Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Avril 2017 (11 articles)
(Avertissement : finalement, je complète et je l’édite ou mets en ligne, ce texte que j’ai ébauché il y a trois jours et mis sous le coude dans l’attente d’un dénouement clair qui ferait une chute bien dans les bornes de la raison. Je n’attends pas le verdict ou ne leconnais pas parce qu'il m'a échappé, parce que le dossier est assez épais ; donc l’on ne me voudra pas si notre héros finalement se décidait clairement, – d’ailleurs l’essentiel est dit et fait pour moi. Je lui donne mon blanc-seing à ce texte, comme on se donne carte blanche-comme-neige et comme l’on clame “Un homme à la mer !” après l’avoir discrètement poussé.)
Je l’ai dit, je n’ai pas beaucoup suivi les news depuis l’insupportable fiesta de La Rotonde. (Quelle hargne m’habite donc contre cette gentille sortie, style bizutage, de notre éternelle jeunesse-pipole ! Sans doute parce que, quelque persifleur d’esprit mauvais vous le dirait alors je le dis, – et cette hargne, c’est peut-être parce que je n’ai pas été invité, moi le pipole, – grave faute de communication.)
Cette brève entrée en matière pour vous dire combien ce texte est à prendre au sérieux avec le moins de sérieux possible à l’esprit ; ce serait plutôt un exercice de divination, de transmission de pensées indociles, ou insoumises après tout, rien que de l’hypothétique pur sucre, avec ma boule de cristal un peu enfumée et qui roule, qui roule, like a rolling stone, comme sur une piste de bowling pleine d’ornières et de virages serrés. Bref, je ne suis sûr de rien mais je n’hésite pas à parler comme si j’étais sûr de cela (de n’être sûr de rien)... Eh bien alors venons-en au fait qui est que mon propos ainsi prudemment balisé concerne le comportement de Mélenchon depuis les résultats du premier tour, – qui ont été une épouvantable déception pour lui ces résultats, puis qui ont dû le faire réfléchir, notamment devant le spectacle du Micron déchaîné dans son slalom des impairs et des maladresses considérables. (A agir aussi sottement qu’il fait ici et là, d’une façon où même si son acte n’est pas tout à fait sot il le paraît tout à fait, on croirait, ma foi, qu’il est d’ores et déjà, notre-Micron, véritablement notre-Président ; alors, c’est que La Rotonde était plus que justifiée, remake absolument légitime du célinesque “agité du Fouquet’s”...)
(Suite)
Fidèle à mes habitudes qui tournent dans les moments extrêmes à l’obsession et à la répulsion, je n’ai quasiment pas consulté à ce propos la TV-News et la presseSystème depuis l’élection, – oups, pardon, la qualification, – de Micron. (Oups ! Ce “a” qui continue à sauter de mon clavier [*].) Tout de même, j’ai trempé le bout du doigt de pied dans l’eau hurlante, notamment et principalement par le biais de la consultation des ordures-traîtres de la presse russe, RT et Sputnik les deux cornes du diable, ainsi que l’un ou l’autre site français antiSystème. (Il est important que je passe par les Russes en cette occurrence, pour que l’on puisse établir la passionnante narrative des lignes brisées des complicités, car l’antirussisme a besoin de ces circonstances obscures pour se justifier d’exister et il faut veiller à son entretien.)
Bref, je n’ai vu que très peu de choses sur les événements depuis le premier tour mais figurez-vous que cela me suffit pour me faire l’une ou l’autre idée qui me satisfait dans la compréhension de l’essentiel de cette affaire de si grande importance. Je vais même jusqu’à me permettre d’offrir, ci-dessous et entre autres, des extraits d’un texte français, qui m’est parvenu par le biais de RT-français, qui est de Pierre Lévy, du site de gauche antieuropéen Rupture sur lequel on retrouve le texte.
Là-dessus et avant d’enchaîner, je vous dirais que, concernant Fillon, j’ai eu vent par Radio-Moscou de son adhésion hyper-rapide à Micron, suivi de son annonce de son entrée en modestie comme on entre au couvent (il ne sera pas candidat aux législatives, il deviendra un « modeste militant »). Pauvre vieux-jeune homme, liquidé comme un linge sale qui pue, ou disons plus-tendance : comme “un fromage-qui-pue”. Je n’en reviens pas d’avoir écrit ce que j’ai écrit sur Fillon in illo tempore et, en même temps, je vous l’assure, je suis moi-même assuré de ne pas avoir été trompé une seule seconde par la main qui guide ma plume sur la réflexion de ce moment-là. Pour quelques jours, pour quelques heures, Fillon a connu la grâce authentique ; ensuite, inconscient de la charge qui lui était échue, pfutt, dissolution du personnage qui ne sut même pas montrer quelque habileté lorsque Hollande fit en sorte que la presse absolument-libre, bien huilée et coordonnée, mît à nu ses petites cochonneries. (Comme les choses vont vite, et les occasions, aussi rapides que fondamentales, et ratées jusqu’à l’effondrement si on ne les saisit pas, comme la grâce elle-même qui est une chose essentielle jusqu’à l’illumination mais aussi fugace qu’une plume dans le vent.)
(Suite)
J’ai laissé s’écouler quelques heures avant d’y revenir, pour m’assurer de mon sentiment dans cet instant-là... Un instant, juste un instant, cela ne dure pas longtemps. Qu’il soit d’ailleurs bien compris que cela ne présuppose rien, ni des prévisions de ma part, ni de la supposition d’une probabilité concernant la personne qu’on trouvera à l’Elysée dans un peu moins d’un mois, ni même d’une certitude quelconque sur tel ou tel personnage, ni enfin, encore moins, de mes goûts et choix en la matière qui sont d’ailleurs proches d’être inexistants pour ce qui tient à l’essentiel de mes préoccupations.
(Après tout, Micron [*], puisqu’on va très vite comprendre que c’est de lui principalement qu’il s’agit, pourrait se révéler comme ce tigre caché tout au fond de son moteur de la globalisation et prêt à se brandir lui-même hors des sentiers battus et dans le vent de la vitesse, et nous serions alors tous à nous exclamer, considérant le funambulesque personnage qui se serait dissimulé derrière la non-essence du moteur en question : “E miracoloso sporgersi”.)
J’ai connu cet instant exactement lorsque j’ai fait une incursion sur l’une ou l’autre chaîne TV de type-News aux alentours des 20H00 fatidiques, pour avoir une rapide idée des résultats, avec Micron en tête, puis j’ai changé de chaîne pour retomber je ne sais comment sur un téléfilm enregistré par une main citoyenne et situé à Verdun, où il y avait, hors d’une intrigue sans joie ni grandeur d’aucune sorte, au moins des images qui sont faites pour m’émouvoir, celle du grand champ de bataille sous la lune dont j’ai souvent parlé. La cohue citoyenne des commentateurs à propos des résultats, l’hystérie à peine contenue des commentaires-Système à propos de la position de leur champion, leur certitude absolue dissimulée derrière leur exultation contenue qu’il serait président, tout cela qui faisait brouhaha démentiel autour des résultats entrevus un instant était un peu trop pour ma fragile constitution psychologique. “Un instant de honte” ai-je d’abord pensé à écrire comme titre sans rien savoir de mon texte, puis passant à “un instant de dégoût”, puis après tout additionnant les deux ; la honte était celle d’être un Français alors qu’il y avait ce spectacle en-France [je ne dirais pas “de la France”], le dégoût concerne ce spectacle lui-même, France ou pas France.
(Suite)
La France vaut-elle une crise, c’est-à-dire pour ce Journal-dde.crisis une “humeur de crise” ? Le seul fait de poser une telle question montre justement dans quel état de dévastation, et donc état crisique bien entendu, se trouve la France : qu’il soit concevable qu’une réflexion s’impose pour déterminer si la France est en elle-même assez importante pour encore prétendre que sa crise évidente puisse prétendre elle-même être reflet, miroir et symbole à la fois de la crise du monde... Car, évidemment, s’interroger pour savoir si “la France vaut bien une crise”, c’est s’interroger pour savoir si la France est encore assez signifiante pour que la crise où elle se trouve évidemment, – réponse de forme à la question, – ait une dimension d’universalité dans la lutte du Système contre l’antiSystème.
Il se trouve que la réponse tend à être positive. On le voit, on le sent, à l’intérêt peu ordinaire qui est porté à la France pour ce premier tour, y compris et surtout dans la presse anglo-saxonne, et particulièrement la presse antiSystème anglophone, des USA et des sites anglophones “internationalistes”, de cette sorte d’“élite” antiSystème qui a fleuri ces quatre-cinq dernières années. (TheDuran.com, Russia Insider, ZeroHedge.com, jusqu’aux plus exotiques comme Infowars.com). Les élections françaises et les événements français y sont suivis avec un réel intérêt, et la sensation qu’ils comptent sans le moindre doute pour l’évolution de l’antiSystème. De ce point de vue, il semble que la France puisse envisager d’à nouveau “tenir son rang”.
Je ne dirais pas une seconde quels sont mes sentiments ni même mes préférences sur le résultat du scrutin, ni sur l’évolution après le scrutin selon son issue. Je n’en ai aucun de véritablement structuré, fidèle à mon habitude de ne rien prétendre prévoir de formel dans les événements qui ont désormais l’habitude d’agir d’eux-mêmes, et encore moins dans les conséquences des tendances et des dynamiques. Tout juste ai-je un espoir : c’est que la France, qui fut admirable dans l’Histoire pour sa capacité ontologique et souveraine à subir et à repousser toutes les tensions sans connaître de crise structurelle à cet égard, donc en évitant le désordre pour sa propre structure, que la France, enfin, entre dans le désordre régénérateur, celui-là qui ne peut être que régénérateur pour elle. J’aimerais qu’elle cesse de s’abriter derrière une direction prodigieusement inculte, grossière et imposteuse, qui elle-même se donnait à bon compte une espèce de vertu à l’ombre salvatrice de ses “institutions” ; que la pute subventionnée qui lui servait de direction ne puisse plus se maquiller en marquise pour nous faire croire que l’Elysée est devenu autre chose que le bordel de ses inconséquences et de ses incohérences.
Bien entendu, on l’a compris, ce désordre ne signifie pas nécessairement insurrection, élection folle, trouble des foules et des rues, – bien que cela puisse aider, je le reconnais. Le désordre-en-France, d’abord, c’est la continuation de l’espèce de vertige piqué de panique, d’incertitude et d’angoisse de ceux qui ont l’habitude de susciter panique, incertitude et angoisse chez leurs administrés. Cette psychologie radicale est apparue durant la campagne, et il faut que cela se poursuive : une France en désordre aujourd’hui, c’est une France qui découvre enfin l’antiSystème... Que le désordre soit.
Les événements qui sont annoncés représentent une très grande défaite pour la démocratie et, pour mon compte, une immense déception par rapport à ce que j’attendais de cet indiscutable homme de non-État qu’est le président Hollande. S’il avait été un véritable homme de devoir, un irréfragable homo democraticus, c’est-à-dire effectivement homme de non-État dans ce cas, il aurait, en supprimant cette élection présidentielle (et la suite), décrété non pas l’état d’urgence mais l’état de dispense qui eût été une forme subtilement cachée mais destinée à devenir éclatante au-delà des siècles de la proclamation de l’immobilité éternelle.
Cela n’aurait nullement été un “coup d’État” mais bien une proclamation démocratique, d’une sorte de fixation dite “en l’état”, autrement dit un “coup de non-État”. Il aurait ainsi signifié que la situation que nous connaissons qui est perçue comme celle du déséquilibre catastrophique est en réalité celle de l’équilibre-parfait-dans-le-déséquilibre-catastrophique constituant l’achèvement décisif et figé dans l’éternité du projet postmoderne. Au lieu de quoi, nous avons cet événement stupide en soi, d’une stupidité marquée par la confusion, le désarroi et la fureur que nous observons, qui vient contrecarrer cette grandiose ambition. C’est ce que Hollande n’a pas accompli, il a manqué à ses devoirs... Effectivement et vertueusement homme “normal“ et “dernier homme” nietzschéen à la fois, il porte la lourde responsabilité de n’avoir pas distingué cette vertu qui était sienne, combien il avait lui-même porté l’état de médiocrité à un sommet tel qu’il n’y en a pas de plus haut, et qui méritait donc d’être démocratiquement protégé et conservé. La démocratie en eût été fortifié à jamais.
J’avais attendu, sinon espéré, que sa décision de ne pas se représenter était l’amorce de cette proclamation de “l’état de dispense”, avec la suppression de l’élection présidentielle qui aurait suivi après quelques semaines laissés aux “Insupportables” pour se gavrocher dans leurs simulacres de “primaires” et autres agitations. Ensuite, il aurait lui-même abandonné sa charge à l’heure prévue, et peut-être même ordonné la suppression du gouvernement, libérant du coup Jean-Marc Ayrault de ses devoirs pour lui permettre d’écrire ses mémoires sous le titre de “Comment j’ai fait oublier Vergennes”. J’éprouve devant tout ce gâchis des occasions perdues une profonde déception et une grande peine. Le “dernier homme” n’a pas osé assumer cette vertueuse fonction d’être effectivement le dernier en toutes choses, y compris les choses historiques qui devaient se clore après lui. L’Histoire lui en demandera raison.
(Suite)
L’extraordinaire et épatante transmutation de Trump 1.0 en Trump 2.0, telle que nous l’explique dedefensa.org dans ses aspects les plus étonnants (avec d’autres qui commencent à développer cette analyse, comme nous le signale le 15 avril 2017 notre lecteur Vieux Rebelle en citant Adam Gurrie de TheDuran.com), ne cesse de semer un immense désarroi et une considérable confusion dans les deux camps qui s’opposent. Ainsi faudrait-il expliquer aux étudiants de Berkeley que, désormais, Trump n’est plus cette sordide ordure-facho-qui-pue qu’il eut coutume d’être pendant un an et demi, mais au contraire un brillant président-commandant-en-chef qui en a bien plus qu’Obama là où il faut puisqu’il ordonne de taper contre Assad et couvre le président syrien d’un nombre respectable d’insultes... Trump est devenu une référence également respectable sinon impérative pour les journalistes de la presseSystème, comme on le voit et l’entend avec cette question infiniment subtile et immensément délicate de Margaret Brennan, de NBC, à l’intention du ministre russe Lavrov, à Moscou, lors de la conférence de presse Lavrov-Tillerson :
« À la minute 48:14, Brennan a déclaré : “Le président Trump a traité Bachar al-Assad d’animal. C’est le leader que votre gouvernement continue de soutenir. Pouvez-vous nous dire combien de temps la Russie sera prête à risquer la vie de ses soldats et à dépenser son argent pour les protéger ?”»
Je ne vais pas trop m’attarder au parti-Système, à lui de se débrouiller avec son problème d’ajustement et d’adaptation ; entre ceux qui s’alignent automatiquement sur la nouvelle ligne parce qu’ils ont la colonne vertébrale du type-éclair au chocolat (comme le président Theodore Roosevelt disait fameusement de son président McKinley) et ceux qui ont quelques difficultés à effectuer le “demi-tour droite !” réclamé par les derniers événements. Je m’intéresse surtout aux américanistes et anglo-saxons en général parce qu’ils sont les mieux informés et les plus concernés, donc les intéressants en l’occurrence. Les autres, notamment les Français, ont exprimé sur le moment des réactions directes et parfois abruptes, d’ailleurs révélatrices, avant de revenir à leurs préoccupations nationales et considérables (électorales essentiellement).
(Suite)
En toute et belle franchise, je ne croyais pas que cette campagne présidentielle française, outre l’importance métahistorique qu’elle a nécessairement par elle-même et qu’elle ne cesse d’affirmer de plus en plus tragiquement au rythme et à mesure des événements extérieurs qui l’accompagnent (l’attaque US en Syrie, la trahison de Trump), m’apporterait quelque surprise que ce soit au niveau de ses participants. Je me déprends peu à peu de cette croyance, pour reconnaître qu’une personnalité, un caractère émergent et ne cessent de s’affirmer. Je ne parle pas des sondages, même s’ils vont dans le même sens, ni même des commentaires, des affirmations et des exclamations, même s’ils ne me contrarient pas ; je ne parle pas des “programmes” détaillés, notamment pour la situation intérieure de la France que rien ne peut régler qui ne dépende de ce qui se passe au-dehors... Je parle du sentiment qui oriente mon jugement à partir de certaines grandes affirmations qu’on entend, d’attitudes, de caractères révélés ou conformés, je parle de tout cela qui éveille mon jugement dans ce cas, qui l’oblige à se hausser, à investiguer et à se prononcer. Tout cela, parce que nous sommes dans des temps de toute urgence, depuis quelques jours à peine.
Justement, j’ai déjà parlé de mon sujet présent il y a six jours, donc il n’y a aucune surprise dans mon propos, peut-être même y trouvera-t-on de la redite. Ces derniers jours, tiens justement ces six derniers jours, j’ai prêté un peu plus d’attention à ce Mélenchon-là, cru-2017. Contrairement à ce qu’on en dit généralement, dans tous les cas au premier abord, je ne le trouvais pas si différent qu’en 2012 (article du 12 avril 2012, lorsqu’on en parla pour la première fois dans ce contexte, essentiellement pour ses positions de politique extérieure) ; et puis, le premier abord tiré, comme l’on dirait d’une équipée maritime, oui effectivement il y a de la différence, et les bruissements divers à cet égard ne sont donc pas déplacés. Il y a la maturation d’une ambition qui a su se justifier à ses propres yeux. Mélenchon ne va pas au hasard, comme on va à la pèche, il entre dans son circuit et dans sa quête avec une conscience aiguë de l’enjeu de la crise du monde, – l’un des seuls, sinon le seul, – et une certaine humilité dans une pièce qui est entièrement une tragédie où il pense pouvoir trouver sa place au nom de la France ; pièce qui est tragédie pure, où il se doit de croire ardemment qu’il a sa place au nom de la France, qu’il doit faire en sorte dans cette terrible adversité qui pèse sur nous depuis “la trahison de Trump” (la chose est répétée à dessein pour bien affirmer sa signification profonde), de la faire figurer, la France, à un poste de combat où elle tenterait de retrouver le poids que l’Histoire lui a assignée. (« Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu’elle doit remplir. La France exerce sur l’Europe une véritable magistrature, qu’il serait inutile de contester... » : même aujourd’hui, le jugement de Joseph de Maistre [*] subsiste parce qu’il y a des vérités immuables malgré le travail de cochonnerie exceptionnel d’efficacité des bouffons-pantins-poires qui se sont succédés dernièrement.)
(Suite)
C’est sans doute un événement politique unique qu’a accompli Donald Trump, le président inattendu et qui ne cesse de prendre notre attente à contrepied, avec sa décision d’intervention contre la Syrie. Il faut lire le très long article, extrêmement fouillé, du Saker US, ce 11 avril 2017. Pour lui, Trump a trahi ceux qui l’avaient porté à la présidence, et dans un acte absurde puisqu’il n’écarte nullement la haine profonde de ses adversaires pendant de nombreux mois qui brusquement l’applaudissent pour la séquence sans céder en rien sur leur sentiment profond, tout en perdant brutalement la confiance de sa base populiste et anti-interventionniste. « Le pire de son soudain revirement est qu’en trahissant les gens à droite et à gauche, Trump a montré que vous ne pouvez plus lui faire confiance et qu’il vous laissera tomber sans hésitation quelles que soient les circonstances [s’il le juge intéressant et avantageux]... »
A aucun moment, le Saker ne met en cause sa sincérité durant la campagne présidentielle. Simplement, observe-t-il, quand il jugea, Trump, que la pression exercée sur lui par son “opposition” (neocons & Deep State, les usual suspects), avec tous les effets induits, devenait un prix trop élevé pour lui, il changea brusquement d’orientation... Voilà “la trahison de Trump”. Peut-on dire pour autant qu’il a changé de camp ? Justement non, et c’est bien là que sont le fait le plus remarquable et, pour certains dont je serais tenté d'être, le danger le plus grave, – car en fait, ce que nous apprend principalement l’épisode, c’est que Trump n’a pas de “camp”, pas d’engagement, pas d’orientation. (Le Saker dit, selon une autre approche plus crue et abrupte, qu’il est « totalement sans caractère,... avec l’éthique et la morale d’une prostituée de parking pour poids lourd »)
(Suite)
Il y a une rapidité peu ordinaire et sans précédent ni équivalent concevable dans cette situation qui ne cesse de se faire succéder les renversements radicaux des positions. C’est dire si, à cette heure de ce matin (09H00), quelques heures après l’intervention militaire US avec le tir de 60 missiles de croisière contre, semble-t-il, une base aérienne syrienne, mon intervention à moi sera basée sur une très faible quantité d’informations, et s’en tenant au fait brut : rapidité de la décision, exécution immédiate... Cela conduit à quelques constats mesurés à l’évidence des événements, à quelques questions également évidentes mais nullement précipitées parce que répétées depuis au moins quatre années à la lumière des menaces d’intervention US. Mais l’observateur bien plus que le commentateur que je suis en a bien conscience : rien d’assuré dans toutes les remarques qui suivent, rien qui ne puisse changer et être complètement démenti en quelques heures au gré de cette situation absolument incontrôlable... Comme il était écrit hier dans ce même Journal-dde.crisis qui a l’avantage, par sa personnalisation subjective de ne pas prétendre à la moindre objectivité sans réplique et aux prévisions assurées, « Les événements courent et n’attendent pas ; ils prennent au vol ce qui leur convient, sans nous demander notre avis... » (*)
L’attaque de cette nuit s’est faite dans des conditions bien pires que celle qui était prévue en août 2013 et qui n’eut pas lieu : aucune certitude sur la responsabilité de l’attaque et quelques signes évidents de l’habituel false flag, l’absence complète d’intérêt tactique jusqu’à l’absurde de la Syrie de réaliser une telle attaque au moment où les USA venaient de modifier leur position vis-à-vis d’Assad, la situation vérifiée (par l’ONU, la Russie et les USA) du désarmement chimique de la Russie depuis 2013, une information biaisée par des filières connues depuis longtemps comme très-douteuses, aucune vérification d’aucun élément dans les circonstances, aucune légalité internationale, quasiment aucune consultation réelle mais quelques notifications préventives ici et là, un climat absolument plongé, noyé dans l’hystérie et l’affectivisme, etc. (On y ajoutera des considérations objectives : la présence des Russes, l’aide indirecte apportée à Daesh et les autres bandes que Trump prétend détruire, et un encouragement direct à poursuivre plus que jamais, le déchaînement belliciste des acteurs qui ont été peu ou prou disciplinés par les Russes : Israël, la Turquie, l’Arabie, etc., et chacun bien entendu avec des buts différents qui vont rallumer ou aggraver les affrontements, etc.)
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Puisque les événements vont très vite, beaucoup plus vite que nul ne peut imaginer, tentons de les suivre non pas pour les expliquer, ce qui supposerait d’en être en partie les instigateurs, mais de les comprendre comme un observateur extérieur qui ne peut rien pour les modifier. Il y a longtemps que je ne peux me départir du sentiment que “les événements”, – expression passe-partout pour figurer la dynamique de la Grande Crise Générale de l’effondrement du Système, – sont totalement détachés de nous, hors de notre contrôle, qu’ils ont leur propre logique et j’irais même jusqu’à dire comme pour les personnaliser en un être leur propre essence. Je ne peux donc être que cet “observateur extérieur qui ne peut rien pour les modifier”.
... Et cet “observateur détaché”-là en tient, je l’avoue, pour la parallèle USA-2016-France-2017 dont on a beaucoup parlé sur ce site et qui me semble si féconde pour “comprendre les événements”. (Voir notamment dans ce Journal-dde.crisis le 2 mars puis le 11 mars, sur le site le 25 mars.) Les deux événements (USA-2016 et France-2017), qui marquent le destin des deux pays aux relations étroites et tumultueuses, sont éventuellement faits pour se rencontrer si quelques signes clairement apparus s’insèrent dans la dynamique ; et se rencontrer éventuellement avec une brutalité extrême et diverse, c’est-à-dire selon mon point de vue avec la plus grande fécondité possible.
Aux USA, que se passe-t-il ? Avec ce qui semble être la disgrâce de Stephen Bannon qui date d’hier, la présidence Trump poursuit sa descente dans le désordre. Pour nombre de commentateurs, et cela d’une façon justifiée, l’orientation de la politique de sécurité nationale US est en train de se changer en une complète absence de changement, contrairement aux attentes de la campagne, avec confirmation du verrouillage par le Système. C’est ce que disent par exemple Robert Parry et le Saker US. Tous deux ont écrit leur texte (les 3 et 5 avril) juste avant l’annonce de la disgrâce de Bannon, mais le Saker en a tenu compte in extremis pour renforcer sa thèse (« P.S. : I just learned that, just as I had predicted, Bannon has been removed from the US National Security Council...[...] Now the coup against Trump is fully completed. And Bloomberg celebrates “Intelligence director, Joint Chiefs chairman elevated”. Yeah, no kidding! It’s over folks, the Neocons have totally crushed Trump. And he did not even given them a halfway decent fight…», etc.). Il faut admettre que les très-récentes prises de positions et les déclarations variées de divers ministres et autres, et jusqu’à Trump lui-même, sur la Russie et sur la Syrie avec la dernière attaque chimique notamment, sont complètement “dans la ligne” de la politiqueSystème plus ou moins suivie avec zèle et décontraction par Obama.
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Lui qui se promettait d’intervenir régulièrement, nous ne l’avons guère entendu ces derniers temps … Depuis le 6 février, alors qu’il marmonnait, presque deux mois déjà. J’ai été me renseigner auprès de lui, avec quelques nouvelles d’ailleurs, et lui-même me les confirmant. On verra cela plus loin, ou plus tard, et l’on réalisera que c’est peut-être le plus important de ce texte.
– Je sais, me dit-il, vous n’avez plus entendu parler de moi. Notre entretien du 6 février, que vous avez bien voulu mettre en ligne, a eu un certain effet sur le moment… Mais, bien sûr, un peu des allures de feu de paille, vous savez. Il y a eu des réactions de lecteurs, très chaleureuses, très touchantes, très encourageantes, ce sont des lecteurs de qualité. Mais, – c’est toujours le même “mais”, n’est-ce pas… La dernière fois que nous en avons parlé, on comptait quoi, 150-160 exemplaires vendus, des deux tomes, et l’on doit être autour de 180-190… Mais (encore un “mais”) c’est désormais une commande par semaine, rarement deux, parfois et même plus d’une fois aucune commande durant une semaine… Voilà le sort de La Grâce.
(Suite)