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147218 août 2005 — Des communiqués plutôt ternes, une absence de détails qui en dit long, des promesses de nouvelles mesures imprécises : tout dans les circonstances du raccommodage israélo-washingtonien sur l’affaire des transferts de technologies (israéliennes) sent le rabibochage à bon marché. Les Israéliens ont cédé (pour l’instant) parce qu’ils ont besoin du soutien des Américains dans cette phase délicate de la crise israélo-palestinienne.
Le journal israélien Haaretz annonce la nouvelle sans s’aventurer dans le moindre commentaire imprudent, laissant la première place à un communiqué signé “conjointement” à Washington et en Israël, par les deux ministres de la défense, sans qu’un déplacement, et encore moins une cérémonie de réconciliation, n’aient été jugés nécessaires.
« The dispute between the United States and Israel regarding Israeli security exports came to an end Tuesday in the form of a joint statement issued by the U.S. Department of Defense and the Israeli Defense Ministry.
» According to the statement, “The strategic alliance between the United States and Israel reflects common understandings of the global security environment. In this cooperative relationship, the United States and Israel share information and consult on possible threats to U.S. and Israeli defense interests.
» “The U.S. Department of Defense and the Israeli Ministry of Defense have signed an understanding that is designed to remedy problems of the past that seriously affected the technology security relationship between their defense establishments and begins to restore confidence in the technology security area. In the coming months, additional steps will be taken to restore confidence fully.”
» Signed by U.S. Secretary of Defense Donald Rumsfeld and Defense Minister Shaul Mofaz, the joint statement adds that the “signing of this understanding underscores the commitment of the U.S. and Israel to work together to address global security challenges. Cooperation between the U.S. and Israel is important to the security of the Middle East and we expect that cooperation to continue.” »
Haaretz précise certaines conditions ou arrangements indiquant que les Israéliens ont dû céder aux Américains sur des points non négligeables, dont certains engagent la mise en cause de leur souveraineté nationale. L’important est pourtant d’apprécier qu’il s’agit d’engagements à venir ou à concrétiser, et qui seront des sources évidentes de désaccords, notamment en raison du soupçon systématique et de la brutalité des Américains d’une part, des réticences israéliennes devant ces engagements d’autre part.
• Certes, Haaretz précise que Amos Yaron, le directeur général du ministère de la défense va se retirer “dans les prochains mois”. Yaron est la bête noire du Pentagone et Haaretz peut écrire tranquillement à son égard, comme si la chose allait de soi, notamment ce droit de regard américain dans les affaires intérieures israéliennes avec l’emploi du mot “to blacklist”: « the U.S. administration will continue to blacklist Defense Ministry director general Amos Yaron, who is viewed by the Pentagon as responsible for misreporting the deal with China. »
• L’engagement israélien est vaguement précisé de cette façon: « The understanding between the Israeli and U.S. defense establishment is based on Israel agreeing to adhere to the Wassenar Arrangement on Export Controls for Conventional Arms and Dual-Use Goods and Technologies. Israel will not be a full-fledged party to the arrangement, but will commit to transparency in its arms deals and report to the U.S. on sensitive issues. The Americans are interested primarily in information on deals involving China, which it views as a strategic threat. »
Bien entendu, le segment de phrase qu’il convient de signaler pour résumer cette affaire et ce qui est présenté comme son “heureuse conclusion” est bien celui-ci: « Israel will [...] report to the U.S. on sensitive issues. » Il s’agit d’une déclaration de principe insultante, qui fait d’Israël une annexe du Pentagone en matière de transferts de technologies, c’est-à-dire qui institue une abdication complète de sa souveraineté nationale dans la matière essentielle du transfert de technologies.
Du “scotch usagé” pour raccommoder Washington et Israël? Sans le moindre doute. La pression des événements extérieurs (le désengagement israélien des colonies) explique la capitulation israélienne, avec le besoin du soutien américain. Un accord acquis dans de telles circonstances n’a aucune chance de durer. Son indignité même en indique les limites, qui s’imposeront très vite. L’intransigeance et la brutalité américaines, le mépris pour la souveraineté d’autrui (celle d’Israël dans ce cas), conduiront au renchérissement des exigences et ne laisseront aux Israéliens d’autre choix que de réagir d’une façon antagoniste. La crise, qui n’est qu’écartée et qui est prête à renaître, le fera dans des circonstances d’autant plus difficiles que cet accord a été présenté comme un engagement et comme un nouvel état d’esprit, et que chacun des deux partenaires dénoncera alors le comportement de l’autre à la lumière de l’interprétation qu’il fera de cet “état d’esprit” et non en raison d’arguments techniques. Les différences d’interprétation mesureront la distance qui sépare désormais Washington (le Pentagone) et Israël, et l’on constatera qu’elle est grande.