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931Le brave Alex Spillius, dans le Daily Telegraph, a soulevé l’espoir que la dégradation de la notation des USA, “de AAA à AA+” (l’expression devrait figurer comme exercice de phoniatrie pour soigner les troubles de la parole), constituerait un choc tel qu’elle rétablirait le bon usage des vertus de l’imperium américaniste, et, par conséquent, la prépondérance de “l'Empire”. Ainsi écrivait-il le 6 août 2011 (voir notre Bloc Notes, ce 8 août 2011) :
«Perhaps S&P's decision could be the shock that Congress needed. The downgrade may well raise interest rates for consumers, which could make both sides think again about being so intransigent and finally bring the compromise so clearly needed and which has been a hallmark of the country's legislative history.»
…Il lui faudra en rabattre, et étudier d’un peu plus près la fascinante psychologie de l’américanisme, surtout à Washington, à ce moment de la dynamique en pleine accélération de la dissolution du système. Au contraire, tout au contraire, rien ne peut être plus contraire à la réalité… La dégradation de la note des USA par Standard & Poor’s a suscité un paroxysme d’affrontement, à Washington, par le biais des diverses émissions politiques du week-end. Différents textes sont publiés pour mettre en évidence combien les commentaires sur cet événement n’ont fait qu’accroître et approfondir l’antagonisme furieux entre les tendances politiques.
L’agence UPI expose, le 7 août 2011, les réactions diverses du week-end, notamment celle de l’homme qui joua à cette occasion le rôle de porte-parole officieux et intime de Barack Obama (lequel s’est calé dans un silence appuyé sur la question, préférant consacrer ces jours délicats à son 50ème anniversaire, à des réunions pré-électorales et à un week-end de repos à Camp David). Il s’agit d’un ancien de l’équipe Obama resté proche du président, David Axelrod, – ici, lors de l’émission de CBS
«“The Tea Party brought us to the brink of a default. […] For months, the president was saying, let's get together, let's compromise. We thought we had such an arrangement with the Speaker of the House ... then he went back to his caucus; he had to yield to the most strident voices in his party. They played brinkmanship with the full faith and credit of the United States. This was the result in that.” “The fact of the matter is that this [F&C downgrading
L’argument (Tea Party responsable de la dégradation de la notation) est repris en chœur par les démocrates, le sénateur John Kerry et l’ancien gouverneur du Vermont Howard Dean notamment. Dean dit des gens de Tea Party : «They are totally unreasonable and doctrinaire and not founded in reality…»
Les républicains répondent avec vigueur : “c’est tout le contraire”. Politico.com, du 7 août 2011, donne comme titre au compte-rendu de cette journée de mise au point : «Blame, insults traded over downgrade .» D’une façon notablement différente des démocrates, le sénateur républicain Lindsay Graham résume sa pensée par cette phrase, à propos des membres de Tea Party : «Thank God they’re here…»
«If Congress had listened to the tea party, there would be $4 trillion in deficit reduction in the works, Graham said. The problems that contributed to the nation’s first-ever credit downgrade preceded the tea party’s arrival in Congress, according to Graham. He said President Barack Obama’s policies have failed to address rising unemployment, plummeting housing prices and soaring gasoline prices. “If he were in the Southeastern Conference, he would be fired as a coach. He would not have his contract renewed,” Graham said of the president.
»Republican Sen. John McCain of Arizona called the crisis a failure of leadership — by the president. “I think it’s failed presidential leadership when you don’t put forward a plan, a specific proposal, to work off of,” McCain said on NBC. “Previous presidents certainly have when we [were] in a crisis. And, by the way, talking about hostages, lately the Democrats have been calling us terrorists. So we need to lower that level of rhetoric, obviously.”» (McCain fait allusion à l’accusatioon des démocrates selon laquelle Tea Party a tenu le pays “en otage”, et à l’appréciation du vice-président John Biden selon laquelle Tea Party est constitué de “terroristes”, – ceci expliquant cela, comme il va de soi.)
Tea Party, lui, renvoie en général dos à dos les deux ailes du “parti unique” de l’establishment (où il a tout de même sa place, dont il use sans vergogne). Ainsi, de John Ryan, député de tendance Tea Party, et l’un des plus durs parmi les partisans des réductions budgétaires : «Both political parties are responsible for the mess we have right now. But I would argue that over the last couple of years, we have gone deeply in the wrong direction.»
Quant aux représentants de S&P, nullement troublés par les attaques d’“incompétence” venues notamment du département du Trésor et partout de sortie ce week-end (rarissimes pour des dirigeants d’une agence de cotation), ils ne cessent de répéter imperturbablement qu’une nouvelle dégradation de la cotation des USA pourrait intervenir dans les 18-24 mois si la situation ne s’améliore pas.
«…S&P repeated its warning Sunday that there was a one in three chance of a further credit rating downgrade over the next six months to two years. “We have a negative outlook ... from six months to 24 months,” Standard & Poor's managing director John Chambers said on ABC’s ‘This Week.’ “And if the fiscal position of the United States deteriorates further or if the political gridlock becomes more entrenched, then that could lead to a downgrade. The outlook indicates at least a one in three chance of a downgrade over that period.”»
Rien, absolument rien n’a changé de ce qui constitue le nœud de la crise aux USA, et, par conséquent, le centre principal de la crise financière et économique. Ce nœud est essentiellement, fondamentalement politique, même si la matière qu’il ne cesse d’étrangler est financière et économique. Les polarisations se radicalisent encore plus, et ne cesseront de se radicaliser à mesure qu’on approchera de la campagne électorale active de 2012. Plus que jamais, Tea Party est installé en franc-tireur, et il commence à tirer à boulets rouges sur la commission spéciale, le “Super Congrès” chargé de répartir les $1.500 milliards de réduction de dépenses publiques, qui doivent encore trouver leur destination précise.
La dégradation de la notation des USA n’a absolument pas provoqué de réflexe d’“union sacrée” espéré par Spillius mais son exact contraire. Cela est d’ailleurs parfaitement conforme à la psychologie et à l’humeur générales de Washington, avec un pouvoir, Maison-Blanche et Congrès, effectivement en complète dissolution et réduit désormais à l’acrimonie, à l’irresponsabilité, à l’invective… Dans ce climat, Tea Party triomphe aisément, qui est le seul groupe à avoir un objectif financier et fiscal surmonté d’une obsession dévastatrice : tout faire pour réduire, sinon démolir Washington. Le “
C’est là l’enseignement essentiel du week-end, bien plus que les situations financières diverses, les menaces de cessation de paiement, les réunions, entretiens, pas de deux ou plus, des divers hommes d’Etat et de gouvernement, bien plus que les réactions des Bourses (des marchés) ce matin. Washington plus que jamais divisé, et qui le sera de plus en plus, c’est la promesse de la poursuite et de l’accélération de la crise. Celle-ci, la crise, évidemment et plus que jamais politique, échappant à tous les processus et mécanismes financiers et économiques, jusqu’à ce que finances et économie dans le contexte du Système soient absolument démolies.
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Mis en ligne le 8 août 2011 à 12H39