Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Janvier 2020 (11 articles)
25 janvier 2020 – ... Non seulement le monde est un maelstrom de désordre mais plus encore, comme si l’on pouvait croire cela possible, ce désordre-là est chaotique. Il fait grincer des dents, il est plein de fausses notes, de simulacres de sons de crincrins, de cahots pleins de bruits et de fureurs jaillissant dans toutes les directions ; d’où cette idée de “dissonance” dont la définition embrasse bien le chaos du son que nous entendons au désordre de la chose (je ne parle même pas d’“instrument”) qui les émet : « un ensemble de sons (dans un accord ou un intervalle) produisant une impression d'instabilité, de contrariété entre les notes et de tension, et nécessitant une résolution. »
Ainsi une “résolution” serait nécessaire... On verra, en attendant mesurons l’étendue du champ de la mêlée.
On parlera d’abord de cette nouveauté dans le domaine du désordre de la pandémie/de l’épidémie du coronavirus qui a pris son essor en Chine et qui, grâce à la globalisation, introduit une anxiété de plus sur cette étrange planète. L’on vous avise aussitôt que d’avisés prévisionnistes savent où nous mène cette affaire : « Eric Toner, un scientifique du Centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire, a effectué [il y a trois mois] une simulation d'une pandémie mondiale impliquant exactement le même type de virus, selon Business Insider. Sa simulation prévoyait que 65 millions de personnes pourraient mourir “dans les 18 mois”. »
La simulation venant peut être bien du financements de la Bill & Melinda Gates Foundation, les soupçonssont nombreux chez les observateurs des réseaux pour distinguer dans cette affaire une tentative des globalistes de lancer leurs projets bien connus de dépopulation du globe par millions. Pourquoi tout cela ? Il s’agit du désordre-chaotique, mes bien chers frères...
Des millions, dites-vous ? Il y en avait au moins un si pas plus, dans les rues de Bagdad hier, pour réclamer le départ des forces de l’Armée du Chaos du système de l’américanisme. “b”, de The Moon of Alabama, s’en paye une tranche à comparer l’entame du texte de AP (« Des centaines de supporteurs d’un dirigeant chiite radical et influent défilent dans les rues de Bagdad pour demander que les troupes américaines quittent le pays ») avec les photos et les vidéos comme vous et moi : « Associated Press en décompte “des centaines” là où les photos en montrent des millions. » Je croyais que l’Irak était territoire américaniste depuis 2003 et qu’on n’en parlait plus.
Il n’y a pas que cela, comme vous vous en doutez... Après tout, il y a un destitution en cours à Washington D.C., à “D.C.-la-folle” où l’on dit que certains sénateurs somnolent à l’audition rabâchée des sempiternelles accusations qui s’échangent et à la lecture des tweets incendiaires du président.
...Tant il est vrai que jamais la polarisation n’a été aussi forte aux USA, grâce à Trump qui n’en finit pas de nous étonner : elle a atteint 82% en 2019 (89% des républicains sont derrière Trump, et 7% des démocrates) tandis qu’elle n’atteignait, – c’était déjà un record, – 79% en 2018 (87% des républicains, 8% des démocrates). La haine se porte bien, comme d’ailleurs en France où rien, absolument rien ne parvient à faire cesser les troubles des rues au long de ce quinquennat original qui semble à cet égard, celui de la rue, n’avoir jamais été aussi proche du citoyen... On ne s’arrête pas là : Tom Luongo nous susurre, cerise sur le gâteau dans le bloc-BAO, que les élections régionales de ce week-end dans l’Émilie-Romagne vont confirmer le succès de la Liga et l’effondrement du M5S commencé avec la démission de la tête du parti de Di Maio (qui reste ministre d’une coalition en lambeaux), tout cela nous réservant, insiste Luongo, un raccourci vers des élections et un retour triomphal, type “marche sur Rome” disent les névrosés, du commandatore-duceSalvini.
Même nos idoles sont ébranlées dans un mélange étrange de désordre-tragique et de chaos-bouffe, avec cette affaire exemplaire de hacking entre deux héroïques progressistes postmoderne, MbS et Jeff Bezos, icones de la globalisation et de la géopolitique du simulacre qui va avec. La morale de cette histoire est qu’une enquête est en cours pour déterminer si l’emploi du téléphone portable n’est pas l’Achille Talon de ces puissants complotistes ; et son aspect anecdotique se trouve dans mon aveu que je n’ai pu retenir un sourire à contempler combien ces héros homériques de la globalisation se conduisent comme des aigrefins de corridor comme vous et moi n’oserions même pas être.
Il était question de millions voire de $milliards dans tout cela, il est aussi question d’une poignée de secondes, cent précisément, pour donner une mesure de la fameuse Doomsday Horloge (“l’Horloge de l’Apocalypse”) tenue à jour et à l’heure depuis 1947 par le Bulletin of the Atomic Scientists(université de Chicago), où minuit représente la fin du monde. Depuis le 23 janvier 2020, nous sommes à 100 secondes de la fin du monde (il est 23H58’20’’), alors que le “record” datant de 1953 et de 2018 était de 23H58, soit à 120 secondes du Big Bang inverti.
”L’Horloge de l’Apocalypse” a évolué depuis ces temps anciens où l’Apocalypse semblait devoir échapper au désordre-chaotique. Longtemps, elle n’a pris en compte que le risque nucléaire, ce qui donnait l’impression d’un rangement impeccable. Désormais elle y ajoute (retenez votre souffle), « le risque d'un déclenchement de la guerre par un accident technique, un acte de terrorisme ou une attaque informatique, les problèmes liés au changement climatique, aux hydrocarbures (pic pétrolier, géopolitique du pétrole) ou encore les “nouveaux développements dans les sciences du vivant qui pourraient infliger des dommages irrévocables”, c'est-à-dire les risques liés aux nouvelles technologies (nanotechnologie, biotechnologie, etc.) ».
Mais j’allais oublier, cet autre risque que signalent les horlogers de l’Apocalypse : les FakeNews, défini comme l’absence d’une capacité de jugement du public de faire la différence entre la vérité et le mensonge dans les nouvelles du monde... « Préoccupant », dit l’astrophysicien Robert Rosner, un des horlogers, dont on ne sait si lui-même parvient à faire le tri.
Prenez Soros, par exemple... En annonçant qu’il dégageait un $milliard pour une nouvelle tentative conceptuelle globale de son Open Society en fondant une Global University, George Soros, qui a 89 ans mais qui continuera à financer les forces du désordre-chaotique bien après sa mort, a désigné les “dictateurs” contre lesquels il importe de lutter : le Chinois Xi, l’Indien Modi, le Brésilien Bolsanaro, le US citizen Trump, et aussi Facebook Inc. A ma connaissance pour ce cas, pas un mot contre Poutine et par contre Zuckerberg dans le collimateur... Par conséquent, même Soros se met de la partie pour brouiller les cartes du chaos dans le jeu du désordre. « En tenant compte de l’urgence climatique et des soulèvements partout dans le monde, dit l’ami-Soros, il n’est pas exagéré de dire que 2020 et les quelques années suivantes détermineront non seulement le sort de Xi et de Trump, mais aussi le sort du monde. »
... Il n’a pas tort, n’est-ce pas, quant à l’annonce de l’Acte final ? Cela fait curieux de poser cette question à son propos, lui que je dénonçais volontiers comme le Diable soi-même.
Finalement, n’est-il pas plus concluant, plus logique, plus “stable dans l’instabilité” du jugement d’admettre que oui, finalement, faire de Trump l’Antéchrist à la tête de ses Armées du Chaos, c’est une façon de rendre les choses plus claires et plus nettes, chacun dans son rôle à la satisfaction de tous, se jetant dans l’abîme et l’abysse de la gueule du loup... Car il n’est vraiment pas simple, justement, il n’est pas simple aujourd’hui de fixer son jugement à propos de ce qui est antiSystème et qui ne l’est pas, de ce qui est l’Apocalypse et de ce qui ne l’est pas.
Moi et les Roaring Twenties, nous pourrions vous dire ce que c’est que l’Apocalypse, et quand, et comment, si nous n’étions tenu par le Secret-Défense. Néanmoins, tendez l’oreille : quand la musique sonnera dans le Ciel, dissipant la dissonance grâce à la force et à la forme de son harmonie ordonnée et équilibrée.
22 janvier 2020 – Je voudrais poursuivre sur la page d’hier de ce Journal-dde.crisis (le texte sur « L’effet Macron-Trump »), en espérant ne pas trop lasser ceux qui s’aventureraient à s’y arrêter. Deux réactions de lecteurs et une observation rétrospective de moi-même sur ce texte m’y conduisent.
• Les réactions des deux lecteurs (dans le Forum du texte) sont les suivantes :
“Épiphénomène” plutôt qu’“effet” (du lecteur “J.C.”) : « Je me demande si [“épiphénomène”] n’est pas le terme adéquat, puisque la rupture phénoménologique [que] nous observons, la catastrophe en cours, aurait été sensiblement la même avec le duo Fillon-Clinton. »
“Politique en cause” (lecteur Serge Laurent) : « Hillary est extrêmement détestée. Il n'y a qu'à voir les commentaires du jour sur ZeroHedge. Fillon aurait fait aussi un bel épouvantail. Son train de vie fastueux aurait fait un beau contraste avec la purge qu'il nous avait promis. Il me semble que c'est les politiques mises en œuvre qui suscitent cette haine... »
• Dans ce texte, j’ai “découvert” (!) que l’idée principale était, à côté de l’extraordinaire intensité de la haine développée contre ces deux personnages (Macron & Trump), l’affirmation que cette haine “pré-existait” à leur apparition dans l’apparat où on les voit, et qu’elle avait besoin d’eux pour s’opérationnaliser. On s’étonnera de l’emploi du verbe “découvrir” quelque chose dans son propre texte, – comme s’il s’agissait du texte d’un autre que je lirais pour la première fois. C’est une réflexion de logocrate : en entamant ce texte, j’ignorais que j’introduirais cette idée, qui m’est venue, pour ainsi dire, d’elle-même ; que j’ai reprise ensuite, parce que, l’ayant “découverte“, je la jugeais aussitôt très fondamentale... Et j’y reviens désormais, c’est dire combien cette “découverte” m’apparaît si importante !
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21 janvier 2020 – Je voudrais soumettre au lecteur de cette rubrique un constat qui m’est venu après avoir cherché vainement sa voie, qui concerne les situations politiques française et américaniste, et messieurs Macron et Trump respectivement. Je me dis depuis longtemps que quelque chose d’inhabituel les rapproche mais j’ai peiné, d’abord à m’arrêter sérieusement à ce constat, ensuite à en trouver les causes.
(C’est pourquoi j’ai dit que ce constat a d’abord “cherché vainement sa voie”, comme s’il s’agissait d’un avertissement extérieur qui me laissait la charge d’en trouver la cause. Après tout, c’est ce qu’on pourrait nommer une “intuition”.)
La première chose que l’on peut constater en fait de similitude est que les deux hommes “bénéficient” si j’ose dire, sont l’objet serait plus juste, d’un sentiment absolument extraordinaire d’intensité et de durabilité de haine de la part d’une partie importante de l’opinion publique. Je m’exprime ici sans souci de l’orientation politique de la chose, sans découvrir ma position, sans juger de la validité ou pas du sentiment ; je parle du phénomène brut, tel qu’il m’apparaît.
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17 janvier 2020 – Le processus de mise en accusation pour la destitution du président Trump a commencé hier, avec tout le cérémonial pompeux du transfert des deux Articles de mise en accusation de la Chambre vers le Sénat, des prestations de serment, etc. Personne ne sait exactement, et sans doute elle non plus, pourquoi la Speaker de la Chambre, Nancy Pelosi, a attendu plus d’un mois pour accomplir cet acte qui ouvre le “procès” du président. (« Yesterday, Nancy Pelosi finally decided to move forward with the impeachment process after an inexplicabledelay », écritZeroHedge.com). Ainsi vogue ce grand événement, entre incertitude et insaisissabilité.
C’est mardi que les débats devraient commencer, – sans doute, peut-être, dis-je prudemment tant je patauge dans la complexité kafkaïenne des règles du Congrès. Tout le monde sait que cette mise en accusation de Trump concerne une conversation téléphonique avec le président ukrainien Zelenski, mais tout le monde a oublié pourquoi et comment on parvient à la mise en accusation ; par ailleurs, tout se passe comme si cela n’importait guère... Une procédure de destitution devrait nous apparaître un acte extraordinairement grave et sérieux, et c’est le cas pour mon compte, et pourtant le terme qui revient le plus souvent dans les titres pour cette affaire est le mot “cirque”. (Titre de l’article déjà référencé : « Welcome To The Circus: Trump’s Impeachment Trial Begins Thursday With ‘Ceremony & Formality’. »)
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15 janvier 2020 – Comme il était observé dans un texte récent de cette rubrique, les événements précipités se succédant dans la séquence iranienne, dans ce que je nommai pour l’occasion une « rébellion du temps », conduisent à des situations où les engagements et les étiquettes des uns et des autres perdent leurs sens habituels, où le commentateur se retrouve avec des “alliés” et des “adversaires” temporaires inattendus. Ainsi était-il noté dans ce texte :
« Il est remarquable de constater que les positions des uns et des autres se trouvent complètement bouleversées, le plus souvent dans un sens inattendue ou bien sans aucun sens. [...] Partout se déroulent et s’imposent de telles contradictions. Je remarque combien je me trouve en accord/en désaccord avec des gens et des orientations d’une façon complètement illogique par rapport à ce qui a précédé, et cela sans nul souci des étiquettes des uns et des autres. »
Un cas remarquable se présente ce 14 janvier avec des déclarations du Premier ministre canadien, le jeune Justin Trudeau et ZeroHedge.com rapportant les déclarations du Premier ministre canadien, le jeune Justin Trudeau ; et il faut insister sur cette dualité : autant les déclarations de Trudeau que la présentation et le commentaire de ZeroHedge.com bousculent le classement habituel qu’on en fait :
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12 janvier 2020 – Ce fut une folle semaine, terminée follement par l’incursion d’une entité que nous ne rencontrions plus, – la vérité qui fut dite par inadvertance par les menteurs du simulacre habituel au Système, et contestée en toute bonne foi par ceux qui prétendent dévoiler une vérité-de-situation en s’attaquant aux menteurs pour les dénoncer. Ainsi pourrait être résumer, d’une façon très symbolique, le moment où les Iraniens annoncèrent qu’ils étaient les responsables, par erreur tragique, de la destruction du vol PS752 de l’Ukrainian International Airline décollant de l’aéroport international Imam Khomeini, de Téhéran.
Beaucoup d’appréciations et d’explications ont été données, allant de celle de la simple approbation de la reconnaissance de sa responsabilité par l’Iran, à diverses supputations et dénonciations de machinations iraniennes et anti-iraniennes. C’est volontairement que je reste vague dans ces observations, moi-même emporté dans le flot des nouvelles et de leurs contradictions, parce qu’il est impossible de présenter une description nette de la réalité de ce qui est devenu une sorte de “temps rebelle”, même avec l’aide de la vérité pour un instant, parce que l’on sait depuis plusieurs années que la réalité a été désintégrée.
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Revenant ou poursuivant son commentaire sur “le pire des scénarios”, Scott Ritter reprend à son compte la thèse de Elijah J. Magnier concernant le “message iranien” délivré par ses missiles, et affirme que les mêmes Iraniens ont montré par la précision de leurs tirs sur des cibles non-humaines que ce message n’était pas de simple rhétorique ni réduit à une propagande standard. Selon cette approche, il réaffirme l’une de ses principales affirmations, d’ailleurs rencontrant diverses affirmations dans ce sens depuis un temps déjà assez long, concernant le théâtre du Moyen-Orient ; d’où sa présentation du volte-face de Trump annonçant la fin du cycle des représailles :
« Trump avait précédemment promis des représailles massives si l'Iran attaquait du personnel ou des installations américaines. [Parlant]entouré de son équipe de sécurité nationale, Trump a dû oublier cette menace, sachant très bien que s'il devait attaquer l'Iran, la réponse iranienne serait dévastatrice pour les États-Unis et leurs alliés régionaux, notamment Israël, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Les États-Unis pourraient être en mesure d'infliger une dévastation inimaginable à l'Iran, mais le coût d’une telle opération serait trop élevé pour être acceptable... »
Sur le plan de sa position intérieure, Trump est passé en une volte rapide comme l’éclair, accompagnée de diverses fleurs de rhétorique sur la puissance US et la menace réaffirmée contre l’Iran, d’une position de belliciste déchaînée “hors de contrôle” à celle d’un gestionnaire de crise sachant se replier sous le couvert d’un déluge de feu communicationnel vantant ses propres vertus. Mais on commence à le connaître dans ce genre d’exercice. Il a fort peu trompé son monde sur ses capacités de simulacre, dans la rude bataille, la vraie de vraie, celle qui ne s’interrompt plus depuis 2015-2016, celle qui se poursuit à Washington D.C.-“D.C.-la-folle” et que n’a nullement interrompu l’épisode iranien ; bien au contraire, qui a été ragaillardi par l’épisode iranien...
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8 janvier 2020 – Il est assez évident que la “riposte” iranienne a surpris un grand nombre de commentateurs, y compris votre serviteur évidemment. On attendait de la part des Iraniens, de la patience, du temps, de la ruse et la surprise dévastatrice d’une attaque sur un point important de la puissance militaire US au bout du compte. Au lieu de quoi, cette “frappe” décrite obligeamment par Khamenei comme “une gifle” infligée aux États-Unis et comme la preuve que l’Iran ne veut pas la guerre par le ministre iranien des affaires étrangères, a tout d’une sorte de “service minimum” qu’on croirait presque convenu pour que les USA, dans la dynamique de la combinaison virevoltante des centres de pouvoir qui ont leur mot à dire souvent en s’affrontant, ne se trouvent pas à leur tour dans l’obligation de riposter.
Si l’on suit les tweets d’Elijah J. Magnier, à propos de la principale base qui a subi ces frappes plutôt symboliques (Ayn al Assad est un grand centre des forces US et de la coalition), tout cela est combiné pour faire passer un message précis à Washington D.C., avec une démonstration de la capacité technique dans la précision des frappes. « Avec cette attaque, l’Iran dit à Trump : “si vous nous attaquez, il y a des milliers de soldats US et alliés à cette base d’Ayn al-Assad. Tous rassemblés dans cet endroit. Tous seront tués et la base détruite si vous ripostez.” »
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4 janvier 2020 – Nos lecteurs et amis, qui font souvent une seule et même personne, savent que j’ai quelques marottes. Par exemple, celle d’employer souvent une citation lorsqu’elle convient parfaitement à un aspect de ma pensée, à un aspect de la situation, etc. L’une d’entre elles revient à chaque fois que la crise iranienne, ou plutôt la crise Iran-USA qui dure depuis quarante ans et a connu des pics paroxystiques nombreux depuis 2005, atteint un de ces pics, – cette fois d’une hauteur vertigineuse...
Bien sûr, je n’emploie cette citation d’un article de Chris Hedge dans Truthdig repris par nous le même le 26 avril 2010, – que depuis ce 26 avril 2010 ; il faut être précis et cohérent, mais aussi constater que les séquences qui se succèdent s’identifient à des commentaires de plus en plus radicaux. La citation évoquée ici reprend des déclarations de néo-sécessionnistes de divers États de l’Union que Hedges avait rencontrés. Il s’agit ici de Thomas Naylor, du Vermont, mettant en accusation le Corporate Power, qui corrompt absolument le pouvoir bien plus que le pouvoir absolu et qui pousse à ces guerres continuelles si propices à ses bénéfices ...
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3 janvier 2020 – Ayant appris les événements que chacun sait à Bagdad, avec au centre de ce “tourbillon crisique” (T.C.) l’assassinat du général iranien Soleimani, j’ai eu aussitôt à l’esprit, sans grande originalité certes, l’image d’une tragédie se formant comme un nuage d’orage se formant en tourbillonnant à une vitesse en constante accélération. Peut-être s’agit-il, pour cette région si sensible du Moyen-Orient, du moment le plus intense depuis l’invasion de l’Irak de mars 2003, mais dans des conditions tellement différentes. En 2003 l’attaque prétendait installer l’“ordre” (Pax Americana, sans rire) dans cette région du monde et dans le monde par conséquent ; aujourd’hui, l’attaque marque un degré de plus dans l’escalade du désordre incontrôlable dont l’Amérique a accouché pour marquer le seul empire qu’elle peut faire peser sur le monde et qui l’emportera elle-même.
Du temps de la Guerre froide, on appelait cela une “escalade” et l’on aurait dit qu’on se trouve quasiment au dernier degré de l’escalade, et l’on serait en train de chercher désespérément une issue de secours. Aujourd’hui, cette “escalade” a à la fois quelque chose d’insensé, d’inarrêtable et d’inévitable, à la fois comme une folie du destin et une fatalité de la destinée, comme la confrontation de deux univers distincts dont l’un sans aucun doute est de simulacre, comme une tragédie tout de même absolument tragique cette fois, même s’il lui reste quelques traces de bouffe.
Certes, l’attaque a été suggérée, ordonnée, exécutée sous la responsabilité d’acteurs improbables : l’extravagant Donald Trump qui veut se faire réélire sans faire la guerre ; le terrible et fantomatique DeepState qui déteste Trump et lui donne l’occasion d’« empêcher de futures attaques iraniennes » (selon le tweet présidentiel qui ne doute de rien en caractérisant l’assassinat de Soleimani) ; l’influent Netanyahou dont on sait qu’une guerre serait une bonne solution pour lui éviter la prison pour corruption. Dans tous les cas, Trump s’était retrouvé dans une situation, ménagée par ses généraux, où il lui était impossible selon sa propre conformation psychologique et narcissique d’accepter la comparaison, dans l’esprit de la chose, avec le brave Jimmy Carter, en novembre 1979, lorsque l’ambassade des USA à Téhéran avait été investie par la foule des jeunes étudiants iraniens radicalisés.
Tout de même, je jugerais bien que le plus inattendu dans cette affaire, c’est la réaction des démocrates.Tous les tweets des leaders du parti vont dans le même sens, avec une parfaite coordination : certes, Soleimani était un “ennemi de l’Amérique”, un affreux personnage, etc., mais cela ne justifie aucunement de mettre le pays au bord de la guerre. « Le président Trump vient de jeter un bâton de dynamite dans un baril de poudre, tweete John Biden... Nous pourrions nous trouver au bord d’un conflit majeur au Moyen-Orient. »
C’est un peu le monde renversé : les démocrates criant à la provocation guerrière du président des USA alors qu’ils l’accusent depuis des années d’être un agent russe chargé de museler les entreprises extérieures, guerrières et moralisatrices de la Grande République. Mais rien ne doit nous étonner dans ce qui vient de “D.C.-la-folle”, et surtout pas le constat que le conflit interne prend le pas même sur les circonstances les plus pressantes d’unité bipartisane au nom de la sécurité nationale (quels que soient les intentions, les manœuvres, les montages, etc., des uns et des autres).
Dans mon souvenir, même au pire de la crise du Watergate, la guerre d’Octobre 1973, où les USA n’étaient même pas directement partie prenante, avait provoqué un regroupement bipartisan général derrière la politique d’un exécutif dont le chef était pourtant à la dérive face au Congrès et aux démocrates. Cela n’a pas empêché Nixon d’y passer, certes, mais cela nous avait montrés qu’il restait aux USA une communauté de réalisation de ce qu’est l’intérêt impératif d’une conscience collective (nommons cela “unité nationale”, cela a plus d’allure) de l’establishment dans les moments d’extrême tension pour la politique extérieure.
Pour le reste, nos appréciations sur cet événements, nos supputations sur la façon dont les conséquences vont s’enchaîner, nos estimations sur la terra incognita où tout cela nous mènera, restent sans écho et de peu de sûreté. Qui aurait la capacité de donner des réponses de quelque intérêt dans ce monde étrange et si complètement chaotique, où ne règnent plus aucune règle, plus aucune ligne, plus aucune forme ? Alors, peut-être faut-il s’en remettre aux signes des coïncidences d’intuition, à la perception symbolique, à la rencontre des esprits.
Ce matin, ayant appris la nouvelle des événements de Bagdad, je m’accordai comme à l’habitude un temps de réflexion en combinant, sur une activité physique adéquate (vélo d’appartement) une lecture attentive et méditative que je poursuis à mon rythme, de ce superbeHomunculus, de Mircea Marghescu. (*) Il s’agit du passage dit “Des ‘actes’ aux conséquences” où il est question du héros, de la tragédie et de la mort ; je trouvai ces quelques pages si parfaitement accordées aux événements, selon mon goût et mon sentiment, que je décidai d’en retenir des extraits.
Ceci, lorsqu’il s’agit d’évaluer l’acte lui-même : « L’acte est solidaire de ses conséquences et c’est en fonction d’elles qu’on le jugera. Sa culpabilité ne sera plus mesurée à son degré de conscience, – et de mauvaise conscience, – mais à “la mort qu’il porte en lui” et qu’il introduit dans le monde des hommes. »
Et puis ceci encore, lorsqu’il s’agit de suivre le déroulement d’une tragédie, de la tragédie : « Aristote nous apprend que dans la tragédie les événements s’enchaînent selon “la nécessité”. Cette nécessité n’est pas de nature logique mais de nature ontologique : elle ne désigne pas l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit, selon les lois de la rhétorique, mais l’enchaînement des actes humains et de leurs conséquences selon les lois de la vie. » ;
Si l’on suit ces arguments, qui m’ont l’air bienvenus pour cette circonstance, si “la nécessité” de l’enchaînement est aussi impérative qu’on la ressent, alors nous nous trouvons devant la possibilité d’un tournant de l’histoire qui répondra plus à la métahistoire qu’à la logique brutale de la force apparente.
(*) Il s’agit de Homunculus – Critique dostoïevskienne de l’anthropologie, de Mircea Marghescu (L’Âge d’Homme), dont j’ai déjà parlé.
2 janvier 2020 – Au cours de mes lectures, je tombe sur une référence qui m’envoie à un article du journaliste anglais Owen Matthews, qui fut notamment correspondant de Newsweek à Moscou de 1997 à 2016, et auteur du récent bestseller Black Sun. C’est un journaliste expérimenté, bien dans la norme anglo-saxonne, avec ce qu’il juge être une grande connaissance de la Russie et par conséquent une extrême antipathie pour Poutine et une dénonciation empressée du danger russe... Donc, le voici auteur de cet article du 6 décembre 2019 dans le Times Litterature Supplement [TLS] (le Times, quotidien londonien sans doute le plus antipoutinien et antirusse avec le Guardian).
Le titre attire aussitôt mon attention : « Le politicien judoka », avec ce sous-titre « Enquête sur le phénomène du succès continuel de Poutine ». Imaginez : un journaliste de cette trempe parlant du “succès continuel” de Poutine ! Je me mets à la lecture de la chose ; en fait une recension de plusieurs livres sur Poutine, d’auteurs respectables et remarquablement objectifs, admirablement vertueux, – bref, antirusses anti-Poutine. Je laisse ici l’argumentation pour vous livrer d’abord les premières lignes de l’article (un peu plus d’un paragraphe). Tout y est dit du sens du jugement de Matthews, qui paraît si révolutionnaire par rapport à ce qu’est cet auteur.
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