Wall Street est-il pour Obama ce que les neocons furent pour GW?

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Il y a une belle série d’articles ce week-end, dans la presse US qui a quelque intérêt, sur les manœuvres et l’implication totale de Wall Street d'une part dans la crise et ses mécanismes les plus illégaux, d'autre part dans le gouvernement d’Obama, la façon dont ce gouvernement est contrôlé par le biais de l’équipe économique du président, etc. Il y a une très nette extension des révélations déjà soignées à ce propos. Dans l’atmosphère générale de la crise, ces révélations et ces diverses appréciations vont peser de plus en plus lourd sur Obama, de plus en plus confronté à une position contradictoire entre cette situation et divers aspects de sa politique, et, éventuellement, de son caractère, – en d’autres mots, de plus en plus sollicité par son “moment de vérité”, d'une façon ou l'autre.

• Il y a d’abord un long article de Glenn Greenwald, de Salon.com, repris sur CommonDream.org ce 4 avril 2009. Greenwald reprend en détails les précisions qui viennent d’être données sur les revenus et les agissements à Wall Street de Lawrence Summers et de Tim Geithner, ainsi que diverses autres affaires avec les liens renvoyant à d’autres articles. Les détails sont époustouflants, s’il vous reste assez de souffle pour être époustouflé… Par exemple, Summers:

«Lawrence H. Summers, one of President Obama's top economic advisers, collected roughly $5.2 million in compensation from hedge fund D.E. Shaw over the past year and was paid more than $2.7 million in speaking fees by several troubled Wall Street firms and other organizations…

»Financial institutions including JP Morgan Chase, Citigroup, Goldman Sachs, Lehman Brothers and Merrill Lynch paid Summers for speaking appearances in 2008. Fees ranged from $45,000 for a Nov. 12 Merrill Lynch appearance to $135,000 for an April 16 visit to Goldman Sachs, according to his disclosure form.

»That's $135,000 paid by Goldman Sachs to Summers – for a one-day visit. And the payment was made at a time – in April, 2008 – when everyone assumed that the next President would either be Barack Obama or Hillary Clinton and that Larry Summers would therefore become exactly what he now is: the most influential financial official in the U.S. Government (and the $45,000 Merrill Lynch payment came 8 days after Obama's election). Goldman would not be able to make a one-day $135,000 payment to Summers now that he is Obama's top economics adviser, but doing so a few months beforehand was obviously something about which neither parties felt any compunction. It's basically an advanced bribe. And it's paying off in spades. And none of it seemed to bother Obama in the slightest when he first strongly considered naming Summers as Treasury Secretary and then named him his top economics adviser instead (thereby avoiding the need for Senate confirmation), knowing that Summers would exert great influence in determining who benefited from the government's response to the financial crisis.

• Un article général de RAW Story, du 4 avril 2009, reprend une série de liens et d’informations liés à une interview explosive par le présentateur Bill Moyers (dans la soirée du 3 avril 2009), du professeur William K. Black, de l’université du Missouri. Black décrit comment Wall Street s’est organisé durant ces deux dernières décennies en un gigantesque système de fraude planétaire, qui est évidemment le détonateur de l’effondrement de septembre 2008, et comment le secrétaire au trésor du président Obama organise actuellement le camouflage (“cover-up”) de cette affaire.

«In an explosive interview on PBS' Bill Moyers Journal, William K. Black, a professor of economics and law with the University of Missouri, alleged that American banks and credit agencies conspired to create a system in which so-called “liars loans” could receive AAA ratings and zero oversight, amounting to a massive “fraud” at the epicenter of US finance.

»But worse still, said Black, Timothy Geithner, President Barack Obama's Secretary of the Treasury, is currently engaged in a cover-up to keep the truth of America's financial insolvency from its citizens. […]

»Black's most recent published work, “The Best Way to Rob a Bank is to Own One,” released in 2005, was hailed by Nobel-winning economist George A. Akerlof as “extraordinary.” “There is no one else in the whole world who understands so well exactly how these lootings occurred in all their details and how the changes in government regulations and in statutes in the early 1980s caused this spate of looting,” he wrote. “This book will be a classic.”»

Les révélations sur la situation et l’influence de Wall Street, sa pénétration grossière et énorme de l’équipe économique d’Obama, constituent un cas extraordinaire d’influence et de manipulation directes. La comparaison, portant non sur la politique mais sur la position tactique et l’interférence dans le gouvernement, vient à l’esprit avec la pénétration, l’influence et la manipulation directes des néo-conservateurs auprès de GW Bush. Les conditions de pression sont différentes dans la mesure où la crise est elle-même très pressante aujourd’hui, où cette pénétration est encore plus visible qu’avec les neocons et GW, et où elle a manifestement pour objet une politique et des mesures absolument centrées sur la sauvegarde des intérêts illégaux de Wall Street alors que les néo-conservateurs prétendaient développer une doctrine de sécurité nationale. Les personnalités sont également différentes. GW Bush, dont la perspicacité n’était pas le point fort, acceptait aisément l’incursion des néo-conservateurs, habillée d’une rhétorique pompeuse et guerrière faite pour lui plaire et inspirer ce qu’il croyait être une grande politique. Obama est évidemment d’une psychologie et d’un caractère très différents. On le suppose plus intelligent que GW, avec une personnalité plus marquée, des conceptions propres plus affirmées et ainsi de suite. On comprend aisément que le cas BHO-Wall Street est infiniment plus explosif que le cas GW-neocons.


Mis en ligne le 6 avril 2009 à 09H19