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18 mars 2005 — Au contraire de la nomination de Bolton à l’ONU, qui constitue une affirmation offensive du renouvellement de la politique unilatéraliste US, le départ de Paul Wolfowitz du Pentagone à la direction de la Banque Mondiale marque plutôt la fin d’une époque.
Per se, la nomination de Wolfowitz est étrange. Comme on peut le voir dans tous les commentaires critiques, comme celui de Jim Lobe, Wolfowitz n’a aucune qualification pour ce poste, certainement pas technique, et pas davantage du point de vue idéologique (tiersmondiste, Wolfowitz ?). (Mais cette absence de qualification est peut-être en soi une recommandation, pour l’équipe Bush?) Par ailleurs, la performance du Pentagone en Irak, qui lui est largement due, justifie certains de le saluer comme un des administrateurs les plus incompétents d’une administration qui en compte un certain nombre : voir le texte de Michael Lind du 17 mars, sur Salon.com, dans lequel Wolfowitz est qualifié de “Mr. Magoo” spécialiste du “catastrophic success”: « The problem with Paul Wolfowitz isn't that he's an evil genius — it's that he has been consistently wrong about foreign policy for 30 years. » (Lind remonte avec justesse à la participation de Woklfowitz au Team B, qui donna une contre-évaluation (contre la CIA) de la puissance soviétique en 1976-77, qui s’avéra totalement infondée.)
Non, l’important avec le départ de Wolfowitz est ce qu’il signifie par rapport à l’ensemble de la situation. En un sens, ce départ confirme l’analyse de Chalmer Johnson, qui annonce une nouvelle époque avec l’émergence de la Chine et, surtout, la fin de la période de la guerre contre la terreur, du terrorisme et de la crise irakienne comme crise centrale par conséquent.
Sans aucun doute, le signe le plus clair de ce changement d’époque, pour ce qui concerne Wolfowitz, se trouve dans cette remarque rapportée par Jim Lobe et retranscrite ci-dessous. Elle montre que Wolfowitz n’a plus rien à faire au Pentagone, où la page irakienne est tournée, ou déchirée si l’on veut, et où l’on revient au sujet principal qui est la réforme fondamentale de la bureaucratie et de ses us et coutumes, derrière laquelle tous les secrétaires à la défense courent depuis la création du département en 1947. Autrement dit, pour ce qui concerne le Pentagone nous en revenons au sensationnel discours de Rumsfeld du 10 septembre 2001…
« One former official said he thought Wolfowitz, who had most wanted to be secretary of state or defence, had finally despaired of achieving those goals, not only because the posts are still occupied, but also because, given Wolfowitz's over-optimistic predictions about the aftermath of the Iraq invasion and his part in exaggerating the threat allegedly posed by Saddam Hussein before the war, his confirmation by a majority of the Senate would be uncertain at best.
» His move to the Bank thus made good professional sense according to this source.
» ”Despite the war in Iraq, the Pentagon is increasingly consumed by the (military) 'transformation' process, and is turning inward,” he said. ”By going to the Bank, where he has a guaranteed five-year term, he can keep doing things he feels passionate about.” »
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