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321Singulier retour des choses dérisoires et signe que “l’écume des jours” est, elle aussi, soumise à l’attraction lunaire conduisant le mouvement des marées, dans un sens puis dans l’autre, sans autre cause que mécanique. L’époque est celle de la mécanique des psychologies, ou des psychologies fonctionnant comme des mécaniques. Inutile de nous attarder à la robotique, nous l’avons.
Cela, pour introduire un triomphe de plus de Sarkozy, version Sarko-pipole. Calvin Woodward, d’Associated Presse, nous explique, le 4 septembre, comment Sarko est devenu l’idole des foules politiciennes US qui se précipitent pour tenter leurs chances présidentielles. Sarko est “la” référence du monde politique américaniste avant les élections de novembre 2008, pour la technique, le “skill”, l’abattage. «Presidential candidates are bullish on him, some to the point of gaga», écrit Woodward, — ce qui pourrait vouloir dire, faisons l’effort de la traduction pour une fois qu’un media mainstream se permet l’irrespect : “tous les candidats présidentiels sont enthousiastes à son propos, jusqu’au gâtisme pour certains.”
Allons-y pour un extrait substantiel, il vaut son pesant de pommes frites, des “French Fries” aux “
«Excitement is stirring in the presidential campaign over a politician who's been talked about in the same breath as John F. Kennedy and Ronald Reagan.
»He's Nicolas Sarkozy, and he's just back from testing the waters in New Hampshire — by canoe. Unfortunately for his stateside admirers, Sarkozy already has a new job, as president of France.
»Yes, France. You know, that land of layabouts and liberals.
»This is the country it has been fashionable to despise — and be despised by — since Paris and Washington fell out over the Iraq war. It's drawing new respect, thanks to the election of a friendly leader with to-die-for approval ratings.
»Sarkozy is so bullish on the U.S. he's known as Sarko the American. He risked flak at home by taking his first vacation as president on the shores of Lake Winnipesaukee in New Hampshire, where a French magazine photo helpfully airbrushed his modest love handles away.
»Presidential candidates are bullish on him, some to the point of gaga.
»Even Mitt Romney, the only GOP candidate capable of insulting France in fluent French, thinks Sarkozy might be a ”blood brother.”
»John McCain has met him at least twice. Rudy Giuliani feels a special kinship with the conservative Frenchman because Sarkozy was once his country's top cop, and because another nickname for the president is “the French Rudy.”
»Giuliani said this week he's reading Sarkozy's book, “Testimony,” already the subject of a glowing Newt Gingrich column. Giuliani credits Sarkozy with “taking essential, quintessential American principles and trying to put them into effect in France to create economic growth.” And then some — he also wants to abolish taxes on overtime, so the French will work harder.
»It's “the John F. Kennedy model, or the Ronald Reagan model, or the Nicolas Sarkozy model,” Giuliani said on CNBC.
»If Democrats aren't quite as quick to cozy to Sarkozy, they seem intrigued. After all, the right in Europe can be close ideologically to the left, or at least the center, in the United States. Barack Obama met him a year ago and Hillary Rodham Clinton was going to but that fell through, French officials said.
»It's rare enough for a U.S. political campaign to concern itself with anyone abroad unless that person is ripe for vilification, like the late Saddam Hussein or the missing Osama bin Laden. It's rarer still to see a foreign leader presented as a guidepost for America's future.
»And a Frenchman? Mon Dieu!
»Among those who consider Sarkozy a beacon is Gingrich, who has belittled the presidential field of fellow Republicans as a collection of “pygmies” and might join the race.
»“France proves change is possible in a country whose special interests are even more entrenched than ours,“ he wrote. He called Sarkozy a courageous leader who has shown how to run “the boldest campaign in our lifetime.”»
Cette montée d'adrélanine et cette poussée de fièvre mesurent la profondeur des engouements et de l’évolution des soi-disant proximités soudaines entre alliés. La popularité presque hystérique de Sarko vaut la haine complètement hystérique contre les “ Cheese-eating surrender monkeys” du temps des “neocons en 2002-2003. Sarko vaut Bardot, selon Gopkin : «
Certainement, cette sorte d’engouement a toujours existé, sans consistance ni référence à quoi que ce soit. Il ne dit rien sur la profondeur de son objet, ni en bien ni en mal. Mais sa brutalité, son épidémie conformiste, son caractère automatique, mécanique, en disent long sur la qualité du monde politique de ce temps historique-là. Pour une fois, il n’y aura aucune réticence à mettre dans le même sac transatlantique les politiciens des deux bords de l’Océan. La grossièreté de la vogue, son irrationalité primaire, son lien étroit avec le monde de la “pub” et des “people” en fixent les pathétiques limites. Il n’y a aucun jugement politique à sortir, tout juste le constat que, dans les mœurs politiciennes actuelles, cela pourrait même avoir un impact politique sérieux, par simple mécanique de l'exploitaion de la notoriété, pour qui a le goût des manœuvres tactiques brutales, — cas de Sarko, sans aucun doute. Bien des Français, sensible à leur fascination pour l’American Dream, se rengorgeront sans pudeur. Et puis, terminons par un mot de compassion pour le grand perdant de l’affaire, Tony Blair, qui perd son incontestable première place dans la course aux apparences du darling de ces messieurs-dames. Blair, homme du passé et dépassé, on aura tout vu.
Désormais, le “Sarkozy Chic” est un facteur de la majestueuse vie politicienne de l’Empire, à Washington.
Mis en ligne le 5 septembre 2007 19H22