup, sans aucune suite, mais le sens belliciste et interventionniste est toujours et même plus que jamais présent.
Quoi qu’il en soit, cette orientation qui semble prendre de plus en plus de substance, chez les démocrates sous la pression de la jeune génération, représente un formidable tournant dans le chef de ces mêmes démocrates qui ont, depiuis de nombreuses années, suivi une politique maximaliste belliciste sous l’impulsion des Clinton et de toute leur bande (et de leurs intérêts). Cette transformation possible/en cours est d’abord la conséquence de ce facteur magique que constitue le désordre que Trump sème autour de lui, et le capital fantastique de haine qu’il a constitué contre lui.
Au départ de la séquence, c’est bien dans la mesure où Trump semblait vouloir suivre une politique orientée vers la paix, ou dans tous les cas l’absence d’interventions extérieures, que les démocrates ont prolongé et même accentué une politique interventionniste furieuse ; mais puisque Trump devient, lui, à son tour furieusement interventionniste, eh bien les démocrates découvrent les vertus d’une politique non-interventionniste ! Tout cela peut sembler absolument dérisoire quant aux motifs, et pourtant correspondant parfaitement à “D.C.-la-folle” et au désordre trumpiste sans égal ; on ne s’en plaindra pas nécessairement puisque tout ce qui peut faire reculer la politique belliciste-interventionniste est bon à prendre.
On ne terminera pas sans observer une deuxième fois qu’il est incompréhensible que Buchanan n’ait pas cité Tulsi Gabbard dans les démocrates partisans d’une politique de paix, alors qu’elle est la plus audacieuse, la plus constructive, la plus convaincante dans ses propositions, avec une expérience et une expertise sans égales. Il nous semble impossible que cette tendance, si elle évolue pour influencer décisivement le parti démocrate, ne place pas Gabbard dans une position importante parmi les candidats démocrates, que ce soit pour sa propre nomination, que ce soit pour un “ticket” (c’est-à-dire, un “ticket Sanders-Gabbard” si Sanders était désigné, lui qui est pour l’instant le plus souvent cité ?), que ce soit pour un poste important dans l’administration à venir si le candidat démocrate l'emportait.
Mis en ligne le 24 avril 2019 à 12H44
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