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563L’élection présidentielle du 6 novembre (aux USA, précisons) n’ayant pas le moindre intérêt politique du point de vue de sa valeur substantielle, on doit s’attacher aux circonstances indirectes qui l’ont marquée pour y trouver quelque intérêt indirect de témoignage sur le fonctionnement mécanique des systèmes impliqués. Ainsi, le fonctionnement du système de l’américanisme en période électorale est confirmé comme celui d’un système en voie accélérée de dissolution. Les matières de la pure communication, jouant sur l’effet et sur l’apparence, y tiennent la première place. La mesure de l’importance qu’on attribue aujourd’hui à l’ouragan Sandy-Frankenstorm dans les résultats du 6 novembre est par conséquent une mesure de l’importance presque exclusive de la communication, et aussi de l’incapacité du Système à produire ses propres évènements “de communication” puisque l’on sait que Sandy-Frankenstorm n’est pas, – en vérité, il faut se rendre à l’évidence, – une machination des services de la communication mais le produit d’un processus climatique. (Son aspect eschatologique, qui reste plus que jamais important, est à traiter dans un autre contexte de réflexion qui n’a rien à voir avec les circonstances extrêmement pauvres du processus électoral.)
Paul Joseph Watson publie, sur Infowars.com, le 7 novembre 2012, un article sur ce thème, peut-être involontairement. Il s’attache notamment et essentiellement à une intervention du présentateur de la chaîne MSNBC Chris Matthew, un libéral-progressiste pro-Obama, qui se réjouit de l’“intervention” de l’ouragan dans le cours de la campagne, – selon l’argument que l’ouragan a favorisé le résultat et ainsi permis “une bonne politique”, – bref, le c(C)iel était avec eux et son intervention fut déterminante… Manifestement, c’est cette satisfaction de Matthews de l’événement climatique qui alimente la critique de Watson.
«Despite the fact that it has killed over 100 people and left many areas of the east coast devastated, MSNBC host Chris Matthews sunk to a new low last night when he hailed Hurricane Sandy for helping Obama win re-election, crassly remarking, “I’m so glad we had that storm last week.” After waxing lyrical over how pleased he was about Obama’s victory, Matthews stated, “I’m so glad we had that storm last week because I think the storm was one of those things — no, politically I should say. Not in terms of hurting people. The storm brought in possibilities for good politics.”»
Effectivement, de nombreuses appréciations, évaluations, voire des données statistiques semblent montrer d’une façon extrêmement convaincante l’importance de Frankenstorm sur le déroulement des choses : «[…N]umerous other commentators attributed the derailing of Mitt Romney’s momentum to the hurricane making landfall on the east coast last Monday – although unlike Matthews none of them gloated over it. The New York Times’ John Cassidy, Reuters’ Andrew Reeves and popular polling expert Nate Silver all partially attributed Obama’s pre-election surge in the polls to Hurricane Sandy.
»The storm provided Obama with the opportunity to appear presidential, while his public image was also boosted ironically by the behavior of Republican Governor Christie, who praised Obama’s handling of the crisis, a view not shared by actual residents who felt Obama abandoned them early to return to the campaign trail. Looking back on the 2012 presidential race, the appearance of Hurricane Sandy, just like the appearance of Osama Bin Laden in October 2004 which proved pivotal for George W. Bush, will be remembered as the “October surprise” that secured Barack Hussein Obama four more years in the White House.»
La campagne fut donc parfaite selon ses propres normes, si l’on suit cette analyse qui est à la fois statistique, à la fois relevant de l’état de l’esprit. Cette importance de l’ouragan, c’est aussi notre impression, qui procède de la vision de quelques images, – mesurant ainsi l’intérêt que nous avons accordé à l’événement, sans réel effort intuitif nécessaire. Que cet intérêt par images ait été surtout manifesté avec l’irruption de l’ouragan Sandy-Frankenstorm, le seul élément rompant la médiocrité générale, représente une occurrence logique puisque l’événement sort du contexte de la manipulation par le système de la communication. Son effet, par contre, fut celui de la communication, avec ces “quelques images” montrant un Air Force One empressé sur des pistes d’atterrissage battues par les vents, un BHO tenant embrassée dans ses bras compatissants telle ou telle victime de l’ouragan. Les automatismes psychologiques, en l’absence de tout aliment sérieux pour l’intelligence, conduisent à la déduction que le président sortant “looks presidential”. Ce fut une surprise considérable, après quatre années passées à la Maison-Blanche.
Le reste, – que les effets de l’ouragan aient révélé comme d’habitude nombre de faiblesse et d’absence d’organisation de la part de la bureaucratie fédéral et des services en principe adéquats, avec des conséquences à mesure, – le reste ne faisait pas partie des “images” accessibles aux psychologies concernées. Il s’agissait donc d’une circonstance idéale, placée si proche de la fin de la campagne : l’effet de communication réduit par le temps au plus bref, au plus futile, au plus accessoire, – comme l’événement général de la campagne et de ses résultats furent au plus bref, au plus futile et au plus accessoire. L’absence de substance de la chose témoigne de l’absence de substance de la séquence, que ce soit la campagne électorale, les élections et les résultats de ces élections. L’événement général a été spectaculairement réduit à sa réalité d’absence presque complète de substance, sinon même d’absence d’être, signifiant par là que le cours des événements va se poursuivre exactement dans le sens et avec le rythme qu’on a connus depuis 2008 pour la séquence, et au-delà, depuis 9/11. L’intervention eschatologique a fixé le destin dans le sens de la poursuite de la trajectoire de Chute activée par la crise terminale du Système. Que cela remplisse de joie le présentateur Chris Matthew ne fait que nous signifier que monsieur Matthew est un homme simple à ce propos, qui se satisfait des choses les plus approximatives pourvu qu’elles ne dérogent pas à la consigne générale du Système.
Mis en ligne le 8 novembre 2012 à 06H18