Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Mai 2023 (6 articles)
31 mai 2023 (16H45) – Au début, je m’étonnais, je trépignais, je triomphais, je me scandalisais... C’était au début, quand j’étais sérieux. Aujourd’hui, je l’avoue, cette lecture est une bonne lecture de détente, une sorte de souvenir nostalgique qu’on assure et qu’on goûte, avec une certaine, comment dire ? Ben, nostalgie justement, en peine séance de nostalgique fara-niente... Pensez donc ! Je suis avec le JSF, qu’on a voulu peinturlurer en F-35 pour qu’il passe inaperçu (‘stealthy’), depuis 30 ans exactement ! Oui, je le jure, c’est en 1993 qu’on a commencé à parler du programme JSF, qui avait alors un autre acronyme avec un “A” quelque part en plus, prestement abandonné pour être JSF en 1994. Vous vous rendez compte du feuilleton ? De la romance des vieux époux ? De mes jeunes années, des plus belles années de notre vie, à nous autres aujourd’hui vieillards furtifs (‘stealthy’) ?
Car avec le JSF, c’est chaque jour, ou disons chaque année, la mousson, une sorte de ‘Nina’ des conneries et des pannes dans la panne de la panne, chaque année pannes réparées et renouvelées, pannes pires que pannes d’auparavant... Un miracle de durée, une aubaine des belles manchettes de la presse ‘American Wonderland’, l’‘American Dream’ en 3D, en 4D, en 5D, à la fois sans fin et infini, un rêve dont on ne voit pas la fin, dont on n’imagine pas la fin ; imaginer ‘The End’, comme à Hollywood, et voir un F-35 décoller et voler normalement, comme tout le monde, tenant son assiette sans décrocher, sans glisser avec le moteur qui s’emballe, – voler médiocrement bien, quoi, – mais ce serait d’un triste !
Ainsi est-ce sans surprise que je suis vertement interpellé par un titre de cette presse honnie et défendue qu’est RT.com, que je lis en cachette, à la sauvette car je sais bien ce qu’elle vaut... Qui nous conte, – quoi ? Les derniers déboires du grand copain du JSF qu’est le GAO, cette Cour des Comptes US qui, chaque année à la même époque, dépose sa petite commission sur le seuil du JPO (‘Joint Strike Fighter Program Office’), devenu je crois, whopping trouvaille de com’, le ‘Joint Strike Fighter Wing’ pour nous faire croire qu’il vole (non, je me trompe, c’est la boutique du F-35C de la seule Navy)... Enfin, n’essayez plus de comprendre et oyez les bons vœux du GAO, circa-2023 :
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23 mai 2023 (19H00) – Pour nous, – pour dde.org, pour moi, – Joseph de Maistre est toujours une évocation, une rencontre, une mémoire, une lumière heureuses. Depuis que je l’ai rencontré, il constitue un des piliers de ma façon de penser ; qui plus est, l’ayant rencontré, je me suis aussitôt assuré qu’il était l’homme de mon temps, c’est-à-dire l’homme de la GrandeCrise.
Note de PhG-Bis : « PhG ne le dit pas, alors je le dis pour lui : lorsqu’il parle de Maistre, ne sortez pas votre arsenal de lieux communs dans l’impasse de la Bienpensance – sur Maistre-réactionnaire et le reste. Il n’en a cure, PhG. Ce n’est ni son affaire, ni sa connaissance, ni son intérêt, ni sa référence. Pour lui, Maistre c’est bien autre chose.... D’ailleurs, qu’on en juge ! »
... Par conséquent, j’ai eu mon attention retenu par la parution d’un nouveau livre sur Maistre, et par une interview de l’auteur que je reprends ci-dessous. (Sur le site d’‘Éléments’, ‘Joseph de Maistre. La nation contre les droits de l’homme’, par l’agrégé de philosophie et docteur en poétique et en littérature Marc Froidefont.) L’intérêt de la chose est également qu’elle me conduit, moi, à revenir sur Maistre dont je n’ai plus guère parlé sur la longueur depuis longtemps.
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15 mai 2023 (10H00) – Voici un texte (original comme ceci) du philosophe italien Andrea Zhok, – avec cette question qui me vient aussitôt : comment les Italiens si soumis au diktat US peuvent-ils avoir tant d’esprits brillants et libres ?... Peut-être trouve-t-on la réponse dans le texte de Zhok, puisqu’il s’agit du texte d’un homme complètement désespéré et désenchanté, et pourtant un texte qui n’est au bout du compte ni l’un ni l’autre, absolument pas.
La partie essentielle du texte est réservée à la description de ce qui est devenu en quelques folles et fulgurantes années le problème central de notre GrandeCrise, que nous nommons souvent “simulacre” dans toute la puissance du système de la communication, que certains nomme “The Empire of Lie’ (colonel Macgregor, à propos des USA). C’est ce “problème central” qui fait écrire à Zhok, à propos du “discours public”, de tout ce qui est parole officielle et intervention de la presseSystème en bruit de fond :
« [...L]a recherche de la vérité et la gestion du discours public en Occident sont désormais des options incompatibles. [...]
» Nous vivons dans un monde où le mensonge instrumentalisateur est désormais la forme dominante du reportage d'intérêt public... »
Depuis 2020 pourrait-on dire, avec le Covid, et surtout avec la guerre en Ukraine continuant la crise de 2014 qui avait greffé la branche pourrisseuse de cette nouvelle règle fondamentale de la vie politique et sociale (et sociétale, donc !), bref la vie publique, nous en sommes à ceci qu’observe le philosophe :
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9 mai 2023 (17H30) – Je m’attache à un détail qui concerne l’expression de “Great Depression”, que je croyais absolument réservée aux USA à la période 1929-1936. Je découvre, au travers d’une traduction reprise ci-dessous, le texte italien d’Emanuel Pietrobon, dans ‘InsideOver.com’, qui emploie exactement l’expression américaine, – reprise dans cette citation du texte original en caractère gras, –pour désigner notre période actuelle (au plus large, 1999-2023 et courant...)
« La classe dirigente ha contezza e consapevolezza della Great Depression, emblematizzata dalle epidemie di suicidi, dalla crisi degli oppioidi e dalla capillarizzazione delle stragi, e sa che dalla risoluzione di questo insieme intricato di problemi dipendono, più che il soft power in erosione, la sicurezza e il futuro degli Stati Uniti. Perché il rischio è che, stando a quanto viene sussurrato nei corridoi che conducono alle stanze dei bottoni, l’America arrivi già vinta al redde rationem con la Repubblica Popolare Cinese. »
Je trouve d’abord, dans une première réaction, cet emploi un peu trompeur, ou bien exagéré, – et sans doute est-il bien cela quant à l’importance de l’événement dans le cadre strict de l’histoire des USA comme entité existante avant la crise, subissant la crise, et s’extrayant momentanément de la crise par un artifice (et de quelle taille ! Rien de moins que la Deuxième Guerre mondiale et sa mobilisation). Tous comptes faits, pourtant et s’accordant à l’expression “s’extrayant momentanément”, je m’avise que la reprise est acceptable dans la mesure où l’on considère que nous vivons, avec la crise actuelle aux USA, une poursuite vers l’épisode final de la même ‘Grande Dépression’ des années 1930, après un hiatus de quelques décennies où les effets psychologiques de cette crise furent momentanément écartés.
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5 mai 2023 (20H00) – Nous l’avons tous vécue, « La journée d’hier... », en assistant à l’événement et en notant, en passant et à tout hasard, son caractère assez remarquable, peut-être historique, voire métahistorique. Cette attaque contre le Kremlin, avec des engins qu’on pourrait peut-être bien acheter un peu partout (comme on dit “dans toutes les bonnes pharmacies”), avait à la fois un côté profondément tragique et un côté extrêmement bouffe. Peut-être que la fameuse tragédie-bouffe, ce concept que nous déployons bien souvent, n’est pas l’assemblage de deux aspects antinomiques mais bien leur fusion totale : ce qui est tragique a également un côté bouffe, et vice-versa...
Le désordre de la communication (encore plus que de l’information : vous savez que je tiens à cette nuance) fut considérable. Je vous donne l’avis d’un homme du domaine, dont je vous ai souvent dit que je le tiens pour remarquable, – Alexander Mercouris ce matin :
« La journée d’hier fut l’une des plus dangereuses de cette période de la guerre d’Ukraine. Je devrais aussi ajouter qu’en termes de l’information, ce fut, de mon point de vue, l’une des plus chaotiques...
» Tant de choses survenant dans tant de lieux différents, avec tant d’interprétations différentes de ce qui était en train de se passer, venant de tant de personnes différentes, [tout cela fit] qu’il fut extraordinairement difficile de donner un sens aux événements en cours... »
Mercouris s’y emploie pourtant, avec son brio habituel. Écoutez-le et vous aurez une bonne idée de ce que l’on peut penser de cette affaire, lui-même exposant le jugement, argumenté avec soin, que les Ukrainiens du Zelenskistan ne peuvent en être étrangers. La chose est exposée clairement, c’est-à-dire que le chaos est détaillé avec un soin et une logique remarquables. Mais le chaos reste le chaos, même si c’est, – “chaos bien ordonné commence par soi-même”, à adresser aux auteurs de l’attaque...
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1er mai 2023 (15H00) – Me baladant subrepticement sur des sites que plusieurs de mes médecins m’ont déconseillé de suivre pour le bon équilibre de mon cœur, – et pour éviter de choper le Covid-24, – je tombai innocemment sur deux textes successifs. Ils m’ont fait réfléchir sur les vanités de ce monde et l’injuste courroux dont la Grande République est l’objet, en plus d’un constat de la puissance du système de la communication et des effets d’entraînement, sinon de mode, qui s’ensuivent.
Je m’explique, en quelques paragraphes... Mais d’abord, des citations, car il n’est rien de plus agréable pour la lecture que ces retraits en italiques qui vous font respirer une autre plume au long de textes fastidieux que tel ou auteur, – un Grasset ou un PhG, vous voyez, – se croit autorisé à publier pour ce qu’il croit être l’édification de ceux qui s’aventurent à le lire. Ainsi ai-je découvert ces accusations étonnantes de « piège économique » et de « terrorisme financier », – quelle diffamatoire fureur est-ce là !
D’abord, ces gens de ‘Spoutnik-Afrique’, qui viennent piétiner ces superbes platebandes africaines formées avec grâce et harmonie par des rangées de billets verts, – les ‘Greenbacks’, disent les connaisseurs du slang, les ‘folk singers’ de la Grande Dépression et autres victimes...
« Le billet vert domine comme monnaie de référence dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais dans le contexte actuel le dollar américain continue de s'affaiblir, développe auprès de Sputnik le panafricaniste Paul Ella, analyste financier et géostratège, président de l’association African Revival. Il se fait l’écho du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, qui a récemment déclaré qu’il est impossible d’empêcher la transition vers les paiements en monnaies nationales entre les États, ce qui réduirait la part du dollar dans l’économie mondiale.
» Le dollar représente environ 60% de toutes les réserves en devises au monde, contre 20% seulement pour l'euro. Par conséquent, les États-Unis peuvent “faire du chantage à la planète entière”, analyse l’expert. “L'Europe est tout simplement le vassal des États-Unis, elle est toujours en train de faire du suivisme de la politique américaine”, considère-t-il.
» Pourtant, la situation ne va pas perdurer, selon lui:
» “Cela ne peut juste pas continuer parce que différents pays dans le monde se rendent bien compte qu'il s'agit d'un piège économique, d'un étau duquel il faut absolument se sortir”.
» Ces pays “se rendent compte que ce n'est plus possible de rester enfermé dans la logique unique de la pensée économique américaine”. »
La deuxième anecdote remarquable, – encore des Russes ! A RT.com, ceux-là, – nous conte les aventures d’un banquier indien qui se dit qu’il y aurait bien une place à prendre, pensant à sa roupie natale et hindouiste...
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