Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Mai 2021 (15 articles)
21 mai 2021 – Voici donc un texte qui nous présente les condoléances affreusement désolées de cette grande idée et de cette immense conscience identitaire et civilisatrice que fut la France. On peut en accepter tous les mots, tous les détails, toutes les images, et s’en désoler pareillement.
Parlant de notre “infantilisation” en cours et à grande vitesse qui est après tout un sujet assez proche de l’effondrement français comme de la Grande Crise bien entendu, Michel Onfray en fait cette description dans le dernier livre (« L’art d’être français ») de son incroyable activité la plume, de sa production formidable ; et il s’agit d’une civilisation, et non de la seule France, – quoique, certes, la citation de l’Ancien Testament nous irait comme un gant, avec notre président bien entendu :
« De la même manière que l’enfant qui fut un adulte radieux et puissant devient un jour un vieillard vidé de son énergie dans une maison de retraite, une civilisation connaît elle aussi ces croissances et ces décadences. L’Ancien Testament le prédisait : “Malheur à la ville dont le Prince est un enfant” (Ecclésiaste, 10, 16). Nous y sommes. Devenus trop frêles et fragiles, les adultes, fatigués, se reposent en redevenant des enfants. Comme leur civilisation, ils obéissent à ce tropisme qui les rétrécit, les rabougrit, les recroqueville, les rapetisse, les rétracte, les raccourcit, tel un linge lavé à mauvaise température... »
Onfray, lecteur assidu de Nietzsche, expose les ravages que les déconstructeurs et leur déconstruction, autres lecteurs assidus du même, ont fait subir au philosophe. Lecture de Nietzsche faite, « à défaut de surhomme, ce que Deleuze et les siens proposent [de faire de Nietzsche], est tout simplement une régression infantile, – celle du moment où l’enfant se veut roi et qui entre en folie si aucun adulte ne le retient de succomber à un pareil délire... »
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29 mai 2021 – On discute beaucoup dans les salons et sur les bavards réseaux sociaux à propos du statut à venir sinon déjà venu de notre régime général, politique et sociologique si l’on veut. Il s’agit de savoir à quelle sauce nous serons parqués dans les enclos totalitaires, pour ce qu’il nous reste de survivance.
Là-dessus et récemment passe sur Histoire un documentaire qui est présenté évidemment comme formidablement d’actualité : « George Orwell et Aldous Huxley : ‘1984’ ou ‘Le meilleur des mondes’ ? » Je n’en disconviens pas, je juge le thème complètement d’une attristante pertinence pour nos préoccupations, dans tous les cas dans les embarras complexes de nos supputations futuristes qui font démocratiquement feu de tous bois. Les réalisateurs du documentaire, réalisé en 2019, sont Caroline Benarrosch et Philippe Calderon (ce dernier, filleul et neveu du magnifique acteur Michael Lonsdale, récemment décédé).
La présentation de la chose, succinctement dite et sans surprise, mais avec d’intéressantes interrogations pour nous : « Le film raconte l’histoire croisée de George Orwell et d’Aldous Huxley, les auteurs des deux grands romans d’anticipation fondateurs: ‘1984’ et ‘Le Meilleur des mondes’.
» Écrits il y a plus de 70 ans, ces deux romans trouvent un écho extraordinaire dans nos sociétés d’aujourd’hui : fake news, ultra-surveillance, recherche du bébé parfait, régulation des masses par la culture du plaisir. »
Le thème du documentaire est donc rapidement évident, d’autant que le destin rassemble ces deux écrivains par diverses voies, outre cette particularité commune d’avoir publié, chacun, un livre mondialement connu sur l’avenir catastrophique de notre civilisation. Orwell, le rude, le pauvre, l’ardent révolutionnaire et le solitaire crevant de tuberculose (mort à 49 ans) qui s’isole pendant deux mois dans une bicoque perdue dans les vents mauvais de la rude Ecosse pour écrire son grand’œuvre, un terrible récit dont il a perçu les prémisses dans la trahison et la liquidation de ses amis du POUM, les anarchistes de Barcelone, par les tueurs du NKVD de Staline, – ils étaient alliés, paraît-il, les uns et les autres “camarades”, contre le “fasciste” Franco. “1984” présente un univers d’inversion totale et d’une brutalité psychologique et policière inouïe. En Espagne, du fait de l’action du NKVD, Orwell a relevé des traces des inversions eschatologiques qui trament son œuvre à venir, comme “la guerre est la paix”, le ministère de la Vérité et la bienveillante surveillance intrusive et sans aucun frein de Big Brother, suivant chaque jour, chaque heure et tous les instants de votre vie.
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27 mai 2021 – J’ai hésité à propos du titre : pourquoi pas “Seuls les Black Lives Matter peuvent sauver le JSF” ? Vous savez, cette époque est SUBLIME dans la dévastation extraordinaire de tout ce qui est mesure, jugement, raison (même elle, la raison malgré sa subversion, nous manque). L’extraordinaire connerie qu’enfante cette intelligence plongée dans la potion magique de la démence pour enfanter son contraire nous conduit à constater que ce mot vulgaire de “connerie” est bien insuffisant, et qu’il faut le bannir absolument comme “raciste”.
Cette super-bêtise, comme une sorte de bêtise thermonucléaire, extraordinairement étendue et créatrice de multiples autres bêtises dans la plus complète diversité, c’est à la fois un vertige d’ivresse et un colossal éclat de rire à secouer le cosmos lui-même qui doivent nous venir. Nous sommes devant le spectacle de ce qui devait nous transformer en esclaves, – La société du spectacle elle-même, – mais ce sont les auteurs, le metteur en scène et les acteurs de la pièce subversive qui sont devenus complètement fous et déments. Ils sont ivres de leur spectacle portant destiné à enivrer les autres, outre d’être hypermaniaque et hyperactifs avec la recommandation de l’équipe parent-1/parent-2 qui a pour mission de les éduquer au vaste monde ; à la fois dément d’être enfermé dans leur délire sur scène, et tout-petit enfant balbutiant ses premiers mots qui sont ceux que lui enseigne le Lapin-Blanc d’Alice, devenue elle-même puéricultrice-folle, wokenisée en LGTBQRSTUYW.
Ne m’en veuillez pas, c’était une réaction du premier degré, du premier abord, de la première lecture ; j’ai décidé lui laisser passer la censure par esprit libéral et tolérant, pour monter que je suis du “camp du Bien”.
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25 mai 2021 – Le plus remarquable de ces temps où tout événement, jusqu’aux plus polémique, passe en l’espace de quelques minutes, quelques heures, etc., c’est la non moins remarquable prégnance, la durabilité implacable de toutes les procédures, investigations, entêtements bureaucratiques, entêtements psychologiques, enquêtes initiés et relancés, polémiques longues d’après la polémique de l’instant qui suivent ces événements-polémiques qu’on croirait effacés (“cancel”) en l’instant qu’ils apparaissent. C’est comme une comète qui apparaît et disparaît en une durée incroyablement courte, et pourtant suivie d’une “queue de comète” qui se forme bientôt et allonge démesurément sa trace, comme un rappel obsédant, de quelque chose qui n’a duré qu’un instant.
Ainsi en est-il de l’extraordinaire élection présidentielle de novembre 2020 aux USA, et de la bataille qui a suivi les “résultats”, puis la contestation des résultats, la contestation de la contestation, tandis que le monde s’abîmait délicieusement dans la certitude de la victoire instantanée et bouclée de Joe Biden sur l’im-monde. Tant il est vrai que la “queue de la comète” suit, et que diverses procédures et enquêtes sont en cours ou à venir suite à des plaintes, ou des doutes, ou je ne sais quoi, concernant ces résultats proclamés sur l’instant irréfutables et marqués dans le marbre.
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24 mai 2021 – Il a osé ! Il a osé, le mec, le type, le monstre, le paria, le porte-flingue, l’infâme. Il a effectué un détournement de viol de la communauté internationale. A l’image de l’esthétique et élégant Youssoupha, et plagiant humblement ses augustes paroles porteuses de la culture française et universaliste (c’est-à-dire à usages divers), nous dirions que l’immonde pourrait dire : « Comme dans ce rêve où ma semence fout en cloque cette chienne de communauté internationale. »
Bon, fini de rire à si mauvais escient : il s’agit de Loukachenko, de l’infâme Biélorussie (je tiens à l’ancien nom, du temps de Staline), et de l’acte qu’il vient de faire perpétuer en violation absolue et transcendantale de toutes, absolument toutes les lois internationales. La communauté internationale, que vous pouvez aisément décalquer en copié-collé sur le schéma du bloc-BAO, n’en peut plus d’indignation absolument vertueuse, parée de mille vertus, c’est dire : un nid de vertus, comme autant de coucous.
Vous auriez vu hier vers 19H45 “Dany”, sur LCI, sur son écran virtualiste, se déchaîner à partir de l’Allemagne, on eût dit la cour de la Sorbonne en-Mai. “Et derrière Loukachenko” (je cite plus selon l’esprit-“Dany” qu’à la lettre-Cohn-Bendit), “il y a Poutine, c’est évident, c’est sûr ! Cet homme qui envoie dans tous nos pays ses tueurs faire leurs sinistres besognes. Désormais, on doit affirmer que toute personne qui entretient des liens avec l’Iran, la Turquie, la Biélorussie et la Russie est un traître !”. Alors, fusillé ? Sacré “Dany”, toujours vert le “Rouge”. On se serait cru à Munich, Daladier, Chamberlain, les Sudètes... Il m’a juste fait sourire, tout en me faisant me demander ce que l’Iran et la Turquie venaient faire dans cette soupe européenne.
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23 mai 2021 – La maire, – ou dit-on le.a maire.e.esse, quelque chose de la sorte ? – bref, la maire de Chicago, « Mayor Lori Lightfoot », – c’est-à-dire, si je traduis bien “Lori Pied-léger”, un vrai nom de NativeAmerican, elle qui est Africaine-Américaine, – eh bien, Lightfoot est une bien étrange personne, complètement, absolument de son temps qui est malheureusement le nôtre. Elle a déchaîné une tempête de commentaires chuchotés ; Jonathan Turley a observé qu’il était moins question de savoir si la décision de Lightfoot était illégale au regard des lois concernant des dirigeants élus, ce qui est évident, mais de savoir « si les médias sont prêts à poursuivre Lightfoot pour sa politique discriminatoire ». Bien sûr, ils ne feront rien parce qu’ils se tiennent magnifiquement, le petit doigt sur la couture d’un pantalon qui en est dépourvu.
Robert Bridge donne ce titre à son commentaire sur cette décision de refuser de parler à un journaliste blanc parce qu’il est blanc : « La guerre est la paix, la ségrégation est la “diversité” ? Un maire de Chicago qui [refuse de donner des interviews aux] journalistes blancs montre que les États-Unis sont entrés en des territoires périlleux »
Ancienne athlète, juriste, scénariste, actrice et écrivain.e, mais aussi métisse, juive par sa mère polonaise, d’origine gambienne par son père, de religion musulmane, – et interrogée par “Figaro-Vox”, – Rachel Khan observe à propos de la décision de Lightfoot :
« Cette déclaration de la maire de Chicago n’advient pas comme ça d'un coup comme un cheveu sur la soupe. C'est la logique du dogme racialiste poussé à l’extrême, par certaines associations comme celle de Fara Khan. Depuis plus d’une trentaine d'années et c’est ce que j'évoque dans mon livre “Racée”, certaines personnalités afro-américaines ont pris ce genre de positions radicales.
» Le caractère inédit cette fois c'est que cette déclaration vient d'une élue, d'une ville très symbolique qu'est Chicago. Cela signifie aussi que les États-Unis, sont tellement imbibés par les “wokes” et le communautarisme qu'ils sont désormais prêts à recevoir ce genre de propos qui divisent encore un peu plus leur société. À partir du moment où la «race» est un critère de sélection quel que soit le sujet, il n'y a pas d'autre mot que de qualifier de raciste cette parole. Cette dernière rejoue clairement une névrose ségrégationniste. »
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21 mai 2021– Disant “légèreté de l’être” et pensant au titre sur “L’insupportable légèreté”, je parle de ces créatures actives et activistes, dans la séquence wokeniste des USA. En l’espèce, je parle des Sanders (sénateur indépendant-démocrate, vieille ganache de gauche au Sénat), Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) et sa bande de gauchistes en paillettes à la Chambre ; tous des êtres d’une légèreté incroyable ! Je veux dire, si vous les comparez, en remontant, au standard des autres temps, par exemple pour citer une époque qui m’intéresse, un temps où le standard allait aux Jefferson, Madison, Hamilton, les Adams, etc., et pour faire plus large, de Talleyrand à Metternich, des William Pitt à Mirabeau, à Alexandre Ier.
(Il est vrai que ce n’était que des blancs mais on remarquera que je n’a pas cité Bonaparte ; enfin, passons et continuons la démonstration extrêmement partisane.)
Il est vrai également que ces êtres à “l’insupportable légèreté” m’apparaissent de plus en plus comme disposant éventuellement d’un poids inattendu, avec peut-être la capacité de déplacer des choses incroyables, comme Atlas fit du monde lui-même. Voici ce qu’il se passe, qu’il faut lire bien entendu à la lumière de ce texte que nous publiâmes hier.
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18 mai 2021 – L’on sait bien l’importance que j’attache aux événements regroupés sous le nom de “wokenisme”, et dont on doit dater le début dans leur phase paroxystique à la mort de George Floyd à Cincinnati, le 26 mai 2020, prolongée par l’élection présidentielle US dont on sait toutes les péripéties. C’est l’un des deux piliers crisiques fondamentaux d’une année, 2020, qui ne l’est pas moins. L’autre, premier chronologiquement dans l’année, n’a pas besoin de longues présentations : c’est la pandémie Covid19.
Je n’ai cessé de faire un rapprochement, sinon un lien entre les deux événements qui semblent pourtant de natures différentes mais qui sont effectivement, souvent inconsciemment, rapprochés l’un de l’autre dans une profonde intimité. J’y vois d’abord une complémentarité crisique qui fait que leurs effets s’additionnent selon le principe du globalisme, – où l’effet général (“global”) est supérieur à la seule addition quantitative des deux effets spécifiques, et de nature qualitativement différente. Devant ce qui est pour moi une évidence, il m’apparaît d’un intérêt constant de chercher à déterminer plus précisément ce qui les lie, à part les hypothèses évidentes mais imprécises ou vagues qui flottent dans l’air du temps.
(La similitude chronologique cela va de soi et n’a nul besoin d’explication puisque n’expliquant rien ; tout autant allant de soi et s’expliquant d’eux-mêmes, les inévitables complots en tous genres pullulant comme les algues dites Sargassum de la Mer des Sargasses et paralysant autant la pensée que la navigation.)
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15 mai 2021 –Il y a comme ça, des moments de joie intense, où apparaît au grand jour, pour un instant au moins, cette incroyable tragédie-bouffeque nous vivons. Hier, il y eut un de ces instants. Brusquement, tous les intervenants se mirent comme oiseaux à l’aube claire, évoquant les restaurants, les bords de Seine, les boîtes de nuit où l’on pourrait vaquer bientôt sans autre contrainte que le désir de flâner et de se détendre.
Si vous ne l’avez pas remarqué, cela se passe en France, sur les chaînes d’info-continu, et une nouvelle vient d’éclater, venant directement de notre-Mecque à tous, de notre-Rome-pour-toujours. L’oncle-Joe vient de parler de Washington, au nom de l’oncle-Sam, et il semble bien qu’il nous a dit : “On laisse tomber les masques, guys” ; et alors, c’est « comme si tout recommençait », comme si le printemps éclatait de ses Cent-Fleurs.
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13 mai 2021 – J’ignore si Orlov nous restitue dans son texte du 11 mai sur « le fardeau de l’homme russe » une interprétation qu’on lui a donnée, ou s’il l’a développée lui-même. Je suis conduit à pencher pour la seconde hypothèse, et alors je crois qu’il a trouvé quelque chose d’essentiel, – tout en me demandant sans le moindre esprit critique mais pour simplement contribuer à son travail s’il embrasse lui-même l’entière importance de la chose. Ainsi progressent les perceptions et les situations, – les vérités-de-situation, vaudrait-il mieux dire, – par la transmission des intuitions devenues savoirs, à nouveau enrichies par d’autres intuitions.
La perception de la vérité-de-situation du monde est, aujourd’hui, une œuvre impérativement collective et un travail en continuelle progression. Elle ne résout rien nécessairement à son terme nécessairement temporaire, en laissant à d’autres combinaisons le loisir de surgir, ou bien elle découvre un autre horizon, je ne sais. Chaque pas ainsi dans dans la terrible obscurité de la catastrophe nous évite l’abîme sans retour de la néantisation ; il reçoit l’aide d’un éclair de lumière, justement pour cet évitement.
Ce qu’Orlov interprète, en parlant du choix fait par Poutine de choisir les personnages du “Livre de la Jungle” pour caractériser la situation psychologique présente, non seulement nous guide bien dans sa pensée opérationnelle grâce au symbolisme qu’il (Orlov) développe, mais en plus nous dépeint un état des choses brusquement révélateur. Jamais, dans mon chef pour le cas et à partir d’une critique extérieure absolument fondée, je n’ai ressenti aussi fortement notre état critique, – à nous, gens d’Occident dont je ne peux tout à fait et complètement me départir d’être. Le fait de “La société du spectacle” n’est pas un vain mot quand l’écrit de la pièce est modifié, son sens subversif ainsi réduit à riern, par une sorte d’impulsion extérieure, une sorte d’intuition qu’on doit juger comme venue d’une source haute. Le spectacle qui s’impose, pour notre compte et à propos de notre état, est la vision extraordinaire et complètement apocalyptique d’une terrifiante dégénérescence de la psychologie, – de notre psychologie, à nous, “gent d’Occident”, si assurés de nous-mêmes, si alourdis de notre prétention, si prisonniers de notre hybris allant jusqu’à la caricature catastrophique de l’hybris.
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11 mai 2021 – Souvenir, souvenir... Un des événements les plus importants pour moi dans l’élection de Mitterrand du 10 mai 1981, – je rappelle aux esprits légers qu’elle eut 40 ans hier, – se situa à l’OTAN. A cette époque, j’étais encore bien vu dans cette sympathique organisation qui n’était pas encore envahie par tant d’alliés d’infortune flairant le magot. J’avais quelques bons amis, dont un bien placé à la communication, un vieux dur-à-cuire parlant une bonne demi-douzaine de langues, et qui était déjà complètement de nationalité otanienne avant même que tout ce bazar soit transféré de France en Belgique. Il m’avait pris en amitié et se fichait bien de mon orientation politique à venir ; il y avait, comme ça, parfois, des vieux dur-à-cuire otanien qui ne vous saoulait pas avec le politiquement-correct de l’OTAN. (*)
Pour lui, l’événement le plus important de cette élection de Mitterrand fut la visite impromptue et terriblement amicale que lui rendit le vice-président George H.W. Bush (disons le VP Bush-père), le 24 juin. Quelques années plus tard, évoquant vaguement ce souvenir, mon vieux dur-à-cuire otanien me glissa, énigmatique et l’air de rien : “On l’a échappé belle”. Cela demandait des explications et cela me valut un déjeuner hors de la cantine du Quartier-Général, dans un joli restaurant d’Evere.
Il faut se rappeler que cette époque de l’arrivée de Mitterrand était terriblement tendue, pour plusieurs raisons. J'en rappelle rapidement quelques-unes :
9 mai 2021 – Une plume amie me l’avait recommandée, une autre avait confirmé cette recommandation, et ainsi me suis-je exécuté. Sur CNews, chaîne française d’infos-en-continu où la droite triomphe et qui vient de passer en tête en parts d’audience, – et c’est un grand événement dans le cimetière des fossiles, –c’était, vendredi soir, un duel entre Éric (Zemmour) et Jacques (Attali).
Je cite les deux plumes amies à l’insu de leur plein gré, l’une après l’autre, dans leurs consignes à moi implicitement données de m’instruire de cette joute si postmoderne qu’elle en serait destinée à devenir une sorte de classique d’un symbolisme de l’effondrement (je brode un peu, certes) :
• « Je pense notamment que Jacques est touchant lorsqu’il laisse poindre son inquiétude pour le sort de la planète, ce à quoi Zemmour oppose son souci pour la seule France, dans une manière bien Trumpesque… Plusieurs idées passent, malgré l’interruptisme de Zemmour désormais prévisible. »
• « Attali semble en effet bien ému, presque sympathique. Il lui manque peu pour remettre la France au cœur (au lieu du monde global) parce que sa disparition lui semble progressivement peu contestable. Ça saute aux yeux (avec larmes quasi-visibles). Même le guignol bavard le regarde avec affection à la fin. »
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7 mai 2021 – « Nous devons déconstruire notre propre histoire », disait notre président-deconstuctore, en veine d’idées fameuses. L’histoire, je veux dire la vraie, celle que nous faisons aujourd’hui, est en train de lui signifier que ce n’est pas le propos ; elle est en train de se faire, « sous nos yeux », en état sidérant de dislocation et de désintégration. Comment déconstruire ce qui est disloqué-désintégré ?
Tandis que le président est lancé dans cette palpitante aventure qui répond aux souhaits de tout un courant de hautes ambitions, que l’on dit venir d’une “basse-intelligentsia”, la France suit une pente qui ne cesse de se faire plus abrupte ; “vers la guerre civile” disent certains, qui jugent que “le Grand Remplacement” mérite une réédition hors-censure courante (avec ce sous-titre qui nous vaut bien tous et qui nous attend au prochain croisement : « Introduction au remplacisme global ») ; vers les putschs militaires disent d’autres, qui rêvent une tragédie qui justifierait la constante mobilisation de leurs slogans de plus en plus héroïques.
Et 2022 ? Ces deux partis qui, sous un nom de baptême ou un autre, ont dominé le monde politique français depuis 1958, «le Parti Socialiste et Les Républicains sont des astres morts » : cela, à un an des présidentielles ; et Patrick Buisson de s’expliquer : « Ils sont toujours dans une logique de réponse économique alors que les problèmes de la société française ne sont pas ceux-là. En tout cas, ce n’est pas l’approche qu’il convient d’adopter. » Là-dessus, Buisson précise que si Sarkozy soutient Macron, Marine a gagné.
Même cette perspective (“La possibilité d’une île” pour Marine Le Pen) ne parvient pas à troubler l’Union Européenne et l’OTAN qui suivent une ligne parallèle consistant à tout faire pour susciter chez les Russes une réaction armée, quelque part sur la ligne de front, qui justifierait a contrario et a posteriori toutes les accusations préventives de provocation qu’ils lancent contre la Russie. Les Russes ne l’entendent pas de cette oreille, ni de l’autre. Ils n’écoutent plus.
Tout juste s’ils sourient parfois avec ironie, les Russes, de voir la Pologne lever les armes contre eux et les maudire au son de l’OTAN pour réclamer leur destruction, mais en même temps proclamer des zones interdites aux LGTBQ en repoussant furieusement les avertissements de l’UE (avec l’OTAN en bandouillère), et du Parlement Européen qui proclame Strasbourg “ville sanctuaire” pour les LGTBQ. J’ai employé le terme US pour les villes ouvertes aux migrants, mais un député de la bande des LREM, qui sont des sortes de migrants à leur façon, inventent une autre formule pour Paris : que cette belle capitale, si proprette et bien rangée au point que le monde nous l’envie, se fasse « zone de liberté pour les personnes LGBTQI ». (Pour mon compte, je n’ai pas encore inclus le “I” de “inclusif.ve”.) Qu’est-ce qui importe le plus ? Démolir la Russie ou fracasser les LGTBQ ? Autre grave question.
Pour faire la gracieuse courbe qui compte et repartir sur l’axe transatlantique, on citera l’indigéniste, décolonialiste, racialiste-racisée, etc., Rokhaya Diallo, une ‘Young Leader’ de la ‘French-American Foundation’. Elle vient d’accepter humblement, comme c’est charmant, une proposition de Georgetown University, pour pétrir de ses mains une nouvelle faculté consacré à l’étude de l’énigme extraordinaire et vraiment sans précédent de notre temps qu’est la question des genres. Il y a presque deux siècles, ils nous prenaient Tocqueville, mais heureusement nous le rendaient. Aujourd’hui, ils nous prennent Diallo : la garderont-ils ? Est-ce une façon de déconstruire, monsieur le président, que cette fuite des cerveaux charmeurs outre-Atlantique ?
J’ai entendu, sur une chaîne honorable mais un peu barbante à force de n’examiner “les faits, rien que les faits”, – surtout quand ils sont cul par-dessus tête, c’est-à-dire bras ballants en fait, – un mandarin des instituts de sondages annoncer qu’avec les vaccins, les USA avaient repris le leadership de la communauté internationale, et avec Biden celui de la respectabilité qui assure la légitimité du Roi. Manifestement la nudité présidentielle n’effleure pas les esprits tandis que les prévisions d’un « long, hot summer » à la sauce BLM-Antifa se multiplient, et que les policiers démissionnent en masse (plus de 5 000 en 2020 au NYPD de New York, en augmentation de 75% par rapport à 2019).
L’étrange constat de l’honorabilité retrouvée des USA et de Biden intéresse le président ukrainien Zelenski, qui n’a toujours pas liquidé les traces illégales et scandaleusement outrageantes des rumeurs affreuses de corruptions pesant sur l’âme délicate du président, et encombrant les narines sniffeuses de son aimable fils. Pourtant, Joe fait ce qu’il peut, lorsqu’il fait dire qu’il voudrait bien de l’Ukraine dans l’OTAN, ce qui relèverait la sauce.
Certes, pendant ce temps les vaccins font leur chemin mais l’on apprend qu’avant d’officialiser leur divorce, Melinda et Bill Gates s’étaient querellés en 2013. Melinda reprochait à son mari de leur avoir fait faire quelques milliers de kilomètres pour rencontrer Jeffrey Epstein, fraîchement libéré d’un petit séjour à l’ombre pour pédophilie ou approchant. Melinda était « furieuse » de cette rencontre qu’elle qualifia de « très inamicale », de même qu’elle se montra peu satisfaite des fréquentations de Bill en général.
Cette mésentente sur le charme d’Epstein, qui fréquentait du beau monde pour le bénéfice des deux Bill, serait le tournant menant au divorce du couple à $190 milliards (dont $70 pour Melinda, j’arrondis), lequel divorce sera le plus financièrement sexy de nos temps improbables... Mais vous savez, la question sérieuse qui commence à nous tourmenter est de savoir si Melinda ne va pas se lancer dans une croisade à la fois anti-Bill et anti-vaccin, qui aurait ainsi des effets géopolitiquement sanitaires considérables. C’est là certainement l’hypothèse d’un complotiste qu’on ne saurait en aucun cas prendre au sérieux ; une hypothèse déconstructrice.
Aux USA, pour y revenir, une idée s’impose peu à peu, surtout dans les rangs des citoyens désenchantés, ou bien encore prêts à s’engager dans des combats extrêmes : « Nous sommes en train de découvrir qu’il est aussi important, sinon plus important d’élire un bon gouverneur pour son État qu’un bon président pour les USA ». Et même beaucoup plus (important), si l’on suit Brandon Smith, de AltMarket.us. Si les citoyens veulent survivre économiques, dit Smith, ils doivent se replier sur leurs États puisqu’il n’y a plus rien de bon à attendre de Washington D.C.; et il faut que les États se replient sur leurs propres capacités de production et d’investissement, qu’ils fassent du localisme, au besoin en instituant leur propre monnaie, hors-dollar et hors-Federal Reserve.
Pendant ce temps, que font les Chinois, outre d’être une fois de plus soupçonnés d’avoir fabriqué Covid dans leurs ateliers ? Ne seraient-ils pas en train d’attaquer subrepticement les USA en laissant aller dans l’espace des débris de fusée, dont certains considérables, en “espérant” qu’ils tombent sur les USA ? Il y a eu un passage hystérétique classique dans la presseSystème US (et même les antiSystème, en fait) suivant le lancement d’une station spatiale chinoise la semaine dernière, et les restes encore structurés de la fusée Longue Marche 5B laissés aux caprices des dieux qui pourraient avoir été corrompus par le PCC (Parti Communiste Chinois). Rudement interpellé par un journaliste (“Qu’est-ce que fait le Pentagone avec ses superbes technologies de missiles de défense antimissiles ?”), le secrétaire à la défense Loyd Austin a répondu avec une certaine candeur, selon les lignes de la “stratégie de l’espoir” :
« Pour l’instant, nous n’avons pas de plan pour abattre la fusée. Nous espérons qu’elle atterrira dans un endroit où elle ne fera de mal à personne, dans l’océan ou quelque part comme ça. »
Ce qui revient finalement, – je veux dire, tout cela, – à s’interroger, ou plutôt à interroger le président : pourquoi vouloir déconstruire l’histoire, qui est un peu « notre histoire » ? Elle est là, « sous nos yeux » elle aussi, littéralement en train de se disloquer et de se désintégrer, en train de naître disloquée-désintégrée, c’est-à-dire disloquée-désintégrée avant même que d’exister. « “Ils ont des yeux et ne voient pas.”, dit Renaud Camus. Terrible cécité. Il y avait un peuple, il y en a un autre. » C’est comme l’histoire en un peu plus confus : il y avait l’histoire, il y a autre chose. Déstructuration, dislocation, désintégration : vous croyez que cela suffira comme slogan pour 2022, monsieur le président-deconstructore ?
Allez, « Vas jouer avec cette poussière », disait Montherlant, – une de mes citations préférées, bien qu’il s’agisse d’un titre... D’ailleurs, c’est parfait pour une histoire disloquée-désintégrée, non ? Eh, l’histoire, « Vas jouer avec cette poussière », et laisse la place aux grands ; et de me tourner vers ma métahistoire favorite, avec la métapolitique comme marchepied royal, style Talleyrand. Dans cet Olympe-là, les dieux sont trop chers pour être achetés, que ce soit par un Joe ou par un Gates, et ils n’aiment pas du tout qu’on les vaccine d’emblée et passez muscade. Les dieux ne passent pas muscade.
Enfin, comprenez-moi : ce n’est pas du tout « La fin de l’histoire », comme disait l’autre de son histoire d’alors ; c’est l’explosion de l’histoire, explosion volcanique et tellurique, – histoire disloquée-désintégrée... Grand Dieu ! Devenant plus Histoire que jamais...
5 mai 2021 – Je reconnais sans peine être à la fois goguenard et fasciné devant cette affaire de la “Lettre Ouverte”, ou “pétition des mille” du départ comme l’appelle Régis de Castelnau. (En effet, à partir de ce surnom de départ ils se sont développés, ont essaimé jusqu’aux signatures de quasiment 60 généraux et près de 25 000 militaires.) Ce qui me rend goguenard c’est l’image du “Roi est nu” et ce qui nourrit ma fascination c’est l’agitation autour de ceux qui feignent de ne pas avoir réalisé, par pudeur plus que par myopie sans doute, que “le Roi est nu”. Enfin, je suis à la fois goguenard et fasciné de constater que cette affaire qu’on aurait dû bien vite enterrer paraît-il, continue à être portée bien haut par ceux qui auraient tant intérêt à l’enterrer.
D’abord, il y a l’idée même de la possibilité de l’intervention de l’armée.
Cela, une telle idée d’une possibilité, paraît à tant de nos commentateurs absolument incroyable, absolument démentiel, impensable, incompréhensible, inadmissible, inacceptable... Qui a donc jamais évoqué une telle chose ? Qui donc seulement y a pensé ? Qui seulement a pu songer à le dire ?
Balivernes, ces points d’interrogation, tant on l’a fait, et tant de fois... Devant moi, on l’a évoqué, on l’a pensé et on l’a dit. Je peux en dire quelques mots puisqu’il y a prescription, – alors, voilà, je raconte, et au diable le “devoir de réserve”.
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2 mai 2021 – Au moins, “les quartiers” obéissent aux généraux. Après la description d’une France proche de la guerre civile et du chaos (au choix, ou les deux) par le fameux multi-« quarteron[s] de généraux en retraite », “les jeunes” garnements, – qu’il faut savoir “écouter” en les respectant, – se sont exécutés : coups de feu, bang-bang, douilles de 9mm...
Vidéo en action, impressionnante, le 1er mai au soir : « Non ce n’est pas le tournage d’un film mais la réalité dans certains quartiers. Images impressionnantes d’une fusillade à Valence dans le quartier de Fonbarlettes où la police a interpellé récemment des trafiquants de drogue » (tweet du Syndicat des Cadres de la Sécurité Intérieure).
Drôle de situation en France, comme on disait “drôle de guerre”, mais en moins drôle... J’ai suivi avec une dérision assez lasse, avec le sens du pathétique d’une tragédie qui n’arrive pas à se débarrasser du bouffe tragique de ses participants les plus institutionnalisés, la saga de la “Lettre Ouverte” (des généraux). J’ai apprécié à sa juste valeur le courroux de leur ministre, et la raideur service-service au service empressé de la République d’un chef d’état-major demandant il y a 3-4 jours des sanctions après avoir exhorté les cadres et esprits de l’armée, en janvier 2018, à faire ce que ces généraux-félons ont fait, – et qu’ainsi devaient éclore les Cent-Fleurs de la parole libérée de la Grande Muette aux oreilles séduites de la Nation :
« ...Le général regrette alors [en janvier 2018, dans une tribune du Figaro] “l’effacement de la parole du soldat ”, depuis le traumatisme de 1940 et la guerre d’Algérie. Plutôt que d’être “résignés au mutisme”, il enjoint les militaires à écrire et à “développer la réflexion sous toutes ses formes et dans toutes les dimensions”. Objectif : “Que les consciences s’éveillent à la centralité des thèmes relatifs à la confrontation et au fait guerrier”, pour sortir de “l’illusion des dividendes de la paix”. Trois ans plus tard, son vœu est exaucé dans Valeurs Actuelles, où la tribune signée par plus de 8000 soldats met en garde contre la possibilité d’une guerre civile. » (“Valeurs Actuelles” [VA] n’a pas raté cette célébration mémorielle.)
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