Wall Street soutien officiel de “la politique de l’idéologie et de l’instinct”

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Il n’est sans doute pas de plus convaincante indication de la décadence du système de l’américanisme que cette intervention d’un haut fonctionnaire du département US du trésor devant l’American Bankers Association, présentée par Jason Ditz le 13 octobre 2009, sur Antiwar.com. En un mot, il s’agit de l’observation que Wall Street soutient la politique interventionniste et belliciste des USA, la fameuse “politique de l’idéologie et de l’instinct” chère à nos cœurs, et, surtout, essentiellement, que Wall Street le dise publiquement (par l’intermédiaire d’un fonctionnaire du trésor, mais c’est la même chose).

Certes, vont s’exclamer aussitôt les connaisseurs qui en connaissent un rayon, quelle naïveté de croire que Wall Street serait neutre dans cette affaire! Le complot américaniste étant universel, multiple et tentaculaire, Wall Street en fait partie – quoi d’étonnant à cela? Certes (bis), nous le savons bien, mais nous savons aussi qu’il y a des normes et des conventions à respecter dans ce système de l’américanisme, et que l’une d’elles est que Wall Street s’occupe officiellement du racket des USA et du Rest Of the World, et qu’il doit s’abstenir d’afficher officiellement et publiquement son soutien actif et référencé à sa propre participation à ce qui relève du domaine de la sécurité nationale (DoD, CIA, forces armées, organisations subversives US diverses, etc.). Le proclamer est une grave faute formelle dans un système qui est bâti sur l’apparence formelle du virtualisme pour permettre à sa “division” communication de faire voter le bon peuple dans le sens qu’il faut.

Quelques mots de Jason Ditz:

«Speaking at a conference for the American Bankers Association, Assistant Secretary of the Treasury David S. Cohen went into excruciating detail about his department’s role in ensuring that the American banking industry is on the front lines of fights the world over.

»And it really is the world over. From propping up Mexico’s government in what he called “a courageous fight against the drug cartels” to preventing Iran from “developing nuclear weapons,” there appears to be no overseas endeavor in which Secretary Cohen doesn’t envision a massive role for the Treasury Department, and for the ostensibly private organizations that make up the banking industry.»

@PAYANT Il faut bien avoir à l’esprit que le système de l’américanisme repose sur un fondement communicationnel marqué par les formes, l’apparence, le conformisme complet, et, depuis quelques années, at full speed depuis 9/11, par une construction virtualiste complète. Cette architecture complètement “artifactuelle” et faussaire devrait présenter une cohérence, une cohésion, une logique interne et le vernis de la morale américaniste qui fait l’argument essentiel de l’influence US sur le monde. Lorsque ces règles d’apparence ne sont plus respectées, c’est bien que le système est complètement détraqué.

De tous les temps, Wall Street (le département du trésor) a été intéressé à la politique extérieure US, et le secrétaire au trésor fait partie des réunions de sécurité nationale – autour du NSC et du président – qui conseillent le président; mais ces réunions sont discrètes par nature. De tous les temps, les banquiers, avocats d’affaire et hommes de Wall Street ont joué un rôle essentiel dans la politique de sécurité nationale, devenue politique hégémonique et belliciste de façon “couverte” dans ses intentions depuis 1945-48 (soi-disant défense du “Monde Libre” face au communisme) et de façon complètement ouverte depuis 1991-1996 (1996, parce que fin de la période dépressionnaire des USA entre 1989 et 1996). Mais leur rôle ne devenait “ouvert” et affiché que lorsqu’ils entraient, comme ils firent en grand nombre, dans l’administration à des postes de responsabilité de la politique de sécurité nationale. (Les exemples abondent: James Forrestal, banquier de Wall Street, secrétaire à la Navy durant la guerre puis premier secrétaire à la défense des USA en 1947; les frères Dulles, tous deux avocats d’affaires à Wall Street, l’un [Foster] devenu le secrétaire d’Etat fameux d’Eisenhower, l’autre [Allen] prenant la CIA en mains durant la même période). Dans tout cela, Wall Street conservait sa “vertu” d’apparence de ne pas s’impliquer directement et publiquement dans le soutien de cette politique expansionniste et belliciste.

L’intervention du haut fonctionnaire Cohen est effectivement le signe d’une rupture de cette posture de communication dans l’ensemble virtualiste du système. Elle rompt l’arrangement d’apparence du système. Elle marque donc la rupture décadente du système, puisque tout système faussaire de cette sorte doit tenir bon jusqu’au bout sur l’apparence des fonctions et des prérogatives sous peine de laisser découvrir d’une façon insupportable sa vraie nature.

Après l’époustouflant épisode de Wall Street s’effondrant et manquant d’emmener le monde dans sa chute, puis remis à flot par l’intervention délirante d’obscénité de l’administration Obama, cette sorte de prise de position montre que les dirigeants financiers US ont complètement perdu le sens des priorités de leur propre système, et donc le sens de “leur” propre réalité. Confits dans l’arrogance et l’aveuglement, ils ne comprennent même plus comment fonctionne le système qui les sauve régulièrement de la banqueroute pour leur permettre de poursuivre leurs activités de brigandage international. La stupidité profonde du personnel actuel du système, par contraste avec l’intelligence de ceux qui le servaient à son âge d’or et qui savaient se tenir, lorsqu’il existait une aristocratie de l’américanisme (ce qui ne réduit pas la responsabilité du système mais indiquait qu’il marchait bien), cette stupidité arrogante est une bonne mesure de la décadence psychologique qui accompagne l’effondrement de la chose. Les hommes du système sont passés du stade d’un personnel de haute valeur conscient de ses responsabilités vis-à-vis du système en une bande d’arsouilles nouveaux riches, sans la moindre conscience de ce que c’est que la responsabilité. Il n’y a rien, absolument rien à sortir de ce fatras chaotique que constitue aujourd’hui le système de l’américanisme, où plus personne ne respecte aucune règle, aucune forme, où l’arrogance stupide se déchaîne. La décadence poursuit ferme sa chute en même temps que Wall Street suscitera, avec cette sorte d’intervention, une haine encore plus grande dans le bon peuple à qui il arrive de se mettre en colère (voir Tea Party).


Mis en ligne le 13 ctobre 2009 à 10H25

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