Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Février 2016 (16 articles)
J’ai vu, sur la chaîne Histoire une série en trois parties chronologiques intitulée CIA, guerres secrètes, documentaire produit par ARTE en 2003, de William Karel, avec comme “conseiller historique“ Alexandre Adler, – c’est dire que nous ne sommes ni dans la dissidence n dans la subversion antiSystème (quoique AA, en 2003, du temps du discours de Villepin à l’ONU avant la guerre en Irak, se devait de se permettre une attitude quelque peu critique de nos “grands alliés” américains). Les trois séries couvrent successivement 1947-1977, 1978-1989, 1990-2003. Les documentaires sont très largement constitués, au moins dans un rapport 50-50, sinon plus en faveur de ces interventions, d’interventions d’un nombre respectables de personnalités, officiers de la CIA et du FBI, de fonctionnaires de la sécurité nationale ; on y trouve même un journaliste (Jim Hoagland, du Washington Post). (Le FBI est présent à cause de ses rapports avec l’Agence, et selon un antagonisme fixé dès l’origine, puisque la CIA, lorsqu’elle fut fondée en 1947 pour reprendre le rôle de l’OSS de la guerre, priva le FBI de ce que J. Edgar Hoover lorgnait pour lui, c’est-à-dire l’extension de ses compétences et de son action au domaine extérieur, de l’analyse à l’action directe.) Enfin, cette précision qu’on voit et entend plusieurs directeurs ou vice-directeurs de l’Agence convoqués spécifiquement pour ce document (Richard Helms, James Schlesinger, Stansfield Turner, Frank Carlucci [directeur-adjoint], William Webster [venu en 1987 de la direction du FBI], Robert Gates, James Woolsey).
Je dirais, pour résumer mon propos et mon intention dans cet énoncé un peu fastidieux, que le casting est solide et les sources assurées. Il me semble qu’il serait difficile de trouver mieux pour réaliser ce qu’on pourrait nommer “une histoire officielle et vertueuse de la très-formidable et très-efficace puissance qu’est la CIA”. Pourtant, c’est exactement l’inverse ; le résultat et l’effet général, rassemblés dans des sarcasmes, des yeux au ciel type-“vous avez compris ce que j’en pense”, des sourires et rires sardoniques, des mines accablées, une stupéfaction à peine feinte et restituée, des hochements de tête absolument désolés de tous ces messieurs (pas une seule dame parmi eux), sont absolument, horriblement, irrémédiablement catastrophique. L’action de la CIA elle-même autant que la façon dont le pouvoir politique utilisa l’action de la CIA, sans discontinuer, sans interruption, sans perte de rythme, sont une succession d’erreurs, d’évaluation faussaire, de perceptions déformées par la vanité et l’assurance de soi, de grossiers aveuglements, d’errements extravagants, de montages à finalité catastrophiques, et tant d’autres choses de la même eau... Tout cela est résumée par deux exclamations de Robert Steele, officier du service action, s’exclamant à une première reprise « La CIA est le plus mauvais service de renseignement du monde », et à une seconde « A chaque fois qu’on croit que les Américains ont atteint les limites de la stupidité, ils font quelque chose de plus stupide encore ».
Ces diverses mimiques et appréciations s’adressent essentiellement à une CIA spécifique, on pourrait dire la CIA deuxième période. Dans la série, la période de l’après-guerre est assez vite expédiée alors qu’elle ne manque ni d’intérêt, ni de coups fourrés, ni d’attaques subversives (Iran, Guatemala), ni d’entreprises générales de subversion, mais dans un climat marqué encore par les stigmates et l’angoisse de la Deuxième Guerre mondiale, avec certains officiers et des agents issus de l’OSS qui avaient l’expérience des contacts extérieurs approfondies. (Des initiatives comme la grande offensive culturelle anticommuniste du Congress for Cultural Freedom des années fin-1945-1960 constituèrent sans aucun doute des succès [voir Who Paid the Piper ? de Frances Stonor Saunders].) La seule période de la CIA prise avec gravité, est celle qui va du tout-début des années 1960 jusqu’à la terrible rupture de 1975-1976 (la CIA en procès devant le Congrès, la commission Church). On se trouve devant les opérations de liquidation de masse ou d’intervention clandestine massive, d’opérations de déstabilisation manifestes, d’espionnage intérieur, etc., qui ont été largement rendues publiques et investiguées. (Les attaques contre Cuba, opération Phoenix au Vietnam, opération Chaos aux USA, la chute d’Allende au Chili, les opérations de déstabilisation type-Gladio en Europe, etc..). La période se termine par le Watergate (où paradoxalement, la CIA refusa de couvrir Nixon contre l’enquête du FBI) et les enquêtes du Congrès.
(Suite)
Puisque j’y suis moralement forcé par une citation intempestive et prémonitoire, je m’attelle donc à une question effleurée dans le texte du 21 février, sur ce site, concernant quelques remarques à la suite de la primaire républicaine de la Caroline du Sud. On y trouve une allusion, – sans doute une fuite ? – à ce texte que je n’étais pas encore décidé à écrire mais dont j’avais déjà décidé du titre, et que je suis désormais en train d’écrire... Voici le citation où il est question de ce que je suis en train d’écrire :
« Parfois, on a l’impression que la véritable bagarre se déroule entre les prétendants à la deuxième place (Cruz et Rubio surtout), comme si l’essentiel pour eux n’était plus de l’emporter mais d’être adoubé comme challenger-ès-establishment (un comble pour Cruz) de Trump. Cette division des forces face à The Donald s’impose de plus en plus comme le phénomène tactique le plus intéressant de la course des républicains, le phénomène stratégique étant laissé à Trump, avec les résultats qu’on sait. Il s’agit d’un phénomène qu’on retrouve dans d’autres domaines, où existe une sorte de déni sélectif, – on ne s’occupe plus de l’événement principal comme s’il n’existait pas parce qu’il est absolument insupportable et l’on s’occupe du reste comme si seul le reste comptait. (Il serait possible que notre chroniqueur du ‘Journal-dde.crisis’ s’occupât maintenant ou plus tard de ce phénomène exotique dans une page de son journal qu’il intitulerait “Compartiment-zombie ”.) »
Nommons cela, si vous le voulez bien, le Grand Cloisonnement qui permet le partage en compartiments hermétiques, en ce sens que l’idée que je vais développer est qu’il existe dans l’intelligence des zombies-Système, qu’on trouve évidemment en grand foisonnement dans le chef des élites-Système et de la presse-Système, un automatisme de la psychologie et de la perception qui rompt systématiquement le lien de cause-à-effet ; et non seulement dans la durée, dans la chronologie, mais dans la situation elle-même, concernant des éléments de cette situation existant en même temps, – côte-à-côte mais, justement, comme séparés par des cloisons hermétiques. Cette rupture par cloisonnement affecte les situations les plus diverses sans le moindre souci de la vraisemblance ni la plus petite crainte du ridicule.
Cherchant l’explication de ce phénomène étrange et qui se développe d’une façon neutre, presque “naturelle” en un sens, comme l’on dirait “comme si de rien n’était”, j’en arrive à penser que ce caractère étrange affecte l’intelligence dans son entièreté (par exemple, pas seulement la mémoire) et donc l’esprit critique et la liberté de pensée intérieure. (Je différencie radicalement cette idée de “liberté de pensée intérieure”, qui est une production intellectuelle propre à chacun et dont chacun est maître selon ses capacités, de la notion idéologique, cette “valeur” du même nom si célébrée aujourd’hui, et qui est pour moi une pression extérieure à soi, manipulable à souhait. Il s’agit de la liberté de pensée que votre propre intelligence s’accorde à elle-même.) Par conséquent, il n’y a aucune possibilité qu’une intelligence privée d’esprit critique et de liberté de pensée intérieure relève les effets indésirables de ce penchant, invraisemblance ou ridicule, puisqu’elle ne dispose plus d’un instrument d’appréciation et de sélection à cet égard.
Dans le cas qui est présenté rapidement dans le texte référencé, il y a la très forte impression (lecture de divers textes, impression générale et intuitive, etc.) que l’on discute de savoir qui va être deuxième derrière Trump, littéralement comme si Trump n’existait pas et comme si cette deuxième place était la première. Au départ, bien entendu, existe l’idée que Trump est un clown, un type sans aucun sérieux, sans la moindre chance de figurer, et d’ailleurs comme s’il n’avait même pas l’autorisation d’exister, – et puis enfin c’est un antiSystème, quoi ! (Certes, on ne vous dit pas que sa principale tare est d’être objectivement antiSystème et c’est de cette façon que commence l’entreprise d’auto-subversion de la psychologie et de sa perception, puis de l’intelligence.) Assez aisément sinon logiquement, l’intelligence en question en arrive à la conclusion que Trump effectivement n’existe pas, c’est-à-dire qu’il n’est pas dans la compétition, c’est-à-dire qu’il n’est pas premier, c’est-à-dire que le débat pour savoir qui sera second derrière Trump dans la course à la nomination devient un débat pour savoir qui sera premier dans la course à la nomination... Le Grand Cloisonnement débouche sur la Grande Élimination.
(Suite)
Impression d’une humeur “tourbillonnaire”, voilà ce qui m’envahit présentement, en présence de deux “crises” en pleine activité avec Syrie-II (ce n’est pas neuf) et les primaires des USA (c’est brutalement nouveau), au même moment, sans qu’aucune ne supplante l’autre, sans qu’aucune ne conduise l’autre à s’apaiser... (Je parle pour ceux qui se sont aperçus qu’il se passe quelque chose aux USA, à part l’American Dream.) . Cela devrait affoler l’esprit, confondre le jugement et introduire un sentiment de désarroi intellectuel profond sinon angoissant et me bousculer affreusement (problème du choix, de l’évaluation comparée en constant changement, de plusieurs paroxysmes en même temps, du poids de ces paroxysmes, etc.). Ce n’est paradoxalement pas le cas, sinon pour une certaine irritabilité au niveau je dirais “opérationnel” de l’état de l’esprit ; c’est-à-dire la souplesse nécessaire pour juger et passer d’un événement à l’autre, constamment, au moment adéquat et selon des jugements qui doivent l’être également. C’est une irritation passagère, comme l’est tout ce qui est “opérationnel” ; bref, une irritation qui, sur l'instant, a le don de m’irriter.
Non, le sentiment est autre, qui domine et me gouverne pour cette séquence, ces quelques jours depuis que la crise US semble vraiment trouver sa maturité en affirmant à la fois son importance et sa durabilité. (Cela, tandis que Syrie-II se poursuit à son rythme très puissant.) Le sentiment dont je parle est presque d’un acquiescement de la logique et de la raison devant une évolution qui me semble parfaitement en accord avec elle-même, comme si la Grande Crise montrait, cette fois à un niveau très élevé et d’une manière qui nous signifie son irrésistible ontologie, une très grande loyauté : elle tient ses promesses. L’humeur du moment est alors, chez moi, d’être presque rassuré et apaisé, comme si le désordre extraordinaire du monde devenait rassurant et apaisant, comme s’il me disait : “Ne t’en fais donc pas trop, fils, les événements du monde, sans l’aide de la poussière des sapiens, sont bien au rendez-vous”. Si vous voulez, ce serait comme une version, incomparablement différente dans la tonalité bien sûr mais portant le même sentiment du tragique, – mais certes, un tragique presque joyeux, qui est le vrai tragique pour nous libérer de la prison maléfique qui nous oppresse, — ce serait comme une version tragique et jubilante du sublime et tragique poème d’Alan Seeger (« Mais j'ai rendez-vous avec la Mort [...] / Et, fidèle à la parole donnée / Je ne manquerai pas ce rendez-vous »). Le poète serait “la Grande Crise” elle-même, objet se faisant sujet, s’adressant à moi, à vous tous, à nous tous, et le rendez-vous devenant pour nous-mêmes, “nous avons rendez-vous avec la Grande Crise et, fidèle à la parole donnée, nous ne manquerons pas ce rendez-vous”.
Ainsi ce paradoxe : “humeur tourbillonnaire” certes, mais d’un tourbillon qui ne vous tourne pas la tête, qui ne vous affole en rien, qui vous apaiserait par moment, peut-être parce qu’au cœur du tourbillon, comme dans un cyclone, se découvre le calme paradoxal de la tempête. Je sais bien, ce n’est qu’un moment, par définition une “humeur de crise”, changeante comme l’est une humeur. Il faut saisir ce moment et le contempler, puisque l’esprit n’est pas confus pour ce temps : le contempler et mesurer sa puissance.
Jeb était censé être le meilleur de la dynastie des Bush. Son dad l’affirmait, dont il fut (et reste tout de même, je crois) le préféré aux dépens de l’“idiot de la famille”, GW avec son bonnet d’âne de 43ème POTUS (*) et les innombrables sottises et gamineries d’attardé mental tout au long de son mandat. Quoi qu’il en soit, Jeb fut prestement et impérialement éliminé, comme on l’a lu, à l’issue de la primaire de Caroline du Sud, État où, on nous l’assurait main sur le cœur, la dynastie Bush a toujours été strongly implantée. Il fit, pour annoncer son retrait de la compétition électorale, un discours plein de dignité contenue mais affirmée, et sans aucun doute de hauteur morale sans nulle prétention, où il nous confia avec force mais quelques tremblement dans la voix, quelque chose comme “Gens de l’Iowa, du New Hampshire et de South Carolina, vous m’avez fichu une sacrée branlée et je vous aime tous ... Euh, la démocratie a parlé, je m’incline”.
La “démocratie”, c’est sûr, ou bien est-ce l’argent, le fric, le pognon, le flouze, le pèze, les pépètes, the fast buck, – mais c’est la même chose, n’est-ce pas, “la démocratie” et tous ces accessoires c’est du pareil au même, de l’intimement mêlé, de la quasi-osmose jusqu’à faire ADN-commun... Quoi qu’il en soit et néanmoins, le vrai, quoi qu’en veuillent et disent les cyniques, est qu’entretemps, le Jeb nous a asséné une sacrée et rude leçon de belle et grande morale.
Le digne New York Times nous rappelle que Jeb était de loin le plus friqué de tous les candidats républicains, quant au Super-PAC (les donations des copains & des coquins pour financer la campagne du candidat) qui s’était constitué autour de lui comme une chaude et amicale, et luxueuse couverture protectrice pour assurer ses soirées de méditation sur l’avenir du pays, et donc du monde. A lui tout seul, il avait réuni au départ de la compétition, l’année dernière, plus que tous les autres républicains réunis (y compris The Donald, au fort modeste super-PAC actuel de $27,3 millions, mais il y a sa cassette perso qui l’habille d’une superbe indifférence) ; il avait finalement empoché $157,6 millions pour son seul super-PAC, Jeb Bush, comptabilité actée lors de sa défaite de la fin de semaine. Seule de tous les candidats de cette élection, tous partis confondus, Hillary le dépassait, avec $188 millions car, comme disait Sinatra, That’s why, that’s why the Lady is a Tramp (... et nullement “...is a Trump”). Ainsi était-ce la cause que Jeb, in illo tempore, il y a un an encore, occupait la place de favori chez les républicains et qu’il semblait alors d’une irrésistible et vertueuse fatalité que les deux représentants des deux dynasties occuperaient les deux places de finalistes dans une belle bataille “à la loyale”, façon conception idéale du Système. Rêve brisé, vertu bafouée.
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Voici un document pour vos et nos archives, la rétrospective de la semaine du 8 février 2016 au 14 février 2016, présentée sous forme d'éditorial d'introduction à la lecture du site pendant cette semaine. Les grands thèmes en sont dégagés, ainsi que les principaux textes publiés sur le site, comme références.
« • Les “crises” cheminent côte-à-côte, aucune n’interférant vraiment sur les autres pour diminuer leurs dynamiques, car toutes étant liées par une même dynamique qu’on a déjà désignée comme le “tourbillon crisique”. • Pour cette semaine il y a, d’un côté, la crise dite-Syrie-II, cette fois tournant autour du personnage d’Erdogan et de ses rapports avec l’Europe dans le cadre de cette crise, essentiellement avec cette conséquence du point de vue de la migration massive et du mécontentement européen à cet égard (le 8 février 2016 et le 9 février 2015). • Lié à ce théâtre crisique, on trouve les agitations souvent extraordinaires du système de la communication autour de la narrative du bloc-BAO qu’il faut maintenir à tout prix, c’est-çà-dire dans le sens de l’antirussisme de toutes les façons (le 14 février 2016 et encore le 14 février 2016). • D’un autre côté, la deuxième crise, puisque les présidentielles US sont cette année une crise à cause de la présence de Donald Trump et Bernie Sanders, deux antiSystème. • Dans le New Hampshire, les deux hommes ont confirmé leurs positions de force (le 10 février 2016, le 11 février 2016 et encore le 11 février 2016). • Dans le cadre de cette deuxième crise mais comme autant d’à-côtés, nous avions étudié la “géographie psychologique” d’un malaise existant entre le pouvoir civil et l’armée aux USA (13 février 2016) et nous avons signalé l’étrange tentative du parti républicain de renouveler avec les Iraniens le coup dit “October Surprise” de la campagne de 1980 de Reagan contre Carter (13 février 2016). »
Je ne suis pas un grand amateur de la prospective et ne viens pas à ce sujet (Donald Trump et la primaire de Caroline du Sud) pour pronostiquer, supputer, faire de la comptabilité électorale, etc. Mais il y a chez moi le sentiment qu’il y a un effet important et peut-être plus encore à attendre si Trump remporte cette primaire et s’installe vraiment comme le favori chez les républicains, après ce qu’il a promis et le territoire sur lequel il est entré avec sa critique furieuse de l’administration GW Bush face à l’attaque 9/11 et ensuite dans la guerre contre l’Irak. On a vu l’affaire hier, qui concerne précisément l’attaque du 11 septembre 2001, qui se résume à un “je vous promets la vérité sur 9/11 si je suis élu” dit lors d’une réunion électorale. D’un point de vue politique et opérationnel, il faut voir que ce n’est pas une promesse subversive en soi ni très difficile à tenir puisqu’il s’agirait essentiellement de rendre publiques les fameuses 28-pages du rapport du gouvernement sur l’attaque, actuellement classifiées “top secret” et accessibles seulement aux élus du Congrès en lecture unique, dans un salle surveillée, après vérification qu’ils ne disposent ni d’un stylo ni de papier pour prendre des notes, et sous serment de ne pas divulguer le contenu. (Mais les impressions données par certains de ceux qui les ont lues laissent augurer du caractère suffisamment intéressant du contenu, qui concerne précisément le rôle du gouvernement saoudien dans l’attaque, pour faire de leur publication ouverte un acte de rupture par rapport à l’attitude officielle jusqu’ici.)
Evidemment, Trump, qui est un maître en communication, a bien préparé son coup après s’être à peu près convaincu que ses attaques contre l’administration Bush et la guerre en Irak ne lui avaient pas fait trop de tort dans les sondages. (Au contraire, semble-t-il, et pour la Caroline du Sud et au niveau national selon un sondage CBS qui contredit un précédent sondage NBC d’une façon extrêmement significative quant aux coulisses des statistiques, manipulation, etc., bref une terrible bagarre...) Quoi qu’il en soit, je laisse définitivement de côté ces pronostics pour en venir à la perception de ce qui se passe, en mettant les “si” habituels qui ne sont pas une supputation injustifiée (s’il gagne en Caroline du sud, s’il se confirme comme favori, etc.).
En effet, lancer la promesse de ce qui est l’acte de facto de revenir sur la version officielle publique de l’attaque, c’est toucher dans les conditions de la plus grande publicité possible à ce qui est devenu avec le temps un formidable tabou. Trump a effectivement fait cela dans sa manière, qui utilise au maximum les recettes du sensationnalisme pour tirer le maximum d’effet de ses actions de communication. Cela signifie que toutes les conditions sont réunies pour réveiller une polémique formidable au niveau national. Même si la polémique s’est estompée avec le temps et semble n’avoir plus l’importance qu’elle semblait avoir dans les années qui suivirent l’attaque, je pense que cette question de “la vérité sur 9/11” est restée, ou plutôt est devebu un cas de très grand poids en se transformant justement avec le temps ; qu’elle est devenue, au-delà des apparences de l’oubli du temps qui passe, une question symbolique d’une importance considérable, qui est peut secouer profondément la vie publique aux USA, avec une portion importante de la population qui n’a jamais accepté la version officielle. Jusqu’ici, aucun homme politique de dimension nationale, et dans les circonstances d’une élection présidentielle, ne s’était aventuré sur ce terrain, ni même n’y avait pensé une seconde. Peut-être est-ce parce que, justement, The Donald n’est pas un “homme politique”, qu’il est “un milliardaire”, “un clown”, “un populiste”, “un bouffon stupide”, un “imbécile incompétent” – au choix, le Système a tout un arsenal à notre disposition, dont certaines des munitions ne sont pas à blanc... La possibilité que j’évoque est bien que Trump soit en train de réveiller un démon qui dormait et qui, dans son sommeil, est passé du statut de la polémique au statut de symbole du fondement de la vie politique nationale aux USA, et par conséquent de la légitimité qu’on peut reconnaître ou pas au gouvernement en général depuis 9/11 (pas seulement celui de GW Bush, mais aussi celui d’Obama qui n’a jamais pensé une seule seconde revenir sur cette question).
L’important est bien là, dans un domaine bien plus large que la simple communication pendant une campagne électorale, avec son développement évidemment soumis aux “si” de rigueur dont je parlais plus haut (si Trump gagne en Caroline du Sud, s’il continue à mener, etc.) ; mais ces “si” en donnant justement une mesure de l’ampleur. (J’ajouterais que la dernière polémique en date, – Trump marche au rythme de deux-trois polémiques par semaine, – qui est l’avis donné par le pape François selon lequel Trump n’est pas “un bon chrétien” parce qu’il veut ériger un mur sur la frontière mexicaine des USA, ajoute un “si” de plus par rapport à son résultat en Caroline du Sud, étant effectivement un facteur de plus de renforcement de son statut s’il est nettement vainqueur. Je ne sais si cette intervention est importante mais mon jugement est que ce pape n’a pas parlé en pape d’une époque évidemment eschatologique mais en “pape social”, en “pape progressiste” s’assurant de la vertu universaliste de la religion qu’il représente alors que l’universalisme est aujourd’hui une question terrible et affreuse de la crise eschatologique de notre civilisation ; cela lui assurera des jugements vertueux mais ne le grandit certainement pas à mes yeux.)
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Donc, comme l’on sait, PhG-soi-même, c’est-à-dire moi-même, a été interviewé par RT-Français à propos d’Erdogan et l’interview est resté une semaine dans les airs, ou dans un tiroir, avant que décision soit prise de le publier. J’aimerais parler plus en détails de cette circonstance qui semble complètement fortuite et qui ne l’est pas du tout, parce qu’elle est (cette circonstance) révélatrice de certains aspects du métier de l’écrit, et de l’écrit public, et exclusivement de certain aspects de ce métier dans cette époque que nous vivons avec son extraordinaire pression exercée sur nous, pour mon cas quand l’on développe l’analyse générale que développe dedefensa.org.
Voyons les circonstances qui ont mené à la publication tardive de l’interview... Il y a des hypothèses soulevées dans le texte de présentation, qui ont leur valeur, sinon leur place (« ...par inadvertance, par inattention, par goût du paradoxe ou par difficulté à se dédoubler entre le rôle d’éditeur d’un site et celui d’invité dans ce site ? ») ; mais moi, je connais le secret, je le sais précisément... Contacté par RT-Français, j’ai accepté l’interview, qui a eu lieu aussitôt, par téléphone. Il y a donc eu les question, auxquelles on ne peut rien reprocher, mais qui m’ont semblé me mettre dans une sorte d’étrange état de fureur rentrée que je connais pourtant bien, – et l’on verra plus loin pourquoi cette fureur, parce que c’est le cœur du débat. Ainsi ai-je eu l’impression, lorsque la tension de l’interview se fut dissipée, d’avoir répondu furieusement, au sens précis du mot, c’est-à-dire d’une façon peu cohérente, emportée, incontrôlée, etc. D’où mon impression d’après-coup, que j’avais été horriblement mauvais (“mauvais comme un cochon” fut l’expression qui me vint à l’esprit, d’une façon irrespectueuse pour le noble animal).
Dans cette sorte de cas, qui implique à la fois mon respect irréfragable et ma sensation de l’irrémédiable fatalité qui m’habitent devant ce qui est écrit et publiquement publié, c’est-à-dire quelque chose qui est sans appel et sans retour, à quoi l’on ne peut rien changer et insensible à une seconde appréciation, dans ce cas j’ai tendance à faire l’autruche ; tête dans le sable, refusant de lire le texte, avec cette idée que, “de toutes les façons qu’y puis-je, puisque c’est publié ? N’ajoutons pas, à mon impression initiale, la confirmation rationnelle par la lecture qui me mettrait dans un état épouvantable de culpabilité vis-à-vis de moi-même...” Ainsi n’ai-je pas lu le texte une fois publié, avec tendance inconsciemment appuyée de l’oublier.
Tout de même, j’en parlai comme incidemment à un ami qui est de la partie, mais surtout pour lui rapporter mon refus de lire l’interview ; lui-même le lut aussitôt, pour me rappeler et me sermonner : “Ce n’est pas mal du tout, tu dis exactement ce que tu penses, on comprend parfaitement... Alors ?” Je passe quelques autres péripéties de mes complications externes jusqu’à une lecture attentive du texte, puis la réalisation qu’après tout il pouvait, et même il devait passer dans dedefensa.org. Voilà qui est fait, avec une semaine de retard alors qu’en temps normal il y a aussitôt publication selon un réflexe courant et normal qu’on rencontre partout (un journaliste qui a son propre site et fait un article pour un autre site, pour un journal grand-public, etc., en général publie parallèlement son texte sur son site). Ce qui m’importe ici est d’expliquer cette impression première d’une réponse furieuse aux questions, avec l’impression que cela brouillait mes arguments et me rendait incohérent, incompréhensible. Ce n’est pas seulement une question de la seule psychologie en général, mais c’est la question de cette psychologie (la mienne) confrontée à ce que je ressens très fortement de cette époque et des nécessités qu’elle nous impose pour la comprendre.
En un sens, ce qu’il m’importe de dire se trouve résumé très rapidement, ou je dirais plutôt “esquissé”, dans une partie de l’interview, notamment avec ce qui est souligné de gras : « ...l’argument de l’Union européenne, c’est l’argent, c’est les milliards d’euros et elle se dit qu’avec ça, Erdogan va être amené à composer et qu’il va réussir à résoudre le problème qu’il aurait lui-même créé. Mais en fait, ce n’est pas lui qui l’a créé. Ce sont des années de politique occidentale, notamment vis-à-vis de la Syrie, etc. Vous êtes dans un enchaînement de causes à effet dont on a perdu la cause initiale et que plus personne ne contrôle. » Voici ce qui se passe : les questions sont bonnes, sans aucun doute, et dans le cadre du sujet fixé par avance et du temps-court imparti, selon un accord des deux parties ; mais l’on comprend très vite qu’on ne peut répondre à telle ou telle question d’une façon complète qu’en faisant des rappels complexes qui sont très difficiles à faire dans le temps imparti, sur le rythme de l’échange ; et cela se passe de la sorte parce que les événements les plus précis et les mieux situés dans le temps immédiat ne peuvent se comprendre dans toute leur substance sans signaler l’enchaînement de cause à effet qui les a engendrés ; et cela déclenche ce sentiment furieux que j’ai ressenti mais qui n’a pourtant pas interféré sur le sens de mes réponses. Ma fureur s’adressait bien plus à l’effort qu’inconsciemment je m’imposais qu’aux réponses que j’ai données, et elle est signalée ici comme un biais et une occasion pour une réflexion d’une nature différente. On laisse donc l’interview pour ce qu’il vaut et j’en viens au seul intérêt pour le défi de la méthode de la pensée dans un sens beaucoup plus général, dont l’interview a été une illustration très fugitive et très sommaire.
(Suite)
Voici un document pour vos et nos archives, la rétrospective de la semaine du 1er février 2016 au 07 février janvier 2016, présentée sous forme d'éditorial d'introduction à la lecture du site pendant cette semaine. Les grands thèmes en sont dégagés, ainsi que les principaux textes publiés sur le site, comme références.
« • Ceci n’est pas une nouvelle à proprement parler mais c’est une confirmation qui prend l’allure d’une grande nouvelle tant l’on a de fois répété la même antienne antirusse sur la faiblesse de la Russie : la puissance militaire russe est en train de faire, en Syrie, avec une détermination remarquable qui ne manque pas de brutalité s’il le faut, la démonstration de sa mesure. • Il est probable qu’en efficacité, en souplesse et en rapidité d’intervention, la puissance militaire russe est supérieure à celle des USA, alors que la budget de la défense de la Fédération de Russie est (au moins) dix fois moindre que celui des USA. • Le chroniqueur de défense de The Independent, Kim Sengupta, présente dans un article dont nous faisons le commentaire (2 février 2016) cet événement de l’affirmation de la puissance militaire russe. • L’occasion nous ramène aux événements de Syrie, qui prennent un tour décisif avec des avancées majeures des forces syriennes soutenus par les Russes (6 février 2016). • Certains annoncent une réaction désespérée des Turcs et des Saoudiens, et craignent que de telles interventions conduisent à un conflit mondial (7 février 2016). • Nous serons certainement moins, beaucoup moins affirmatifs, notant par ailleurs des signes inhabituels de liens d’estime entre militaires US et russes (3 février 2016). • Si, à côté de cela, l’on s’intéresse à l’élection présidentielle US, on trouvera notre contribution cette fois dans le champ de la corruption extraordinaire qui marque cette activité (4 février 2016 et 5 février 2016). »
Juste un petit mot d’un journaliste chenu, courbé sous le poids d’une expérience de quasi-un demi siècle de métier (j’ai publié mon premier article de “journaliste professionnel”, comme l’on disait alors, à la fin du mois de novembre 1967) : ce qu’a fait le type du FT, dit Financial Times, le nommé Sam Jones, dont on parle aujourd’hui dans les colonnes de notre site prestigieux, ce qu’il a fait est du domaine du très-très-grand exploit. Caviarder et arranger en direct et à sa sauce pour lui faire dire le contraire de ce qu’il a dit, les propos que vous a confié en exclusivité un Secrétaire Général de l’ONU ; faire ça comme ça, comme vous allez pisser en un sens, c’est du sport de très haute voltige, et du sans-filet. Qu’est-ce donc qu’il a cru, ce Sam Jones-là, à se conduire comme un échotier à sensation qui suit par en-dessous les fredaines des stars hollywoodiennes ? Que l’ONU n’y verrait que du feu, ou bien peut-être que l’honorable Ki-moon ne lit pas le prestigieux FT parce que cet espèce de Coréen tout-jaune, avec vraiment rien de british, s’en tient aux BD ?
Respect, FT, c’est phénoménal comme cirque. Je comprends qu’on “gauchissent” un peu des textes, techniquement je veux dire, qu’on manipule certaines déclarations lointaines, obtenues indirectement (par l’intermédiaire d’une ou plusieurs autres sources publiées), qu’on écrive des éditos furieux en n’engageant que soi-même, qu’on affirme que Poutine est un extra-terrestre qui a des accointances avec le diable, que même on invente des “sources officielles” qui “requièrent l’anonymat” pour dire ce qu’on a envie de leur faire dire ; mais transformer de cette façon une déclaration directe, enregistrée, du Secrétaire Général de l’ONU au FT ! Je ne dirais pas que ces types n’ont pas de morale, qu’ils n’ont pas d’éthique, etc., – bref, je ne ferais pas de morale, ici, à ce point, certainement pas ; non, je dirais que ces types sont si extraordinairement impudents-et-imprudents dans ce cas qu’ils doivent être un peu fous, par rapport à leurs usages auxquels ils tiennent tant et par rapport au contexte où ils évoluent, pour avoir fait un coup pareil... Je veux dire, le prestige du FT, sa diffusion, sa formidable audience d’asservissement et de révérence, – enfin, on ne risque pas un tel capital avec un caviardage aussi grossier, il faut être un peu fou pour faire ça. Je parle sérieusement, même pas avec cynisme ni la moindre ironie malgré la détestation cordiale et méprisante où je tiens cette bestiole (le FT), mais simplement d’un point de vue professionnel qui apprécie ce qu’est l’audience d’un journal, sa réputation, et sachant que le FT est dix mille coudées au-dessus du Monde devenu un pauvre petit débris foireux de journalisme qui court derrière les grands frères anglo-saxons, sans doute même au-dessus du New York Times, bref tout en haut, tout au sommet de la presse-Système dans sa version impériale de l’anglosphère.
Non, je n’ai qu’une seule explication, et elle se nomme effectivement déterminisme-narrativiste. (Je veux dire que je croirais bien que Sam Jones a sans doute cru sincèrement que Ki-moon avait voulu dire ce qu'il lui fait dire, et qu'il a éclairci sa pensée en un sens...) J’y pensais déjà clairement pour qualifier, il y a presqu’exactement un an, l’intervention publique du rédacteur-en-chef de The Economist (la fratrie de l’anglosphère, tout ça) à propos de Russia Today. Les insanités qui nous étaient présentées comme des pralines luxueuses et savoureuses de la pensée, cela nous indiquait clairement que le personnage était sous l’empire de quelque malédiction considérable. J’ai très fortement le sentiment que, pour cette bande, dès qu’on dit le mot “Russie”, et qu’on le double du mot “Poutine”, ils explosent littéralement pour laisser un petit diable pénétrer dans leurs croyances et les priver de tous leurs attributs courant, type libre-arbitre, liberté d’expression, jugement critique, etc., bref tous les gris-gris qui nourrissent habituellement leurs prières. Ils n’ont pas perdu la tête, ils l’ont percée pour que le Diable y pénètre et s’y trouve comme chez lui, en Majesté.
Respect FT, mais gare tu vas finir par te perdre toi-même...
Lorsqu’on a suivi Ron Paul en 2008 et 2012, dans ses tentatives chaque fois sabotées par l’establishment de s’inscrire dans le cours des primaires du parti républicains, on constate que la question de son âge (72 ans et 76 ans) fut rarement abordée, j’irais même jusqu’à dire “jamais”. (La “question de l’âge”, je veux dire par là, évidemment, que briguer une telle fonction que la présidence des États-Unis à 72 ans puis à 76 ans constitue nécessairement, ou disons logiquement, un handicap par rapport à l’énergie exigée et la fatigue engendrée, et que cela aurait pu être utilisé, d’ailleurs non sans raison, comme un argument contre lui. La “question de l’âge” avait été, in illo tempore, un des grands débats de la réélection de Reagan, qui avait 73 ans en 1984.) L’âge de Ron Paul, si vous vous en rappelez, contrastait étonnamment avec l’enthousiasme qu’il suscitait chez les plus jeunes, devenus militants pour l’occasion ; cette “question” aussi, celle de l’enthousiasme des jeunes pour un vieillard, ne fut jamais abordée, d’ailleurs dans la logique de ce qui précède.
J’avancerais l’hypothèse, pour parler au nom du Système parce que je le connais bien et qu’il me fait toute confiance, que cette question de l’âge ne fut guère sinon jamais soulevée parce que Paul ne parvint jamais à s’imposer comme un “candidat sérieux” malgré cette popularité, c’est-à-dire à être considéré comme un candidat tout-court. Je suis absolument persuadé que, pour le Système l’âge n’importait en rien, ni même pour discréditer Paul, parce que Ron Paul était simplement un non-candidat, sinon plus clairement un non-être. Il y avait eu sur ce site des réflexions sur l’âge de Ron Paul, sans d'ailleurs lui trouver que des désavantages, et sur ce fait surprenant que ce facteur ne comptât pas beaucoup dans la perception qu’on avait du vénérable candidat (voir L’âge de Paul et Ron Paul et l’âge du capitaine, les deux textes en mars 2010). Nous en étions là en 2012, alors que Ron Paul était une exception hors-Système autant qu’antiSystème qui n’allait pas tarder à s’effacer ; mais nous sommes désormais quatre ans plus tard et, rétrospectivement, l’escapade de Ron Paul prend une autre signification.
Cette fois, en 2016, il y a deux candidats régulièrement inscrits dans leurs partis malgré le dégoût et l’aveuglement desdits partis à leur encontre et malgré le fait qu’ils troublent considérablement, jusqu’à la panique complète, le jeu bien réglé d’habitude de l’establishment. Qui songe à leur demander leur âge ? Sanders a 74 ans et Trump aura 70 ans dans quatre mois. L’un et l’autre, ils soulèvent les foules, enthousiasment la jeunesse, etc. Il y a là un phénomène remarquable, et je dirais typique de la situation actuelle des USA considérés comme la puissance qui est la matrice du Système dans sa constitution de productrice du système de l’américanisme. De ce point de vue, ni Sanders ni Trump n’existent vraiment, comme Ron Paul en 2008-2012, ils se trouvent dans le territoire du déni pur et simple pour le Système, au risque du Système. (Bien entendu, les zombies-Système, des élites-Systèmes à la presse-Système, suivent la consigne comme un seul mouton, comme s’ils étaient à eux seuls un immense troupeau de moutons rassemblés en un seul mouton : cela donne the-mouton contre The-Donald... Mais certes, que les moutons me pardonnent d’oser les comparer aux zombies-Système qu’ils dépassent de la laine et du museau ; je ne les utilise que comme symboles.)
Mais revenons, si j’ose dire, à nos moutons... Je veux envisager ce cas selon le seul point de vue de l’âge du capitaine, sans aucune considération de personnalités, de programmes, de situation politique de l’un ou de l’autre, ni moindre considération par ailleurs pour les attitudes pathologiques du Système. (Tiens, je mets même un Juppé hors de la troupe des gens âgés en quête de révolution politique bien que lui parle de son âge [72 ans]. Juppé n’est pas un homme politique de 72 ans, encore moins un antiSystème, lui qui fait très bien son Fabius de droite en un peu moins balbutiant et en nettement plus arrogant. Juppé est l’archétype de la prétention politique française à l’intelligence, dans ce cas intelligence totalement invertie : il n’a pas 72 ans, il est sans âge et flotte dans l’univers liquide et gluant du Système, puisque seulement défini par l’expérience d’un homme politique français devenu complètement neocon après ses séjours à Washington, comme on est born-again, – bref, comme on est GW Bush. Son arrogance extraordinaire pour débiter des platitudes-Système incroyables de banalité et de déterminisme-narrativiste le met hors du privilège de l’âge et nous ne le comptons décidément pas parmi cette cohorte d’hommes âgés qui va de Ron Paul à Donald Trump.)
(Suite)
Le sarcasme, mais pas du tout par en-dessous, un peu dissimulé, comme on se confie un secret graveleux, l’œil en coin au cas où un policier de la pensée municipale passerait par là ; au contraire, le sarcasme énorme jusqu’à être gargantuesque, lancé dans un grand sourire qui est presque du rire, plein de truculence devant la petitesse de leur absurdité, le pathétique de leurs entreprises, la compassion bombastique de leur impuissance, – le sarcasme cosmique en un mot... Cela m’a parcouru et emporté avec une réelle bienfaisance pour l’esprit et une belle détente de la psychologie en découvrant le secret de leurs entretiens, moitié-marchands de tapis, moitié-mafieux en plein marchandage.
Je parle notamment, et précisément pour expliquer le propos, des échanges rendus public grâce à un de ces braves “lanceurs d’alerte” qui se nichent partout au cœur du Système, entre Erdogan et la doublette Juncker-Tusk, en novembre dernier, à propos des migrants-réfugiés, ou réfugiés-migrants. Les relations entre le Turc et les Européens, avec l’ombre de Merkel bien visible, sont d’une saveur grandiose à cet égard, et transforment la crise si souvent sombre et terrifiante en cette tragédie-bouffe avec ses acteurs à la fois scribouillards et faussaires, déstabilisateurs pavloviens échangeant des recettes-miracles pour rendre le monde plus stable. Ces gens sont les outils privilégiés de la marche de la Grande Crise, et ils débattent comme dans un souk de la façon d’améliorer décisivement le sort des malheureuses victimes de la crise, du Sud au Nord, dont ils sont la cause directe : donne-moi six milliards d’euros, je te soulage d’un million de réfugiés ; ah non, six milliards c’est trop, un million ce n’est pas assez. Des mafieux-comptables, des incendiaires qui échangent leurs boites d’allumettes.
Le ton de Pépé m’a bien plu pour rendre compte du destin du “Sultan du Chaos”, il venait à point pour décrire une humeur de la crise qui ressemble tant à une sarabande d’excités qui ne savent plus à quelle narrative se vouer, tournant en rond dans leurs superbes limousines chargées de gardes du corps, dans la cour de l’établissement psychiatrique. Ainsi le commentateur se ménage-t-il quelques instants de détente, mais singulièrement sans jamais abandonner le cœur du sujet. La crise est ainsi faite, elle est une telle prison pour ceux-là même qui l’activent sans cesse et prétendent vouloir la résoudre, qu’elle devient parfois, et qu’elle est de plus en plus une sorte d’objet monstrueux d’un sarcasme cosmique. Par instant, l’humeur s’en ressent, en ce jour où The Donald et le vieux Bernie font leurs pieds-de-nez, type “bras d’honneur du New Hampshire”.
Voici un document pour vos et nos archives, la rétrospective de la semaine du 25 janvier 2016 au 31 janvier 2016, présentée sous forme d'éditorial d'introduction à la lecture du site pendant cette semaine. Les grands thèmes en sont dégagés, ainsi que les principaux textes publiés sur le site, comme références.
« • Il est vrai que nous approchons des primaires des présidentielles aux USA (début, le 1er février dans l’Iowa) et que soudain apparaissent des perspectives exceptionnelles. • Nous ne disons pas cela pour tout le monde, parce que l’essentiel de la presse-Système continue à parler de la chose comme si c’était “business-as-usual”, simplement avec une touche d’exotisme si tel ou tel candidat original (ditto, Donald Trump et Bernie Sanders) réussissait à s’imposer : il y a là un fascinant déni de la situation du monde, qui nous rappelle que la réalité est pulvérisée par la communication dans notre époque et que c’est à chacun de trouver les vérités-de-situation qui décrivent les véritables évènements en marche. • Pour notre compte, notre religion est faite : ces présidentielles-2016 aux USA ont un potentiel révolutionnaire comme il n’y eut sans doute jamais auparavant (30 janvier 2016). • Bien entendu, la cause en est que deux candidats encore inconnus il y a un an occupent une position remarquable aujourd’hui, et qu’ils sont tous deux antiSystème : effectivement Bernie Sanders et Donald Trump (29 janvier 2016). • Aujourd’hui, on commence à mieux comprendre quelle est la “signification de Donald Trump” (26 janvier 2016), tandis que la position de Bernie Sanders est directement liée au destin d’Hillary Clinton (31 janvier 2016). • Et puis, en guise de rappel des origines de la Grande Crise que nous vivons, et dont les USA sont le centre en fusion, quelques mots de Donald Rumsfeld sur le déclenchement de la guerre contre l’Irak (27 janvier 2016). »
Des bruits de guerre tonnent et roulent à nouveau, pour la nième fois, comme les grondements terribles des bruits de tonnerre. Depuis combien de temps, cela ? Depuis, quoi, cinq-six jours au plus, où se sont additionnés à la fois l’échec avant de commencer des pourparlers sur la Syrie de Genève (spécialité des temps de narrative, “l’échec avant de commencer”, ce qui permet de ne pas commencer quelque chose qui se définit en général comme “du rien”) ; à la fois les succès opérationnels en Syrie de ceux que nous avons désigné comme les “4+1” (je garde cette formule facile à retenir même si l’Irak est moins présente dans cette association, mais bon, nous nous comprenons)... Soudain, pour certains nous sommes au bord du précipice, cette fois du côté d’Alep et environs, avec les roulements de tambour venus des Turcs d’Erdogan et, d’une façon moins agressive et tonitruante, des Saoudiens des mille-et-un-princes. On a donné dans un texte de ce site, hier, notre interprétation de ce brouhaha :
« La possibilité de l’extension considérable du conflit, notamment par le fait des acteurs déstructurants-dissolvants, c’est-à-dire les plus irresponsables, – Turquie et Arabie Saoudite essentiellement, – qui ne pourraient supporter de voir les manœuvres d’activation de ce conflit qu’ils déploient depuis plusieurs années réduites à néant. Ces “acteurs-déstructurants” sont bien entendu liés aux organisations terroristes diverses, qui constituent leurs pions et leurs outils dans certaines circonstances, qui sont elles-mêmes organisatrices et manipulatrices d’opérations fondamentalement déstructurantes et dissolvantes quand l’occasion s’en présente. (On les voit actuellement s'activer grandement pour intervenir contre les terroristes dans une opération qui aurait pour premier effet de tenter d'empêcher l'anéantissement des terroristes tel qu'il se profile : timing parfait, puisque c'est au moment où les terroristes sont en déroute du fait des Syriens et de leur alliés que Turcs et Saoudiens jugent nécessaires d'intervenir contre les terroristes.) »
...Brouhaha qui n’est pas sans inspirer quelques appréhensions complètement fondamentales, qui nous conduisent à l’hypothèse de la possibilité du déclenchement d’une Guerre Mondiale (la troisième, selon une comptabilité stricte et qui ne sacrifie pas aux métaphores), avec références à l’appui. Il y en a effet, des références dans ce sens, qu’elles viennent de ConsortiumNews, du Saker-US ou du Washington’s Blog (de dernier élargissant le cercle). Dans notre même texte référencé du 6 février, on évoque cette possibilité en même temps qu’une phrase toute pleine de scepticisme dans laquelle j’ai, je l’avoue sans honte ni illogisme puisqu’elle s’accorde avec un aspect de ce texte que vous lisez, une certaine responsabilité :
« Certains y voient également un champ de préparation pour une Guerre mondiale, mais il faut pour cela une résolution dans la perspective de la tragédie dont notre époque et nos contrées sont si singulièrement dépourvues. Nos véritables champs de bataille se nomment talk-shows, où l'esprit du terrorisme postmoderne peut s'exprimer dans la mesure de ses vertus héroïques. »
Par ailleurs, ou plutôt a contrario, il y a des échos divers qui tendent plutôt à réduire ces appréciations. (Je me garde d’écrire “dédramatiser ces appréciations”, tant la rapidité des choses et l’avalanche des interprétations contraires empêchent la constitution d’une situation “dramatique” dans notre perception : notre époque n’est pas celle des situations structurées, en rien et dans aucune direction.) Il y a notamment les appréciations des rodomontades saoudiennes comme étant effectivement des rodomontades des mille-et-une nuits. Quant à Erdogan, lui, c’est Erdogan-transformé comme nous le présentions en “Erdogan-Janus devenu Antechrist-2016” ; il y a dans son cas plus d’arguments pour prendre au sérieux ses rodomontades anti-Assad et devenues anti-Poutine, avec le risque que certains y voient ; pour autant, le scepticisme est toujours resté de rigueur ces derniers temps dans notre orientation, et on le lit encore, dans cet autre texte référencé ci-dessus, du 1er janvier 2016, – dans cet extrait où il est justement fait référence à la perspective d’une Guerre mondiale :
« Erdogan, que nous jugions vertueux il y a quelques années, et malgré tout avec de justes raisons de porter ce jugement, transformé en ce qu’il est devenu à mesure que la Grande Crise se transformait elle-même et lui imposait cette voie, voilà ce que nous réserve 2016 en une nouvelle tentative de cette Grande Crise de trouver la voie vers le paroxysme d’elle-même. Simplement, et là nous séparant de la religion, nous croirions aisément que cette transformation est de pure communication, faite pour exciter des perceptions et susciter des réactions, également de communication, toujours à la recherche de l’enchaînement fatal vers l’autodestruction. Cela signifie que la Troisième Guerre mondiale n’est pas nécessairement au rendez-vous et sans doute loin de là avec leur sens du tragique réduit à la tragédie-bouffe, mais cela n’enlève rien à l’importance de la chose ; l’on sait bien, aujourd’hui, que toute la puissance du monde est d’abord rassemblée dans le système de la communication, que c’est sur ce terrain que se livre la bataille, qu’il s’agisse de la frontière turco-syrienne ou d’Armageddon. »
Voilà donc réunis les éléments du dossier à propos duquel je voudrais développer quelque commentaire traduisant et cherchant à substantiver dans ce cas, comme c’est l’une des tendances dans ce Journal dde.crisis, des réactions et des perceptions qui me sont propres. L’idée d’une Troisième Guerre mondiale est régulièrement présente depuis les périodes précédentes et à nouveau depuis 9/11, dans la psyché des commentateurs (surtout antiSystème, très souvent), et dans le cours de réflexions où la logique des événements est poussée à l’extrême. Mais c’est surtout à l’occasion du “lancement” de la crise ukrainienne (j’en parle comme si on lançait un nouveau navire ou une nouvelle mode) que la référence est devenue brusquement (j’insiste sur cet adverbe) constante, résiliente, insistante, presque obsédante, et cette fois touchant tous les partis, autant du côté du Système que de l’antiSystème. (Il faut, à cette occasion, comme doit faire un auteur qui se voudrait particulièrement loyal, effectivement dire qu’à l’occasion des débuts de cette crise uktainienne, dedefensa.org a succombé à cette façon de penser. Dont acte, mais dont acte aussi que, depuis, nous en sommes revenus.)
(Suite)
On constate qu’il y a sur le site dedefensa.org un regain d’intérêt pour cette planche absolument pourrie qu’est le JSF. Je me demande bien pourquoi, bien que je sois le premier concerné et que j’avais, quelque part autour de 2011-2012 je suppose, éprouvé une sorte de lassitude pour cette monstruosité, jusqu’à n’en plus écrire là-dessus qu’épisodiquement. Voilà que, d’une façon assez soudaine, il me semble que mon intérêt pour le monstre renaît. Comme souvent dans cette sorte d’occurrences qui n’est pas provoquée nécessairement par une pression extérieure (il y a déjà eu, depuis 2011-2012 des poussées de communication-JSF sans réveiller mon intérêt), elle donne ses effets avant que vous ne le constatiez et en analysiez la cause ; en d’autres mots, la cause s’est imposée à moi sans que je m’en avise. J’aimerais explorer la cause profonde de ce “revenez-y”, de ce “born-again” de la monstruosité-JSF, qui suscite en moi une re-mobilisation de mon attention.
...D’abord, je vais introduire ce propos par des nouvelles supplémentaires complétant le texte du 1er février, venues de diverses sources que je considère comme expérimentées dans ce domaine. Il y a ce texte de Patrick Turner, de DefenseOne.com, du 2 février, dont vous sentirez la terrible tonalité par le titre (« The F-35’s Terrifying Bug List »), et la première phrase : « The F-35 Joint Strike Fighter program, the most expensive military program in the world, is even more broken than previously thought. » Il y a surtout les mots venus de Bill Sweetman, d’Aviation Week, un des meilleurs journalistes sur le cas-JSF bien que Britannique (ce “bien que” dit tout de ce que je pense de la qualité de Sweetman), qui fut censuré en mai 2010, façon McCarthy, par les actionnaires bien-pensants de l’énorme groupe de presse (McGraw-Hill) qui l’emploie et sous l’amicale pression de Lockheed Martin, avant d’être réhabilité en juillet 2010 à cause de pressions de sa rédaction. (Notez également, pour revenir à notre temps courant, que ce regain d’intérêt de moi-même pour le JSF est renforcé par la généralisation de la crise, c’est-à-dire sa diffusion commre facteur essentielde crise dans la presse, Système et antiSystème cette fois, non-spécialisée. Voyez ce texte de Jonathan Marshall, sur l’antiSystème ConsortiumNews du 2 février, sur le “complexe militaro-industriel“ [CMI], où le CMI est ramené de manière significative au cas exemplaire du JSF, devenant ainsi la démonstration nécessaire et suffisante de sa représentation du CMI, dans toute sa puissance et l’inéluctabilité de sa chute.)
Venons-en donc à Sweetman, le 31 janvier sur le site d’Aviation Week ; il nous cite les nombreuses limitations d’emploi du F-35, toutes plus surréalistes les unes que les autres. Surtout, et pour résumer l’ampleur terrifiante du cas, il nous dit ceci avec une plume complètement flegmatique, comme s’il disait “ah tiens, il y a une petite tache ici, il faudrait l’essuyer” : « Overall, the report says, “the rate of deficiency correction has not kept pace with the discovery rate” – that is, problems are being found in tests faster than they can be solved. “Well-known, significant problems” include the defective Autonomic Logistics Information System, unstable avionics and persistent aircraft and engine reliability and maintainability issues. »
... C’est-à-dire, en une formule brève : “les nouveaux problèmes apparaissent plus vite et plus nombreux qu’on ne résout les problèmes identifiés”. C’est une formule intéressante, qui contient peut-être un aspect, une partie de l’explication de mon intérêt renaissant pour le JSF, – j’ai l’impression, le premier soupir, le premier clin d’œil de la cause que je recherchais plus haut. C’est-à-dire qu’il faut bien comprendre ce que nous dit ce membre de phrase qui n’a l’air de rien : « – that is, problems are being found in tests faster than they can be solved... » (“c’est-à-dire, les [nouveaux] problèmes apparaissent dans les tests plus vite qu’on ne les résout”) ; c’est-à-dire, “au plus vous résolvez des problèmes [but des tests], au plus vous en faites naître [conséquence des tests]” ; c’est-à-dire, “au plus vous avancez, au plus vous reculez”, ou encore “au plus vous montez, au plus vous descendez”, et ainsi de suite, – jusqu’au final absolument de type-“dédéfensien”, “au plus vous vous structurez, au plus vous vous déstructurez, au plus vous vous constituez, au plus vous vous dissolvez”... Le JSF, ou la formule-magique de l’entropisation, et ils s’accrochent tous à lui, ils ne peuvent pas le quitter ; c’est littéralement l’Amour-Fou-de-l’entropie ! Système-entropie-je-t’aime !
(Suite)
“A l’heure où j’écris ces lignes”, comme dit le lieu commun, la campagne présidentielle US a commencé (primaires de l’Iowa) et elle se trouve plongée dans un très-profond désordre. (Je veux dire : désordre par rapport à ce qu’exige le Système, et c’est l’essentiel.) Puisque les premiers “faits” sont en notre possession et après avoir entendu ce qu’ils nous disent, – ou plutôt, ce que nous devrions en entendre, selon mon appréciation de la chose je le précise, – expédions-les très-succinctement en isolant ce qui importe :
• Chez les républicains, Trump (2ème) a fait moins bien que le courant de communication faisait attendre, mais la victoire de Cruz n’est pas tout à fait une surprise car il a été assez longtemps favori dans l’Iowa (malgré Trump). Par ailleurs et ceci est l’essentiel, on sait bien que, pour l’establishment républicain, Cruz ne vaut pas mieux que Trump et qu’il est même, pour certains milieux les plus influents de cet establishment, pire que Trump. Si l’on additionne les résultats des deux dont l’establishment ne veut pas entendre parler, on arrive à 52-54% des votes dans la machine politique républicaine de l’Iowa réputée verrouillée aux influences impies. C’est beaucoup. L’establishment, donc le Système, n’est pas content du tout.
• Et puis il y a la “surprise”, c’est-à-dire le résultat le plus spectaculaire : Sanders et Clinton pratiquement à égalité (à 99% du dépouillement, Clinton avait 49,8% des votes, Sanders 49,6%). C’est peut-être le pire résultat possible pour le Système qui a à prendre une décision dans la course côté-démocrate : liquider ou pas Hillary, selon son destin et ce qu’on lui trouverait comme remplaçant. Hillary n’a pas perdu mais en ne gagnant pas vraiment, sinon pas du tout selon les normes-Système, elle a montré, malgré les montagnes de fric investies et la notoriété de son expérience aux affaires, une extraordinaire vulnérabilité par rapport à ce que les choses devraient être (toujours selon le Système). Sanders, lui, le gagne-petit qui est arrivé sur le tard avec une bourse dopée aux piètres dons des particuliers, exulte et électrise ses partisans. L’establishment, donc le Système, n’est pas content du tout.
• Ajoutez le résultat de Sanders à ceux de Cruz-Trump et vous avez une idée de la vigueur d’un courant qu’on doit, selon le classement qui nous est propre, étiqueter antiSystème et qui déboule au cœur d’un processus fondamental du Système. L’establishment, donc le Système, n’est pas content du tout, mais alors pas du tout...
(Suite)
Voici un document pour vos et nos archives, la rétrospective de la semaine du 18 janvier 2016 au 24 janvier 2016, présentée sous forme d'éditorial d'introduction à la lecture du site pendant cette semaine. Les grands thèmes en sont dégagés, ainsi que les principaux textes publiés sur le site, comme références.
« • Il y a ce qu’on pourrait nommer une “Humeur-de-crise” (18 janvier 2016) qui se développe, qui prend divers aspects et renvoie évidemment à une psychologie spécifique, celle qui ne cesse d’être touchée par le désordre. • Les bruits de crise (18 janvier 2016) sont nombreux, oppressants, mais également extrêmement désordonnés et sans référence acceptable (le prix du pétrole, en pleine crise baissière, n’est plus une référence acceptable quant aux conséquences qu’il induit) : la conséquence psychologique, pour les dirigeants-Système, pourraient s’apparenter à un état de panique (24 janvier 2016). • L’UE, notamment et particulièrement, est dévasté par les crises parallèles, successives et empilées les unes sur les autres sans qu’aucune ne puisse être résolue (21 janvier 2016). • Nous nous attachons notamment à l’une des plus récentes de ces crises, qui est celle de la Pologne avec son nouveau gouvernement, à propos de laquelle certains évoquent le néo-marxisme de l’UE (20 janvier 2016) tandis que d’autres observent comment l’on a évolué du temps où l’on “passait à l’Ouest” pour trouver la liberté à celui où l’on “passe à l’Est” dans le même but (21 janvier 2016). • Pour tenter d’approfondir le débat tout en lui donnant ses dimensions historiques et métahistoriques, nous signalons deux textes complétant ou renforçant nos thèses sur la situation métahistoriques/sur le Système (19 janvier 2016), et sur les origines de cette situation, ce que nous nommons “le Trou-Noir du XXème siècle” (24 janvier 2016). »