Vivre avec la bombe iranienne? Certains s’y préparent-ils à Washington?

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Les Iraniens font-ils ou ne font-ils pas une bombe? De façon assez révélatrice, le débat est tranché à Washington, y compris pour ceux qui sont contre une attaque de l’Iran: oui, les Iraniens font la bombe, point final. Cela est aussi assuré que la possession d’armes de destruction massive par Saddam en 2002 (mais cela ne mènerait pas nécessairement aux mêmes événements). Cette attitude, fondée évidemment sur l’influence des communications, l'attitude de groupthink, le virtualisme, etc., et nullement sur des réalités, pourrait être considérée plus tard comme ayant effectivement conduit l’Iran à acquérir la bombe… Le fait qui nous arrête à ce propos, c’est un détail assez énigmatique perdu dans des déclarations comme d’habitude incendiaires et apocalyptiques de Norman Podhoretz au Daily Telegraph d’aujourd’hui.

Podhoretz, vieux patriarche éructant des néo-conservateurs, qu’on peut situer modérément à l’extrême-droite de Richard Perle, semble n’avoir plus qu’un rêve à 77 ans : qu’on bombarde enfin l’Iran. Podhoretz conseille actuellement Giuliani, ce qui montre l’exceptionnelle jeunesse d’esprit de la démocratie américaniste. Podhoretz influence assez Giuliani pour avoir fait de ce candidat à la désignation républicaine un “super-hawk” sur cette question. C’en est au point que Podhoretz s’avoue (agréablement) surpris de l’alacrité de son employeur. A propos d’une déclaration que Giuliani fit il y a dix jours à Londres («Iran should be given “an absolute assurance that, if they get to the point that they are going to become a nuclear power, we will prevent them or we will set them back five or 10 years”»), Podhoretz fait ce commentaire: «I was very pleased to see him say that. I was even surprised he went that far. I’m sure some of his political people were telling him to go slow ... I wouldn’t advise any candidate to come out and say we have to bomb – it’s not a prudent thing to say at this stage of the campaign.»

Bref, Podhoretz fait son boulot. Puis, dans le cours de l’interview présenté sur le mode informel, noyé dans un texte général de présentation, une phrase assez énigmatique, annoncée par rien et qui ne débouche sur rien d’intéressant:

Podhoretz «said that now “the debate [over Iran] is secretly over and the people who are against military action are now preparing to make the case that we can live with an Iranian bomb.”» Cela signifie : “Podhoretz dit que, maintenant, ‘le débat [sur l’Iran] est secrètement terminé et ceux qui sont contre l’attaque sont en train de préparer l’argument pour soutenir l’option que nous pouvons vivre avec la bombe iranienne.’”

Phrase énigmatique qu’on trouve au milieu d’un torrent de jugements à l’emporte-pièce, d’affirmations péremptoires, de proclamations assurées pour une attaque et pour le parti de ma guerre. Soudain Podhoretz semble dire que le débat est tranché et que l’on se prépare, notamment, à envisager sérieusement l’argument selon lequel on peut vivre avec la bombe (comme l’affirme le général Abizaid). (Soudain, Podhoretz semble revenir sur terre? Est-ce le cas? Cette possibilité de l’acceptation de la bombe est-elle l’avenir à Washington?)

On n’en dira pas plus, sauf à répéter combien il est surprenant de trouver une telle remarque dans la bouche d’un tel homme, dans de telles circonstances. Dans tous les cas, si une telle perspective est ouverte, les Iraniens n'auraient effectivement qu'à fabriquer leur bombe puisque les Américains, coincés dans leur intransigeance mais semble-t-il incapable de la concrétiser, ont poussé la situatioon jusqu'à ce que l'alternative soit effectivement un Iran avec la bombe...


Mis en ligne le 27 octobre 2007 à 19H25