Wokenisme-chic à Kaboul

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Wokenisme-chic à Kaboul

• La catastrophe afghane est loin d’être terminée. • Nous allons boire jusqu’à la lie le calice de l’extraordinaire bêtise des conquérants américanistes et occidentalistes fichus dehors du fait d’un fou qui dit accidentellement le bon sens au milieu de la foule des zombieSystème lui servant d’élitesSystème de secours. • Déjà des zélateurs de l’humanisme du bloc-BAO prévoient des renforts et d’autres opérations “de secours”. • Les forces US n’ont jamais été aussi mauvaises et notre petit doigt nous dit que leur récente wokenisation n’est pas pour rien dans cette vertueuse évolution.

L’armée US, déjà extrêmement mauvaise en général, est en train de faire, sur l’aéroport de Kaboul et alentour, une ébouriffante démonstration de son incompétence, de son désordre interne, d’une sorte de paralysie qui l’amène à  des conduites absurdes dans une situation de grande tension où des affrontements peuvent éclater à tout moment. Comme on l’a vu hier, les Britanniques du 22e régiment des SAS s’en sont aperçus, de la part du chef de la 82e division aéroportée, et la même chose d’une façon générale des forces alliées “confrontées” aux rigueurs caporalistes de l’hyperpuissance.

« Le général de division Christopher Donahue a demandé au commandant du 22e régiment du Special Air Service (SAS) de l’armée britannique de mettre fin à leurs opérations au-delà du périmètre de l'aéroport international Hamid Karzai (HKIA), car elles “embarrassent l’armée américaine en l’absence d’opérations militaires américaines similaires” a affirmé vendredi le chroniqueur Tom Rogan du Washington Examiner.

» “Je crois savoir que l’officier britannique a fermement rejeté la demande”, précise Rogan. [...]

» Selon les médias, des commandos britanniques et français se sont aventurés dans Kaboul pour transporter des groupes de leurs ressortissants de la ville à l’aéroport, alors qu’aucun effort de ce type n’a été entrepris par les troupes américaines. 

» Rogan a imputé la situation à un “bras de fer bureaucratique entre le département d’État, le Pentagone et la Maison Blanche” et a déclaré que les relations avec les gouvernements britannique, français et d'autres alliés à Kaboul étaient aggravées par l’incapacité des États-Unis à “communiquer de manière adéquate, ou dans certains cas, à communiquer tout court, sur leurs intentions et leurs actions”. Cependant, ils admettent tous que seule l’armée américaine pourrait assurer la défense de l’aérodrome et le contrôle du trafic aérien actuellement à HKIA. »

Si la situation affecte l’aéroport HKIA de Kaboul, certains estiment qu’elle pourrait s’étendre et affecter d’autres zones, si les forces US devaient être amenées à intervenir d’une façon plus large, disons plus “sérieuse”. Cette perspective balaie bien entendu les promesses optimistes de Biden qui annonçait la fin des opérations de rapatriement pour le 31 août, mais qui commence à réviser la chose du point de vue de sa communication hésitante. Il le fait dans une intervention publique marquée, bien entendu, par sa confusion et ses errements cognitifs désormais habituels :

« Il n’est donc pas apparu au mieux de sa forme, et la situation ne s'est pas améliorée lorsqu’il a abordé le sujet de l'Afghanistan.

» Biden a déclaré que peu importe le moment où il se retirerait, il y aurait toujours “de la douleur, des pertes et de ces images déchirantes que l'on voit à la télévision”. »

Interviewé par FoxNews, le général à la retraite Don Bolduc, de l’U.S. Army, qui a fait plusieurs tours opérationnels en Afghanistan, estime que les forces US sont entrées dans une “hostage situation”, c’est-à-dire une situation où des citoyens US et d’autres du pays alliés, ; ou des Afghans-amis, devraient être considérés comme “otages”, et cela nécessitant une intervention. Selon lui, cette situation aurait les caractéristiques suivantes :
• elle devrait durer plusieurs mois, peut-être six ;
• elle devrait conduire à des interventions ailleurs qu’à Kaboul, notamment à Kandahar, sur des aéroports d’où une force d’intervention pourrait intervenir pour ces “otages” ;
• elle nécessiterait l’acheminement de renforts d’à peu près 6 000 hommes US) en plus des 6 000 (US) déjà déployés à l’aéroport de Kaboul.

Ces perspectives sont bien entendu toutes théoriques et promettent d’ores et déjà des tensions entre divers parties, y compris à l’intérieur de la direction de certains acteurs. D’une part, les talibans qui ont promis le pouvoir menacent de réactions diverses si les forces US ne respectent pas la date du 31 août pour leur retrait définitif. D’autre part, on devrait voir des tensions entre pays alliés demain, lors de la conférence virtuelle du G7 convoquée par le Britannique Johnson. Il y a aussi cette phrase de Biden, comme commentaire dans une réponse à une interpellation d’un journaliste sur la date de retrait : « Nous sommes en train de négocier cette date, nous [la Maison-Blanche] et les militaires [le Pentagone] », ce qui laisse supposer la poursuite des tensions entre Biden et ses généraux.

Cette tension entre Biden et ses généraux est d’autant plus vive que la situation en Afghanistan est difficile et que la performance des forces US y est absolument catastrophique. C’est sur ce dernier point que nous voudrions insister. Même si les forces armées US, très lourdes, très puissantes, très coûteuses, très arrogantes, sont habituellement catastrophiques, elles le sont cette fois inhabituellement, – encore plus catastrophiques que d’habitude. Si les forces armées US sont en effet catastrophiques, il y a au moins un domaine, celui de la logistique et des opérations de gestion et de transport qui l’accompagnent, où elles figurent traditionnellement d’une façon honorable. La débandade de Saigon, en 1975, avait été au moins exécutée avec une certaine maîtrise de ce point de vue ; à Kaboul-2021, pas du tout jusqu’ici, au contraire sinistre empoignade d’incompétents comme autant de volailles dans un poulailler, et rien ne signalant la moindre lueur d’amélioration.

Nous développons une hypothèse qui nous paraît inéluctable depuis plusieurs mois, depuis l’entrée en vigueur du programme massif de wokenisation de l’armée US : l’affaiblissement dramatique, bien au-delà de leur médiocrité courante, des capacités des forces armées US, avec une “politisation” affectant la cohésion, la coopération, la discipline, etc. Bien entendu, c’est dans le cadre de cette hypothèse que nous observons le comportement et l’inefficacité des forces US. Si le délai est extrêmement court (la wokenisation a commencé en janvier-février), la campagne vaccinale-wokeniste (‘image a sa pertinence) a aussitôt été massive, plusieurs doses d’un coup ; elle porte sur un aspect psychologique et sociétal extrêmement tendu depuis près de cinq années, auquel l’armée n’a pas été insensible, et la wokenisation devenant alors un coup supplémentaire massif et décisif d’une déstabilisation déjà en cours.

Il faut noter que certains commentateurs pourtant attachés à d’autres domaines que celui de la chose militaire et de la situation crisique US, relaient cette hypothèse, comme ici Régis de Castelnau (l’expression “stratégie diversitaire” s’entendant comme “wokenisation des forces”) :

« L’armée américaine dont on vient de constater l’impuissance, traverse actuellement une crise très sérieuse. La stratégie diversitaire liée à un système militaro-industriel profondément corrompu, fait que cet outil est aujourd’hui techniquement inférieur à ceux de la Chine et surtout de la Russie pourtant 10 fois moins coûteux. La russophobie rabique de l’appareil politique américain jointe à la désignation de la Chine comme ennemi principal ont provoqué, comme il fallait s’y attendre, un rapprochement entre ces deux pays. Créant ainsi une situation géostratégique nécessairement inquiétante pour les élites américaines. »

Ce qu’il faut observer, c’est qu’il n’y a strictement aucune raison que cette faiblesse, non seulement puisse être redressée, mais encore cesse d’être de plus en plus grande. La wokenisation se poursuit à grande et belle allure, et l’on a l’impression parfois que le couple Austin-Milley (ministre et président du comité des chefs d’état-major) juge cette affaire, sinon plus importante, dans tous les cas au moins aussi importante, et dans tous les cas infiniment plus ‘sexy’ que ce qui se passe en Afghanistan.

En témoigne cette nouvelle qui rétablit dans ces fonctions de “commissaire politique” (quoi d’autre ?) des forces spéciales, chargé notamment du recrutement selon les critères d’inclusion, raciaux et politiques, Richard Torres-Estrada, un activiste anti-Trump qui avait été obligé d’abandonner son poste au bout d’une semaine en mars. Une enquête a été faite sur ses “activités” sur les réseaux sociaux, contredisant directement la politique officielle du Pentagone concernant ses employés civils, – ou bien, n’ayant pas été effectuée puisqu’elle est tenue “secrète”, et affirmée comme faite au bout d’un délai de convenance... D’où retour de Richard Torres-Estrada comme “commissaire politique” (“what else ?”)

« Richard Torres-Estrada, nommé chef de la diversité et de l'inclusion au sein du Commandement des opérations spéciales des États-Unis (USSOCOM) au début du mois de mars, a occupé ce poste pendant environ une semaine, avant qu’une enquête sur ses activités sur les médias sociaux ne révèle une image trafiquée d’Adolf Hitler et de Trump tenant des bibles, ainsi que d'autres documents dénigrant Trump et incitant à la haine raciale.

» Cependant, trois mois plus tard, le ministère de la défense (DoD) a autorisé M. Torres-Estrada à reprendre le travail, affirmant que ses frasques sur les réseaux sociaux n'avaient enfreint aucune règle du DoD.

» En tant que chef de la diversité et de l’inclusion, Torres-Estrada pourra à nouveau prendre des décisions en matière de recrutement. En guise d'explication, un porte-parole de l’USSOCOM a insisté sur le fait qu'il était “spécifiquement interdit” au ministère de la défense de contrôler les comptes de médias sociaux des futurs employés civils et qu’il n’a donc pas pu voir les messages “offensants”. Cette explication ferait des candidats à des postes au Pentagone un groupe très rare, capable de passer avec succès une enquête sur son parcours public dans les médias sociaux, – surtout pour un commandement d'élite qui comprend les SEAL de lac Navy et la Delta Force de l’US Army.

» Le commandant de l'USSOCOM, Richard Clarke, a demandé une enquête sur les publications de Torres-Estrada lorsque le scandale a éclaté. Le contenu de l'enquête n'a toutefois pas été rendu public, et cela n'a guère de sens à la lumière de la réaffirmation catégorique du porte-parole selon laquelle le contrôle des comptes de médias sociaux des candidats à l’embauche était interdit.

» L’armée américaine connaît des moments difficiles lors de la transition entre Trump et le président actuel Joe Biden. Le nouveau secrétaire à la défense, Lloyd Austin, s'est lancé dans un effort supposé éradiquer tous les “extrémistes”, en chargeant un groupe de travail nouvellement formé sur la lutte contre l'extrémisme de concevoir des procédures de contrôle supplémentaires pour le personnel en uniforme. Ce groupe est dirigé par l'activiste controversé Bishop Garrison.

» Austin s’est également engagé à donner la priorité aux “crimes” contre l’orientation sexuelle et l’identité de genre, en déclarant que le Pentagone s’efforcerait de “créer un lieu de travail sûr et favorable à tous”.

» Dans un mémo de mars, le ministère de la Défense a déclaré qu’il “prendrait en compte l’impact des programmes financés par le DoD sur les droits de l’homme, y compris les droits des personnes LGBTQI+, lors des décisions de financement”. »

... Ce dernier point signifiant, par exemple et notablement, que le programme JSF sera malgré tout sauvé, malgré ses performances inexistantes, ses capacités catastrophiques, ses humeurs calamiteuses et ses caractères de cochon, puisque, devenu F-35, il est bel et bien transgenre. Cette sorte de nouvelles fait aussi bien l’affaire que les misérables menteries que colportent les porte-parole affirmant qu’il est “interdit” de vérifier l’activité sur les réseaux sociaux des employés civils du Pentagone, puis enchaînant par l’annonce qu’une “enquête secrète” de l’activité sur les réseaux sociaux de Torres-Estrada l’a blanchi complètement, – ou plutôt “diversifié” complètement, puisqu’il est bel et bien woke.

L’extraordinaire et métahistorique bêtise de cet énorme simulacre rend extrêmement difficile à maintenir l’équilibre psychologique de forces connues pour leur fragilité de ce point de vue, puisque nourries de mensonges un peu à la manière des forces soviétiques pendant la Guerre Froide (mission présentée aux soldats du Pacte de Varsovie de “défense des citoyens tchèques contre les revanchards allemands” pour l’invasion de la Tchécoslovaquie du 21 août 1968 ; accueil à mesure des populations “libérées”). Au moins, les mensonges soviétiques avaient-ils une apparence de logique et de sérieux.

La dimension-woke, qui constitue une véritable terrorisation des rapports “sociaux” et des psychologies individuelles, en plus d’une entreprise d’abêtissement et d’abrutissant profitant d’un terrain fertile, est un formidable frein à la confiance, donc à l’obéissance, à l’autorité, à la discipline, particulièrement bien sûr dans des circonstances opérationnelles. Notre appréciation est que ce handicap considérable joue d’ores et déjà un rôle déstabilisateur supplémentaire tout aussi considérable, sur le terrain également fertile d’une bureaucratie dictatoriale et aux abois, dans une atmosphère de corruption généralisée et de népotisme maréchalisé.

Les forces US déjà catastrophiques sont en train de faire la démonstration, en Afghanistan, dans un domaine où elle montrait néanmoins une capacité acceptable fondée sur d’énormes moyens, que même ces domaines sont fracassés par l’esprit-Biden (même lorsque Biden est le moins crétin d’entre tous). Cela explique certainement que les forces US, qui, bien entendu, se sont instituées contrôleuses de toutes les opérations à HKIA, ont ordonné à l’une ou l’autre reprise le départ urgent de rapatriement, à des équipages stupéfaits, à des avions de transport complètement vides, sans doute parce que le profilage racial, genré et idéologisé des réfugiés à ex-filtrer n’avait pas été soit achevé à la satisfaction des “commissaire politique”-woke, soit in-conformes décisivement aux exigences wokenistes des susdits “commissaire politique”-woke.

Les aventures du bloc-BAO deviennent épuisantes à commenter. On peut être sûr que, quelque part dans quelque paradis de fer-blanc, les pieds-nickelés les regardent avec une tendresse cynique. Ils les reconnaissent comme des frères un peu retardés.

 

Mis en ligne le 23 août 2021 à 19H00