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419719 décembre 2020 – Je crois de plus en plus fortement que ce que nous nommons, ici sur ce site, le ‘wokenisme’, est un phénomène extraordinaire qui s’inscrit absolument dans le cadre de ce que nous nommons, ici sur ce site (suite), la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES). Je veux dire par là qu’il s’agit d’un phénomène sans précédent, qui n’est possible que dans notre époque, dont les facteurs essentiels, à côté de diverses manipulations, organisations souterraines, sollicitations, fournitures de fond, de matériels estampillé ‘Soronavirus’, etc., sont d’essence psychologique et communicationnelle. De même, à cause de cette exceptionnalité et de cette complète nouveauté, les effets sont complètement impossibles, ni à prévoir (bien entendu), ni même à envisager avec sûreté selon des hypothèses maîtrisées.
On a déjà parlé beaucoup du wokenisme sur dedefensa.org, notamment le 11 décembre 2020 en grands détails (un article important, complétant ce premier texte cité où cette suite est annoncée, poussera beaucoup plus loin l’analyse de ce phénomène). Je suis un peu peiné de voir le peu d’intérêt que soulève cette question chez les lecteurs, comparé à leur empressement pour des textes traitant des événements courants plus immédiats, plus spectaculaires, pourtant beaucoup moins importants et qui sont en général tout ou partie des conséquences du wokenisme.
On cite ici, en tout bien tout honneur et comme illustration du phénomène plus que de mon propos, un extrait de l’interview que Bret Weinstein, citoyen américain et professeur de biologie ( théoricien de l’évolution), a donné à Laure Mandeville, pour FigaroVox. Weinstein a dû démissionner en 2017 de l’université d’Evergreen, près de Seattle dans l’Etat de Washington (un des États super-contestataire du wokenisme, sur la côte Ouest), – pour d’être opposé à une journée “interdite aux Blancs” (de peau, s’entend bien, et même se hurle fort clairement, comme un Juge-président de la Cour Suprême refusant d’entendre une affaire [du Texas] de peur des manifs wokenistes contre SCOTUS !). Weinstein parle pour la première fois à un média français, nous est-il précisé, et il parle du mouvement ‘woke’, épure du wokenisme.
FigaroVox - « Après avoir refusé d’observer une journée «sans Blancs», décrétée par l’administration du campus de l’université Evergreen, où vous enseigniez, dans l’État de Washington, vous avez fait l’objet de harcèlements d’organisations militantes étudiantes antiracistes «woke», puis avez dû démissionner de votre poste avec fracas, ajoutant votre nom à la liste de plus en plus longue de «professeurs annulés» par le mouvement des «justiciers sociaux». Quelles leçons tirez-vous de ce qui vous est arrivé ? »
Bret Weinstein – « Ma femme et moi avons eu le sentiment d’être aspirés, en mai 2017, par une tornade qui ne nous a toujours pas redéposés au sol ! Cela a changé tous les aspects de notre vie. Les changements ont été très traumatisants sur le moment mais ils nous ont ouvert de nombreuses portes et nous ont transportés dans un monde qu’il est très excitant d’explorer. On a eu le sentiment d’avoir fait face à la tornade trois ans avant les autres. Ce qui veut dire que nous avons vécu une sorte d’avant-première du chaos qui venait. Evergreen est aujourd’hui partout ! Les mêmes dynamiques révolutionnaires sont visibles dans les rues, et pas seulement celles des Etats-Unis : en Europe, en Australie ! C’est un moment très intéressant, mais j’ai le sentiment que les leçons d’Evergreen ont été gâchées. Si nous avions compris qu’il ne s’agissait pas d’une aberration mais d’un avant-goût du présent, nous n’aurions pas permis que notre civilisation s’amuse à jouer avec de nouvelles formes de racisme, camouflées en lutte contre l’injustice. »
FigaroVox - « Comment comprendre cette «révolution woke» dont vous avez été victime? »
Bret Weinstein – « J’ai dit tout de suite que ce n’était pas seulement une crise de la liberté d’expression et que cela ne resterait pas limité aux campus, mais que le phénomène déborderait dans le secteur technologique, dans les structures d’État, dans toutes les institutions. J’avais raison mais j’ai été surpris par la rapidité avec laquelle c’est arrivé. La difficulté, en 2017, était de convaincre les gens qu’il ne s’agissait pas seulement d’étudiants en train de faire du bruit. Certains d’entre nous en étaient conscients. On a essayé de sonner l’alarme. Mais les gens qui n’ont pas été confrontés personnellement à ce défi idéologique, ne voient pas à quel point il est sérieux et le sous-estiment. C’est une erreur. Même si les arguments sont pauvres, le pouvoir stratégique de ce mouvement est extrêmement important. »
FigaroVox - « De quel danger s’agit-il ? Est-ce une atteinte aux principes fondamentaux du libéralisme qui fait de nous des citoyens, et non simplement les porteurs d’identités raciales ou sexuelles ? »
Bret Weinstein – « C’est tout à fait le cas. Il y a dans ce mouvement, différents types de personnes. Ceux qui le dirigent et orientent la stratégie, et ceux qui y participent sans être tout à fait conscients de ce qu’on demande. L’Occident est très dynamique et productif, mais n’a jamais été à la hauteur de ses idéaux en matière de justice et d’égalité des conditions. Nous avons tendance à ne pas voir tout ce que ce système fait bien et à nous concentrer sur ses manquements. Il faut comprendre qu’il y a aujourd’hui une énorme énergie, tout particulièrement aux États-Unis, qui vise à abattre le système parce qu’il est perçu comme corrompu. Il l’est bien sûr. Mais ce mouvement est très naïf car il a décidé que les réponses étaient très simples. Il veut tout recommencer à partir d’une simple page blanche. Un scénario qui nous emmènerait presque inéluctablement vers un désastre. Malheureusement, le mouvement “woke” regarde toute personne qui pense ainsi comme un simple réformateur, c’est-à-dire quelqu’un qui ne fait que changer les choses à la marge. C’est l’échec chronique de ce mouvement que de tout simplifier. Aucune nuance n’est possible. »
FigaroVox - « N’est-ce pas précisément l’essence des mouvements révolutionnaires ? »
Bret Weinstein – « C’est juste. Les mouvements révolutionnaires font du trafic de fictions utopiques pour trouver des motifs pour changer l’ordre établi. La bêtise de la vision “woke” est évidente. Mais le caractère contagieux de la stratégie est spectaculaire. Et c’est là le problème. Les gens ne prennent pas ces mouvements au sérieux parce qu’ils sont ridicules. Mais quand ils s’y retrouvent confrontés, ils n’ont plus qu’un choix : soit se soumettre, soit être détruits. »
FigaroVox - « J’ai regardé les images des séances d’autocritique du collège d’Evergreen, où les professeurs doivent battre leur coulpe en public en énumérant leurs privilèges. Elles sont grotesques. Comment un tel théâtre peut-il tenir longtemps ? »
Bret Weinstein – « Oui, ce sont des séances grotesques. Mais votre question sur le fait de savoir pourquoi cela marche, trouve une réponse intéressante dans la théorie des jeux. Bien que la solution paraisse facile, elle ne l’est pas. A priori, cela a du sens de se défendre, quand on est accusé de crimes qu’on n’a pas commis. Mais le problème est que ce mouvement manie la stigmatisation et comme il suit une forme de fausse logique, il n’y a pas de mécanisme qui vous permette d’établir votre innocence. Chaque personne se retrouve confrontée à la question suivante : vais-je me défendre sans chance de succès et me retrouver avec un stigma féroce attaché à mon nom (et potentiellement des vidéos de ma résistance utilisées comme preuves de ma culpabilité), ou ferais-je mieux d’accepter de dire des choses qui ne sont pas vraies, dans l’espoir que mes accusateurs passent à autre chose, et s’en aillent cibler quelqu’un d’autre ? »
FigaroVox - « Ce que vous décrivez ressemble à la logique de la dictature. »
Bret Weinstein – « C’est une dictature en cours de formation. On a un problème d’action collective. La société a besoin que les individus fassent front commun pour empêcher ces actions. Mais les incitations à aller dans l’autre sens sont plus fortes pour chaque individu, car il y a menace sur leur emploi, leur réputation, leur sécurité… Ils ont donc tendance à plier, et à laisser la société vulnérable.
» Mais une fois qu’ils ont cédé, ils sont forcés de se regarder dans un miroir et n’ont pas envie de se voir comme des couards. Ils finissent donc par se convaincre qu’ils croient à ce qu’ils ont dit. Ils se disent que s’ils ont dit qu’ils étaient racistes, c’était sans doute parce qu’ils le sont. »
FigaroVox - « Il y a eu tant de procès et d’écrits en URSS, qui décrivaient les mêmes phénomènes d’accusation, de démission et de soumission... »
Bret Weinstein – « Cette comparaison est juste. Ce que nous voyons ressemble de manière effrayante au bolchevisme ou à la période chinoise précédant le Grand Bond en avant. Ce qu’il est important de noter, c’est que ces mouvements révolutionnaires qui recherchent le pouvoir et ont pour objet de maximiser la justice sociale, évoluent immanquablement vers ces mécanismes coercitifs, parce qu’ils fonctionnent ! Mais dans le cas présent on est face à une coalition instable, temporaire, dans laquelle les règles d’appartenance à la cause sont basées sur ce qu’on appelle l’intersectionalité. Si ce mouvement gagne du pouvoir, et qu’il parvient à prendre le contrôle du système, il se fragmentera en factions. Les différents groupes coalisés se mettront à se battre les uns contre les autres. »
Le texte à venir sur le wokenisme soutient la thèse qu’il faut se référer, pour comprendre ce qui se passe, à une maniaco-dépression collective (thème déjà traité dans le Glossaire.dde) qui, comme c’est souvent le cas dans cette maladie, se réfugie dans l’épisode maniaque pour éviter la dépression ; cela implique, et c’est bien là l’essentiel, que ce mouvement n’est ni politique, ni idéologique, ni un mouvement suscité par l’esprit, ce pourquoi sa bêtise intellectuelle est confondante ; c’est un mouvement de la psychologie déchaînée, ce pourquoi sa diffusion est si extraordinairement rapide et paralysante pour ceux qui voudraient l’arrêter, dans ce temps où règne la communication d’une puissance inouïe. Cela explique les remarques de Weinstein :
« ...[N]ous avons vécu une sorte d’avant-première du chaos qui venait. Evergreen est aujourd’hui partout ! Les mêmes dynamiques révolutionnaires sont visibles dans les rues, et pas seulement celles des Etats-Unis : en Europe, en Australie ! [...]
» J’ai dit tout de suite que ce n’était pas seulement une crise de la liberté d’expression et que cela ne resterait pas limité aux campus, mais que le phénomène déborderait dans le secteur technologique, dans les structures d’État, dans toutes les institutions. J’avais raison mais j’ai été surpris par la rapidité avec laquelle c’est arrivé... »
Je suis complètement opposé, par contre, aux explications ‘révolutionnaires’ qui sont proposées, et notamment aux références faites aux périodes léninistes-staliniennes, ou à celle de la révolution culturelle en Chine. Ces mouvements avaient des leaders, ils reposaient directement ou indirectement sur des idéologies très précises et complexes, se référant à des actes philosophiques, ils avaient des buts politiques très précis comme étapes vers l’accomplissement de l’utopie, ils imposaient une discipline de fer, quasiment robotisée, à toutes les foules qui les suivaient et les exécutaient, ils s’étendaient sur de longues périodes selon une organisation tenant rationnellement compte de tous les facteurs extérieurs.
En réalité, on ne trouvera rien de tout cela dans le wokenisme, même si l’on y trouve en complices ricanant les usual suspects, Soros et les grands groupes capitalistes habillés d’un putain de progressisme sociétal et de communication en tête ; et tous ces ‘acteurs’ indirects qui se disent ‘Masters of the Universe’, qui sont dans une certaine mesure sans aucun doute des crapules, e targuent aussi d’être, et sont en vérité des utopistes. Mais au fait, je conclurais sur ce point en observant sans hésitation que la seule réelle influence qu’ils reçoivent et dispensent éventuellement est, à mon avis et très fermement pour mon compte, celle du satanisme dont on attribuera l’origine à qui de droit.
Je pense que ce phénomène est tout clairement fondamental et qu’il n’est porteur en rien, ni du communisme, ni d’une révolution ; les seules choses que je sais de lui selon ma conviction intuitive et tout de même documentée, est ce qu’il n’est pas, comme je l’ai dit ; quant à savoir ce qu’il est et ce qu’il va produire, à votre bon cœur... Je pense que les gens, le public, les esprits indépendants, la Résistance ne sont pas assez avertis de ce phénomène. Ils le classent trop vite selon des stéréotypes du passé, et selon des aires géographiques étroites, là où ils se trouvent.
Certes, on sait que ma philosophie est bien de laisser faire les événements sinon de les appuyer, d’autant qu’il n’y a rien d’autre que nous puissions faire. Mais là-dessus, je veux en dire sur ce cas qui est partie intégrante de la crise où mon cri de guerre est ‘Delenda Est Systemum’ ; je crois qu’une conscience de la chose, une juste appréciation de ce qu’est le wokenisme, avec les considérations critiques qui vont de soi, produit une tension psychologique se reflétant dans nos écrits et dans nos paroles, qui participent à cette dynamique crisique, qui l’alimente. Ce n’est ni aimer ni approuver cette dynamique crisique, ni aimer ni approuver ces événements, et même tout à fait le contraire, – dégoût, mépris, insupportabilité, colère s’il le faut, et même fureur après tout ! Comment voudriez-vous avoir la moindre considération ontologique pour cette sottise presque fascinée d’elle-même, cette inculture, cette grossièreté, cette vulgarité de l’âme ! Ce révisionnisme-racialisateur, très surréaliste, très bouffe (Beethoven est black, et George Washington, et Ann Boleyn, et le Roi Lear, – et les pieds-Nickelés selon mes recherches, – le saviez-vous, garnements ?), – épuisant, gosse fatigue...
Mais nous sommes exactement dans le cas que je mentionne souvent, de la tactique qui construit la stratégie, et la tactique enfantant des événements insupportables et grotesquement-bouffe, dont il faut pourtant savoir qu’ils participent fondamentalement à l’élaboration de la stratégie, et même au-delà, là où il nous importe que Delenda Est Systemum... Enfin, vous comprenez bien que le wokenisme est évidemment un facteur de l’autodestruction ! Critiquez-le, combattez-le, mesurez son extrême sottise et son indécente démence, exacerbez-le dans votre dénonciation de leur intolérance stupide, de leur terrorisation des autres : d’ailleurs cela est bien, puisque vous accélérez encore leur activisme qui est autodestructeur.
Une phrase de Bret Weinstein est bonne : « Il faut comprendre qu’il y a aujourd’hui une énorme énergie, tout particulièrement aux États-Unis, qui vise à abattre le système parce qu’il est perçu comme corrompu. »
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