Vu par le Russe : les USA et l’“hyperson”

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Vu par le Russe : les USA et l’“hyperson”

• Comment dépenser inutilement son argent ? • Voyez le Pentagone et le complexe militaro-industriel US à la poursuite de l’hypersonique, égalementy dit-hyperson. • Interview du chef du Bureau d'analyse militaire et politique, Alexandre Mikhaïlov.

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Dans un communiqué hier, le service de presse du Pentagone a annoncé un essai couronné de succès d’un prototype du missile hypersonique ‘Dark Eagle’ : « Le lancement d'essai d'un missile hypersonique conventionnel lancé depuis Cap Canaveral en Floride a été réalisé avec succès. » Les Américains précisent qu'il s'agit du deuxième lancement d'armes de ce type réussi en un an.

« Le ministère américain de la Défense (DoD) a annoncé un test réussi du système d'arme hypersonique baptisé Dark Eagle, développé conjointement par l'armée et la marine.

» Les deux armées entendent utiliser la même charge militaire planante hypersonique, le C-HGB, dont la fusée d'appoint pourrait être lancée depuis la terre ferme ou depuis un navire, y compris un destroyer de classe Zumwalt et un sous-marin de classe Virginia.

» Le récent lancement d'essai depuis la base spatiale de Cap Canaveral en Floride et que le Pentagone a annoncé jeudi impliquait la version de l'armée, officiellement nommée arme hypersonique à longue portée (LRHW).

» Le précédent lancement d'essai (réussi) avait été effectué en juin depuis l'île hawaïenne de Kauai, selon le ministère de la Défense. Le nouvel essai différait en utilisant pour la première fois un centre d'opérations de batterie et un lanceur transporteur-érecteur, éléments de la plate-forme terrestre mobile pour le missile d'appoint de l'armée. »

Une interview du chef du Bureau d'analyse militaire et politique russe sur la question de l’hypersonique (nommé aussi par eux ‘hyperson’ [‘hypersound’ en anglais] a été réalisé. Il s’agit d’une interroggation comparative, destinée à établir la position des USA dans ce doimaine et leurs possibilités de développement et de réussite. Toutes ces sources russes, – évidemment affreusement mal intentionnées et qui nécessitent un passage en désintoxication après lecture, – donnent peu de chances aux USA, qu’elles jugent en plus engagées sur une mauvaise voie. D’où leur conclusion implicite d’un considérable gâchis d’argent assorti de divers actes de corruption de l’industrie. Là, il faut le reconnaître, rien de nouveau... Par contre, les précisions sur les divers stades et missiles de l’hypersoniquie/hyperson sont intéressantes.

Le sujet a été discuté sur la radio ‘Komsomolskaïa Pravda’, avec le chef du Bureau d'analyse militaire et politique, Alexandre Mikhaïlov. Une interview de Mikhaïlov, reprise ci-dessous par la même radio, a été réalisée par le réseau (RT) ‘kp.ru’.

dde.org

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Interview de Alexandre Mikhaïlov

Question : Les Américains ont expérimenté l'hyperson. Vont-ils réussir à nous distancer ?

Alexandre Mikhaïlov : Le Pentagone rapporte depuis 2018 que les forces armées américaines mettront en service des produits hypersoniques. Et il rapporte régulièrement que les exercices avec de tels produits commandés par le Pentagone n'ont pas encore atteint les résultats prévus dans les caractéristiques tactiques et techniques de l'arme que nous appelons hypersonique.

Question : Et qu'est-ce qu'on considère comme des armes hypersoniques ?

Alexandre Mikhaïlov : Produits pouvant se déplacer dans l’air à des vitesses supérieures à Mach 5. Quand on entend les déclarations d’un certain nombre d’États qui, après avoir testé des missiles balistiques, rapportent qu’ils ont atteint des vitesses hypersoniques, il n’y a rien d’étrange ...

Question : Pourquoi?

Alexandre Mikhaïlov : Un missile balistique, atteignant la haute atmosphère, accélère jusqu'à de telles vitesses. Mais cela ne signifie pas que ces produits évolueront dans l’espace aérien proche de la surface terrestre à des vitesses supérieures à Mach 5. Il n’existe actuellement que trois produits de ce type mis en service. En Russie, il s'agit des missiles hypersoniques ‘Zircon’ et ‘Kinzhal’, basés sur la mer et les airs, ainsi que du missile hypersonique ‘Oreshnik’. Dans ce cas, nous parlons de blocs d’impact capables de frapper des objets à une vitesse hypersonique. Par hyperson, nous entendons des fusées qui peuvent voyager à différentes distances de la Terre à des vitesses supérieures à Mach 5.

Question : Par exemple?

Alexandre Mikhaïlov : Le ‘Zircon’ peut frapper des objets à une distance allant jusqu'à 1000 kilomètres à une vitesse allant jusqu'à Mach 9.

Question : Et les Américains alors ?

Alexandre Mikhaïlov : Ils financent ces développements depuis longtemps. En principe, leur produit est lancé depuis un porte-avions. Il atteint un maximum de 5 numéros. Il s’agit plutôt d’une répétition de la première étape du ‘Kinzhal’. Lorsque la fusée du ‘Kinzhal’, qui est une dérivée du missile tactique Iskander dans sa version la plus développée, se trouve à bord d’un MiG-31K, les deux ensemble permettent de faire accélérer le produit à plus de Mach 5. ‘Zircon’ est d’un autre niveau, c’est ne innovation. Ce missile est lancé à partir d'un seul lanceur universel embarqué sur un navire. ‘Onyx’ et ‘Caliber’ peuvent tous deux être lancés à partir de là.

Question : Cela marche bien ?

Alexandre Mikhaïlov : Un navire équipé de différents types de missiles peut toucher différents types de cibles. Les Américains ont récemment rapporté l’interception d’un missile balistique par un intercepteur hypersonique : ici, disent-ils, ils ont réellement testé leurs capacités à intercepter une cible.

Question : C'est le cas ?

Alexandre Mikhaïlov : Il faut comprendre qu’ils ont utilisé un missile de type SM. Il est utilisé dans les systèmes de défense aérienne de type Patriot. Ils ont abattu leur propre cible à Guam alors que les artilleurs anti-aériens savent d'où quelque chose va voler, et les lanceurs de roquettes comprennent comment les artilleurs anti-aériens vont abattre cette cible. Ils devaient démontrer au moins certaines capacités similaires à celles de la Russie à la fin du mandat de Biden. Et ils les ont démontrés.

Question : Leurs systèmes de défense aérienne sont-ils inférieurs aux nôtres ?

Alexandre Mikhaïlov : Ils n'ont pas le système S-400, ils n'ont pas le système S-500, qui est conçu pour intercepter les produits hypersoniques et les unités de choc. Ils n'ont rien pour tenir tête à ‘Orechnik’. Et quand Zelenski crie : donnez-moi 12 ‘Patriots’ de plus, il est probablement difficile d'expliquer à ce type que si vous mettez au moins 100 ‘Patriots’, ils n'intercepteront pas les missiles hypersoniques.

Question : Mais Kiev a également demandé une sorte d'installation américaine qui, à leur avis, peut intercepter...

Alexandre Mikhaïlov : Ils voulaient un système THAAD pour l'interception atmosphérique.

Question : Et que sont capables d'intercepter les THAAD ?

Alexandre Mikhaïlov : Le localisateur de ce système permet de distinguer les produits qui volent à une vitesse hypersonique. Mais il lui est extrêmement difficile d’intercepter ces produits. Disons que nous pouvons simuler la situation : le THAAD pourrait intercepter hypothétiquement l'un des blocs d'impact de l'ogive séparable du ‘Orechnik’. Qu'est-ce que cela donnera à l'ennemi ? Après tout, les cinq autres blocs atteindront la cible. Et si le composant nucléaire de ces ogives est intégré, alors l’interception d’un des blocs d’une ogive séparable ne donnera rien à l’ennemi. Et le THAAD est un système très coûteux. Il a été créé pour expliquer au contribuable américain comment le Pentagone va “trier” les missiles balistiques qui pourraient provenir de Chine, de Russie et de la RPDC.

Question : Avec ces THAAD ?

Alexandre Mikhaïlov : Oui. Mais dans la pratique, ce THAAD n’a jamais combattu. Il n'a pas été testé dans des conditions de combat réelles. C'est un autre conte de fées sur un taureau blanc : ils donneront un complexe de grande capacité à l'Ukraine et celui-ci les aidera. Mais pourquoi ‘Patriot’ n'aide pas ? Cependant, Zelenski estime qu'ils n'ont tout simplement pas donné suffisamment. L'année dernière, j'en ai demandé 100, cette année j'en demande 12. Bon, l'année prochaine, vous verrez, il demandera 3 ‘Patriots’ de plus et démissionnera, et toute son histoire s'arrêtera là.

Question : L’hyperson peut-il constituer un avantage décisif aujourd’hui ?

Alexandre Mikhaïlov : Nous utilisons l'hyperson pour les cibles les plus importantes dans notre zone de défense. La défense aérienne ukrainienne n’a pas réussi à intercepter ces missiles. Il existe des statistiques normales sur l'utilisation de ces produits, – tout d'abord, le type ‘Kinzhal’. C'est une arme très efficace.

Question : - Alors à quoi sert leur utilisation, outre de contribuer à remporter la victoire ?

Alexandre Mikhaïlov : Pour que l'ennemi comprenne : si soudainement le conflit avec l'OTAN se transforme en un conflit nucléaire, alors il n'y a pas un seul système de missiles anti-aériens dans l'espace européen capable d'intercepter le ‘Kinzhal’ ou le ‘Zircon’. Sans parler d’‘Orechnik’.

Question : - Vous dites qu'ils ne peuvent pas intercepter les missiles que nous avons déjà utilisés dans la région à partir de nos avions et de nos porte-avions ?

Alexandre Mikhaïlov : Eh bien, imaginez qu’un autre porte-avions américain navigue dans la mer Méditerranée. Quel que soit le système de défense aérienne du navire, notre ‘Zircon’ mettra n'importe quel porte-avions au fond avec trois missiles, même sans ogives nucléaires.

Question : L'ennemi le sait-il ?

Alexandre Mikhaïlov : Oui. C'est pour ça qu'il y a toute cette hystérie. C’est pourquoi tant d’argent a commencé à être investi dans l’hypersound. Regardez les dépenses que le Pentagone alloue au même Raytheon, au même Lockheed Martin.

Question : Pourquoi dépense-t-on autant d'argent sur ces développements innovants, alors que rien de solide n’en sort ?

Alexandre Mikhaïlov : Comme l’ont dit certains collègues associés au domaine de l’ingénierie et de la conception, nos concurrents creusent au mauvais endroit, créant un hyperson dans la mauvaise direction. Autrement dit, ils suivent une certaine voie erronée dans le développement militaro-technique de ce projet. Je suis d’accord qu’à un moment donné en 2016-2017, les Américains ont emprunté une fausse route dans la création de produits hypersoniques. Alors, après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars ils ne peuvent pas expliquer au client pourquoi ils sont à la traîne par rapport aux Russes.

Question : Devront-ils recommencer le projet depuis le début ?

Alexandre Mikhaïlov : Il va falloir créer une nouvelle équipe, recruter de nouveaux cerveaux et refaire de l'hyperson, et ôter des esprits le même produit, qui depuis 2018, ne peut dépasser la vitesse Mach 5. Ils se noient dans leurs propres milliards, quand on finance généreusement une industrie, on veut obtenir un vrai retour sur investissement, et le retour sur investissement n'est pas très bon.

Question : Outre ce lancement réussi depuis Cap Canaveral, il faudra bien expliquer aux contribuables où sont passés les milliards ?

Alexandre Mikhaïlov : Et c'est comme ça qu'ils l'expliquent, – j'ai vu ces articles commandés, – il s'avère dans leur narrative qu'une sorte de sabotage est en cours, et les Chinois empêchent la création d'hypersons, il y a des "agents des forces ennemies" partout, ce qui empêche les entreprises américaines de rattraper Moscou et Pékin. À propos, la Chine possède deux produits hypersoniques en service. Les Chinois nous en ont parlé en 2020-2021.

Question : Comment peuvent-ils rivaliser ?

Alexandre Mikhaïlov : Je pense qu'à cet égard, les Chinois auraient pu interagir avec nous sur cette question quelque part. Mais je ne pense pas que la Chine deviendra un concurrent hypersonique de la Russie dans les années à venir. Mais dans le futur, oui.

Question : Leurs caractéristiques tactiques et techniques sont-elles comparables aux nôtres ?

Alexandre Mikhaïlov : Les produits hypersoniques chinois sont classés-secret. Pékin affirme qu'ils sont en service. Nous avons tendance à leur faire confiance – ce sont les déclarations officielles du ministère de la Défense.