Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1349Le 5 avril 2002. — Nous voulons mettre en évidence, par deux exemples, la différence d'état d'esprit existante aujourd'hui entre les USA et l'Europe, sur la question de la crise israélo-palestinienne. Cette différence n'est pas de conjoncture, elle ne peut plus être vue comme accidentelle. Il y a une différence dans la vision du monde et aussi dans la perception du monde. L'influence, ou disons la ''propagande'', n'explique pas tout, même si cela aide à comprendre. Nous dirions au contraire qu'elle aide à mettre les choses en évidence.
D'une part, ce texte du New York Times qui montre le Congrès des Etats-Unis, à l'heure où Tsahal mène son offensive, envisager des sanctions contre les Palestiniens. (L'article est du 3 avril 2002, avec le titre suivant : « Hill support for Israel Grows as Bombing Touch a Nerve »). Nous citons un extrait que nous jugeons significatif.
« Support for Israel has always run strong on Capitol Hill, both because of the importance of Jewish voters in domestic politics and because of the nation's strategic importance as a pro-Western democracy in a largely Arab region. But lawmakers in both parties say the Sept. 11 attacks and the daily pattern of suicide bombings in Israel have created an even stronger bond that provides wide latitude for self-defense by both countries. ''We can identify with their shock and loss,'' said Senate Majority Leader Thomas A. Daschle (D-S.D.). ''A lot of us are thinking: There but for the grace of God go we.'' Sen. Mitch McConnell (R-Ky.) said, ''For us it happened one day. For them, it happens day after day. I think there is enormous sympathy for Israel.''
» Reaction in the House was similar. ''The Israelis have had many September 11ths in their country nearly every day with these suicide bombings,'' said International Relations Committee Chairman Henry J. Hyde (R-Ill.). ''Sharon has a duty to protect his country and his people.'' House Majority Leader Richard K. Armey (R-Tex.), said, ''Sharon is doing what we in Texas describe as, 'A man's gotta do what a man's gotta do,' '' adding that ''it would be fine with me'' if the prime minister were to force Palestinian leader Yasser Arafat into exile. »
D'autre part, en Europe, voici un exemple de l’état d’esprit. (Nous aurions pu choisir des exemples innombrables ailleurs, dans la presse britannique par exemple, chez un Robert Fisk.) Nous nous permettons de citer cette chronique en entier, d’une part pour une meilleure disposition (nous doutons que le lien soit opérationnel très longtemps), d'autre part parce que la qualité de ce texte rend sa présence nécessaire à la cohésion de ce rapide commentaire. Il s'agit d'une chronique de Hughes Lepaige, journaliste à la Radio-Télévision Belge Francophone (RTBF).
La Chronique Matin Première, RTBF, 4 avril 2002, — ''Pensées multiples'', de Hughes Lepaige
« Il existe aujourd'hui une exception israélienne aussi incompréhensible qu'insupportable au regard du Droit international en général et des Droits des peuples en particulier. Aucun autre pays au monde du moins dans l'époque contemporaine, ne pourrait se permettre de bafouer en permanence les Résolutions des Nations-Unies et bien plus largement encore, les règles communément admises qui définissent les relations entre les Etats et les peuples de la planète.
» Au cours des vingt dernières années, la communauté internationale a fixé des limites de fait aux agressions contre les peuples y compris par des interventions militaires visant à défendre et à protéger les populations en danger.
» Seul Israël échappe aujourd'hui à l'application de la loi internationale; Ariel Sharon peut lancer ses chars contre les Territoires palestiniens, menacer directement la vie de Yasser Arafat et mener des opérations militaires contre tout un peuple dont il s'agit d'effacer l'identité et l'existence politique. Ariel Sharon veut comme il dit, déraciner les sauvages, en fait, il peut tout et il peut tout impunément. Avec le soutien des Ministres travaillistes, Shimon Peres en tête en dépit de quelques timides réserves, avec la complicité active ou silencieuse de la communauté internationale. Aucune situation n'est comparable dans l'histoire des relations internationales, aucun Gouvernement ne pourrait se permettre un tel mépris de la loi internationale, seul Israël aujourd'hui n'a aucun compte à rendre. Les Etats-Unis laissent faire quand ils n'encouragent pas, l'Europe se tait, impuissante, divisée, incapable de faire respecter ses propres valeurs et ses discours vertueux. Le silence de la communauté internationale est fracassant et criminel, jamais les Palestiniens n'ont été aussi menacés dans leur existence, jamais les Israéliens n'ont vécu dans une telle terreur. La politique de Sharon est une faillite évident qui n'est même plus masquée par une fuite en avant dans l'horreur.
» Le monde entier le sait et se tait, seule une intervention internationale pourrait aujourd'hui préserver la vie du peuple palestinien et assurer la sécurité du peuple israélien. Au-delà des discours de circonstances et de prudence diplomatique, quelle organisation internationale, quel pays, quel Ministre prendra-t-il une véritable initiative pour tenter de mettre fin à la politique du pire, qui osera rompre le silence et prendre ses responsabilités? »