Zemmour vu de Bruxelles

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Zemmour vu de Bruxelles

• Article du 23 janvier 2022. • Sorte de “Carnet de campagne d’un Français à Bruxelles (international)”. • Sur la centralité des influences internationales pour la candidature Zemmour”. • Contribution : ‘Anonymus’.

Aux Français qui se reconnaissent une proximité avec le diagnostic ou le programme du candidat Éric Zemmour, le rôle des puissances étrangères (et commerciales) dans l’élection peut sembler mineur. Il est important. Le ton qu’adopte le candidat vis-à-vis des gouvernements amis et des entreprises mondialisées n’est pas sans conséquence. Zemmour est écouté depuis l’étranger. Depuis Calais le 19 janvier, il a donné une vision négative de l’Europe, se distinguant fort bien de la vision euro-béate du président sortant, s’exprimant avec grandiloquence le même jour à Strasbourg. Le problème est qu’il faut emporter l’adhésion de forces politiques étrangères aussi bien que nationales, non parce qu’elles voteraient en France, mais parce que les électeurs français sont influençables et influencés aussi par le jeu des puissances étrangères. Et qu’il faut montrer une solidarité avec les peuples européens qui, comme le peuple français, sont trop souvent brimés et violentés par leurs gouvernants, tout comme en France.

Dans le quotidien Les Échos du 24 novembre et dans Le Nouvel Obs en ligne du 28 novembre, deux lobbyistes proches d’un groupe de pression américain, ‘Lincoln Project’, créé en 2019 pour empêcher la réélection de Donald Trump, ont publié une tribune implorant leurs ‘amis Français’ de ne pas sous-estimer le ‘danger’ Zemmour. Le Causeur du 14 décembre parle d’un avertissement venu d’un groupe de pression contesté outre-Atlantique. A Villepinte le 5 décembre, l’essayiste Paul-Marie Coûteaux a invité l’ambassade américaine à Paris à rester en dehors de la campagne à venir.

Questions diplomatiques essentielles donc, au nombre de cinq au moins : l’architecture de sécurité en Europe ; la nature des liens qui unissent la France à ses alliés ; la vocation de l’Europe vis-à-vis de la Chine ; la politique au Maghreb et en Afrique ; et enfin, la politique commerciale, notamment dans le secteur des hautes technologies, et donc la question de nos liens avec les GAFAM. Qui dit questions essentielles dit obligation pour le candidat de les traiter – même brièvement – durant la campagne. Or, le verbe du candidat Zemmour est évalué forcément différemment à l’étranger et en France. Les hommes politiques étrangers sont forts de leurs propres préjugés historiques, des calculs opportunistes de court-terme et d’appréhensions plus ou moins explicites ou honnêtes.

Lors de trois voyages hors métropole, le candidat Zemmour s’est déjà exprimé envers les décideurs étrangers – à Budapest en septembre ; à Londres fin novembre, où il s’adressa aux Britanniques par le biais de deux entretiens, à Bloomberg et au Spectator ; et en Arménie début décembre. Lors de son déplacement à Budapest, Éric Zemmour fit rappel du choix de Clémenceau d’arracher deux tiers de territoire à la Hongrie, pour dire combien il comprenait ce ressentiment historique et pour inviter à le dépasser. La Hongrie a en effet beaucoup à apprendre aux Français, car elle connait le danger de mort qui nous confronte. A Londres, il parla du mérite de certaines élites britanniques d’avoir respecté le choix démocratique de quitter l’Union européenne. Il dit comprendre le souhait anglais de voir les Français mieux contrôler la situation migratoire à Calais, expliquant que la France payait aussi pour cette crise et devait mieux contrôler ses frontières en amont. En Arménie, il fit surtout des gestes pour toucher des électeurs français, diaspora arménienne en France et électeurs sensibles du sort des Arméniens. Mais indirectement, il s’adressait à ceux, comme les Turcs, qui maltraitent les populations chrétiennes en Orient.

Vis-à-vis des pays partenaires, Éric Zemmour se grandirait néanmoins à parler de manière moins négative. Il pourrait dire que les pays partenaires de la France sont parfois des sources d’inspiration, qu’ils rencontrent parfois des succès qui les honorent, et que nous nous en inspirons. Il pourrait, comme Jeanne d’Arc en d’autres termes, dire que les étrangers sont sympathiques lorsqu’ils restent chez eux… 

Je peux pourtant ici témoigner du fait que les milieux officiels à l’étranger ne souhaitent pas une victoire d’Eric Zemmour, car ils ne souhaitent pas un retour aux années de Gaulle, souvent caractérisées poliment de difficiles. Il est certes difficile d’évaluer le choc que représenterait la victoire d’Éric Zemmour. Mais les peuples d’Europe sont des alliés en puissance, et cela rassurera les Français de voir le candidat Zemmour leur parler simplement et en vérité.

Anonymus