Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Avril 2019 (14 articles)
30 avril 2019 – Je vais compléter le texte de ce jour sur de Gaulle, d’une plume britannique et néanmoins gaulliste, par un extrait d’un projet littéraire jamais terminée, et encore moins publié, comme mes armoires regorgent. Le projet se nommait (j’avais déjà mon titre) La parenthèse monstrueuse, et j’en ai déjà donné des extraits à deux reprises : une fois concernant la Beat Generation et l’autre fois concernant Raymond Aron. Pour ne vous faire grâce d’aucun détail, voici une reprise (du texte de présentation du passage sur Raymond Aron, qui à mon sens vaut le détour), explicitant de quoi il est question avec ce projet datant de 2005-2006 et déjà mené assez loin, avant que je ne divergeasse vers un projet plus vaste qui incluait des éléments de La parenthèse et allait nous conduire vers La Grâce de l’Histoire…
« …Ce projet avait un titre, La parenthèse monstrueuse, dont on retrouve les orientations fondamentales dans une partie de La Grâce de l’Histoire. (Rien n’est donc jamais perdu tout à fait.) La “parenthèse” en question va de 1933 à 1989-1991 et son interprétation se fonde sur l’idée que le grand événement du XXème siècle fut la Grande Guerre, dont la signification fut en bonne partie comprise et étudiée dans l’entre-deux, à peu près jusqu’en 1933, quand tout bascula soudain dans la mainmise des idéologies sur la politique du monde. Dès lors, l’orientation de la réflexion ne fut plus consacrée qu’à cet affrontement catastrophique des idéologies, qui écarta l’essentiel que nous avait inspiré la Grande Guerre, lorsque nous étions proches de la vérité fondamentale de notre temps historique. Cette “parenthèse” vit donc, d'une part, le paroxysme et l’effondrement catastrophique de la dynamique allemande qui avait été chronologiquement la première à prendre sous son aile la dynamique du “déchaînement de la Matière”, ou plutôt avait été choisie par elle pour la représenter dans l’histoire du monde ; et, d'autre part, le courant américaniste, déjà fort bien préparé, qui prit le relais à son compte et nous mena au terme de la parenthèse (en 1989-1991) pour en émerger dans la position qu’on sait et pour devenir définitivement l’élément fondateur et nourricier de la catastrophe universelle qu’est notre époque de Grande Crise générale. »
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29 avril 2019 – J’ai lu le livre dont on parle beaucoup, Crépuscule de Juan Branco. Tout le monde sait ce dont il s’agit : la description de l’ascension de Macron par un homme (un jeune homme) qui précise bien entendu qu’il appartint à ces réseaux qui firent le boulot, et qui en est sorti par choix moral pour “entrer en dissidence”, pour “lâcher le morceau”, – ce qu’il fait avec minutie. Ici, je ne veux pas parler de l’auteur, de ses diverses révélations (ou “révélations”), des diverses situations décrites, des personnes impliquées, mais seulement de l’impression générale concernant disons une “atmosphère”, que j’ai éprouvée à la lecture de son livre. S’il y a pour moi du vrai dans ce livre, je veux dire du fondamentalement vrai, c’est là que je l’y trouve.
Lui-même, Branco, dans une interview que j’ai visionnée (Thinkerview, le 13 mars 2019), m’est apparu sous un jour favorable : parlant bien, droitement, avec naturel, d’une façon convaincante quant au récit qu’il nous donne. La phrase qui, à son avis, résume aussi bien Crépuscule que son sentiment général sur ces gens qui forment à la fois une partie importante “de nos élites” et les réseaux qui ont fabriqué et mis Macron sur orbite, c’est celle-ci, p.310 : « Ces gens ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption. »
(Suite)
26 avril 2019 – Je n’ai pas vraiment l’habitude de commenter un article qui paraît le jour même sur le site, mais enfin, on le sait, une habitude est aussi faite pour ne pas être respectée à l’occasion. Il s’agit donc du commentaire fait autour des déclarations de David Trachtenberg, chargé de la politique au Pentagone en tant que “faisant-fonction” de n°2 de ce très-puissant ministère.
Je rappelle rapidement ce qu’a dit cet éminent personnage, se référant aux nombreux programmes de missiles hypersoniques développés par les Russes, qui ont creusé une avance stratégique considérable sur les USA, – dans une réponse à une question qui suivait sa conférence à la Brookings Institution le 24 avril :
« …Comme je l'ai déjà dit, nous ne sommes pas intéressés par un développement symétrique système pour système. Les Russes ont développé une quantité incroyable de nouveaux systèmes d'armes, y compris les nouveaux systèmes que le président a dévoilés en grande pompe il y a quelques mois. Les Russes les font, nous ne les faisons pas... Les Russes font des choses que nous ne faisons pas. Nous essayons de prendre des mesures modestes afin de diminuer la confiance de la Russie dans le fait que ce qu’elle fait lui donne un avantage exploitable qui pourrait mener à une erreur de calcul de sa part que nous ne voulons absolument pas voir. »
(Suite)
22 avril 2019 – Qu’un “ministre de la République” comme ils aiment à se distinguer pompeusement, s’imaginant que le titre fait la chanson, et celui-là Homme sans qualités comme écrivait Musil avec cette observation prémonitoire dans l’inversion (« Rien moins qu'un livre-monument, conçu à la manière d'une cathédrale »), – que ce ministre au parler empreint d’une monotonie entropique nous avise le soir de l’événement que ce serait verser“ dans le complotisme” qu’imaginer autre chose que l’observation officielle assénée sous la forme d’une certitude (“un accident”), cela en dit long sur eux-mêmes autant que sur “l’accident”. Que ce ministre donc, qui est un sot extrêmement médiocre, infécond et ennuyeux (il y a des imbéciles parfois joyeux et inspirants) se permette de dire une telle chose alors qu’il n’y est nullement forcé dénote qu’il a des lectures qui ne sont pas de son âge, des fréquentations à mesure et des mauvaises manières.
Mais le sujet n’est pas le “ministre sans qualités”, donc sans intérêt, vers quoi je me suis laissé emporter, mais bien le complotisme. Dans ce cas, il s’agit de l’hypothèse : “Et s’il ne s’agissait pas d’un accident ?”.
Cela tombe bien, cette accusation de “complotisme” lancée par une autorité-Système, just in time... Alors que le Système vient de nous balancer en pleine figure, avec quelle fureur, le rapport Mueller, – après deux ans d’enquête forcenée et de narrative hallucinée de type McCarthyste, rapport sans la moindre miette ni poussière sur l’accusation centrale (Trump complice-manipulé de Poutine) ; cette accusation habillée d’un complot extraordinaire, née d’un délire auto protecteur et aussitôt adoubée par la presseSystème, jour après jour depuis la mi-2016, chaque fois sur le ton affirmatif de la Vérité-révélée et expérimentée dans tous les grands quotidiens “de référence”, dans l’enthousiasme d’une mobilisation complotiste sans un pli pour la vertu démocratique. Pas de complotisme, ô “ministre sans qualités” ?
(Suite)
20 avril 2019 – J’avoue n’avoir pas marchandé mon bonheur lorsque Finkielkraut, semi-grave pour l’évidente force de son idée et demi-ironique en imaginant ce que seraient les binettes de ceux qui l’écoutaient, commença à dire qu’il ne croyait pas à un accident ni à un attentat, pas du tout… Mais bien plutôt ceci, évoquant l’usine à touristes par millions, l’incessante exploitation,
« livrée aux cars immenses et immondes, découragée par cet environnement dé-spiritualisé, elle a voulu mettre fin à ses jours et in extremis en a été empêchée par des pompiers exemplaires et héroïques »…
Je ne marchande pas mon bonheur car vous aurez tous reconnu l’idée centrale que développe notre poétesse Badia Benjelloun dans son « Notre-Dame ». Il est vrai que nous autres, pauvres hères et pauvres humains qui portons et supportons cette époque terrifiante de bassesse, nous comprendrions si bien qu’elle, Notre-Dame, puisse songer au pire selon nos conceptions habituelles et peut-être erronées ; exaspérée enfin, par les marchands du temple qui sont le principal “reflet du temps” que le philosophe Premier ministre Philippe voudrait voir figurer pour illustrer Notre-Dame 2.0 à laquelle nous apporterions les améliorations qui s’imposent, avec consommation réduite, taxe-carbone, et une décoration extérieure rendant compte de cette sublime “diversité” qui fait toute la richesse de cette opulente époque des hautes eaux du système sanitaire. Dans une telle perspective enfermée dans de telles intentions de bureaucrates de l’Art Contemporain, tiendrions-nous le terrain propice à nos élans décisifs ?
18 avril 2019 – il y a un argument autour de la question de la reconstruction/de la restauration de Notre-Dame... Malgré cette rêverie où je me trouve et qui m’entraîne sur des voies incertaines par rapport à la bien-pensance de la République, je prends des précautions de langage en offrant deux mots pour un, mais le fait est bien qu’il s’agit d’une “reconstruction” et en aucun cas d’une “restauration”, et je dirais plus encore car le mot était venu sous ma “plume” (!) avec de multiples coquilles à cause d’un clavier bien mal tempéré, fait pour des créatures-postmodernes et pas pour un faiseur de textes conscients : une “restructuration”.
Bien, il s’agit d’une hypothèse de rêveur à l’esprit bien subversif, qui pourrait néanmoins bien être une possibilité, voire une probabilité, car le personnel du Système ne lâche jamais sa proie et sa sottise infinie le garde de toute de toute sotte infraction par rapport aux consignes. Le mot “restructuration”, qui m’a donc échappé, implique, dans le sens où je l’apprécie, avec la re-création de la structure qui est le fondement de l’être, et qui serait nécessairement différente dans ce cas, l’élimination totale, l’éradication de toute trace de mémoire de la pierre sublime venue de la Tradition que Notre-Dame avant le feu gardait intacte pour ceux parmi les Parisiens et dans les cohortes moutonnières de touristes encore capables de percevoir de quoi il s’agit.
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17 avril 2019 – Avant d’être “800 ans de l’histoire de France”, avant d’être “le monument le plus visité du monde” et un “chef d’œuvre du patrimoine mondial”, avant d’être l’architecture mystique “qui veille sur Paris et fait de Paris ce qu’il est”, Notre-Dame est une cathédrale. Cela pourrait gêner certains, qui ont vu dans cette sublimité de l’art religieux parvenu au suprême esthétique du gothique flamboyant une ode à “la religion de la République” (parole, j’ai entendu cela), mais cela est. Je veux dire que le fait est que Notre-Dame est l’œuvre du christianisme et du catholicisme.
Cela bien compris pour que tout soit bien entendu, il est évident que la cathédrale, – Notre-Dame et ses sœurs gothiques, – est une part du miracle de la matière atteignant à la parfaite spiritualité, et cela n’est pas l’apanage du christianisme ni du catholicisme, ni de quelque autre “isme” que ce soit, mais plus droitement du Mystère qui nous habite, qui nous hante et qui nous exalte, et qui fait notre foi malgré tout. A propos de cette extraordinaire émotion entourant la catastrophe de Notre-Dame, l’architecte Christian de Portzamparc observeque « cela nous révèle à nouveau que l’invention de l’architecture gothique fut merveilleuse, cet art de conquérir la hauteur pour faire descendre la lumière du plus haut possible. Il y a celle de la foi, et il y a celle de la beauté. Les visiteurs ressortaient de cette cathédrale émus et changés. » Ces diverses considérations convergent pour nous suggérer la définition même de ce qui pourrait être perçu comme le mystère du monde et le mystère de nous-mêmes, et dans tous les cas, par inversion des situations, le centre et le cœur grondant de la causalité originelle de la Grande Crise que nous subissons aujourd’hui.
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Le censeur-Artificial Intelligence de Yutube eut l’heureuse idée de placer l’événement de dévastation sous les auspices de 9/11, – Notre-Dame définie par les tours de Manhattan, – suggérant à ceux qui n’y pensaient pas encore l’idée du complotisme. Ils se sont excusés, mais il reste que la bêtise de la modernité-FakeNewsiste a tenu à figurer dans l’éventail des sentiments innombrables de cette tragédie extraordinairement chargée du symbolisme de la métaphysique de l’Histoire et de la foi.
Le poids du symbole pèse autant sur nos consciences et sur nos âmes que l’incendie lui-même, dont on a peine à qualifier le sens que nous sentons obscurément : le Feu de Dieu ou le brasier du Diable ? A cette heure de ce jour où un “président” devait parler, dans une telle occurrence de la Semaine Sainte pour les chrétiens qui sont eux-mêmes les légataires religieux de Notre-Dame, dans ces temps-là du Grand Trouble, au cœur d’événements terrestres empreints de la folie tourbillonnante de la Grande Crise, comment écarter une immense interprétation symbolique, où chacun mettra pêle-mêle ses croyances, ses passions, ses angoisses, ses espérances et ses désespoirs ?
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12 avril 2019 – Pour commencer à propos de cette affaire si parfaitement illustrative de ces temps d’ignominie qu’on ne déguise même plus, on s’en tiendra, dedefensa.orget moi, à deux commentaires (tous deux rapportés par ZeroHedge.com) qui ont le mérite de mettre dans la bonne perspective l’affaire Assange dans son dernier développement.
(A côté de quoi, latéralement dirais-je, on doit signaler aussi que cette affaire a déclenché une avalanche de tweet dont bon nombre montrent une haine ricanante là aussi sans aucun apprêt de dissimulation, notamment de la part de journalistes de la presse britanniquede cette presse britannique “libé-chic” (type-Guardian, The Independent, BBC), réputée pour son libéralisme et son affection pour les “valeurs” auxquelles il nous est ordonné à tous de faire les dévotions qui importent, – droits de l’homme, liberté de la presse et autres viennoiseries ; lesquels journalistes, puisque c’est leur titre, s’affichent comme dotés d’une grande liberté d’esprit critique et s’alignant par conséquent et fort vertueusement pour la suite sur les méthodes cruelles, illégales et dignes du crime organisé des autorités anglo-saxonnes. Rien à redire à cet égard, dans le rangement duquel le caractère de zombie-luciférien a sa place là où il faut, et l’enthousiasme devant le sort épouvantable fait à un homme dont la situation constituait un éclairage constant de ce caractère.)
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11 avril 2019 – Je trouve que nous faisons des progrès, notamment avec le constat que nos entreprises les plus vaines, les plus stupides, les plus coûteuses et les plus catastrophiques, commencent à laisser derrière elles des traces particulièrement choquantes. Il faut que je m’explique minutieusement, à la lumière de la perte d’un F-35 (version F-35A) japonais, perdu corps et biens en mer sans qu’on sache ni pourquoi, ni comment. On sait simplement qu’à un moment, le F-35 a disparu des écrans-radar (« a disparu du suivi-radar », selon les sources officielles), donc on en a déduit qu’il lui était arrivé quelque chose et un peu plus tard l’affreuse nouvelle fut confirmée.
Il y en a certains qui ont tout de même remarqué l’étrangeté du fait qu’un avion qui intègre les technologies furtives pour échapper au repérage des radars puisse être l’objet d’un “suivi-radar”, jusqu’à provoquer une alerte qui s’avère fondée lorsqu’il disparaît des écrans. Le F-35, qui est également JSF, n’est jamais avare de nous produire des surprises : quand il devient ce qu’il devrait être (invisible), c’est qu’il est en perdition comme un vulgaire 737 Max.
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9 avril 2019 – Nous n’avons plus guère parlé ni cité Tom Engelhardt et son site TomDispatch depuis de nombreuses lunes, dans dedefensa.org. Il était pourtant une de nos références les plus affectueuses, notamment durant les années 2000. Sans doute devrais-je dire, sans l’ombre d’un regret ni d’une hypocrisie, que Trump nous a tactiquyement séparés : Engelhardt l’a pris au premier degré, comme une terrible nuisance pour son pays avec sa personnalité bombastique, ses mensonges à l’emporte-pièce et tous ses brigandages de téléréalité ; je l’ai pris au second degré, comme un président-bouffe disons, capable avec ses tweets et ses crapuleries de mettre sens-dessus-dessous Washington, d’y faire naître “D.C.-la-folle”, d’installer le désordre au cœur de la citadelle défenderesse de l’ordre-Système installé en maître du monde.
Mais Engelhardt est un honnête homme et son objectif final reste l’État de Sécurité Nationale, alias-DeepState en langage postmoderne, – alias-Système, ou partie du Système certes, pour nous. Il est donc tout à fait capable d’identifier et d'analyser ce que Trump a apporté de bénéfique, sans le savoir, “à l’insu de son plein gré” comme l’on dit en téléréalité. Il le fait dans ce texte du 8 avril 2019, qu’il partage avec Andrew Bacevich, un de ses collaborateurs réguliers, lui aussi ennemi de Trump ; et ce texte qui nous instruit des mythes que Trump, par son comportement et son action, à mis en pleine lumière sans le savoir ni le vouloir vraiment (“sans le savoir ni le vouloir vraiment” parce qu'il s'en fout, tout simplement, et de ce fait autrement efficace...).
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8 avril 2019 – Il est absolument fascinant, s’il vous reste quelque capacité d’être encore fasciné après l’avoir été tant de fois de suite par l’incroyable vanité, par le vide abyssal, par l’inversion presqu’automatique caractéristiques des événements machinés par sapiens sapiens dans notre époque si pesante, – absolument fascinant disais-je, de comptabiliser le nombre de fois où se sont faits les consensus autour des tables bavardes et parisiennes de la “petite lucarne”, sur le fait que, oui, cette fois c’est sûr, le mouvement des Gilets-Jaunes s’essouffle. Ils s’essoufflent, ces commentateurs parisiens, à force de le constater chaque semaine, après chaque samedi ; moi-même, je l’avoue, proche d’être essoufflé à force de les suivre pour tenter de distinguer leur angoisse dans cet emploi forcené de la “méthode Coué”.
Plus on avance dans cette étrange marche à reculons, plus ils reculent justement. Je veux parler ici, par induction de la réflexion, que c’est le régime révolutionnaire du président Macron qui est touchée dans sa grandiose perspective effectivement révolutionnaire. Chaque samedi passé, en même temps qu’on nous donne la température du Grand Débat et que la distinguée nouvelle porte-parole, la meuf très tendance, nous dit que “plus jamais (après les GJ et le règlement évidemment macronien de l’affaire) les choses ne seront pareilles ni comme avant”, grandit l’impression d’un formidable rétrécissement du dessein et du destin du projet-programme révolutionnaire du président Macron.
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4 avril 2019 – Washington a été secoué d’enthousiasme ces deux derniers jours, accueillant l’élégant et remarquable représentant de l’OTAN sous la forme de la silhouette exaltante du Secrétaire Général courant (il s’agit d’un Norvégien, Jens Stoltenberg). Le discours dégageait un ennui discrètement distingué et bureaucratiquement routinier, et il a déclenché des ovations absolument enthousiastes (dont 18 dites standing ovation) de la part du Congrès, dont Stoltenberg était l’invité spécial à Washington.
On fête (le 4 avril) les 70 ans de l’alliance la plus intelligente du monde. (En fait, le vice-président Pence a dit “the most successful military alliance in history”.)
Dans le texte que nous publions ci-dessous, de Bill Van Auken et de WSWS.org pour éviter de prendre le moindre risque d’être confondu avec et par l’Organisation, il est rapporté qu’un commentateur russe de la télévision a fait cette remarque impertinente, qui risque de déclencher une crise à moins que l’OTAN n’use de son droit de grâce, que l’OTAN se montre fort préoccupée parce que la Russie a installé ses frontières vraiment “trop près de l’OTAN”.
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1er avril 2019 – Ainsi l’Ukraine se et nous ménage-t-elle sa “surprise”, laquelle n’en est plus une puisqu’elle est devenue la norme. Au premier tour des présidentielles se trouve, largement en tête (30% des voix), le comédien comique et pasticheur Zelensky qu’on dit “anti-establishment”, – pourquoi pas antiSystème, puisqu’on y est... Porochenko, roi du chocolat dans son royaume et président en exercice, est second avec un peu plus de 16%.
(Effectivement, surprise selon les sondages, par exemple ceci datant du 30 janvier dernier et montrant par conséquent l’évolution météorique : « Selon un récent sondage, le chef d’État ukrainien [Porochenko] est ainsi crédité de 14% des intentions de vote, ce qui le place en deuxième position dans la course. Il est devancé par l'ex-Première ministre Ioulia Tymochenko (16%) et suivi de près par le comédien Volodymyr Zelensky (9%), candidat inattendu à l’élection présidentielle. »)
Bien entendu, vient aussitôt à l’esprit la réflexion sur l’extraordinaire floraison de candidats et surtout d’élus venus de l’outre-monde-politique, en général gens de spectacle, de l’entertainment, de la téléréalité, etc., ou encore des franges populistes proclamés inéligibles puisque classées dans les diverses rubriques de la diabolisation, ou encore architectes auto-proclamés d’un ‘Nouveau Monde’ ; les uns et les autres avec des fortunes diverses et des projets contradictoires mais dans tous les cas accueillis à l’origine avec reconnaissance par les électeurs parce qu’ils ont des têtes et des habitudes inédites. (Pensez à Trump, à Pépé Grillo, à Salvini, à Macron, à Bolsanaro, au comédien humoriste Marjac Sarenc devenu Premier ministre de Slovénie, à tous les autres...)
Par conséquent, le pedigree de Zelensky est classiquement inattendu et original, c’est-à-dire sans surprise, tout comme le commentaire qui l’accompagne : « Comédien âgé de 41 ans, Volodymyr Zelensky n'a aucune expérience politique. Son principal fait d'arme dans ce domaine se résume au rôle qu'il tient depuis trois ans dans une série télévisée à succès, ‘Serviteur du peuple’, où il joue un professeur d'histoire qui se retrouve malgré lui à la tête du pays. L'acteur, qui n'a pas mené une campagne traditionnelle, préférant les spectacles aux meetings électoraux, doit en grande partie son ascension au désamour des électeurs ukrainiens à l'égard de dirigeants éclaboussées par des scandales de corruption à répétition. »
On s’abstiendra donc de développer à notre tour un commentaire qui est devenu routinier, selon la doctrine du “dégagisme” accouchée lors des présidentielles françaises de 2017. On se contentera de remarquer que l’expression très franco-française, qu’on jugeait propre à la France dans les salons et les talk-shows parisiens, est en fait un phénomène déjà largement entamé (avant le cas français) et complètement illustratif de la globalisation, – le “dégagisme” globalisé, à la fois symptôme et conséquence de la globalisation et, par conséquent, du rejet furieux et rageur que suscite la globalisation. Ainsi pourrait-on juger confirmé le jugement courant dans les textes de ce site, selon lequel ces diverses situations nationales souvent traitées comme telles et isolées ainsi du contexte sont en fait des parties d’un tout que dedefensa.org a coutume de désigner comme la Grande Crise d’Effondrement du Système.
Une autre confirmation, selon ce même point de vue développé ici, est que ces personnages inattendus tout comme les courants inédits de contestation qu’ils dirigent, accompagnent ou illustrent ne sont pour l’instant que les signes de plus en plus bruyants de l’effondrement, et nullement en eux-mêmes l’esquisse du “Nouveau Monde”. Le triste cas de Macron est exemplaire, qui avait choisi l’expression comme insigne d’un nouveau compagnonnage réformiste-révolutionnaire et dont on s’est vite aperçu qu’il n’est qu’un usurpateur de cette originalité antiSystème dont il se targuait, et qui le paye durement : “sous l’eau”, “rincé”, “essoré”, “proche du burnout”, disent les proches toujours attentifs à sa santé ; même les collègues-prédécesseurs s’y mettent, du « ça finira mal » de Sarko au « À vouloir tout bousculer, tout s'est arrêté » de Hollande.
Mais le plus remarquable dans l’affaire ukrainienne, c’est la façon dont est complètement pulvérisée le montage grossier mis en place à partir de 2014 pour faire de l’Ukraine un satellite-modèle de l’hégémonisme américaniste. D’une façon ou d’une autre, on retrouve partout cette tendance, surtout si l’on équivaut comme cela doit être fait le système de l’américanisme et son pseudo-hégémonisme au Système lui-même ; mais le cas ukrainien est vraiment le cas le plus éclatant, le plus éclairant, le plus révélateur, et celui qui portera loin la parole du constat de l’écroulement de cette architecture subversive. Le fait est que l’“Empire” (autre faux-nez du Système) fait des conquêtes d’une façon impudente et sans qu’aucun des vertueux du bloc-BAO ne lève le petit doigt pour poser une question sur la moralité de la chose, mais qu’il est impuissant à les verrouiller en aucune matière. Non seulement Porochenko est de la catégorie “He is a sonovobitch but he is our sonovobitch”, mais en plus il est suffisamment mauvais pour se voir mis en très-grande difficulté par un humoriste qui fait sa gloire d’être anti-establishment. Zelensky n’était pas prévu dans les plans de Maidan et du coup de Kiev de février 2014.
Il faut dire qu’au cœur du Système, pardon au cœur de l’“Empire”, on est occupé à des choses bien plus importantes que vérifier l’état de marche des conquêtes déjà-faites et laissées à la dérive. Trump s’apprête à attaquer les démocrates, à les frapper de toutes les façons, avec fureur, avec toute sa force, comme ferait un animal déchaîné : « Trump Is Going To Go Full-Animal On His Opponents Now That The Mueller Investigation Is Over », dit son ex-inspirateur Steve Bannon. Qu’importe, nous promet-on, les démocrates sont prêts à accuser Mueller d’être “un agent de Poutine” si rien dans son rapport ne dit la Vérité-vraie de l’inconduite avérée de Trump, tandis que la vague du “politiquement correct” qui rend folle l’Amérique est devenue un tsunami balayant les campus, là où Paul Craig Roberts constate la mort de la culture de la civilisation occidentale.
« Goodbye To All That », dit le major Danny Sjursen de l’US Army, après sa démission de cette fonction qu’il avait embrassée par patriotisme lorsqu’il rêvait d’une sacrifice accompli pour la gloire de son pays : « Abandonner la folie de la vie militaire avec une modeste pension et tous mes membres intacts, c’est une véritable évasion. L’armée et moi savions qu’il était temps pour moi de partir. J’en avais marre de faire le porteur d’eau de l’Empire... » Le destin de l’ex-major Sjurnsen de l’US Army est un symbole, certes, mais il nous rappelle celui des légionnaires romains abandonnant l’empire à son destin. Il devient alors assez fort dans notre perception pour nous faire observer qu’ainsi disparaissent les empires, les civilisations et ce qui prétend être “le Système”.