Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Mars 2019 (18 articles)
28 mars 2019 – Trump a fait un lapsus dans son petit discours improvisé, hier, dans lequel on trouve une menace adressée aux Russes qui font épouvantablement acte d’“ingérence” au Venezuela. Il a dit ceci, où l’on voit qu’il confond les mondes où il vit, où nous vivons, où les autres vivent et ainsi de suite…
« Venezuela was one of the richest companies, certainly, and now it’s one of the poorest comp… countries or the world », s’est-il exclamé, ce que nous avons traduit approximativement pour le texte d’Alexandre Antonov de RT.com de cette façon : « Le Venezuela était certainement l'une des compagnies les plus riches, et c'est maintenant l’une des compa… heu, l’un des pays les plus pauvres du monde. »
26 mars 2019 – J’écoutais et regardais une ou plusieurs émission(s) de notre “petite lucarne” magique devenue grande, où le monde revu et corrigé défile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 4 (lapsus type-Castaner) ; et tous, sacrifiant pour une fois à l’existence du reste du monde, signalaient la nouvelle selon laquelle le rapport du Procureur Spécial Mueller sur la complicité prorusse évidente et qui n’aurait même pas besoin de preuves du président Trump n’est étayée par aucune preuve. Aussitôt, tous nos commentateurs (sur LCI, sur 28 minutes, que du beau linge), en général furieux anti-Trump, s’exclamaient, avec un zeste d’amertume d’accord mais néanmoins une certaine naïveté comme s’il se souvenait qu’ils sont des journalistes et qu’il faut parfois dire les nouvelles telles qu’elles sont, – s’exclamer donc que c’est une formidable victoire pour Trump et qu’il a d’ores et déjà gagné la réélection.
Tous, ils déclarèrent, – je transcris dans notre langage-quotidien :“R.I.P., Russiagate”, Trump a envoyé paître le boulet qui le maintenait... Mon Dieu, comme c’est aller bien trop vite en besogne. D’ailleurs et comme pour nous rassurer, il y a une drôle de phrase (dans le sens de phoney sentence et pas funny sentence) dans le rapport Mueller, citée dans le résumé que le ministère de la Justice a transmis au Congrès : « Bien que ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’en exonère pas non plus. » Je traduis en langage-plouc pour ceux, comme moi-même, qui seraient intrigués par cette phrase : “Bien que ce rapport ne démontre pas que le président est coupable, il reste au président à prouver qu’il est innocent”.
(Suite)
25 mars 2019 – Prenant prétexte d’une initiative des historiens du site, marquant, – un jour trop tard, comme d’habitude, – l’anniversaire de la funeste “guerre du Kosovo”, la vraie, celle qui commença avec l’agression otanienne, je décidai de confier à ces pages quelques souvenirs, réflexion, et même un extrait d’un roman dont je ne vous cacherai pas une seconde l’affection que je lui porte. Il est vrai que j’ai vécu ces jours fiévreux du déclenchement de cette guerre, pour l'essentiel à Bruxelles certes, et à peine à l’OTAN où j’aurais pu être plus souvent mais qu’en général j’évitais comme la peste tant l’atmosphère y était irrespirable.
L’infamie dégage une auteur absolument épouvantable, pestilentielle, comme l’égout d’une gargote de basse fortune, où même les filles faciles sont absolument sans joie. Je crois que c’est à partir de cette époque que je décidai inconsciemment de ne plus jamais mettre les pieds à l’OTAN, ce qui me fut assez facile par ailleurs puisque je n’avais vraiment plus rien à y faire, et encore moins à glaner.
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25 mars 2019 – Notre lecteur “JC”, si actif et passionnant sur le Forum, fait une remarque qui me concerne directement puisque dans ce Journal et m’arrête aussi net, de crainte d’un quiproquo concernant les Gilets-Jaunes qui en sont à l’Acte-19, – et qui, je l’avoue, m’ont étonné, dans le bon sens (on verra plus loin, et c’est l’essentiel de ce propos) :
« Là où je ne suis pas du tout d'accord avec PhG c'est sur la qualification de “monstre incontrôlable” du mouvement qu'initient et symbolisent les GJ. Car les GJ symbolisent pour moi tout le contraire : ils symbolisent la société des vrais gens, des gens ordinaires, la société de ceux qui tentent de vivre et de penser comme des gens ordinaires. »
La remarque de “JC” dans le Forum de ce texte concernait un passage du même, « La pub et les Gilets-Jaunes », qu’il a lu trop vite sans nul doute : « Elle [la pub] a joué un grand rôle en rendant collective cette terrible frustration, elle a contribué très fortement à créer ce qui est, du point de vue du Système (de l'avorton-Macron, son délégué), un monstre incontrôlable. » On comprendra évidemment que cette expression de “monstre incontrôlable”, telle qu’elle est placée ici, correspond au point de vue, à la perception, à l’appréciation du Système et de l’avorton : « du point de vue du Système (de l'avorton-Macron, son délégué) ». Je pense que la chose n’est pas discutable, d’autant que je n’ai cessé d’écrire toute l’estime et même l’admiration que j’avais pour les GJ, sans me soucier de chercher un sens dans leur mouvement, un plan, une stratégie, assuré pour mon cas par le constat de cette expression presque sacrée d’une colère qui vient du fond des temps et de la souffrance pour frapper de plein fouet cette époque crisique.
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22 mars 2019 – Un grand mystère subsiste à propos des Gilets-Jaunes, sur la cause opérationnelle exacte et profonde de leur fureur collective qui s’exprime depuis novembre 2018 ; et d’ailleurs, à mon sens, même mystère pour la vague de populisme général qui déferle sur le monde... Je parle bien ici, de “la cause opérationnelle exacte”, précisément identifiée, et non pas la cause intellectuelle générale qui n’est nullement un mystère, dont tout sens commun conviendra qu’elle se trouve dans l’iniquité, la corruption, la pourriture du Système et de son néo-capitalisme, la financiarisation, les écarts abyssaux entre les plus riches qui ne cessent de devenir plus riches et les pauvres (en général) qui ne cessent de s’appauvrir, etc.
Je tente donc de percer ce mystère à partir d’une activité que j’ai pratiquée dans les années 1960, qui est la publicité (la “pub”). En un sens, ce texte, ici, complète celui du 3 septembre 2018, avec son titre “Pubagandastaffel”. Dans ce texte de septembre 2018, je développais mon constat de l’extraordinaire idéologisation de la publicité en faveur du Système, aujourd’hui par rapport aux années 1960 ; à mon sens, et pour compléter ce constat, bien plus efficace en influence que la presseSystème, la propagande officielle, les narrative des experts et philosophes subventionnés, des zombieSystème qui dirige nos simulacres de gouvernement, etc.
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21 mars 2019 – Avez-vous vu cette formidable similitude de pensée entre deux géants de l’époque ? D’un côté, le président Donald Trump, restitué en français dans dedefensa.org, donc inondé par la langue de la lumière de l’intelligence séculaire de la “Grande Nation” en forme olympique, Trump suggérant qu’il pourrait bien “y avoir guerre civile” (comme un arbitre dirait : “il pourrait bien y avoir penalty”) si les hystériques-USA continuent à hystériser “D.C.-la-folle” ; de l’autre, l’ondulant, froufroutant, souriant-clignotant et suggérant Michel Apathie, – et chuchotant comme un vrai complotiste “Je ne prends pas position, je ne le souhaite pas n’est-ce pas, je fais un constat”, – observant comme une vraie vigie ce même 20 mars (LCI) que l’appel à l’Armée du Roi dont Sa Majesté venait de nous aviser en solennelle clôture de Son Haut-et-Grand Conseil, eh bien cela vous a un petit air de Civil War, non mais sans rire... (les sondages disent de même, Apathie est toujours du côté des sondages.)
Car le mois de mars, vous pouvez m’en croire, – et pour cause !, – c’est bien le mois des fous...
Ainsi faut-il que ces choses soient considérées sérieusement. Il faut dire que ces deux historiques compères-complices-adversaires que sont la France et l’Amérique-USA, la première ayant permis que l’Histoire pourtant rétive accouchât la seconde, semblent aujourd’hui suivre un destin similaire ; comme on se retrouve... Certes, et ce sont de bien étranges retrouvailles alors que les deux pays sont conduits par deux personnalités remarquables, parfaitement illustratives, chacune leur tour et chacune à leur façon, de l’étonnant hyper-narcissisme et de la surpuissance du simulacre de communication caractérisant l’ère postmoderne.
Dotés d’une égale ultra-satisfaction d’eux-mêmes, Macron et The-Donald dansent tous deux sur un volcan grondant qu’ils ont largement contribué à choyer et à réveiller sans mesurer, – mais que leur importe ? – combien cette agitation fait d’eux des pompiers pyromanes, combien leurs folies se répandent dans les structures et les élites de ce qu’ils sont censés réparer et conduire. Venus du cœur du Système, tous deux ébranlent le Système par les effets de leurs actes inconsidérés ; ils sont ainsi des personnages historiques, véritables “bouffons du roi” d’eux-mêmes puisqu’ils sont rois, activant la mécanique de la connexion surpuissance-autodestruction qui est en vérité la véritable fonction du code nucléaire dont les charge leurs très-hautes responsabilités.
Y “aura-t-il guerre civile” ou pas ? Là n’est pas la question, puisque dans cette époque de la communication et du simulacre, l’évocation seule de la chose suffit à la substantiver. D’ores et déjà, ces deux puissants pôles historiques que sont ces deux pays, symboles chacun à leur façon des puissances et des contradictions inouïes de la modernité, sont entrés dans des phases d’agitation extrême qui contribuent à l’accélération de l’autodestruction de l’ensemble-modernité qui est le nécessaire habillage du Système. Nous sommes en guerre-civile.
C’est dans cette conjonction significative de psychologies exacerbées au plus haut sommet de l’État, d’événements créés par leur seule évocation et dont toutes les populations semblent à la fois les craindre et les appeler comme dans un paroxysme libérateur, que se tient un des enjeux essentiels de la Grande Crise d’Effondrement du Système. Nous ne sommes plus, ni dans la géopolitique, ni même dans la communication ; nous sommes à la jointure finale d’un cycle métahistorique, là où les forces suprahumaines développent leur élan ; et les si faibles psychologies de nos dirigeants réduites aux soubresauts de la communication sont les plus affectées, et plongées dans la folie des temps par où nous sommes obligés de passer.
Enfin, il s’avère que l’on pourrait être conduit à penser que Macron-Trump (MacTrump ?) ne sont pas moins que deux fous débridés et leurs guerres civiles des fictions narratives qui peuvent percer le continuum espace-temps aujourd’hui si vulnérables et survenir dans la vérité-du-monde, – qui vont venir peut-être, et brutalement... On “pourrait être conduit”, certes, et l’on n’aurait pas tort, et cela ne serait pas méditer dans la dérision que semblent être ces deux fous. Leurs folies sont nécessaires, elles sont quasiment leur vertu-centrale, parce que, par leur outrance, par leur extrémisme spécifique d’être une folie en plus, elles contribuent puissamment à détruire la folie en place, cette sorte de folie extraordinaire devenue “folie ordinaire” qu’est le Système...
Somme toute, l’Histoire, qui sait ce qu’elle fait bien mieux que nos bavardes cohortes de communicants, fait bien de donner une telle importance à ces deux pays, avec leurs présidents-fous. Ces deux-là tiennent leurs rôles, montrant avec éclat l’inversion catastrophique où nous sommes plongés. Ces deux pays sont d’un poids symbolique considérable et leur malheur exprimant le désordre infini de la subversion dont ils ont eux-mêmes accouchée est le signe fulgurant de l’immense crise de la Chute.
Bref... Stay tuned, comme l’on dit.
18 mars 2019 (*) – Puisque des lecteurs, à commencer par notre lecteur-commentateur et ami “jc”, si précieux au Forum et grand-érudit, et par monsieur Fabrice Vivier que je salue chaleureusement certes, m’ont fait la grâce de remarquer mon petit signe qui était si peu prémédité, qui m’est venu naturellement sous la plume, notamment en raison du symbolisme de l’âge après tout (**), j’en profite pour enchaîner sur une chose qu’il me plaît de confier, attendant l'occasion pour le faire... Il s’agit d’une citation lié à mon anniversaire par le hasard d’un agenda, et qui me semble me correspondre tout à fait au point qu’il m’arrive de douter du hasard (dans ce cas comme dans tous les autres).
Une courte explication d’abord. Je suis un vieil amateur de La Pléiade, avec l’habitude d’en acheter deux-trois l’an ; et régulièrement depuis l’apparition en 2000 de l’agenda-Pléiade avec ses diverses particularités si littéraires et notamment une citation par semaine, regroupant l’achat de deux volumes en fin d’année pour disposer de l’agenda de l’année suivante. Cette année 2019, j’ai eu la curiosité dès que je l’eus en ma possession, en novembre 2018, d’aller voir la citation de la semaine de mon anniversaire. C’était la première fois que j’avais ce geste, sans délibérer ni rien, sinon encore une fois à cause du symbolislme de cet âge des trois-quarts de siècle. J’inscrivis aussitôt en haut de page : « 75 ans, – voilà qui me convient parfaitement », avec une flèche jusqu’à ces quelques lignes de la citation, qui sont de Jean-Paul Sartre, dans Les Mots (***) :
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18 mars 2019 – La France est le cadre d’un étrange théâtre, où le burlesque irresponsable côtoie le tragique involontaire, comme l’on dirait qu’il y a une “France-bouffe” pour remplacer notre “grand récit national”. Il y a ce contraste surprenant, ou bien dirais-je pathétique, entre un ministre qui “drague en boîte” et son président qui skie sur la montagne, et “la plus belle avenue du monde” qui brûle. Là-devant, le commentaire hésite, balbutie, tonne, revendique et met en accusation, et moi je reste sans voix.
Je suis comme cet officier fameux de la Très-Grande Amérique, dans la matinée du 7 décembre 1941 à Pearl Harbor, devant les structures brisées et les coques éventrées des puissants cuirassés de la Flotte du Pacifique, et disant, songeur : “Je sais que nous allons gagner mais je me demande bien comment”. Moi, devant Macron-sur-ski et les Champs-Élysées qui brûlent, je me dis sans mot dire : “Je sais que ces actes méritent d’être commentés mais je me demande bien à quelle fin utile.” Notre époque semble être devenue le temps de la fin de non-recevoir pour ce qui est du commentaire des choses que l’on désigne comme des “événements”.
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18 Mars 2019 – Cela fait déjà très longtemps que le groupe VIPS (Veteran Intelligence Professionals for Sanity) fonctionne. Il a été formé en 2002 par d’anciens cadres, démissionnaires ou retraités, des agences de renseignement US ou proches (département d’État, Pentagone) regroupés au nom d’une opposition aux déformations politiques du renseignement, toujours actives dans le milieu mais devenues extrêmes et grossières après 9/11, avec la bande regroupée autour de Cheney et les divers neocon infiltrés dans l’administration GW Bush. Appelons les VIPS les “dissidents du renseignement” (la “CIA dissidente”disions-nous la première fois que nous en fîmes état, en août 2007, à notre petit train-train).
Très vite, les VIPS ont pris l’habitude d’intervenir collectivement, d’une manière professionnelle, en rédigeant des mémorandums destinés au président, parfois à des dirigeants de haut niveau, sur les affaires brûlantes où narrativeet déterminisme-narrativistefonctionnent à plein gaz. Je me suis toujours demandé combien de ces mémorandums sont arrivés à leur destinataire principal (le président), pour me répondre à moi-même, impérativement : “Jamais”.
16 mars 2019 – Rappelez-vous... Je veux dire : “rappelle-toi, PhG !” Ce devait être en 1976 ; pendant une année j’avais été une sorte de rédac’chef de la petite, chétive et poussiéreuse revue Aviation & Astronautique, rebaptisée Aviastro dans l’espoir de faire plus hip-hop, et nous travaillions ensemble sans beaucoup nous apprécier, le directeur et moi. Nous étions cette fois, – je ne sais quel mois de 1976, – à Paris, et nous rencontrions Bernard Lathière, alors nouveau patron d’Airbus, alors que les toutes premières et minables commandes se profilaient à peine dans cette aventure à propos de laquelle les grands esprits rationnels, européens et giscardiens en France faisaient des remarques acides sur cette “folie des grandeurs”, sur cette “France vieillie et rancie qui se croyait encore au temps de Louis XIV”..
Par ce rapide souvenir, je veux dire ceci : Airbus est 100%, sinon 120% français, tout comme l’espace, les missiles, les hélicos, etc., tout ce qui se qui aujourd’hui se targue d’être “européens” et de faire la grandeur de l’Europe est français d’origine, et d’ailleurs nous-mêmes (Européens) incapables d’exploiter proprement puisqu’avec ce réflexe clinique de baisser la culotte dès qu’“il” apparaît. (Je parle du Parrain, le capo di tutti capi, Tonton-Sam si vous préférez.) Alors, à cette époque des années 1970, après de Gaulle tout le monde en Europe ricanait devant l’affaire Airbus et le reste... Évoquant tout cela, je veux simplement suggérer qu’on pourrait croire qu’il y a de quoi être fier, – comme un Français courant peut se targuer d’être fier de Chambord et du château de Versailles, de Balzac, de Proust et de Céline, des locomotives d’Alsthom, de Jeanne d’Arc, de Talleyrand, d’Édith Piaf et de Marcel Dassault. On “pourrait” mais c’est dépassé ; désormais, ouste le “Français courant” ! Va donc enfiler ton gilet-jaune.
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13 mars 2019 – Depuis que j’ai vu cette émission sur Guénon et me suis permis d’en recommander la vision aux lecteurs de ces pages, je me suis moi-même intéressé plus précisément à cet extraordinaire métaphysicien si peu “à la mode” et qui pourtant bouleverse souterrainement le XXème siècle pour mieux nous préparer à l’orage catastrophique que nous affrontons aujourd’hui. Je compte bien y revenir à telle ou telle occasion, ce qui est la raison de cette numérotation des “Guénon actuel”, – tant effectivement il est “actuel”.
J’ai suivi depuis l’une ou l’autre piste que l’on nous signale dans ces 54 minutes de conversation… Notamment la somme considérable (1224 pages plus quelques pages de photographies) de Xavier Accart, sur Guénon ou le renversement des clartés, – Influence d’un métaphysicien sur la vie littéraire et intellectuelle française (1920-1970). Je viens de recevoir le bouquin et ai commencé à le feuilleter en diagonale rapide, et m’arrêtant notamment à un sous-chapitre du chapitre intitulé « Guénon fut-il la référence d’un camp politique pendant la guerre ? », avec réponse négative bien entendu.
11 mars 2019 – Je trouve que cette chronique de l’inimitable Orlov tombe à pic : « Pourquoi les capitalistes détestent-ils les socialistes ? » On parle ici des vrais socialistes, n’est-ce pas. Il n’est pas question d’évoquer les “socialistes”, sociaux-démocrates européens, les plus zélés porteurs d’eau-friquée des capitalistes qu’on puisse rêver. (Par exemple, présenter Attali comme “socialiste-historique-mais-réaliste”, et mourir de rire...)
Orlov parle simple, plein de bon sens commun, avec des questions directes, et des réponses qui le sont tout autant, tranchantes et sans répliques à force de simplicité. Les employés-Système défenseurs du capitalisme qui vous décrivent avec horreur ce qui pourrait arriver si l’on songeait au socialisme, ont le cul posé sur un amoncèlement formidable de catastrophes, d’incendies, d’entropisation épouvantables, de “là où il passe l’herbe ne repousse pas” qui représentent ce qui arrive effectivement, non pas lorsqu’on songe au capitalisme mais lorsqu’on applique notamment et particulièrement depuis bientôt quatre décennies, le capitalisme neocon intégral, sans frein ni limites, sans restriction ni mesure.
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10 mars 2019 – Que Wayne Madsen, dans sa vindicte pour ne pas dire sa haine (vraiment, il n’aime pas Trump !), en soit néanmoins remercié, pour mon compte dans tous les cas. Grâce à lui et parce qu’il y a toujours une part d’inculture en nous, pour mon compte donc puisque je n’en connaissais rien du tout, voici un mot de plus, moi “qui passais sans le voir“, que je glisse avec délice dans mon arsenal dialectique, ce par quoi les guerres se gagnent aujourd’hui ; voici la kakistocratie...
(« De l’anglais kakistocracy, attesté en 1644 chez Paul Gosnold. Emprunté au grec ancien κάκιστος, kakistos (“pire”), superlatif deκακός, kakós (“mauvais”), avec le suffixe cratie(“gouvernement”). Gouvernement par les pires personnes, ou par des personnes considérées comme particulièrement médiocres. » [Selon Wiki, Ave.])
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7 mars 2019 – L’on comprend que je puisse y voir un signe, c’est-à-dire un Signe des Temps, lorsque se produit une rencontre du commentaire, sur le fond catastrophique et furieux d’une crise dont plus personne ne voit ni la possibilité du terme ni la résolution jamais avec les outils courants de la rationalité et de la technique de la postmodernité. C’est ce que j’ai pensé en lisant le texte d’Alastair Crooke mis en ligne par l’auteur (traduction proposée ce matin) en même temps que je publiai le texte sur “Guénon actuel”, – avec ce passage de Crooke :
« Et… Où avons-nous entendu quelque chose comme ça auparavant ? Eh bien, dans les réflexions du philosophe politique italien Julius Evola, dans ses réflexions d’un traditionalisme radical de l’après-guerre, – L’homme au milieu des ruines, – dans lequel il plaide pour une défense et une résistance contre le désordre de notre époque. Ce sont les écrits d’Evola et d’autres auteurs du même genre [de défenseurs de la Tradition primordiale] qui ont soutenu les intellectuels russes tout au long de leur période sombre du communisme tardif, puis du néolibéralisme sauvage... »
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5 mars 2019 –Je recommande avec force que l’on prenne une heure de son temps pour regarder l’émission Les Idées à l’endroit, sur TV-Libertés, animé par Alain de Benoist (le titre de l’émission renvoie à un de ses très-nombreux livres) : l’émission n°22, qui doit être de courant février, et consacrée à « René Guénon et la Tradition primordiale ».
(De Benoist reçoit dans son émission quatre universitaires, essayistes, éditeurs, tous spécialistes de René Guénon, de son influence, de sa place dans l’histoire des idées : Jean-Pierre Laurant, Xavier Accart, David Bisson et Pierre-Marie Sigaud.)
Métaphysicien d’intuition, Guénon est dans l’histoire des idées un curieux phénomène, d’une très-discrète et très-extrême importance, selon des idées ou plutôt une Grande Idée par définition intemporelle, c’est-à-dire une Idée inactuelle mais qui n’a jamais été aussi actuelle. Guénon est le messager de notre-Fin-des-Temps, et sa discrétion, presque sa transparence dans l’essentiel de sa carrière par contraste avec les habitudes tonitruantes des salons intellectuels, sont la mesure inverse de la puissance du message qu’il porte. (Les intervenants évoquent même la silhouette physique presque inexistante de Guénon, la banalité de sa conversation, l’espèce d’inexistence du personnage au profit de son seul propos écrit : « Il vivait à travers sa plume, il était un pur intellectuel, il était sa plume » [Xavier Accard].)
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4 mars 2016 – Je ne connais rien de plus simple à traduire, et pourtant de plus producteur d’hésitations et objet de multiples tractations entre les mots qui s’équivalent presque (notamment “riddle” et “enigma”), que la fameuse citation de Churchill de 1939, à propos du pouvoir soviétique : «It is a riddle, wrapped in a mystery, inside an enigma...» (disons : « C’est un rébus enveloppé de mystère, glissé dans une énigme... »). Il n’est aujourd’hui plus question de rien de “soviétique” et pourtant il semblerait que la fameuse formule churchillienne redevienne actuelle pour Poutine, près de 19 ans plus tard (après l’arrivée de Poutine un pouvoir).
Cela posé comme introduction de cette page, il est vrai qu’il existe, comme écrit par ailleurs sur ce site pour présenter un texte de PCR-Hudson qui en témoigne, « un courant (du côté des habituels soutiens de la Russie) qui commence à grossir, qui identifie une baisse conséquente de la popularité de Poutine et surtout du gouvernement, des difficultés intérieures grandissantes, etc. » C’est ce que je me disais encore, lisant le texte d’Orlov mis en ligne avant-hier, où je trouvais Orlov particulièrement et même un peu trop audacieusement optimiste-euphorique sur la situation (intérieure) russe. Depuis quelques jours, circulent l’un ou l’autre article extrêmement pessimiste d’état des lieux et de prospective de la situation russe, à partir de sites de toute confiance anti-presseSystème, qui trouve beaucoup de lecteurs, signe de l'urgence et de la pertinence du propos. (*)
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2 mars 2019 – Qu’on me pardonne si j’insiste, d’autant que je ne peux m’en expliquer parce que je parle là en bonne partie d’intuition, et certainement sous l’empire de l’intuition. L’insistance concerne ce que j’estime être l’importance de l’audition de l’avocat “marron-glacé”, Michael Cohen, ainsi que paradoxalement la sincérité de son témoignage, devant le Commission de Surveillance de la Chambre des questions dont il a été question dans la page précédentede ce Journal-dde.crisis.
C’est à la lecture du texte de WSWS.org sur cette audition que mon esprit a complété la perception de ce que je tendrais à considérer comme une intuition, que j’énoncerais simplement par la conviction que l’on trouve là une vérité-de-situation fondamentale. Il s’agit de l’idée, dont j’avoue qu’elle peut paraître saugrenue, qu’avec l’interminable et sordide témoignage de l’avocat-marron, l’on avait la description très proche de l’authenticité de Trump dans son contexte de nature, c’est-à-dire de “la Famille Trump” selon l’emploi du terme de “Famille” dans la Cosa Nostra (équivalent et prolongement US de la Mafia), désignant un gang très puissant et très structurée, et disposant d’un territoire, sous le contrôle quasiment-légalisée selon les normes de la pègre, d’un Boss (d’un Capo) et de sa propre famille, et autour, intégrés à cette matrice, les principaux opérateurs de la “famille”.
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1er mars 2019 – Il est faux de dire que nous vivons dans le temps du mensonge selon l’argument que, dans les sphères publiques du Système (essentiellement dans la communication, de l’entertainment aux politiciens), personne ne dit quoi que ce soit qui corresponde à la réalité observée avec loyauté par lui-même. Cela ne signifie pas que tout le monde “ment” mais plus simplement que la réalité n’existe plus ; loyal ou pas, qui pourrait, sans faire une enquête à ce propos selon une procédure très spécifique et la conviction de la nécessité d’une telle enquête venue d’un jugement libre et indépendant, en dire quoi que ce soit qui en représentât une part incontestable ?
Comme on le sait si l’on lit attentivement les pages de ce site, il y a effectivement pour nous, pour moi, cette vérité-de-situation universelle que la réalité est désintégrée. Pour “les sphères publiques du Système”, cela signifie que chacun se replie complètement sur sa narrative qui doit avoir l’avantage de plaider pour le parti qu’il défend. Dans ces milieux, la loyauté d’observation a complètement disparu, remplacé par la soumission à la narrative de son parti, – “soumission”, autre mot et mot de subversion et d'inversion pour “loyauté” lorsque le simulacre de cette narrative a remplacé la réalité désintégrée.
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