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509Le président des USA a, dans une interview au Washington Post, apporté des éléments sur la stratégie et la situation en Irak que les commentateurs jugent importants. Le Post fait grand cas, aujourd’hui, de la formule utilisée par GW Bush pour caractériser la situation en Irak : «We're not winning, we're not losing»…
«President Bush acknowledged for the first time yesterday that the United States is not winning the war in Iraq and said he plans to expand the overall size of the “stressed” U.S. armed forces to meet the challenges of a long-term global struggle against terrorists.
»As he searches for a new strategy for Iraq, Bush has now adopted the formula advanced by his top military adviser to describe the situation. “We're not winning, we're not losing,” Bush said in an interview with The Washington Post. The assessment was a striking reversal for a president who, days before the November elections, declared, “Absolutely, we're winning.”
»In another turnaround, Bush said he has ordered Defense Secretary Robert M. Gates to develop a plan to increase the troop strength of the Army and Marine Corps, heeding warnings from the Pentagon and Capitol Hill that multiple deployments in Iraq and Afghanistan are stretching the armed forces toward the breaking point. “We need to reset our military,” said Bush, whose administration had opposed increasing force levels as recently as this summer.
»But in a wide-ranging session in the Oval Office, the president said he interpreted the Democratic election victories six weeks ago not as a mandate to bring the U.S. involvement in Iraq to an end but as a call to find new ways to make the mission there succeed. He confirmed that he is considering a short-term surge in troops in Iraq, an option that top generals have resisted out of concern that it would not help.
»A substantial military expansion will take years and would not immediately affect the war in Iraq. But it would begin to address the growing alarm among commanders about the state of the armed forces. Although the president offered no specifics, other U.S. officials said the administration is preparing plans to bolster the nation's permanent active-duty military with as many as 70,000 additional troops.»
Qu’a fait GW en prononçant cette nuance sémantique que le journal washingtonien a l’air de juger considérable? Plusieurs choses :
• GW réinterprète le 7 novembre. La colère des électeurs venait de ce que l’Amérique “is not winning” en Irak. Ce n’est pas faux stricto sensu (si l’Amérique gagnait en Irak, il n’y aurait pas une telle opposition à la guerre, — d’ailleurs, la guerre serait finie) ; mais il s’agit bien entendu d’une sollicitation de l’interprétation dont le but n’est que de justifier ce qui suit.
• Si l’Amérique ne gagne pas en Irak, c’est qu’elle n’a pas de forces suffisantes pour gagner. (En passant, c’est justifier in fine, mais au profit de GW et de ses actuels projets, le départ de Rumsfeld. Le départ du secrétaire à la défense, qui ne voulait pas augmenter le volume des forces, est également “réinterprété” : c’est comme si on avait chassé Rumsfeld parce qu’il persistait à ne pas vouloir “gagner” en envoyant des troupes supplémentaires.)
• Les responsabilités sont donc judicieusement réparties selon un schéma nouveau, au centre duquel se trouve GW qui comprend parfaitement les problèmes à mesure qu’ils apparaissent. Le renforcement du corps expéditionnaire US est désormais la condition de la victoire. La façon dont la chose est présentée est, dans l’esprit, le contraire du plan Baker. Pour Baker et l’ISG, l’éventualité d’un renforcement temporaire doit permettre un retrait US dans des conditions décentes ; pour GW, le renforcement doit permettre la victoire, après laquelle on pourra songer au retrait.
• GW Bush adopte complètement la thèse des néo-conservateurs, ennemis jurés à la fois de Rumsfeld pour son refus d’augmenter les forces, et du rapport Baker pour son esprit défaitiste (“munichois”). Réaction, par exemple, de Frederick Kagan, néo-conservateur notoire, dans le San Francisco Chronicle, qui commente le point particulier de l’ordre donné à Robert Gates d’augmenter le volume des forces : «“I think it's a great thing that the president has seized this opportunity, the transition from Rumsfeld to Gates, to send Gates off in the right direction,” said Frederick Kagan, a military historian and resident scholar at the American Enterprise Institute, a think tank in Washington. ”It's a great idea. Definitely overdue.”»
Publié le 20 décembre 2006 à 15H33