Washington D.C. contre les Etats de l’Union

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Le site WSWS.org publie une analyse complète de la situation des Etats de l’Union dans la crise économique que traversent les USA, et du comportement de Washington D.C., du “centre” à leur égard. (Le 17 octobre 2009.) L’intérêt de ce texte est de mettre en évidence que, pour la première fois dans l’histoire des USA, en temps de crise intérieure grave, le “centre”, le gouvernement fédéral, se désintéresse complètement du sort des Etats de l’Union. Ainsi citerons-nous, pour ce texte, la conclusion qui met en évidence cette situation unique dans l’histoire des USA, sans trop prêter attention à l’habituelle dialectique idéologique.

«The reactionary role the federal government is playing in relation to the states marks a historical reversal from periods in the nation’s history when the federal government was identified with social reforms that were resisted by the states.

»In response to the mass struggle of African-American workers in the 1950s and 1960s, the administrations of Eisenhower, Kennedy and Johnson undertook a series of actions that pitted Washington against Southern state capitals. In the 1930s, Franklin Roosevelt’s New Deal reform legislation provoked denunciations among state power brokers that the federal government was usurping local power. And from 1861 to 1865, the federal government under Abraham Lincoln successfully prosecuted the Civil War, which resulted in the end of chattel slavery and the destruction of the Southern slave-owning class.

»Under Obama, the federal government is playing the opposite role. With state governments disintegrating by the day, working people who depend on their social services and employees who depend on these programs for their livelihoods face complete indifference from the White House.

»This new relationship between Washington and the states can only serve to inflame and reignite the centrifugal tendencies that have long been an explosive force in the political life of the nation. As popular opposition intensifies against the policies of Wall Street—which controls every branch of the government—one form it will inevitably take is increasing tension within the federal system.»

Le commentaire est sans aucun doute très intéressant, après une description révélatrice du désintérêt du “centre” fédéral pour la situation des Etats dans la crise actuelle, en l’opposant d’une façon significative aux comportements antérieurs.

(On fera tout de même une réserve de taille, qui relève de l’interprétation trotskiste de l’événement. Faire de l’intervention de Lincoln qui entraîna la Guerre de Sécession un acte d’attention du “centre” pour les Etats, comme sont les autres situations citées, alors que la querelle est évidemment plus fondamentale et porte sur les droits des Etats, jusqu’à faire sécession, quelle que soit la cause, – tout cela est effectivement marqué par la vision trotskiste orthodoxe qui, en l’occurrence, horreur, rejoint l’interprétation américaniste classique. Quoi qu’il en soit des modalités conjoncturelles du conflit, qui sont toujours très largement en débat entre l’historiographie officielle et l’histoire indépendante, c’est cette intervention du Nord contre le Sud qui a directement mis en place les fondations de cette énorme puissance, de ce système de l’américanisme qui, aujourd’hui dévaste le monde, et que les trotskistes dénoncent avec horreur. Problème des contradictions internes des idéologies.)

La chose essentielle est bien qu’il s’agit de la première fois que le “centre” est inattentif à la situation des Etats. Le risque pris est considérable puisque cette position, évidemment, nourrit la hargne des Etats, et des citoyens des Etats, contre le “centre” qu’ils subventionnent avec leurs impôts fédéraux. Quelle explication peut-on donner à ce qui est manifestement une faute stratégique de dimension majeure, si l’on accepte l’idée de la fragilité des USA, au niveau de la cohésion des Etats de l’Union? A notre sens, l’explication tient comme toujours à la psychologie et la perception de la situation qui en découle. L’administration Obama est effectivement infectée, dans sa perception, par l’assurance doctrinaire qui caractérise son équipe économique (Summers, Geithner & compagnie, avec Bernanke en flanc-garde pour la philosophie). Pour elle, l’“industrie financière” et Wall Street étant rétablis, le reste suivra sans problèmes, et les Etats résoudront donc leurs problèmes sans nécessité de l’intervention du “centre”. Avec un mouvement comme Tea Party dont l’hostilité au Big Govenment se marque d’abord par l’hostilité aux impôts en général, ce comportement du “centre” fait courir le risque que cette hostilité aux impôts en général se transforme en une hostilité spécifique aux impôts fédéraux (au contraire des impôts pour les Etats respectifs). Cela serait un pas remarquable vers une logique de désintégration des USA.


`Mis en ligne le 19 octobre 2009 à 06H51

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