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323L’Organisations des Etats Américains (Organization of American States, ou OAS) a prononcé la réintégration de Cuba dans ses rangs, dans un vote évidemment historique qui, selon les initiateurs de la mesure, clôt la Guerre froide. Vingt ans pour clore le chapitre, ce n’est pas rien.
Selon Huffington.Post du 3 juin 2009:
«The Organization of American States voted by acclamation on Wednesday to revoke the 1962 measure suspending communist Cuba, overturning a landmark of the Cold War in the hemisphere. “The Cold War has ended this day in San Pedro Sula,” said Honduran President Manuel Zelaya immediately following the announcement. “We begin a new era of fraternity and tolerance.”
»The action doesn't mean Cuba will return to the 34-member body that helps coordinate policies and mediates disputes throughout the Americas. Cuban officials have repeatedly insisted they have no interest in returning to an organization they consider a tool of the United States. And if Cuba changes its mind, the agreement calls for “a process of dialogue” in line with OAS “practices, proposals and principles” – a veiled allusion to agreements on human rights and democracy.
»“This is a moment of rejoicing for all of Latin America,” Ecuador's Foreign Minister Fander Falconi told reporters after the session.
»The decision was taken by consensus, meaning the United States accepted it, though Secretary of State Hillary Rodham Clinton had lobbied personally for requiring Cuba to make democratic reforms and improve respect for human rights. “The historic action taken today eliminates a distraction from the past and allows us to focus on the realities of today,” State Department Deputy Spokesman Robert Wood said in Washington.»
Effectivement, l’une des premières choses intéressantes dans cette décision de toutes les façons historique, c’est d’identifier ce que fut l’action US durant cette réunion. Au départ, la position US était, ou semblait être de ne pas accepter la réintégration de Cuba sans engagements de ce même Cuba au niveau des droits de l’homme.
Steve Clemons, de The Washington Note, qui est un chaud partisan de l’abandon de toutes les mesures de contrainte et d’ostracisme à l’encontre de Cuba, y compris la levée de l’embargo US, acclamait le 3 juin 2009, à 15H30, heure de Washington, la décision qui allait être prise, – alors que ce n’était pas encore formellement le cas. Il notait à cet instant:
«I just heard the Chilean representative issue “particular thanks to the delegation of the United States for rallying around this consensus [on Cuba].” […]
»The United States had been pressuring the OAS for weeks to condition Cuba's readmission to the hemispheric group on democratic principles and commitment to human rights. Falcone said there will be no such conditions. “This is a new proposal, it has no conditions – of any kind,'” Falcone said. “That suspension was made in the Cold War, in the language of the Cold War. What we have done here is fix a historic error.”»
Aussitôt après, Clemons enchaînait en s’attachant à observer et à commenter l’attitude US. En effet, son commentaire semble contenir une appréciation d’un jeu assez complexe des USA, de Hillary Clinton, entre ce que fut l’attitude officielle US et ce que fut l’attitude réelle US à propos de ce vote…
«This is significant. Secretary of State Hillary Clinton looked uncomfortable during the proceedings as she apparently wanted conditions attached to any petition for Cuba to rejoin the OAS but failed. But this may have been just an act.
»Behind the scenes, this initiative had help from Clinton's team and would not have moved forward if the United States didn't give a strong positive nod in acknowledging and acquiescing to the expectations of other Latin American states on this Cuba question.
»This is excellent news and demonstrates Obama's willingness to replace inertia and incrementalism with some serious strategic shifts.»
Ces diverses indications montrent effectivement un ensemble de manœuvres US pour finalement parvenir à un soutien de la décision de l’Organisation sans pour autant sembler l’avoir soutenue officiellement, dans tous les cas initialement. Bien évidemment la décision de l’OAS ne tranche pas tous les aspects du cas cubain par rapport aux USA, et par rapport à la situation de l’Amérique Latine en fonction des interférences US. Le jugement d’une OAS comme “instrument de la politique US” en Amérique Latine reste valable pour certains, – quoique le vote d’hier suggérerait de nuancer un peu le jugement, – quoique (bis) certains jugeraient qu’il s’agit en réalité d’une habile manœuvre des USA pour “piéger” Cuba et ainsi de suite… Vieille habitude des interprétations où il s’agit de faire compliqué pour ne pas paraître faire trop simple.
Il reste le fait politique qui, lui, se juge en termes d’effets et en termes simples, et l’on comprend bien dans quel sens. Le fait politique apparaît comme une étape importante dans la situation collective de l’Amérique Latine, comme un acte collectif d’affirmation des pays du continent, vis-à-vis des USA mais peut-être pas complètement en dépit des USA (ou contre les USA). Comme d’habitude depuis quelques mois, il y a l’ambiguïté de la politique de l’administration Obama, telle que bien suggérée par Clemons: officiellement plutôt contre la réintégration sans conditions, finalement “plutôt pour” que “plutôt contre”. Le tout pourrait être présenté par l’administration Obama comme une obligation où se sont trouvés les USA de finalement rejoindre la majorité en faveur de la réintégration sans conditions pour ne pas être isolés, alors qu’en sous-main elle aurait favorisé cette réintégration. Dans ce cas, il s’agirait d’une attitude essentiellement dictée par la crainte qu’un soutien officiel initial déclencherait des réactions violentes aux USA, dans les milieux adversaire à tout compromis avec Cuba.
Mis en ligne le 4 juin 2009 à 14H22