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707911 décembre 2017 – Il est vrai qu’il y a ces derniers jours une avalanche d’incroyables déclarations, surtout de “D.C.-la-folle” naturellement, mais aussi d’autres lieux du bloc-BAO, notamment de Paris-France, de la part de notre ministre de la défense, pour cette fois l’épatant Le Drian, – j’ai évité “brillant”, trop voyant... C’est à propos de notre victoire en Syrie. Ah oui, tiens, vous ignoriez cela, vous autres... C’est nous et personne d’autre, nous, de la coalition du monde postmoderne-tardif de la liberté, qui l’avons emportée, éradiquée, décapitée, réduite en poussières sanglantes, la “bête immonde“, le ci-devant Daesh... Nous-autres, mon Dieu-le-Père-et-Mère ! Et personne d’autre !
C’est-à-dire, hein, soyons clairs, ni les Russes bouseux de l’indescriptible Poutine, ni les Syriens immondes de l’Assad-infâme, totalement paralysés sinon complices, les uns et les autres, du ci-devant Daesh. Il y a donc Le Drian, agacé mais aimable, et puis discrètement stupéfait que “nos amis Russes” prétendent avoir pris la part la plus importante dans ce magnifique Austerlitz postmoderne-tardif du bloc-BAO : « Je trouve parfois un peu surprenant que la Russie s'approprie la victoire contre Daech », dit-il ajoutant que la désintégration de Daesh est survenue « grâce aux actions de la coalition ».
Du côté US, il y a eu aussi des éructations de The-Donald, durant un conseil des ministres, parlant de Mattis (Pentagone-sur-stéroïdes), devant Mattis puis directement s’adressant à lui, à propos de Daesh, toujours :
« Putain, il les a mis à genoux ! Bien entendu, c’est moi qui ait rendu ça possible en te laissant y aller, c’est juste non ? »
Un peu plus tard, un élégant porte-parole de la coalition, dite CJTF-OIR (Combined Joint Task Force Operation Inherent Resolve), très strict, très neutre, très factual :
« La coalition conduite par les USA, et nullement la Fédération de Russie ou le Régime Syrien, est la seule force qui a fait des progrès significatifs contre ISIS [Daesh] »
Zakharova, la sarcastique et ravissante porte-parole du ministère des affaires étrangères russes, un peu épuisée par l’avalanche, a noté sur sa page Facebook :
« Nos partenaires occidentaux ont dit ces derniers jours que ce n'était pas la Russie, mais la coalition qui a vaincu l'Etat islamique en Syrie. Mes chers Messieurs, mais arrêtez donc ! Vos triomphes, c’est l’Irak, la Libye et l’Afghanistan. C’est d’eux que vous devriez être fiers. »
Je précise aussitôt, pour ne laisser planer aucune identité, que ces divers extraits sont tirés d’un texte du site de RT en anglais, spécialiste des FakeNews en toutes langues, auxquelles j’ai rajouté mes propres FakeNews en traduisant la chose. C’est pour dire que nous sommes entre amis et complices.
... Car enfin, comment, oui comment tous ces braves gens, ministres en tête, peuvent-ils proférer d’aussi crépusculaires et abyssales balourdises et autres grotesqueries réduites à des poussières sans fin de mensonges aussi colossaux ? Encore, de Trump, cela se conçoit... Comment, dis-je, comment peuvent-ils ? Eh bien c’est simple, en disant des mensonges dont ils croient, en s’en persuadant avec l’aide de leurs conseillers, qu’il s’agit de la réalité et non de mensonges. Cette idée rejoint le texte d’hier sur la CIA et OSINT (Open Sources INTelligence), qui contient, je pense bien, quelques idées absolument fondamentales.
Autrement dit, je ne crois pas qu’ils profèrent tout ce qu’ils profèrent, comme l’on profère des mensonges, mais comme l’on énonce quelques délicates vérités qu’il s’agit de protéger des barbares qui roulent en FakeNews modèle GT-turbo. Il y a, dans le texte référencé sur la CIA et OSINT, ce passage :
« ...Cela, en acceptant l’idée qui est absolument nôtre, qu’il n’y a pas, au cœur de l’attitude de ces pays [du bloc-BAO], anti-Assad et antirusse, une démarche volontaire et cynique de tromperie c’est-à-dire avec la connaissance de la vérité-de-situation dans tous ces cas. C’est là, pour nous, une conviction essentielle : au départ, il y a cette croyance “sincère” anti-Assad et antirusse, même si, ensuite, on se trouve acculé à refuser et à récuser contre tout bon sens des évidences, à dissimuler et à déformer sauvagement des vérités, parce qu’on est justement pris dans l’engrenage du déterminisme-narrativiste. De là, des tensions psychologiques souvent insupportables, occasionnées par le “mensonge forcé”, ou mensonge auquel on est obligé de croire, qui induit à un dérèglement psychologique, une véritable pathologie et ainsi de suite. On voit les signes de ce déséquilibre psychologique partout aujourd'hui dans le fonctionnement et les situations de nos directions politiques. »
C’est une chose, une enquête, un constat, une certitude mille fois passée et repassée au filtre de la preuve et mille fois confirmée, qui me poursuit depuis des années, largement depuis la saison crépusculaire d’après 9/11 où la vérité fut absolument mise en cause jusqu’à la négation de son existence. Je découvris assez vite que ce n’était pas tout à fait un mal, car bas les masques ! – car la vérité qui nous servait encore de piètre référence était en lambeaux, trouées de simulacres et de narrative diverses, une vérité si complètement en trompe-l’œil qu’il valait mieux qu’une voix officielle [celle de Rumsfeld-le-philosophe] nous annonçât son trépas pour le compte du Système et de ses dépendances hégémoniques. Il valait mieux que l’on jouât cartes sur table, pour enfin qu’il fût acté officiellement que la Carte Suprême, le Joker de toutes les interrogations du monde, avait disparu du jeu qu’ils nous imposaient.
Cette situation ne pouvait rester figée, en l’état, parce qu’elle était instabilité même, déséquilibre, ébranlement continuel. En réalité, ou non, plutôt “en vérité”, cette situation était l’entame d’une dynamique qui, depuis le 11 septembre, n’a plus cessé de déployer sa surpuissance dans une successions extraordinaire de chaos et de soubresauts. On sait le destin dont, je crois, le Ciel charge ce phénomène, – surpuissance-autodestruction, – et je crois que l’évolution depuis lors ne cesse de le confirmer. Dans cette dynamique diabolique, les premières victimes de cette négation officielle de la vérité furent ety sont plus que jamais les négationnistes eux-mêmes, et précisément les directions-politiques au services du Système et les élites-Système, bref les zombies-Système en général. Au long de diverses phases (virtualisme, narrative, simulacre), ils apprirent à se charger de mensonges dont ils proclamaient en le croyant absolument qu’il s’agissait des matériaux d’une “nouvelle histoire”, – une “nouvelle réalité” ou éventuellement une “nouvelle vérité”. (Comme Karl Rove, chef de la communication de GW Bush, disant à Ron Suskind à l’été 2002 :
« Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
Au travers de tous ces rappels, dans ce dédale d’événements prodigieux et de rythmes fous, il y a bien une ligne d’évolution, qui est, dans le chef de ces élites-Système, de croire de plus en plus fermement aux simulacres qu’ils développent et aux mensonges dont ils sont obligés de les peupler à mesure qu’avancent les choses. Ainsi se renforcent ma croyance et ma conviction qu’ils mentent sans le savoir, qu’ils ne mentent pas mais qu’ils disent des mensonges qu’ils croient vrais ; ils sont, selon le philosophe-Rumsfeld, dans le domaine du “unknown unknown” (“les choses inconnues dont on ignore qu’elles existent”, à la différence des domaine “known unknown”, – “les choses inconnues dont on sait qu’elles existent”).
C’est ici que je veux en revenir à la citation, plus haut, du texte d’hier, s’appliquant à nos ministres et excellences qui vous disent aujourd’hui que les Russes n’ont rien fait en Syrie, et qu’eux-mêmes ils ont tout fait, comme ils affirmaient il y a trois ans que les Russes avaient tout fait en Ukraine, et que les autres, les amis, n’avaient rien fait... Ils disent donc des mensonges en croyant dire du vrai, ou plutôt en croyant qu’ils reflètent le vrai même s’ils les tripatouillent un peu pour les faire correspondre, et se surprennent parfois à s’interroger eux-mêmes ; d’où leur tension, en vérité...
«...De là, des tensions psychologiques souvent insupportables, occasionnées par le “mensonge forcé”, ou mensonge auquel on est obligé de croire, qui induit à un dérèglement psychologique, une véritable pathologie et ainsi de suite. On voit les signes de ce déséquilibre psychologique partout aujourd'hui dans le fonctionnement et les situations de nos directions politiques. »
Quoi qu’il en soit du degré de croyance sincère dans le “mensonge forcé” qu’exécutent ces gens, de toutes les façons protégés ou prisonniers je ne sais dans leur nécessité morale par la “vérité“ de départ (le virtualisme/la narrative/le simulacre de départ pour nous), je crois qu’ils subissent tous dans leurs psychologies le poids de ce mensonge. C’est une chose terrible à la longue, justement une tension psychologique insupportable.
Les Russes qui ont vécu le communisme en ont beaucoup à nous apprendre là-dessus, et c’est sans doute pour cela qu’ils ne se laissent pas berner aujourd’hui. Nombre de témoignage des époques de terreurs diverses, du léninisme au brejnévisme, expliquent que la chose la plus terrible était le poids du mensonge : de Chostakovitch en 1941 acclamant la guerre pare qu’elle libérait le peuple russe du mensonge (*), à Boukovski en 1975 expliquant qu’on se sentait “plus libre” dans les camps parce qu’on n’était pas obligé de singer un comportement dicté par le mensonge, à Soljenitsyne expliquant aux dirigeants soviétiques (**) que
« la pire souffrance infligée à la population de ce régime pesamment idéologisé n’était pas la famine ou l’oppression (aspects néanmoins terribles), mais l’obligation de mentir, de prétendre voir réalisée une “société socialiste” qui n’avait jamais existé ».
Encore était-il nombreux, en URSS, à avoir une conscience plus ou moins grande de leur obligation de vivre dans le mensonge. Aujourd’hui, nos zombies-Système vivent dans le mensonge sans le savoir très-consciemment, sinon par brefs éclairs de doute. Mais je prétends que même sans cette conscience et peut-être avec plus de force parce que non réalisé, le poids du mensonge pèse sur leurs psychologies et les rend de plus en plus instables, vulnérables, hystériques, maniaques ou schizophrènes, affolés, perdant le sens des choses, avec des orientations et des décisions à mesure.
D’un certain point de vue qui n’est pas loin d’être le plus intéressant, c’est tout l’intérêt de ce texte d’hier sur l’OSINT qui rencontre complètement mes convictions sur l’information telle que le système de la communication la distribue aujourd’hui, avec ses formidables moyens et son double jeu du Janus. Pour cette raison, je peux avancer cette analyse d’une plume de plus en plus assurée. Ayant suivi toutes les affaires du monde en “sources ouvertes”, comme Steele recommande de faire pour obtenir la meilleure organisation de renseignement possible, j’ai vu, – ou pourrais-je dire au nom d’un certain nombre, “nous avons vu” les choses se faire, les drames se nouer et aussi les “mensonges forcés” se constituer et continuer à le faire successivement, en toute hâte et de plus en plus vite, à mesure des exigences du Système. Nous ne sommes pas les maîtres du monde comme si nous possédions la vérité mais, grâce aux situations-de-vérité qu’il nous arrive de croiser, de frôler et d’interroger pour étancher notre soif de résistance, nous pouvons distinguer et identifier sans le moindre doute qui sont les esclaves, – grâce à cette “vérité qui illumine”, la veritas lucens de Saint-Augustin.
(*) Voir le texte du 21 novembre 2014 :
« Le précédent de 1941 doit être à l’esprit, pour ce qui est de la situation d’une Russie terriblement affaiblie face à un danger brutal : un peuple anesthésié, fracassé, déstructuré par la plus épouvantable terreur stalinienne (la Iejovtchina, la Grande Terreur des années 1936-1939), retrouvant instantanément toutes ses qualités pour se dresser contre l’Allemagne. (On doit lire les Mémoires de Chostakovitch, observant combien l’attaque allemande de juin 1941 fut une “libération” pour le peuple russe, presqu’un moment d’enthousiasme et de bonheur parce qu’elle plaçait soudain ce peuple, après l’univers fantasmagorique de la terreur stalinienne, devant une “vérité de situation” – le destin de la Russie, – avec laquelle on ne transige pas et par laquelle l’existence acquiert un sens indiscutable.) »
(**) Evoqué par Rémi Brague dans Où va l’histoire ? d’après la Lettre aux dirigeants soviétiques de Soljenitsyne.
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