Voyage au bout de la nasse

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Voyage au bout de la nasse

23 juillet 2012 – Il y a deux grand “théâtres d’opération” en cours aujourd’hui au Moyen-Orient, – les deux “virtuels” d’ailleurs, mais à peine selon l’entendement courant qu’on donne à ce mot dans la mesure où une certaine forme de “virtualité structurée” tient lieu de solide réalité pour le Système ; donc, deux théâtres virtuels déjà fort bien structurés et ayant acquis ce qu’on désignerait comme leur “forme stratégique” ; c’est-à-dire, deux théâtres virtuels suffisamment formés par la communication et les interférences politiques pour avoir acquis un poids stratégique correspondant à la forme identifiée. Il se déduit de cette identification de la “forme stratégique” que ces deux théâtres acquièrent, dans la perception, une véritable légitimité stratégique. Ainsi cette “virtualité structurée” devient-elle, pour les acteurs concernés, une “solide réalité”.

L’un des deux théâtres est en Syrie, avec les alentours proche et lointain (les voisins de la Syrie pour le proche, les diverses puissances intéressées, du bloc BAO à l’axe Chine-Russie pour le lointain) ; l’autre est le Golfe Persisue, avec le verrou stratégique du détroit d’Ormouz, avec l’alentour proche fait des pays du bassin, et l’alentour lointain qui est à peu près le monde entier en raison des interférences diverses dont celle du pétrole. (Une troisième crise, qu’on liera aux deux “théâtres d’opération”, est la crise iranienne ; son originalité est justement ce lien, qui fait nécessairement d’elle un élément intégré dans l’ensemble du problème considéré.)

• La Syrie est dans la situation qu’on sait. Quelle que soit l’interprétation qu’on en donne, une chose est assurée : la situation est grave, pleine de potentialités catastrophiques dans tous les sens. Il n’est pas assuré du tout que le bloc BAO tienne à intervenir comme il semble le réclamer (le contraire nous paraît tout à fait probable) mais il est assuré que le même bloc BAO est engagé dans la rhétorique d’une narrative si fortement affirmée, jusqu’à la répétition hébétée et hystérique, qu’elle a fini par acquérir de très fortes structures perverses et qu’elle conduit non seulement l’esprit, mais la politique elle-même, – et la stratégie par conséquent.

Il s’en déduit que cette narrative développe une logique qui présente de très fortes possibilités d’accomplissement. L’“intervention étrangère” (dito, du bloc BAO) n’est aujourd’hui en aucune façon une possibilité négligeable, ni même une possibilité minoritaire… Si l’on voulait des comptes précis, nous donnerions cette possibilité à un bon rapport de“60/70-40/30”, – alors, encore une fois, que personne dans les directions politiques du bloc BAO n’y est favorable. (Cela signifie qu’on est en général, dans le bloc BAO, dans les directions politiques, favorable à la solution-miracle complètement intégrée dans la narrative : liquidation d’Assad grâce aux Russes changeant complètement leur position, “gouvernement de transition” très vite sous la coupe d’une “opposition” qui s’avèrerait, sinon vertueuse, du moins supportable ; établissement d’un nouveau régime favorable au bloc BAO, d’une façon ou l’autre…) Par ailleurs, nous avons vu, ce 20 juillet 2012, combien cette sorte d’intervention du bloc BAO pouvait s’avérer massive. La comparaison avec le Kosovo, – au moins, quant au volume des forces engagées, – est une mesure importante à cet égard, moins pour les résultats éventuels que pour le potentiel militaire nécessaire du côté du bloc BAO (US).

• On notait le 20 juillet 2012, dans notre rappel des conditions de la guerre du Kosovo, que l’US Navy avait déplacé deux porte-avions au large des Balkans, avec conséquences… «On ajoutera que l’US Navy, qui déploya deux porte-avions supplémentaire autour des Balkans pour participer à l’attaque, se trouva, pour la première fois, depuis 1945, sans porte-avions dans le Pacifique occidental (VIIème Flotte).» Dans le cas syrien, nous n’avons pas évoqué la présence spécifique (dito, spécifiquement pour la Syrie) de porte-avions de l’US Navy. La raison est évidente : il y a, ou il y aura sous peu, quatre porte-avions dans la région “du Golfe”, dont deux ou trois dans le Golfe… Evidemment, ces unités participeraient à une intervention en Syrie, si c’était le cas.

Sur ATimes.com, le 19 juillet 2012, Kaveh L. Afrasiabi nous rappelle quelques-unes des circonstances qui justifient cette extraordinaire concentration de puissance navale dans un espace naval aussi réduit. (Quatre porte-avions, c’est en principe la moitié de la puissance centrale de l’US Navy en activité, puisque sur les onze porte-avions actuellement en service trois sont immobilisés pour des causes classiques d’entretien, de relâche, voire de remise à niveau.)

«“US navy fires on Emirate boat out of fear of Iran” – headline in Kayhan Newspaper, Tehran.

»The Persian Gulf powder keg may soon explode if the current cycle of mounting tensions continues unabated. Two days ago, a minor incident involving a US refueling warship and an Indian fishing boat off the coast of the United Arab Emirates (UAE) resulted in one fatality and three wounded. That the fishermen insist they were fired on without a warning – contrary to the US navy's assertion – gives us a prelude to more ominous developments on the horizon. It seems trigger-happy American sailors see gathering clouds of conflict and are taking preemptive measures that, in this particular case, made a small dent in otherwise amicable US-India relations. […] Initially, US media reported that the incident was a US warning to "Iran and al-Qaeda" to stay away from US warships, in light of Iran's renewed threats to close the Strait of Hormuz. This reflects a US siege mentality that also underscores the Persian Gulf region's growing volatility and potential for imminent maritime tensions.

»This spike in tensions is also partly due to the US navy's bulked up presence in the region. The Pentagon on July 16 deployed an extra aircraft carrier there months ahead of schedule. It is also organizing unprecedented mine-sweeping exercise in the area – this month it deployed four additional minesweepers and additional fighter jets to the region. The resulting overcrowding of Persian Gulf waters with the US fleet is an invitation for similar incidents to this week' fatal encounter. Accidental confrontations could easily escalate into something bigger in coming weeks and months, particularly if the US and Iran bump into each other…»

Un peu plus loin dans son texte, Afrasiabi pose la question de savoir quel est le but des USA, dans le fait de réunir une telle concentration de puissance navale… Bonne question. («The thickening fog of suspicion and mutual distrust is growing more dangerous, with the US pondering the possibility of an Iranian provocation and Tehran studying the US's inclination to resort to shows of force to assert its hegemony. Beyond such tactical questions, the larger strategic question is what is Washington's ultimate aim?») Jusqu’ici, nous avons été réduit à la seule hypothèse, qui nous paraît encore tenir, d’empêcher par tous les moyens quelque action iranienne que ce soit qui pourrait faire monter le prix du pétrole, – et, par conséquent, et surtout, faire monter le prix de l’essence à la pompe, aux USA, pour la période des élections présidentielles. Excellente stratégie, et fort honorable, après tout, – on veut dire, par rapport au niveau intellectuel et aux conceptions morales des directions politiques du bloc BAO (US). (Nous ajouterions une autre raison qui n'a cessé de prendre d'importance, qui est politique et psychologique : cette présence est là pour rassurer l'Arabie qui est engagée dans un activisme forcené mais qui n'a pas perdu le principal caractère de sa politique, qui est la trouille terrorisée de la gérontocratie corrompue qui la conduit, s'estimant, d'ailleurs avec de plus en plus de raison, assiégée par ses propres termites. L'Arabie est sur le sentier de la guerre en Syrie mais elle craint comme la peste l'Iran et la déstabilisation intérieure. Washington n'a, pour le moment, rien à refuser à l'Arabie dans ce domaine de la sécurité ; d'où la présence massive de l'U.S. Navy, pour une autre mission faussement stratégique qui déséquilibre encore plus la cohésion de l'ensemble.)

On ne peut imaginer une seconde qu’une intervention en Syrie de la part du bloc BAO, dans les conditions qui semblent assez probables et qu’on a rapportées le 20 juillet 2012, n’impliqueraient pas la participation de ces porte-avions rassemblés autour et dans le Golfe Persique. D’autre part, cette position, si elle semble acceptable par rapport à la Syrie, expose néanmoins ces unités fondamentales de la puissance navale US à la menace asymétrique des Iraniens, qui seraient très probablement impliqués dans une crise syrienne s’ouvrant sur une intervention étrangère avec les réactions diverses à prévoir ; elle les prive d’espace naval, et donc de sécurité et de manœuvre pour leur défense comme pour leur capacité d’adaptabilité offensive, en ôtant au porte-avions cet avantage décisif qu’est la projection de puissance (son aéronavale) qui lui permet justement de disposer de cet espace de sécurité et de manœuvre. Il n’est pas sûr que ce déploiement stratégique soit particulièrement du goût des amiraux US, – car il nous semble manifeste, pour l’instant, que cette situation des porte-avions, dans une mission très “dissuasive” concernant le détroit d’Ormouz (et l'Arabie), relève de consignes précises du pouvoir civil dans la logique de la “stratégie” essentiellement électorale du président Obama. L’US Navy tient à assurer le contrôle des voies de communication qui fonde sa grande stratégie, mais à sa manière, qui n’est pas d’exposer dans un espace naval réduit et épousant la forme d’une nasse une part si considérable de sa puissance.

Pour l’US Navy, il s’agit bien d’un risque stratégique d’importance. La situation de la région envisagée n’est pas celle d’une crise, mais bien de trois crises géographiquement alignée, – parfaite chaîne crisique, à la fois politique et stratégique, et parfaitement géographique, avec une diagonale enfilant successivement la crise syrienne, la crise du détroit d’Ormouz (le Golfe Persique) et la crise iranienne, avec la crise d’Ormouz faisant le lien entre les deux autres et confirmant ainsi le schéma déjà exposé d’un “renversement stratégique” (voir le 4 janvier 2012, le 12 janvier 2012 et le 26 janvier 2012). (La diagonale est complétée par la présence de l’Irak, dont la position politique pour le moins ambiguë, plus proche de l’Iran que des USA, vient compléter en l’aggravant ce dispositif de chaîne crisique.) La circonstance importante à noter est que la “crise centrale” (géographiquement), celle du Golfe Persique, a été installée et développée par les USA (le bloc BAO) à partir de l’affaire des sanctions (embargo du pétrole) et de la présence navale US renforcée conséquente. Tout se passe comme si la puissance centrale avait elle-même installé une sorte de piège pour elle-même, le bassin du Golfe Persique figurant alors une nasse dans laquelle la puissance navale US serait contrainte d’évoluer pour satisfaire à sa mission “dissuasive”.

Le renforcement de la crise haute

La question stratégique posée ici est d’une complexité extrême dans le sens où elle ne répond pas aux seules données stratégiques. Le déploiement de la puissance navale US autour du détroit d’Ormouz (bien plus qu’“autour de l’Iran”) n’est pas une nécessité stratégique mais une nécessité à la fois politique, économique et de communication. Elle répond à une “menace” dont nul ne sait rien en vérité, – les gesticulations iraniennes et habiles concernant le passage du détroit d’Ormouz à partir du moment où l'embargo sur le pétrole iranien a été décidé. Elle place nécessairement la flotte US dans une position stratégique extrêmement vulnérable, au nom d’impératifs qui sont tout sauf stratégiques du point de vue fondamentalement militaire.

Cette situation brouille toutes les données débattues à satiété depuis au moins six ans, depuis que l’attaque de l’Iran est débattue à ciel ouvert, comme une conversation mondaine courante dans les réceptions chics de Washington. La situation actuelle peut effectivement contenir en soi la potentialité d’une attaque contre l’Iran, ou plus exactement d’un conflit avec l’Iran enchaînant très rapidement, voire se greffant parallèlement sur une aggravation et une intervention étrangère en Syrie, c’est-à-dire dans les pires conditions possibles pour le bloc BAO qui aurait une grande partie de son potentiel impliqué en Syrie (selon le modèle-Kosovo). Plus question d’attaque “par surprise” avec une force maximale très concentrée, permettant une attaque de concentration et très puissante des forces aériennes (dont aéronavales) contre des objectifs bien fixés dans une position vulnérable d’attente mais au contraire d’une attaque improvisée dans un contexte général d’affrontement où les forces du bloc BAO seraient déjà largement sollicitées ; plus question d’un déploiement stratégique judicieux par rapport à l’Iran, mais au contraire d’une intervention chaotique, selon un déploiement “stratégique” imposé par d’autres contraintes, dans une situation déjà rendue chaotique par les autres affrontements qui se déroulent dans d’autres axes d’intervention.

Les menaces actuelles contre la Syrie sont en général accueillies par les commentateurs, partisans ou adversaires du bloc BAO, selon une logique séquentielle qui s’appuie sur l’affectivité de la fascination pour une puissance militaire (US, bien sûr) écrasante et maîtresse d’elle-même comme des évènements, – “maîtresse d’elle-même comme de l’univers”. («Je suis maître de moi comme de l'univers ; je le suis, je veux l'être. Ô siècles, ô mémoire ! Conservez à jamais ma dernière victoire !», dit l’empereur Auguste dans le Cinna de Corneille.) Ce ne fut jamais tout à fait le cas le cas et cela l’est certainement moins que jamais aujourd’hui ; l’affectivité des parangons et des adversaires fascinés du Système ne devrait pas nous empêcher d’en convenir pour envisager le fait comme un facteur d’importance.

Il y a au contraire beaucoup d’arguments pour penser que ces menaces contre et autour de la Syrie, si elles se concrétisent, n’entraîneront pas un déroulement aimable pour les stratèges du bloc BAO, un développement séquentiel, une chose après l’autre, l’Iran après la Syrie, etc. Au contraire, “le brouillard de la guerre” (ou “la tempête de sable de la guerre”, qui convient mieux à la zone, qui brouille toutes les visions) s’installera aussitôt, avec des pressions et des menaces diverses, des interventions sans nombre, des opérations asymétriques, le prix du pétrole s’envolant, l’Iran d’ores et déjà actif avec la complicité de l’Irak, etc., et tout cela sans attendre d’un événement l’autre. Le bloc BAO devra faire face simultanément à ce qu’il aimerait croire, pour les plus fins stratèges du domaine, pouvoir “traiter” en séquence et d’une façon compartimentée : la Syrie, Ormouz, l’Iran. Le lien d’entraînement et d’enchaînement entre les trois crises deviendra aussitôt une simultanéité intégrée des évènements, avec des acteurs extérieurs imprévisibles, dont les possibilités et les inconnues immédiates et directes sont innombrables et très préoccupantes… (Que fera Israël ? Que fera la Turquie ? Que fera la Russie ? Que feront les monarchies pourries du Golfe, dont on nous annonce les prouesses militaires et qui s’en tiennent pour l’instant à des conteneurs de dizaines de milliers de billets de $100, qui se trouveront face à des troubles intérieurs déjà en cours [pour l’Arabie], qui trouveront dans les circonstances tout loisir de s’exprimer ? Quelles seront les réactions intérieures aux USA et, éventuellement, si l’on prête attention à la chose, en Europe ? Comment évolueront les économies d’ores et déjà dans un état de crise chronique et de menaces d’effondrement ? Etc.)

On a déjà largement développé ce phénomène d’intégration des crises, d’abord avec le lien crise syrienne-crise iranienne, et sa transformation inéluctable pour s’intégrer dans une crise haute déjà en cours de structuration depuis décembre dernier, – c’est-à-dire une situation générale d’un niveau décisif d’importance, échappant à tout contrôle humain. Durant les quelques mois depuis que s’est imposée cette nouvelle dimension de la crise au Moyen-Orient, – spécifiquement, avec la “crise d’Ormouz” ouverte en décembre 2011, avec la mise en place des premières sanctions d’embargo du pétrole iranien et l’incident du drone US RQ-170 capturé par l’Iran, – rien dans la conduite et la politique des directions politiques du bloc BAO n’indique qu’il ait été pris conscience de cette potentialité d’intégration et d’enchaînement des crises.

La crise syrienne reste totalement englobée dans la rhétorique droitdel’hommiste, avec la narrative qui va avec et le maximalisme la caractérisant (refus de tout compromis, refus de tout recul, refus de tout aménagement tactique, etc.). L’Iran est totalement repoussé de la possibilité de conversations sur la possibilité d’un arrangement syrien, d’abord parce que c’est l’Iran, ensuite parce que personne dans le bloc BAO n’est capable de vouloir un “arrangement syrien”, – tout cela repoussant l’Iran dans un rôle d’antagonisme dans la crise syrienne, entraînant son activisme antagoniste dans les autres crises et renforçant la perspective d’une simultanéité approximative de l’aggravation des crises, avec le certitude d’un lien entre les trois. Aucun rapport stratégique n’est fait, du côté des directions politiques du bloc BAO, entre les différents points de tension, le système de la communication ayant totalement séparé les cas selon des arguments complètement étrangers, comme si, pour lui effectivement, l’hypothèse de l’affrontement en séquence permettant de ne pas avoir cette intégration des crises était une chose acquise.

Ainsi les directions du bloc BAO avancent-elles vers le chaudron syrien sans envisager d’une façon ferme et conséquente que ce chaudron pourrait ne pas être que syrien, mais le premier pas vers un chaudron beaucoup plus large qui pourrait les entraîner vers des perspectives bien plus larges. Il est caractéristique à cet égard que les spéculations générales, y compris de ces mêmes pays du bloc BAO, concernant l’extension du conflit syrien hors des frontières du pays prennent en compte une extension aux voisins de la Syrie, voire à la région toute entière, mais pas à ces mêmes pays du bloc BAO eux-mêmes, alors qu’ils sont tous engagés directement, à des degrés divers, dans toutes les crises et tous les points de tension de la région, justement ceux qui pourraient être concernés par l’extension de la crise syrienne. Eux-mêmes, les pays du bloc BAO, ont leur responsabilité directement engagée dans les causes directes qui transformeraient en les intégrant toutes ces crises en une crise haute, comme par exemple l’embargo sur le pétrole iranien ; rien, absolument rien ne nous signale qu’ils aient pris conscience de l’existence de ces connexions si dangereuses pour eux, ou qu’ils en tiennent compte dans leurs diverses démarches, et spécialement leur démarche dans la crise syrienne.

Dans ces conditions, si l’engrenage syrien se précise et se développe, – et il semble bien parti pour cela, sans qu’on ne voit rien qui puisse l’arrêter, – il devrait être implacable parce que la capacité de raisonner semble avoir déserté les esprits, au profit d’une pensée complètement déterminée par l’affectivité, largement exploitée par les doctrines humanitaristes qui conduisent l’action du système de la communication. (On ajoutera, certes, dans certains cas, les préoccupations électorales plus les variantes diverses des machinations de fortune, mais le moralisme de communication de la narrative reste l’argument écrasant tout le reste.) Aussi, l’avertissement déjà souvent répété, et encore répété le 27 décembre 2012, s’impose de plus en plus : «…Ce qui conduit au rappel d’une appréciation donnée, in illo tempore (le 26 avril 2010) par un “néo-sécessionniste” (perspective dans tous les esprits, cela, le “néo-sécessionnisme”) du Maryland, Thomas Naylor : “There are three or four possible scenarios that will bring down the empire […] One possibility is a war with Iran”…» Dans ce cas, on nous offrirait bien mieux, – la perspective de toutes les guerres en une seule…

Le processus est fascinant, – cette fois, le terme “fascination” est de mise. C’est une situation effectivement fascinante de voir évoluer ces pays activistes du bloc BAO, dans un tonnerre d’accusations vertueuses, d’affirmations d'une puissance sûre de son impunité et de légalisme interventionniste, de refus de tout compromis, semblant rechercher des conditions optimales pour un conflit, et le plus large possible finalement, et pourtant mettant en place des conditions stratégiques qui pourraient aisément se retourner à leur complet désavantage jusqu’à l’estimation d’une probabilité maximale. Ces pays semblent de plus en plus poussés par cette logique supérieure qui organise un chaos grandissant dont l’issue aurait de plus en plus de chances (?) d’être une rupture antagoniste et conflictuelle où ils se seraient placés eux-mêmes dans les pires conditions possibles par rapport aux possibilités que leur offrent leurs moyens.