Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.

  Mai 2017 (11 articles)

A l’ombre du Roi-Soleil

  mardi 30 mai 2017

Le garnement s’est-il bien conduit ? La France retenait son souffle, parce que rencontrer Poutine c’est, selon le point de vue qu’on adopte, rencontrer Dieu-le-Père déguisé en Janus, ou bien rencontrer l’Ogre qui va manger les petits enfants qui sont d’un genre indéfini. Poutine, aujourd’hui, c’est la référence absolue des contines de nos contrées dévastées par la postmodernité : référence de la haine absolument déchaînée, référence de l’envie à peine réprimée et dissimulée, référence de ce que nous ne sommes plus par bonheur et de ce que nous n’arrivons plus à être par malheur, etc.

Par conséquent, Macron recevant Poutine à Versailles, là où le Roi-Soleil n’accueillit jamais, de justesse, le tsar Pierre, Pierre Ier Le Grand, c’était un événement considérable. Tout le monde l’attendait au tournant de la Galerie des Glaces et les Grands Ancêtres de la Grande Histoire pesaient de tout leur poids. Cela peut donner une ombre où l’on se perd parce qu’on n’imagine pas ce que c’est que la lumière ou bien une ombre qui vous donne envie de trouver la lumière parce qu’on a deviné de quoi il s’agit.

Je rengaine ici mon sarcasme, y compris celui que j’avais laissé traîner ici et là par anticipation. Malgré mes nombreux préjugés, apriorismes, parti-pris, mauvaises fois et autres, je me devais donc d’admettre qu’il n’a pas fait trop mal, c’est-à-dire par aussi mal qu’on pouvait craindre, le Macron. Rencontre sérieuse, un peu de fermeté par là, l’une ou l’autre ouverture par ici, etc. “Nulle affaire sérieuse dans le monde ne peut être traitée sans consulter la Russie” (autant pour “la Russie, puissance régionale”, de l’inimitable Obama). On se voit, on conclut de se revoir et de poursuivre, on essaiera de faire de mieux en mieux la prochaine fois. Macron paraissait encore assez vide, Poutine un peu circonspect dans le genre “est-ce que c’est du lard ou du cochon”. Le premier se tenait bien droit, style-bon élève ; il n’est pas assuré que le second se soit beaucoup amusé, mais au moins il n’avait pas à subir l’humeur lugubre et la face terriblement blette de l’ex-président-poire, le “président normal”.

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Possibilité d’une vérité-de-situation

  samedi 27 mai 2017

Ce n’est pas si loin et pourtant cela paraît d’une autre époque, tant le temps se contracte et file à quelle vitesse, et l’Histoire avec ses avatars qui nous file entre les doigts comme du sable emporté par une affreuse et horrible tempête. C’est simple, cela date du 2 février 2017 et, alors, cela fut dit mais personne n’y crut vraiment et chacun au fond de soi était persuadé que cela ne serait qu’un emportement de passage.

...Enfin, je dis aussitôt de quoi il s’agit pour faire cesser ce suspens insupportable, qui est une déclaration d’un nommé Donald Tusk, dont j’espère ne rien vous apprendre en vous révélant qu’il est le président du Conseil Européen. Voici une citation du texte référencé où cet improbable personnage pourtant mis à une fonction prestigieuse semblait s’être laissé aller, dans un instant d’exaltation, à une déclaration absolument folle, – affirmer clairement et sans aucune réserve que les USA, au même titre que la Russie ou Daesh, ou la Chine si vous voulez, représente une “menace” pour l’Union européenne...

« Enfin une voix s’éleva, ou plutôt une plume, celle du président non-élu de l’Union Européenne (UE), le Polonais Donald Tusk. (“Non-élu”, par conséquent le plus complètement légitime pour parler en tant que créature du Système, Euro-Zombies, etc.) Tusk envoie une lettre à tous ses compères, dirigeants au plus haut niveau des 27 pays-membres de l’UE, avant leur réunion commune à Malte. Tusk écrit enfin les mots-sacrilèges, ceux qu’il était impensable de voir briller sous une plume européenne de bonne réputation-Système : la mise en évidence que les USA sont quasiment autant une “menace” pour l’UE que la Russie, la Chine et ISIS (Daesh pour les Français, le texte-Tusk n’étant qu’en anglais). »

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“Mon” simulacre, à l’origine

  jeudi 25 mai 2017

J’ai déjà dit, d’une façon ou l’autre, combien j’ai avancé dans ma vie comme un autodidacte, entrant dans des domaines que je n’avais jamais précisément envisagés pour moi-même. Ainsi en est-il principalement des matières proches de la philosophie, de la métaphysique, etc., autour desquelles il m’arrive de plus en plus souvent de m’agiter, qui m’étaient inconnues à l’origine de ma carrière. J’ai fait cela, je l’avoue, sans autorisation de l’Université. J’y suis venu de manière naturelle, empirique, parce qu’en progressant j’ai découvert combien cette progression nécessitait de faire appel à ces domaines.

Ainsi en est-il des mots et des concepts dans ces matières, qui permettent d’appuyer et de structurer une pensée, de la guider, de lui donner à la fois des outils et des références, de la faire progresser, parfois à pas de géant, parfois de la révolutionner. (On trouve de ces mots, ou concepts, bien sûr dans le Glossaire.dde.) Ainsi en est-il du mot “simulacre”, dont on voit qu’il est d’emploi répété ces derniers temps sur le site : voilà le point central justifiant ce texte aujourd’hui, puisqu’effectivement “simulacre” est apparu de nombreuses fois ces derniers jours.

Certes, je ne découvre pas le mot, qui est d’un emploi courant et ancien (le latin simulacrum pour “simulacre” et simulatio pour “feinte”, ”faux-semblant”, et “simulation” évidemment), ni même sa signification, ni même sa place (approximative pour moi, jusqu’alors) dans la philosophie depuis si longtemps, au moins depuis Platon. Ce que je découvre peu à peu, puis brusquement en vérité, c’est son poids considérable pour moi-même et pour le travail que j’effectue, sa puissance phénoménale et la complexité de sa signification depuis que je l’ai adopté pour le considérer d’un point de vue plus personnel, pour lui donner une place dans mon rangement dialectique (ou, disons, mon arsenal dialectique). C’est dire, effectivement, que je me le suis approprié à ma façon, selon mes conceptions, comme chaque esprit doit pouvoir faire en toute loyauté et en toute liberté, c’est-à-dire en signalant, en expliquant et en définissant cet emprunt. On comprend aisément, par ailleurs, en lisant certaines pages récentes de ce Journal-dde.crisis et du site lui-même, combien le livre de Mattei, L’homme dévoyé, m’y a aidé.

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Humeur de crise-36

  mercredi 24 mai 2017

Il est vrai que je m’étonne moi-même d’avoir si peu à écrire selon mon sentiment, et encore moins à penser de la situation française, dans ce temps nouveau du macronisme. Le “bruit de fond” autour de cette élection du jeune et brillant président-Macron m’a épuisé en vérité. J’ai montré un peu de passion, et même une grande passion pour la compétition, pendant quelques semaines ; désormais, je me découvre indifférent. Pour l’instant, le seul élément sérieux qui m’intrigue, je l’avoue, est cette rencontre avec Poutine, et à Versailles en plus (?), lundi prochain.

Je n’ai pas été convaincu de reprendre le collier de ma plume pour examiner et diagnostiquer notre-Président petit-prodige lorsque j’ai entendu l’acteur Vincent Lindon, notre paysan-du-Danube de service, nous expliquer, pour une fois cravaté et d’une voix soudain enfantine, il y a 3-4 jours au JT de LCI, qu’« avec lui [Macron], comment dire, les jeunes se sentent plus vieux et les vieux plus jeunes... » J’ai pensé un instant, d’une façon stupidement cruelle, je l’avoue, façon : “Et les jeunes-cons, se sentent-ils plus vieux-cons avec lui ? Et les vieux-cons, se sentiraient plus jeunes-cons, peut-être ? Tout cela me rajeunit...” Passons-outre si vous voulez bien un tel mauvais esprit.

Je ronchonne, je marmonne ... Voilà à peu près comment plutôt que pourquoi la situation française, et non encore le président lui-même, ne m’intéresse guère pour le séant et l’immédiat. J’ai un peu l’impression que ce “bruit de fond” où l’on trouve un Lindon et tant d’autres voix autorisées de la sorte de cette fameuse “société civile”, ressemble un peu à l’atmosphère de certaines émissions pour les tout-petits, à la TV française, du temps de mes jeunes années ; c’était notamment et essentiellement le “Bonne nuit les petits” de l’excellent Nounours, promettant de beaux rêves à nos chères têtes blondes. (568 épisodes entre 1962 et 1973, plus que deux quinquennats...)

Non pas que le nouveau président soit un endormeur, une sorte de producteur d’hypnose, mais parce que prédomine en moi l’impression que les Français aimeraient bien s’endormir, bercés par Petit-Nounours, pour se réveiller dans leurs rêves devenus une réalité avec l’allure d’une sorte de “Royaume enchanté”. Aucun sentiment à ce propos pour le moment courant, intuition absente, conviction sans ressort, plutôt tout en attente... Cette “humeur de crise” est une drôle d’humeur d’où la crise serait justement de ne pas se percevoir en crise, alors que tout de notre sagesse et de notre perception nous crient le contraire. Enfin, le vrai est que jamais on ne perd rien pour attendre...

Téléréalité pour vomir

  mardi 23 mai 2017

Raimondo a trouvé le mot juste pour qualifier la première grande tournée de Trump à l’étranger : “écœurante” ( « The-Donald d’Arabie : un spectacle écœurant »). Voir Trump se pavaner au milieu de la richissime pourriture du cloaque saoudien, avec ses deux ravissantes (Melania et Ivanka) célébrant la façon dont les femmes sont traités dans le royaume ; la facture du déplacement ($350 milliards de quincaillerie militaire) immédiatement signée, sinon payée ; puis la visite en Israël, avec le gros Donald devant le Mur des Lamentations ; tout cela, enfin, entrecoupé par un discours incroyablement haineux à l’encontre de l’Iran bien dans l’esprit trumpiste (encore des promesses de tension pour un conflit que l’esprit du temps avec sa tumeur maligne en guise d’esprit attend avec tant d’impatience), ce discours assorti de l’exaltation d’une coalition antiterroristes des pays musulmans notoirement soutiens financiers et logistiques  du terrorisme...

(Rien que pour le goût, qui permettra de s’empêcher tout de même de vomir, on reverra avec intérêt et avec les intérêts, la séquence où The-Donald-candidat pulvérisait Hillary pour ses relations avec les Saoudiens et le fric qu’elle y récoltait. La séquence est en tête d’une interview de Ron Paul par John McAdams, où l’on voit l’inimitable Paul souriant d’une sidération presqu’amusée à force de grotesquerie, devant ce spectacle extraordinaire enfanté par ce qui n’est même pas de la démagogie au fond, mais qui est tout juste l’opportunité de dire ce que réclame l’apparence de l’instant présent, sans aucun souvenir de rien, sans aucun avenir de rien du tout, à la fortune du big Now. La téléréalité n’a pas fini de nous divertir jusqu’à en mourir de rire, par dérision, par inutilité d’espoir puisqu’absence d’avenir, par mesure du vide abyssal.)

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CNN-crazy et le sacré de la démence

  mercredi 17 mai 2017

Hier, j’ai passé quelques instants, un quart d’heure ici, un quart d’heure là, et puis ici puis là encore dans la journée, à regarder de temps en temps CNN. (C’est CNN, ç’aurait pu être un autre réseau US, peu importe, c’est la même boutique et le même délire.) C’était pour l’excitation de l’inconscient et l’édification-fun de la pensée, car il n’y a rien de plus édifiant, et finalement de plus salutaire pour l’esprit, que de suivre et de mesurer le délire des élites américanistes. J’y étais en plein, il faut dire.

Bref, je suis tombé en plein dans cette polémique surréaliste, cette polémique-bouffe à partir d’un article du WaPo (Washington Post), où Trump est accusé d’avoir filé des infos super-classified à Lavrov, au cours de leur rencontre diplomatico-conspirationniste du 11 mai à la Maison-Blanche, dans le bureau ovale soi-même. Même le dur de dur McMaster, général-penseur de l’U.S. Army, directeur du NSC et crâne rasé façon garde-du-corps, officier-traitant officiel du Deep State auprès du président, même McMaster qui assistait à l’entretien a fait un briefing rapide pour démentir complètement la chose dans des termes qui la ridiculisaient rudement.

Je ne vais rien vous raconter à ce propos qui soit très sérieux, sinon vous donner quelques URL d’accès vers l’une ou l’autre source, si possible suspecte aux yeux de nos commentateurs-Système, d’excellente-mauvaise réputation, où l’on vous explique les divers aspects de cette polémique-bouffe : par exemple celui, très complet, d’Alexander Mercouris, et ZeroHedge.com dans plusieurs articles dont certains repris d’autres sites. Tout juste vous rapporterais-je la réaction de la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova, par tweets interposé, parce que Zakharova est absolument charmante et qu’elle ne mâche pas ses mots, sacré bonne femme en vérité : « Dites, les gars, vous lisez encore les journaux américains ? Ce n’est pas la peine. On peut les utiliser de différentes autres façons et ce n’est vraiment pas la peine de les lire... [...] Comment peut-on vivre dans cette atmosphère globale de volatilité de l’information ? »

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Échos d’une Passion en hiver...

  jeudi 11 mai 2017

Commençant à rédiger le texte saluant l’avènement du “président Macron” en constatant «L’insoutenable légèreté du Français», j’éprouvai une tristesse à la fois assez grande et assez lasse, assez grande pour mon pays et assez lasse pour les habitants de mon pays et concitoyens de moi-même qui portèrent ce jeune homme improbable à cette fonction qui fut haute. C’était offrir une stature de géant à une sorte d’adolescent mal fini qui semble se satisfaire de cet état de lui-même et se complaît de résider dans “l’éternel présent” du Big Now. J’avais donc décidé de clore ce texte par une reprise d’un texte ancien qui décrivait le même état de l’esprit, de l’âme et du cœur, cela que j’avais éprouvé quelques mois après la prise de fonction du précédent, du président-poire, lorsque je m’aperçus, comme vous tous je pense, qu’il était bien plus poire, et blette en plus, que président. La différence est dans la rapidité de la réalisation du désastre, qui montre que le désastre s’offre désormais à nous à l’instant qu’il se fait. C’est un gain de temps précieux.

Au fil de la plume, mon sentiment changea. La tristesse, toujours présente, le céda rapidement en importance de ma perception générale, en une sorte de perception envahie à la fois de dérision et d’une gausserie un peu méprisante, s’adressant toujours à ceux-là de mes concitoyens qui avaient décidé de faire subir ce traitement à leur pays et à mon pays. Le texte prit une toute autre allure que celle que j’avais déterminée. Dans ces conditions, la citation que j’envisageai n’avait plus sa place, et je décidai de l’abandonner, ou bien disons d’y surseoir. C’est la deuxième option que j’ai choisie puisque j’y reviens aujourd’hui, tristesse toujours aussi grande et aussi lasse, tandis que dérision et gausserie sont passées au second plan même si elles ne meurent pas.

Voici donc le texte que je reproduis, qui fait partie de la série dite “Chronique du 19 courant...” à propos de laquelle je recommande à mes lecteurs de lire la note (*) en fin de texte, une indication pratique à propos d’un projet qui démarre et qui, lui, me tient à cœur. Le titre se lit « Une Passion en hiver » et la chronique est du 19 janvier 2013. Je crois qu’on peut reprendre ce texte presque mot pour mot pour définir cette tristesse assez grande qui m’a envahi en contemplant le destin de mon pays, peut-être plus grande encore de voir ce destin se confirmer, tandis que la lassitude perdure sinon se renforce, et pourtant jamais ne parvient ni ne parviendra à me priver de la force de continuer à écrire là-dessus. Voici donc...

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De l’insoutenable légèreté du Français

  lundi 08 mai 2017

Regardant hier soir quelques secondes, pas plus, cet océan en carton-pâte d’enthousiasme et de drapeaux français, je crois que c’était sur l’esplanade du Louvre, – que Dieu me pardonne mais la seule image qui me vint fut celle de Daladier, le grincheux et taciturne Taureau du Vaucluse, rentrant de Munich-38 et s’attendant à être conspué pour l’affreux accord qu’on sait, et devant cet océan semblable d’enthousiasme, qui marmonna : « Ah les cons ! » Eh oui, ils sont légers et, par conséquent, ils peuvent aisément être ce que Daladier a vu en eux, – sauf que, et là j’insiste en poursuivant l’analogie mais en l’inversant décisivement, comme font les déconstructeurs (Deleuze avec Platon), – sauf que Macron, face à cet océan d’enthousiasme n’a en aucune façon pensé du Daladier façon Munich-38, mais plutôt dans le genre “Ah, les braves mecs !”, comme l’on dit devant une téléréalité réussie. (Décidément, Macron a beaucoup du The-Donald en lui. Leurs rencontres vaudront leur pesant de peanuts et de barbe-à-papa.)

Oui, le Français est léger, et ce fut une de ses vertus, lorsque la légèreté était celle de ses superbes arrangements architecturaux ou celle de la rectitude sublime de se grands Jardins, mais il avait pour faire l’équilibre qui est harmonie, – il avait aussi le sens du tragique, comme il y a dans la franche gaieté de la camaraderie des Mousquetaires de Dumas toujours ce coin sombre prêt à distinguer et à affronter la tragédie du monde. Le Français d’aujourd’hui est léger comme une bulle, et il n’est que cela derrière son charabia postmoderne, et cela me déchire l’âme de penser un instant qu’on ne peut émettre d’autre jugement que ceci qu’il a le président qu’il mérite.

On me dira : voyez les candidats, quel choix leur était offert ! Je n’en disconviens pas, mais il est vrai que l’on a les candidats qu’on mérite, avec lesquels on s’accorde et d’ailleurs ils ont été aussitôt au pire d’entre eux ; mais encore, il est vrai que le Français léger s’il avait eu sa part de tragique, il n’aurait pas eu ce besoin morbide de souligner un tel choix qui est absolument catastrophique, de cet enthousiasme de carton-pâte comme un décor théâtral. Sinon, pourquoi ai-je également pensé hier, en plus de Daladier et Munich-38, à la Fête de l’Être Suprême de la Grande Révolution Française dans ses ablutions initiales ? Fête célébrée et sanctifiée par le ci-devant évêque d’Autun, Talleyrand certes, qui fit son office riant sous cape, avec une légère et énigmatique grimace de mépris et de dérision devant une telle polissonnade...

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MicMac déconstructeur ou le Rien nécessaire

  samedi 06 mai 2017

L’affaire “MicMac”/“MicMacron”/McMacron ayant été par ailleurs éclaircie, il convient d’observer que l’expression de “MicMac“, qui rejoint un mot d’emploi courant, introduit d’une certaine façon le fond du sujet extrêmement grave que je veux traiter, qui concerne on s’en doute la profonde signification du candidat-promis-à-être-président, ce que sa survenue probable signifie en fait de nécessité pour notre compte. Pris familièrement, Micmac signifie aussi bien « Intrigue, manigance, pratique secrète dont le but est blâmable ou semble tel » que « Confusion inextricable » ; ces deux sens étant illustré par deux citations de la même définition donnée par le Wikipédia :

• « Un micmac à n’y rien comprendre ! reprit-il. (…) Maintenant, ils me tiennent à droite, à gauche, derrière. — (Émile ZolaAu Bonheur des Dames, 1883) »

• « D’où un micmac de paperasses à défier un cochon d’y retrouver ses petits et l’immobilisation définitive d’une affaire devenue insoluble. — (Georges CourtelineMessieurs les ronds-de-cuir, 1893) »

Ces diverses considérations et citations illustrant l’abrégé à propos de l’identité de la chose auquel nous sommes arrivés pour ces textes de fin de campagne, – “MicMac” pour “Micron-Macron”, ou mieux, à l’américanisme, “McMacron”, – sembleraient bien futiles ou fort oiseuses. Tout cela n’est futile ou oiseux qu’en apparence pour un événement qu’on pourrait justement juger l’être, oiseux et futile ; quoi qu’il en soit et dit peut-être plus sérieusement, il s’agit d’une illustration un peu leste du caractère fondamental de la chose : après tout, MicMac avec son capharnaüm de politique “à défier les cochons d’y retrouver leurs ordures à bouffer”, cela vous a de l’allure et va au-delà des apparence, non ? Ah, ce Courteline...

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BHO adoube un MicMac(ron) chef de guerre civile

  vendredi 05 mai 2017

Observons en préliminaire qu’en employant cette expression apparemment confuse de “MicMac”, abrégé de “MicMacron”, voire de Micron-Macron comme on dit Dupont-Dupond, j’amorce dans cette page du Journal le retour à la normalité grammaticale et postmoderne. Le “a” de mon clavier a finalement capitulé et a engagé le processus de reprendre sa place, c’est-à-dire l’abandon de l’identification de “Micron” pour le retour à l’étrange normalité de ce candidat sous sa réelle identité de “Macron”.  (Cela se fera par étapes.) Je n’ai rien à dévoiler là-dessus : s’il gagne dimanche, ce qui est la certitude du sens commun ennemi du sens comme le cultivent tous les déconstructeurs, il faudra bien, et fort loyalement, lui rendre son identité de Macron. (S’il perd, ce qui improbable sinon impensable selon ce sens commun “ennemi du sens”, il rentrera dans la normalité des avatars de la vue politique et perdra cette exceptionnalité du “rien” qui lui valut dans ces colonnes l’hostilité du “a”, et il lui sera restitué également sa véritable identité de Macron. Le lecteur n’aura donc plus à subir très longtemps ce caprice du clavier qui avait marqué les récents textes à son sujet.)

Or, il se trouve, pour revenir aux affaires courantes, que nous devons dire un mot de BHO, qui ne s’est jamais trompé sur l’orthographe du nom ; autrement dit Obama dont on doit se demander s’il est bien “ancien-président” ou s’il n’est pas le véritable président placé au-dessus de l’actuel qui baguenaude en prime time, comme une étoile noire puisque sans lumière nécessaire, pour le simulacre et l’habile dissimulation, restée en tant qu’étoile inspiratrice de la destinée des choses au moins américanistes, et peut-être même de la contre-civilisation et de ses globalistes. En effet, il se trouve qu’Obama a rallié et soutenu de façon officielle et solennelle la candidature MicMac, comme un vulgaire Mayrou, ou comme la doublette des champs dévastés, Fillon et Hamon, si prompts à se soumettre. (Je ne parle pas du reste de la horde, on connaît.) ... Bref, comme si Obama était un vulgaire homme politique français, ce qu’il n’est pas.

Par son aspect formel, officiel, etc., cette démarche est assez remarquable, sinon inédite, pour être notée comme importante et solliciter une interprétation. Obama avait téléphoné au candidat de son cœur un peu avant le premier tour, et il s’agissait d’une démarche informelle qu’on pouvait juger comme d’une signification politique réelle mais pas essentielle. Il ne devait pas faire plus, avait-on laissé entendre ; il a fait plus, beaucoup plus...

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Rien à écrire...

  jeudi 04 mai 2017

Cela m’arrive rarement, très rarement, et pourrait-on ajouter, encore plus rarement sinon jamais peut-être après un événement de cette importance... Sauf qu’il pourrait peut-être me sembler, si j’avais l’esprit au sarcasme, qu’il n’eut guère d’importance, cet “événement de cette importance”, de même que je me méfie en général des “événements de cette importance” jusqu’à m’interdire d’en écrire là-dessus aussi rapidement qu’on le voudrait... Mais là, c’est tout différent : je me suis retrouvé plume sèche et esprit vide, sans vraiment de reproche à faire à quiconque, – sinon à moi, peut-être et encore vaguement, moi qui ai toujours une phrase à écrire... Tu quoque fili, le vertige de la phrase blanche ?

D’abord, je le confesse : je n’ai pas vu grand’chose de ce débat ; les quinze-vingt premières minutes, puis assez édifié sur le climat, le ton, l’agressivité voire la sauvagerie. J’ai décidé alors de mener à bien mon projet qui était de respecter mes horaires syndicaux malgré l’événement et d’aller me coucher. Le lendemain, aujourd’hui donc, quelques commentaires de-ci de-là, des impressions entendues au vol, enfin rien qui puise modifier la pente suivie par mon jugement, et toujours cette absence d’inspiration, un certain dégoût, ou disons un désintérêt pour faire moins dramatique, d’écrire quoi que ce soit. Notez que cette attitude, comme influencée par le climat que j’ai évoqué, s’est étendue au reste des affaires du monde dans lesquelles je n’ai trouvé aucun intérêt également, rien pour éveiller le goût du commentaire, la flamme de la reconnaissance de quelque chose qui vaille un effort de l’esprit et un éveil de l’intuition superbe. Pourtant, je ne cesse de l’écrire, nous sommes au cœur d’une crise générale, la fameuse Grande Crise Générale d’effondrement du Système... Eh bien, tout se passa durant ces quelques heures, comme si rien ne se passait.

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