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14 mars 2004 — Si la nouvelle se confirme dans les implications qu’on envisage, ce sera l’une des plus importantes dans les affaires militaires et politiques aux USA depuis longtemps. Le San Francisco Chronicle annonce qu’on étudie une conscription sélective, sous la forme du rappel sous les drapeaux de certaines “catégories” de citoyens américains, — ceux qui sont spécialisés dans le maniement des ordinateurs et ceux qui sont connus pour leurs capacités en langues étrangères.
« The government is taking the first steps toward a targeted military draft of Americans with special skills in computers and foreign languages. The Selective Service System has begun the process of creating the procedures and policies to conduct such a targeted draft in case military officials ask Congress to authorize it and the lawmakers agree to such a request.
» Richard Flahavan, a spokesman for the Selective Service System, said planning for a possible draft of linguists and computer experts had begun last fall after Pentagon personnel officials said the military needed more people with skills in those areas.
» “Talking to the manpower folks at the Department of Defense and others, what came up was that nobody foresees a need for a large conventional draft such as we had in Vietnam,” Flahavan said. “But they thought that if we have any kind of a draft, it will probably be a special skills draft.” »
Pour l’instant, le langage est prudent et se limite volontairement à des catégories précises de personnes. C’est toujours de cette façon que la bureaucratie aborde un problème complexe et politiquement très sensible. Le reste, en général et une fois que le premier pas est franchi (ce qui devrait être fait rapidement tant le Pentagone manque de ces deux catégories de personnes mentionnées ici), vient d’une façon automatique, selon les pressions de la bureaucratie.
D’un côté, on doit observer combien cette évolution vers une amorce de conscription pourrait bien s’insérer dans la campagne électorale, dans la mesure où Kerry lui-même a annoncé qu’il voulait 40.000 hommes de plus pour les forces armées. D’une façon différente et plus polémique, certaines sources, du côté démocrate, ont commenté ces informations du San Francisco Chronicle comme l’annonce du développement de la conscription après les élections, dans le cas de la réélection de GW Bush. « La bureaucratie du Pentagone a d’ores et déjà proposé une certaine forme de retour à la conscription, disent ces sources, mais elle a été priée d’en rester pour l’instant à l’étude de cas très spécifiques. Au contraire, même, cette méthode est assez habile : elle coupe les ailes à d’éventuelles fuites sur le travail interne de la bureaucratie, en le limitant à des projets de conscription très réduite, mais c’est après la réélection de Bush, si elle a lieu, qu’on verra les vrais plans de l’administration pour la conscription. »
Effectivement, les termes du porte-parole Richard Flahavan sont très prudents :
« A targeted registration and draft is “is strictly in the planning stage,” said Flahavan, adding that “the whole thing is driven by what appears to be the more pressing and relevant need today” — the deficit in language and computer experts.
» “We want to gear up and make sure we are capable of providing (those types of draftees) since that's the more likely need,” the spokesman said, adding that it could take about two years to “to have all the kinks worked out.” »
Rien n’est fait mais tout est possible. Ce qui est remarquable dans cette annonce et les perspectives ainsi ouvertes, c’est l’implication que l’activité militaire et la militarisation de l’action antiterroriste américaine continuent plus que jamais. C’est une indication précieuse ; comme elle est beaucoup plus d’ordre structurel et bureaucratique que politique, elle peut être tenue pour très sérieuse.