Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Février 2018 (10 articles)
28 février 2018 – Pardonnez-moi de paraître un instant après d’autres à court de sujet alors que le monde s’écroule autour de nous, – mais qu’importe, je reviens, – ou plutôt j’en viens puisque je n’ai rien dit là-dessus, à une affaire déjà vieille d’un petit peu plus d’un mois, du 25 janvier 2018 , – une éternité, par les temps qui courent, – et dont il ne fut d’ailleurs pas fait état sur ce site.
Cela se passe de la sorte : « Une véritable “catastrophe“, affirment les employés de différents supermarchés Intermarché de la Loire. L’enseigne proposait ce matin des pots de Nutella de 950 grammes à 1,41 euro seulement, soit près de 70 % de réduction. Une baisse de prix qui a créé l’émeute, comme le rapporte Le Progrès.
» Dans le magasin de L’Horme, tout est parti en un quart d’heure. “On essayait de se mettre entre les clients, mais ils nous poussaient”, se plaint une employée qui assure qu’un client a eu un œil au beurre noir dans la cohue. Même chose pour celui Saint-Chamond. “Ça se battait. On a vendu ce qu’on vend en trois mois. Sur les tapis des caisses, il n’y avait que du Nutella”, témoigne une salariée, qui assure n’avoir jamais connu ça en seize ans.
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25 février 2018 – Cela fait donc quatre années à peine passées que nous sommes entrés dans ce que l’on peut et doit décrire comme une “ère nouvelle”, où la réalité achève d’être pulvérisée jusqu’à la néantisation à cause de l’allure et du contenu (informations) du système de la communication. Ces quatre années nous séparent du “coup de Kiev“ (21-22 février 2014), à partir duquel s’est déchaîné le déferlement de la communication issue du Système pour tenter d’imposer une narrative conforme à la représentation initiale (au sens théâtral) de l’événement. Les conditions même du “coup de Kiev” ont été totalement obscurcies et déformées, malgré des “fuites” de vérités-de-situation à cet égard, – la principale, c’est bien connu, étant celle de George Friedman, alors président du groupe Stratfor et depuis débarrassé de cette lourde charge, – sans doute, justement, pour en avoir un peu trop dit...
Ce changement fondamental dans la communication, avec le triomphe du côté du Système de la méthode de la narrative construite et développée hors de toute nécessité de se référer à quelque vérité ou réalité que ce soit, – comme si la réalité objective était devenue définitivement contingente et jetable par conséquent, – ce changement a engendré logiquement différentes attitudes et habitudes psychologiques ; ou plutôt, dirais-je, a “imposé décisivement” ces attitudes et ces habitudes. Le phénomène dominant à cet égard est celui pour lequel j’ai proposé l’expression de déterminisme-narrativiste. Il s’agit de ce phénomène d’abord psychologique puis infectant la pensée, qui emprisonne la pensée de celui qui est tombé sous l’empire de la narrative et ne lui donne aucune autre possibilité que de suivre à marche forcée la logique de cette narrative jusqu’à son terme s’il y a un terme, dans la plus complète fantasy-fiction, en refusant absolument tout signe de la réalité, en anesthésiant sa perception avec un certain ravissement puisque ce serait comme sous l’effet d’une drogue que dispenserait la narrative.
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24 février 2018 – Full Circle, dit dans ce cas de l’expression anglaise, est ce moment où l’on a complètement accompli sa “révolution”, complètement revenu à son point de départ à partir duquel l’on avait lancé toute cette entreprise dont on constate le vice et l'échec, mais peut-être méditant un nouvel envol à partir de ce même point de départ ; on pourrait y voir le “cercle vicieux”, ou “comment j’ai découvert le mouvement perpétuel de l’échec”. (Mais en vérité, dans cette définition, le mot “perpétuel” me paraît inopportun comme l’on verra plus loin...) Exemple de l’emploi du terme full circle, d’ailleurs dans le domaine que j’aborde ici, extrait d’un texte de Justin Raimondo qui tient bien la barre malgré son cancer, courageusement, et continue par conséquent sa tâche de commentateur sur l’internet, d’un des plus anciens sites politiques, l’Antiwar.com apparu en 1995 :
« In the beginning [...], I wrote a daily column, “Wartime Diary,” that chronicled the folly of the Kosovo war [1999] and exposed the media’s partnership with the Pentagon. Looking back on that time, what strikes me is that Bill Clinton’s Balkan adventure was cheered on by the same liberal-neocon alliance demanding what could turn out to be a military confrontation with Vladimir Putin’s Russia. So here we are, come full circle. »
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19 février 2018 – Présentant la vidéo de James Woolsey qu’on a reprise hier, où l’ancien directeur de la CIA ne cache pas une seconde que les USA (la CIA) continuent à intervenir dans les élections d’autres pays, comme ils reprochent hystériquement aux Russes de faire depuis deux ans, Alex Christoforou commente avec une sévérité indignée : « Leur hybris est stupéfiant », « Leur hypocrisie est si grossière que lorsque Laura Ingraham demande à Woolsey si les USA n’ont jamais interféré dans des élections [d’autres pays], la réponse (et les rires de tous) en dit énormément... »
Je trouve bonne ici l’occasion de m’attarder à une question fondamentale, que j’hésite fortement à expédier, ou mieux encore à court-circuiter par des mots définitifs tels que “hybris” et “hypocrisie”. Sans nul doute, l’hybris et l’hypocrisie ont évidemment leurs places dans un caractère américaniste, surtout d’êtres occupant les fonctions que nos deux héros occupent. (J’ai tendance à mettre Ingraham, la présentatrice, dans le même sac que Woolsey.) Sans nul doute également, d’autres caractères que l’américaniste, et d’une façon générale le caractère humain, et donc le mien également, ont tous quelque chose de l’hybris et de l’hypocrisie en eux ; c’est un peu du même domaine de la standardisation que nous présentait le philosophe-Johnny, et encore plus puisqu’il s’agit de l’American Dream de son cru assez bas, lorsqu’il chantonnait : « On a tous quelque chose en nous de Tennessee ».
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16 février 2018 – In illo tempore j’aurais bondi là-dessus, et d’ailleurs l’idée m’en avait traversé ironiquement l’esprit lors de l’affaire du F-16 israélien abattu : pourquoi les Israéliens n’utilisent-ils pas leurs JSF pour effectuer leurs virées en Syrie, s’interroge le Spoutnik-français ? Et j’avais, moi, une réponse évidente, avant de passer à une revue critique de plus du monstre américaniste au cas où la question aurait été traitée : parce qu’il y est déjà allé une fois (en octobre 2017) et qu’il a failli se faire descendre, qu’il est rentré bien amoché, qu’il a pu ainsi prouver opérationnellement que c’est un siting duck comme ils disent, absolument catastrophique, et qu’une merde pareille ne doit surtout pas tomber entre les mains de l’ennemi, même en mille morceaux... Bref, ils le gardent précieusement chez eux pour n’en rien faire qui ne soit de sa noblesse technologique et de sa hauteur bordélique, mais visites du public organisées le dimanche sur la tarmac des bases israéliennes, où il trône, immobile et inutile.
(Sputnik-français écrit comiquement, parce qu’il est entendu qu’aucun adversaire n’aura jamais de “systèmes aériens plus performants” nécessitant l’action du JSF qui est tellement au-dessus de tout cela, comme l’“estiment les experts” : « Dans le même temps, il se peut que Tsahal garde les F-35 en réserve stratégique au cas où elle viendrait à mener une opération contre un adversaire disposant de systèmes antiaériens plus performants, estiment des experts... »)
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14 février 2018 – Paul Craig Roberts, qui a été cité hier, le fut pour la première fois sur ce site en 2005 ; faits rarissime pour dedefensa.org, il a aussitôt suscité (hier) deux commentaires (à peu près et raisonnablement inverses). Mon intérêt pour lui (PCG) n’a pas été systématique jusqu’à une certaine période dont je situe très précisément le début au “coup de Kiev“ (21 février 2014). Pour moi, là commence sa période que je nommerais “vitupératoire” si l’on me permet ce que je crois être un néologisme... La vitupération-PCG post-Kiev porte sur deux thèmes, apparus l’un après l’autre mais l’un ne remplaçant pas l’autre et les deux se poursuivant parallèlement et complèmentairement.
• Le premier thème est que la direction US au sens le plus large est faite de fous-criminels (avec son lot de corrompu universels) qui n’hésiterons pas à nous conduire à la guerre nucléaire, et même peut-être la recherchent-ils comme inconsciemment. (La direction US au sens le plus large, avec interchangeabilité des identités et des moyens, que ce soit le président, le Pentagone, la CIA, le complexe militaro-industriel [CMI], le DeepState, les neocons, Israël soi-même, Gladio, etc.)
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11 février 2018 – Dans notre analyse de première page des évènements en cours tels qu’ils ont été traités par dedefensa.org durant la quinzaine précédente, on termine par cette phrase : « Pour le reste, il convient aux esprits restés libres de continuer à observer la seule chose qui importe aujourd’hui, qui n’est rien de moins que l’effondrement en cours de ce Système qui a complètement transformé notre civilisation en contre-civilisation. »
Plus facile à écrire qu’à faire, comme l’on voit avec certains évènements courants, dont le plus saillant est l’ouverture des JO d’hiver en Corée du Sud. “Plus facile à dire qu’à faire” mais néanmoins fascinant pour ce cas.
Il y a deux jours, j’ai suivi une table ronde à LCI, – l’une de mes incursions dans la presseSystème pour humer l’air ambiant, – où le Pujadas qui ressemble de plus en plus à un modèle réduit de lui-même recevait quelques “experts”, dont dame-Ockrent, épouse authoritative de l’improbable Bernard Kouchner, qui commence (Ockrent) à ressembler à la structure momifiée qu’elle sera lorsque sonnera l’heure de l’exposition au musée. Mais non, elle est bien vivante, toujours sûre d’elle, et pour ce cas elle-même fort intéressante ai-je trouvé... Je plaisante à peine, moi !
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08 février 2018 – Il est vrai qu’une situation devenue réflexe, ou plutôt pour garder ses principes, devenue tradition, m’est apparue hier d’une façon clairement interrogative. Il suffit de consulter le texte d’Orlov d’hier justement, et précisément la “Note indispensable“ en fin de texte, pour comprendre ce dont je parle et en même temps répondre à l’appel qu’on y trouve contenu, – “rappel de note”, si l’on veut... (J’ajoute, gros sabots en action, l’emploi du gras pour qu’on m’entende bien.)
« Dans le texte initial et sa traduction figurent un certain nombre de photos qui sont plus que des illustrations et s’inscrivent dans le cours et le sens du texte. Notre politique immémoriale et nos moyens divers font que nous n’utilisons pas de photos, – et il est bien possible que PhG suggérerait rapidement une explication conceptuelle à ce qui fut au départ une attitude naturelle... »
Aussitôt suggéré, aussitôt fait...
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07 février 2018 – “En fait de ‘tourbillon’, je n’arrive même plus à me suivre moi-même” se dit le “tourbillon crisique”. C’est le constat le plus remarquable qu’on puisse faire, me semble-t-il, entre la bourse qui s’effondre et les Allemands qui s’accordent sur la façon de chuter le plus vite possible, et puis aussi le reste crisique qui continue sa route dare-dare et dans tous les coins. Il paraît que le nouveau président de la Fed, nommé avant-hier et qui s’est pris en pleine poire un crash que tout le monde attendait et auquel personne ne comprend rien sinon qu’il devait avoir lieu, – donc, il s’avère que le brave Jerome Powell n’est pas au bout de ses peines ... Comme dit monsieur Bill Blain, « Vous devriez avoir pitié du nouveau patron de la Fed Jerome Powell, qui a pris ses fonctions [avant-hier]. Powell va rapidement comprendre qu’il a trois missions : l’inflation, l’emploi et tenter de contrôler Trump qui va certainement croire que le crash boursier est un complot de la Fed pour tenter de le discréditer... »
Le lendemain (ditto, hier), on relevait les morts et les blessés pour repartir vaillamment à l’assaut tandis que Monsieur Nicholas Colas, de Data Trek Research concluait : « C’est un marché qui tire d’abord et qui pose les questions ensuite. » Dont acte et Olle !
Il y a aussi le cas allemand : même l’européanissime Libé parle d’un “accord au forceps”, – expression universellement employée et merveilleusement appropriée, – du couple bien improbable Merkel-Schultz qui a accouché d’un monstre. (Et les bruits de l’effondrement d’un jour de la bourse ont joué pour une bonne part le rôle du forceps dans l’accouchement, c’est dire la loyauté de l’accord...) Encore reste-t-il à convaincre l’un des pères pseudo-putatifs, c’est-à-dire le monstre que forment les 450.000 militants du SPD et qui seront consultés, tandis que l’autre père putatif, la base CDU/CSU, est mécontent qu’aucune consultation à cet égard ne soit prévue pour lui. Croyez-en les augures : la crise allemande, avec l’Europe dans le rôle de bruyante casserole, ne fait que commencer...
Pendant ce temps et fort parallèlement dans la rubrique des pouvoirs en mode de surpuissance dans l’impuissance, “D.C.-la-folle” est plus Règlement de compte à O.K. Coral que jamais. Ceci doit être bien compris : jamais, jamais les démocrates n’en démordront, jamais ils ne lâcheront ce qu’ils estiment être leur proie et leur dû, l’insupportable The-Donald. Avec un bouledogue comme Brennan à MSNBC pour s’attacher à ses basques, qui doute une seconde qu’ils ne desserreront jamais leur étreinte ?
L’idée m’est venue benoîtement que, par contre, les Russes vont être obligés, eux, de resserrer les boulons en Syrie. Le Su-25 abattu par un MANPAD cela fait désordre, et les Russes, notamment le citoyen russe, n’aiment pas le désordre. L’affaire pourrait bien avoir été montée par les cow-boys plus que par les Turcs, comme les Syriens d’Assad voudraient le faire croire. Le rapatriement du corps du pilote du Su-25 grâce à la coopération très active des SR militaires russe et turc en dit long à cet égard. Autrement dit, si les choses vont bien entre Russes et Turcs pour cette affaire courante, cela veut dire qu’elles vont mal entre Russes et le côté du bordel américaniste.
Certains en tirent sans hésiter la conclusion qu’il s’agit alors d’une action audacieuse et provocatrice des USA, dans le but de détourner le public russe du candidat Poutine, pour les ides de mars. Le spectre du “syndrome du Vietnam” universellement adaptable et exporté chez l’adversaires est l’une des lignes de conduite subversive des stratèges de l’américanisme. Regime change, formule magique et “Sésame, déverse-toi” du “tourbillon crisique” vu de “D.C.-la-folle” ; Poutine sait que plus rien aujourd’hui n’est jamais acquis.
Effectivement, la formule du jour est bien que plus aucune puissance n’est assurée de rien dans l’usage de ses moyens. Aucun avantage décisif ne peut plus être fixé parce que tout tourne sans arrêt dans le “tourbillon crisique“, rallumant nécessairement tous les brasiers qu’on croit contenus ou qu’on avait cru éteints. La différence se fait au niveau de la psychologie, disons entre les fous et les autres ; entre ceux qui ne savent pas qu’ils ne savent pas pourquoi ils font ce qu’ils font, et ne cessent donc d’en faire davantage ; et ceux qui savent bien qu’on ne sait plus pourquoi l’on fait ce qu’on fait. Le “tourbillon crisique” règne.
05 février 2018 – Je vais poursuivre, sur un mode un peu plus léger (à peine) le texte du 28 janvier 2018, commentant lui-mêle un arrticle d’Israël Shamir à propos d’une nouvelle fournée de sanctions US antirusses, alors imminentes. Entretemps, il y a eu une liste, dressée par le Trésor US à l’intention du Congrès, désignant autour de 200 personnalités russes susceptibles de tomber sous le coup de nouvelles sanctions, notamment sinon essentiellement par la saisie de leurs avoirs hors de la Russie. Enfin, j’en viens au principal qui va faire l’objet de cette page du Journal.dde-crisis, une analyse du Saker-US sur la chose, du 3 janvier 2018. (Titre : « US Sanctions, Baffled Russians, Hot Air and History », que j’adapterais en Français de cette façon : “Sanctions US, Russes ébahis, du vent et l’Histoire”.)
Ces 200 personnalités menacées de sanctions sont des dirigeants russes, notamment diplomatiques, Lavrov en tête, et des oligarques et hommes d’affaire : “Ils ont pris le bottin diplomatique et le classement annuel de Forbes pour établir cette liste”, dit à peu près le Saker-US, d’humeur réellement roborative et pleine de sarcasmes. Les intentions des fonctionnaires US est “de faire paraître pour des gangsters les dirigeants politiques russes” et de “frapper les oligarques là où ça fait mal, du côté du compte en banque”. Le résultat très probable, déjà même en cours, car la menace de sanctions est toujours perçue dans le cas du compte en banque comme la certitude d’une sanction, c’est le rapatriement à la laison de leurs avoirs hors de Russie et surtout aux USA, de la part des oligarques qui avaient ainsi fait ces placements.
(Suite)