Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Mars 2020 (11 articles)
29 mars 2020 – Le grand débat implicite qui embrasse la réflexion aujourd’hui, voire la méditation puisque le Grand Confinement nous en laisse le temps, est bien de savoir ce qu’il en sera “après” ; sans compter mais en n’écartant pas que l’on pourrait penser, comme il en fut de Saint-Germain-des-Près, qu’“Il n’y a plus d’après”). Ce qui me paraît remarquable, c’est la diversité des perceptions à cet égard, et cela dans une très grande confusion où le rangement entre pro-Système et antiSystème a de plus en plus de mal à se faire, tandis que les définitions de ce qu’est le Système et de ce qu’est “être antiSystème” paraissent de plus en plus floues, flottantes, improbables et incertaines.
Certes, l’interrogation se fait essentiellement autour de la simple question, – question simplette, question simpliste, question faux-jeton : “Tout redeviendra-t-il comme avant ?”. Il y a des nuances dans la foultitude de réponses, car l’on se précipite pour répondre : nous marchons vers un avenir totalitaire, un confinement perpétuel, un nouvel ordre mondial globalisé, ou bien le contraire de tout cela, et dans les deux cas vous pouvez aussi bien croire que rien ne changera et que tout a déjà changé. (Par exemple : “marcher vers un avenir de confinement totalitaire ? Mais nous étions déjà dans un confinement totalitaire, comme nous l’affirmèrent et nous l’affirment tant d’essayistes, d’écrivains, de grands esprits du passé, et la plus grande vertu de ce confinement était que nous l’ignorions.”).
Tout cela, on en conviendra, n’est que confusion et ne permet certainement pas d’envisager une réponse claire et nette.
(Suite)
Une crise respire, elle reprend son souffle pour de nouvelles dévastations qui seront terribles. Il semble bien que l’épisode colossal ouvert au tout début de cette première années de ces néo-Roaring Twenties, essentiellement avec Covid-19 conjointement avec la crise Iran-USA, s’installe dans la nouvelle situation ainsi créée.
(Il faut noter à propos du mot “crise” dans l’évolution du concept, que l’on devrait parler, pour être plus juste, et dans le cas actuel plus que jamais, d’“épisode crisique” dans un gigantesque cadre crisique [la Grande Crise d’Effondrement du Système, ou GCES]. Jamais la continuité et l’entrecroisement de tous ces mouvements crisiques n’ont été aussi forts, avec des crises différentes [Covid-19, Iran, Syrie] s’amalgamant pour former un épisode crisique. L’ensemble de la situation du monde est devenue crisique, ou une seule énorme crise globale et ontologique ordonnant le tout en plusieurs segments, épisodes, etc. Il faut garder cela à l’esprit, même quand l’on emploie le mot “crise” : chaque fois une enquête doit être rapidement revue pour savoir de quelle dynamique l’on parle.)
Actuellement, que se passe-t-il et comment peut-on parler d’“intermède” (Intermezzo), effectivement comme une respiration du monstre crisique ? Plusieurs points sont à décliner, qui caractérisent effectivement un tel moment de transition, des points qu’il s’agit de prendre en compte comme de nouvelles structures de la situation du monde..
• Le monde entier est fermement installée dans la pandémie Covid-19. Quels que soient ses caractères, son origine, la façon dont on la présente, la déforme, l’enfle ou la dissimule, Covid-19 règne. Tout se fait ou ne se fait pas en fonction de Covid-19. Cette crise a produit son effet majeur de déstructuration et de paralysie à la fois (tout est bouleversé par elle mais rien ne peut se faire sans tenir compte d’elle). Elle est pour l’instant hors de contrôle quant à sa durée, ce qui ouvre toutes les possibilités à la dynamique crisique et interdit au Système de tenter d’y mettre un frein décisif.
• Les effets “collatéraux” (économiques, sociaux, psychologiques) commencent à être mesurés comme des crises en elles-mêmes dévastatrices et de plus en plus centrales. Jamais sans doute dans l’histoire de la modernité ne s’est produit un événement d’une telle ampleur dans le ralentissement/l’arrêt de l’économie, quasiment dans le monde entier. Des segments importants de l’économie sont désintégrés (par exemple, le transport aérien, par conséquent une part importante de l’industrie aérospatiale). La catastrophe sociale enchaîne automatiquement. Le paysage se peuple de ruines complètement improbables, inattendues et indescriptibles : de l’ordre du Système se précipite, comme une cascade gigantesque, le désordre du monde.
• Les “réponses” économiques sont de deux ordres : l’accroissement colossal de l’interventionnisme étatique et national (choix général avec des nuances, sauf aux USA), la tentative désespérée de sauvegarde du libéralisme par le moyen d’un socialisme de subvention des pouvoirs d’argent, dans le désordre d’un pouvoir aux abois dans un affrontement idéologique haineux (USA) ou dans l’impuissance et la paralysie sans la moindre influence des instituions internationalistes et globalistes (UE, OMC, etc.).
• D’une façon générale, l’orientation de la bataille économique passant par l’interventionnisme s’oriente vers le souverainisme, la tentative de restauration du pouvoir et de la légitimité de l’État national, éventuellement des nationalisations et des renationalisations. Aux USA, le désordre se trouve dans la confrontation d’une opposition extraordinairement idéologisée vers le sociétal et un gouvernement prisonnier des puissances d’argent ; par exemple, Boeing a demandé $60 milliards de sauvetage du gouvernement mais refuse absolument de transformer cet argent en actions et présence de la puissance publique dans le Conseil d’Administration. Les probables 30% de chômage aux USA dans deux ou trois mois, – à moins que le dieu américaniste écoute les exhortations au miracle de Trump pour une reprise du travail à Pâques, – constitueront une catastrophe menaçant la stabilité intérieure des USA et la légitimité de Washington D.C., tandis qu’en Europe de telles conditions approchantes constituent une calamité renforçant plutôt les structures régaliennes de solidarité (charge aux gouvernements en place de s’y inscrire, ou non avec conséquences).
• Deux puissances émergent bien entendu dans leurs capacités de riposte à Covid-19 et leurs capacités d’aide extérieure, notamment et sur l'air de l'ironie vers les pays européens de l’UE. La Chine et la Russie renforcent leurs positions respectives dans ce qui tenterait, dans le meilleur des cas, d’évoluer vers un “concert des nations”. Bien que ces deux puissances travaillent (jusqu’ici) à l’intérieur du schéma libéral par pur réalisme et opportunisme, leur position et leur action dans la crise constituent une défaite majeure pour l’ordre libéral, pour les autorités globalistes du bloc-BAO, particulièrement l’UE, et pour les USA. Le remplacement par certaines autorités du drapeau de l’UE par le drapeau chinois ou le drapeau russe en Italie (le principal pays-UE touché par la pandémie, et vers lequel de l’aide importante, chinoise et russe, est transférée) constitue un symbole puissant et puissamment ironique de ce basculement.
• La psychologie collective suit ce bouleversement général en l’identifiant de plus en plus comme une crise du Système (la GCES) alors qu’il y a un mois il n’était question que d’une pandémie dont personne ne mesurait l’effet catastrophique. Les psychologies absorbent donc, en une sorte de révolution (dans le sens orbital), un changement systémique fondamental identifié comme tel, à partir de réactions initiales (d’elles-mêmes, de ces psychologies) au danger d’une pandémie qui fut aussitôt classifiée comme un effet catastrophique de la globalisation.
La fluidité d’urgence et de contamination de la crise n’est nullement arrêtée ni contrôlée, mais ses constituants sont identifiées suffisamment pour susciter une mobilisation constante d’une part, une contestation polémique mettant en cause les pouvoirs libéraux en place d’autre part. Il n’y a pas de désintégration, – sauf peut-être aux USA si la situation n’est pas radicalement redressée, – mais une très forte tension qui maintient ouverte, – non, de plus en plus ouverte la poursuite de la catastrophe en un nouvel épisode crisique où les diverses dynamiques crisiques en cours verraient s’ajouter à elles une contestation politique du système pouvant conduire vers des modifications ou des basculements politiques.
Cela est d’autant plus possible que la principale force dressée contre cette possibilité, les USA de l’américanisme entropique, se trouve dans une crise politique profonde, nullement née de la crise-Covid19 puisque bouillonnant depuis 2015-2016 mais accentuée par elle, qui ne peut être dissipée par rien puisqu’elle se cristallise dans l’élection présidentielle de novembre où s’affronteront deux candidats aussi improbables, aussi contestées, aussi prompts à enflammer les extrêmes, aussi poussés l’un que l’autre à une haine capitale l’un de l’autre.
(La dernière bouffonnerie étant que Biden, célèbre pour ses mains baladeuses, est publiquement dénoncé pour “harcèlement sexuel” du bon temps des années 1990, lui qui représente le parti des minorités, des LGTBQistes et des féministes du type MeToo. Jamais un candidat [probable] du parti démocrate qui se veut parti de la vertu moderniste, n’a rassemblé autant les tares comportementales des employés du Système émargeant au ‘Vieux-Monde’ : gérontocratie irresponsable, hypocrisie par rapport aux “valeurs” du parti, corruption de lui-même et de toute la famille, comportement personnel de type “machiste”-dents blanches [éternel sourire de Biden-pince-fesses], etc. )
Tout cela vient à partir d’une surprise à la fois totalement inattendue et aisément prévisible, qu’est une épidémie devenant pandémie. Le monde des sapiens-sapiens en a déjà connues beaucoup, mais jamais dans une telle position (la globalisation) où la pandémie est préparée par les liens et les chaînes innombrables comme autant de canaux de contagion qu’a créées la globalisation, et par l’incroyable puissance du pouvoir d’accélération des événements et d’emprisonnement dans tout événement nouveau ou dans l’invention d’événements, du système de la communication.
Le 1erjanvier 2020, nous terminions nos Notes d’Analyse sur « la destitution du Système » par ces observations qui nous semblent complètement justifiées par ce qui a suivies, alors que nous ne savions rien, strictement rien, absolument rien de Covid-19 (madame Buzyn, elle, savait, avec quelques devins d’après-coup) :
« L’image de “la destitution du Système”, – cette fois, “impeachment” pris dans son sens maximaliste, radical et catastrophique, – nous est extrêmement précieuse. Elle rend bien compte, à l’instar de la situation washingtonienne dans “D.C.-la-folle”, de la confusion et de la dynamique à la fois, et de l’indescriptibilité du phénomène. “Indescriptibilité” vient évidemment de “indescriptible”, qui “qualifie quelque chose qui ne peut être décrit à cause de son extravagance ou de sa complexité” ; ou mieux encore et plus justement à notre sens, pour avancer dans notre propos en montrant l’impasse de la raison-subvertie où nous met ce processus :
» “...qui décrit quelque chose qui ne peut être décrit”.
» Sans nul doute, Loukianov exprime un sentiment qui est nôtre, déjà plusieurs fois exprimé dans nombre d’articles, selon lequel l’effondrement du Système (sa “destitution” si l’on veut, pour donner à l’événement une forme anecdotiquement humaine) se fait ‘sous nos yeux’ sans que nous n’en voyons rien de ce que notre pauvre raison-subvertie en attend : “Contrairement à la destitution d'un président, la ‘destitution mondiale’ n’exige pas un vote formel pour entrer en vigueur. Cette destitution est déjà entrée en vigueur...[...] Le nouveau paradigme émerge alors que l'ancien s’effondre.”
» Au reste et comme on le sait, d’autres parmi les dirigeants qui sont issus du Système ou doivent s’arranger du Système, avancent un jugement similaire : Poutine et Macron notamment, quelque surprise initiale que nous ayons éprouvée à rapprocher ces deux noms. C’est bien le signe que l’événement touche les plus habiles comme les plus médiocres, donc qu’il s’agit d’un événement hors des normes de la raison, celle dont Pascal disait : “Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante !” »
nous jugeons le plus haut, qui est celui du Système dans son destin catastrophique, et considérant avec une argumentation souvent et depuis si longtemps développée sur ce site que tout se joue du sort du Système aux USA, qui sont sa courroie de transmission et son bras opérationnel. Un très-aimable et très-érudit habitué du Forum, “J.C.” que je salue ici, extrayait une phrase d’un texte d’hier, – que je peux citer parce qu’elle résume bien ce propos d’introduction :
« Nous avons toujours estimé que l’Amérique et le “modèle américaniste” constituaient la clef de voûte du Système, et donc que lorsqu’une crise menacerait directement l’un et l’autre ce serait le Système lui-même qui serait en cause. »
Cela explique notre intérêt sur ce site, et mon intérêt dans ces pages, pour les événements qui secouent les USA et son idéologie globalisante de l’américanisme, – et Dieu sait qu’il n’en manque pas, de ces événements, et qu’ils sont bien mal relayés et encore plus analysés en Europe. Je pense que le suivi de ces événements, surtout depuis que l’Amérique est soudainement, depuis à peine quelques jours, frappée par la panique-Covid19, est bien plus important que l’enquête constante et soupçonneuse sur les causes de la pandémie et les ambitions dictatoriales des pays du bloc-BAO (dont la France, certes) cachées derrière ou supposées apprêtées à s’en saisir, qu’on nous expose sans arrêt ni le moindre repos depuis le Patriot Act de l’automne 2002.
(Suite)
21 mars 2020 – Je reconnais par simple loyauté mais sans aucune joie ni empressement avoir été affreusement déçu par la décision de Tulsi Gabbard d’abandonner les primaires. Cette déception ne venait pas de décision elle-même, tellement compréhensible moins par le fait de son absence de la moindre chance d’être désignée que par la situation scandaleuse qui lui était faite d’un complet ostracisme de sa candidature. Bien entendu, ma déception venait de ceci, comme une évidence, qu’en abandonnant elle apportait son soutien au vieux crouton sénile et par conséquent favori démocrate de Joe Biden, choix unanime et bidouillé de la direction pourrie du DNC démocrate et adoubé par l’establishment.
Certes, je ne fus pas le seul dans cette déception cruelle. La jeune candidate samoane représentant Hawaii à la Chambre avait un nombre respectable de partisans marqués surtout par leur indépendance d’esprit et la qualité de leurs positions critiques du Système, sinon antiSystème. On comprend parfaitement que vienne aussitôt la question, déception ou soupçon, de se demander pourquoi, selon les engagements marqués et si courageux de Gabbard, – justement, pourquoi soutenir Biden et pas Sanders dans ces conditions ?
L’article d’Helen Buyinski, avec son titre « Tulsi Gabbard a perdu sa position morale et sacrifié son avenir politique avec son soutien à Biden-2020 », dit tout de cette amertume que l’on pouvait éprouver. Le pauvre “TTG”, du site SicSemperTyrannisqui n’a cessé de soutenir Gabbard, exprima toute sa stupéfaction, tentant de reprendre espoir avec l’hypothèse bien risquée sinon surréaliste, que le ralliement à Biden conduirait peut-être le favori démocrate (qui a annoncé qu’il ne choisirait qu’une femme de couleur pour colistière) à la choisir comme colistière et candidate à la vice-présidence :
(Suite)
20 mars 2020 – Dans les grands événements, dans les grandes catastrophes, souvent un aspect, un détail, une précision, vous arrête plus que le reste pour susciter la réalisation pleine et entière de la tragédie à laquelle vous êtes confronté. Il s’agit de la tragédie à laquelle nous sommes tous confrontés, et qui a pris des allures vertigineuses de course vers les abysses, la tragédie-bouffe qui montre enfin son visage tragique.
J’ai ressenti cela, cette “réalisation pleine et entière”, en lisant ce texte de WSWS.orgdu 20 mars 2020, au titre suffisamment explicite : « L’impérialisme US exploite le coronavirus comme une arme de guerre ». Je crois avoir rarement ressenti à quel point le Système, – pour moi, “impérialisme US”, DeepState, OTAN, regime change, c’est la même boutique, le même travail de déstructuration, de néantisation, la même sordidité la même folie du Mal, c’est le Système enfin, – j'ai rarement ressenti, disais-je, à quel point le Système est tout entier contenu dans L’Enfer de Dante.
Le texte du site WSWS.org, dont on connaît les tendances, la méticulosité, l’endoctrinement et qu’il suffit de prendre ce qui est bon et de laisser le reste, prend le cas spécifique de l’attitude US vis-à-vis de l’Iran. De l’Iran, on dira qu’il s’agit de l’un des trois pays, après la Chine et l’Italie, les plus touchés par Covid-19, et qui se trouve dans une position extrêmement difficile à cause des sanctions US qui le frappent. Voici ce qu’en dit le texte dont je parle, quelques paragraphes pour donner le ton de la chose et distinguer le fond des choses.
(Suite)
19 mars 2020 – N’installons pas un suspens artificiel et donnons aussitôt au chat la langue qu’il attend de nous : “le plus bête de tous les virus”, c’est la sottise humaine, particulièrement de nos époques et de nos contrées, surtout quand elle atteint le stade suprême et indépassable de la connerie postmoderne, et qu’elle occupe les places institutionnelles les plus influentes pour l’orientation de la recherche de l’information et de la communication dans notre domaine. Covid-19 nous donne l’occasion d’explorer un coin de cette immensité de la bêtise humaine qui était encore terra incognita.
La chaîne qui nous y conduit ne doit pourtant pas nous surprendre, et pourtant elle a tout de même réussi à me surprendre, moi, le vieil homme recru et revenu de tout, et qui se découvre ainsi encore vulnérable aux mauvaises surprises. Dans quel caniveau sont donc tombés ces brillants représentants de nos responsabilités civilisatrices, et pour le cas, l’un des plus purs joyaux d’entre eux dans le chef emplumé et saumoné du Financial Times (dit-FT pour les cocktails) ? Je parle d’une “fuite” bien organisé, provenant d’un service de l’Union Européenne, que nous nommerons StratCom(Strategic Communications), simplement parce que c’est son titre officiel. StratCom a donc accouché d’un “rapport interne” impliquant, comme agitateur sinon concepteur de ce qui peut être perçu de panique dans la crise Codiv-19, – qui donc ? Qui est impliqué, non accusé, non condamné ? Who else, je vous le demande, sinon la Russie, les Russes, diabolique-Mr.-Poutine & le reste ?
En date du 18 mars 2020, alors que je fêtais dans l’atmosphère festive qu’on imagine mon 76èmeanniversaire, messieurs Michael Peel et Sam Fleming, qui représentent avec une extrême assurance, type-Brexit, la référence-FT à Bruxelles, publiaient un article digne des plus grandes alarmes, sous le titre impératif de (interprétation dans le sens de la compréhension pour tous) : « L’UE avertit qu’une campagne pro-Kremlin de désinformation sur le coronavirus est en cours. »
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16 mars 2020 – Il y a deux ou trois jours, alors que commençaient à s’empiler les nouvelles des mesures dramatiques ordonnées contre la crise Codiv-19 perçue comme prenant un tour gravissime, m’est apparue une évidence. Un débat succédait à l’autre sur telle chaîne d’information, et chacun de ces débats marqué par la dramatisation qu’on imagine, réellement palpable, réellement tragique, parfois jusqu’à des extrêmes difficilement supportables.
Je ne parle absolument pas de la réalité des choses dites ni de leur fondement, ni de leur déformation, – vous savez que cet aspect-là est secondaire pour moi tant il est difficile d’y trouver une vérité-de-situation et tant qu’on n’en trouve pas une, – je parle de l’effet “shock & awe” [“choc & effroi”] que subissent, souvent inconsciemment parfois consciemment, votre perception et donc votre psychologie devant cette sorte de débats, et jusqu’à ces extrêmes lorsque des gens en charge de responsabilités majeures dans cette “guerre” parlent sans barguigner.
Un exemple, venu des USA où la pandémie n’est pas (encore ?) très grave, mais où l’impréparation est évidente et la perspective alarmiste : « Lors d’un échange brutal dans le cadre de l'émission ‘State of the Union’ diffusée hier sur CNN, le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut National des Allergies et des Maladies Infectieuses, a été interrogé : “On estime que des centaines de milliers de personnes aux États-Unis pourraient mourir ou, dans le pire des cas, des millions. Pouvez-vous dire au peuple américain que cela est possible ?” Fauci a répondu : “C’est possible”. »
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13 mars 2020 – ... Ce titre, c’est effectivement le refrain de la chanson Inventaire-66, de Michel Delpech en 1967. (Chanson très prémonitoire de mai 68 dans le ton, l’esprit de la chose, et la lassitude du vieux président.) Delpech chantait cela pour de Gaulle, on pourrait le reprendre pour Poutine certes. « La possibilité de Poutine pour l’après-Poutine » est un événement d’une extrême importance qui n’a pas fait tant de bruit, événement à la fois sensationnel et ambiguë, qui doit être soumis à des appréciations spéculatives. Il est écrit dans le texte référencé que la nouvelle « mérite des commentaires plus développés, sur lesquels nous reviendrons à la lumière de nos précédentes interventions, du 19 février 2020 et du 9 mars 2020 » ; je m’y emploie donc ici même et dans l’instant.
Ma première réaction en apprenant la nouvelle a été de surprise, puis aussitôt de rejet de cette surprise. L’idée qui m’était aussitôt venue, par conviction, par intuition, presque “d’instinct” dirais-je, est effectivement dans la ligne des deux textes du site référencés ci-dessus, mais largement prolongés à la lumière de la crise Covid-19 et tout son bastringue extraordinaire d’accompagnement. C’était non seulement la “fin de la patience russe”, mais encore la “fin de la patience” tout court, celle des dieux, manifestées par la pressions des événements extraordinaires que nous vivons. A cette lumière qui est celle des grands moments de la métahistoire, cet acte peut-être un peu arbitraire et en apparence surprenant de l’annonce de la prolongation (je dis bien “l’annonce de...”, et non “la prolongation”) de Poutine me semblait se justifier, – et la surprise devenue ainsi “rejet de la surprise” :
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8 mars 2020 – Cette qualification (“à nulle autre pareille”) vaut aussi bien pour la pandémie Covid-19 elle-même que pour la crise dont cette pandémie est manifestement le détonateur. Covid-19 est comme une pichenette cosmique donnée au Système déjà si vivement secoué par ses excès et qui, soudain, nous apparaît tel qu’en lui-même, – château de cartes s'effondrant, lignes de dominos s’entraînant les uns les autres, – et plus simplement vu : “le roi est nu”...
Je retrouve quelques intervention ici et là rencontrant le sentiment que j’ai déjà exprimé, d’être devant une épidémie qui, malgré des caractéristiques largement similaires sinon moins violentes que dans de nombreux cas précédents qu’on a connus (que j’ai connus) dans les soixante-dix dernières années, – de la “grippe asiatique” de 1957 à la SRAS de 2003 ou la grippe aviaire H1N1 de 2009, – produit des effets que l’on n’aurait jamais imaginés possibles pour ces divers cas de pandémies équivalentes, dont le centième, dont le millième ne s’en est nullement manifesté.
(Enfin, qu’importent ici ces interrogations sur le détail et la comparaison avec des précédents... “A nulle autre pareille”, est-il écrit de l'événement lui-même.)
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4 mars 2020 – Le sort de Tulsi Gabbard est peu ordinaire. Figurez-vous qu’elle est encore dans la compétition des primaires démocrates et rien, absolument rien n’est dit sur elle, à son propos, au sujet de son existence même, de ses idées encore moins, ni même sur la singularité de sa position qui pourrait prêter à l’ironie de la part de ceux qui voient en elle une marionnette de Poutine. Des internautes-tweeters vont jusqu’à se lamenter parce qu’il n’y a plus de personne de couleur dans la course, ou plus qu’une seule femme (Elisabeth Warren), ignorant jusqu’à l’existence même de Gabbard et par conséquent la couleur de sa peau. Le silence fait autour d’elle est un fait absolument surréaliste de la démocratie américaniste, du système de la communication, des vertus de la modernité, de notre sens de la liberté d’expression, de notre politiquement hypercorrect, que sais-je encore...
Bien entendu, elle fait des scores ridicules (autour de 1%-2%), mais peu lui importe puisqu’elle a décidé de rester jusqu’au bout ; en un sens, si vous voulez, – du moins je vois les choses ainsi, – elle a décidé de rester pour témoigner formellement du fonctionnement de la démocratie américaniste face à une candidat qui commet l’hérésie absolue de dénoncer les guerres extérieures d’agression et la politique de regime change du Système. Ce qui est également surréaliste devant cette candidate-qui-n’existe pas, ce sont les fabuleux efforts faits par le Système (ditto, la direction démocrate dans ce cas, le DNC) pour empêcher que quelque chose ne transpire de son existence, et bien entendu plus encore de son observation que le roi est nu et d’une stupidité à ne pas croire.
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3 mars 2020 – Je voudrais faire part à celui qui me lit d’un sentiment général qui me semble devoir beaucoup à ce phénomène, à la fois mystérieux et insaisissable mais où l’on devine une puissance cachée et formidable, qui se nomme “intuition”. C’est dire s’il ne faut pas attendre de démonstration, mais plutôt une escapade aventureuse et pleine d’exhortations. Pour autant, je suis assuré, je ne sais comment ni par quelle machination, que l'escapade n’est pas inutile.
J’ai pris mon temps avant de mesurer l’importance phénoménale, avec une cascade d’effets extérieurs au domaine, – j’en ai déjà beaucoup parlé, – de cette crise-Covid-19. Je mesure également l’inattention que j’ai montrée sur l’instant à la force des symboles qui font correspondre cette crise à un changement de décade dont plus d’une plume ont signalé la référence centenaire et si fortement significative : les Roaring Twenties menant à la Grande Dépression, et nous, un siècle plus tard exactement, avec ce Covid-19, l’assassinat métahistorique de Soleimani débouchant dans la même zone de tension sur une quasi-guerre Russie-Turquie mesurée, elle, à la folie mégalomaniaque d’un Erdogan.
Pour compléter le tableau, on cite l’éruption sans fin de “D.C.-la-folle” ; je veux dire, pour rassembler les principaux événements crisiques, tout cela qui me fait croire que nous avons basculé, au changement de décennie, dans un nouveau temps crisique. Il est vrai que, dans les esprits et dans les psychologies, dans une période crisique si abyssale où la raison est si suspecte de tant de dévergondages de subversion jusqu’à l’inversion de ce qu’elle prétend être, le symbolisme est d’une capitale importance. Il s’impose alors de faire un classement où les événements terrestres ne seront pas les ordonnateurs, mais le simples conséquences en même temps que les marqueurs de notre avancée générales, par étapes et bonds successifs au cœur des ténèbres de ces Derniers Temps.
(Suite)