Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Juin 2020 (9 articles)
30 juin 2020 – Pour en rajouter une petite couche très-modeste, je vais :faire un commentaire plus personnel sur la nouvelle traitée le jour d’avant-aujourd’hui, sur le déclin de l’AIPAC qui semble accélérer irrésistiblement, qui est documenté dans ce sens d’une façon convaincante par l'article cité dans ce texte. Donc, un bref historique personnalisé...
En 2007, lorsque John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, et Stephen Walt, professeur de relations internationales à la Kennedy School of Government de l’université d’ Harvard, publièrent ‘The Israel Lobby and the U.S. Foreign Policy’, décrivant toutes les capacités d’influence israéliennes avec l’AIPAC comme matrice, ce fut l’occasion d’une très forte polémique, avec des aspects hystériques déjà repérés lors de la publication d’un article sur le même sujet par le même duo en 2006. Cela faisait des années, des décennies, que l’influence israélienne à Washington était à la fois un facteur fondamental du pouvoir washingtonien, connu de tous mais respecté par le silence de tous, une force quasiment légitime et irrésistible, effrayante et même terrorisante.
J’avais connu de loin, mais suffisamment précisément, ce phénomène qui ne cessait de déclencher des rumeurs complotistes, des appréciations chuchotées, des regards terrorisés jusqu’à presque se signer. En 2007, en général, on ne donnait pas cher de la peau des Mearsheimer-Walt dans le monde universitaire, et l’on attendait leur disparition dans les oubliettes de l’infamie. La polémique dura longtemps : par exemple, en février 2009 on faisait encore des émissions sur le bouquin, et dans celle-ci justement on a beaucoup de détails et de précisions sur les aventures des deux auteurs.
(Suite)
24 juin 2020 – Je ne dirais rien, ni des auteurs, ni des thèmes d’une façon trop précise, ni du site sinon qu’il n’est certes pas antiSystème et qu’il est notablement fréquenté ; bref, rien de ce qui pourrait permettre une identification des personnes, des textes et des circonstances diverses... Je veux simplement décrire très succinctement, d’une façon assez générale, trois textes sur la situation actuelle, générale elle aussi, parus le même jour d’un jour qui n’est pas très loin du jour d’aujourd’hui. De cette façon et avec ces précautions, il m’importe d’en tirer quelques réflexions qui ne soient en aucun cas marqués par la polémique.
Voici donc les trois textes, rangés comme ils sont, – sans ordres de prééminences, ni ordre de préférence, ni ordre de validité, ni même l’ordre alphabétique, bref sans aucun ordre du tout...
• Un de ces trois textes nous dit que les gens, notamment aux USA, sont placés devant un dilemme terrible, entre leur liberté et la perte de leur liberté (il parle même d’“esclaves”, ce qui est actuellement très couru aux USA), et que tout cela est lié à une prise de contrôle de nous-mêmes effectuée ou plutôt sur le point de l’être, du fait de forces très puissantes et organisées, qui ont développé la pandémie Covid19 d’une façon très précise et très organisée ; forces parmi lesquelles on trouve un Bill Gates et sa famille, et son complot, et aussi des puces posées par le même dans notre ordinateur et bientôt sous notre peau, et ainsi de suite ;
• le second de ces trois textes nous dit que plus personne ne contrôle plus rien du tout aujourd’hui dans les fantastiques affaires que nous traversons, sauf peut-être, comme dernière capacité de contrôle, l’illusion encore existante chez certains dans le public que quelqu’un (les élites) contrôle encore quelque chose ; le texte est péremptoire, comme s’il déchirait un rideau, allumait un soleil, nous disait “le roi est nu” : “Et si personne ne contrôlait rien du tout ?”
• le dernier texte dont je dois parler nous entretient des plans secrets de l’Amérique, qui va se révéler triomphante alors qu’on la croit à terre, qui entend bien à son terme des plans muris et annoncés tant de fois depuis 20 ans, et remis à plus tard autant de fois, que l’auteur avait prévus depuis longtemps, et qu’il nous annonce pour très bientôt, – car il s’agit de “redessiner le Moyen-Orient” à l’avantage de l’Amérique.
(Suite)
22 juin 2020 – Le titre de cette page du Journal-dde.crisis est aussi le titre d'un livre publié en 1999, ‘Le monde malade de l’Amérique’ effectivement, dont l’auteur est PhG. (*) Je trouve ce titre, rétrospectivement, à la fois excellent, comme je l’avais jugé alors, et en plus visionnaire ; je peux d’autant plus me permettre de telles considérations que c’est l’éditeur qui l’avait proposé après une recherche commune, comme résumant parfaitement ce qu’il avait ressenti à sa lecture.
Il va sans dire mais aussi bien en l’écrivant, et pour faire la transition, que c’est le texte d’Alastair Crooke qui a rappelé « Le monde malade de l’Amérique » à mon souvenir ; et précisément cette phrase qui contient, pour moi, pour ma perception, en quelques mots tout l’esprit que je découvre dans ce texte, et cela même si l’auteur n’a pas consciemment voulu l’y mettre. (N’oubliez pas que c’est un logocrate qui vous parle.)
« [C]e qui est indéniable, c'est que ce mouvement du “réveil” se répand dans certaines parties de l'Europe et de l'Amérique plus vite que l’infection par le Coronavirus. »
Après cela, vous ne pouvez pas dire que le monde n’est pas “malade de l’Amérique”, n’est-il pas ? Mais l’Amérique encore plus, certes, malade d’elle-même, absolument.
(Suite)
19 juin 2020 – Un grand débat court depuis si longtemps et ne cesse d’enfler, entre les modernes et les autres, que ces autres se disent antimodernes ou non. Nous-mêmes le posons et l’argumentons dans nos termes selon le phénomène du “déchaînement de la Matière”, qu’il faudrait décrire comme né et identifié à partir d’une grande “rigueur intuitive” et nullement d’une grande “rigueur logique”. Ce Grand Débat, – il mérite de ces majuscules dont je ne suis pas avare, – est partout dans nos esprits comme il est dans le mien, dans ces temps où enfin apparaît l’évidence que nous ne pourrons plus durer tels que nous sommes.
Ce débat concerne essentiellement le vaste concept, mythe et symbole à la fois, de “Progrès” avec tout ce qui l’accompagne, et qui fonde la modernité. Ce débat est qualifié de “Grand” selon son évidence même, et il doit être aussi apprécié comme “urgent” en raison de la crise catastrophique qui nous frappe avec de plus en plus de vigueur ; en même temps, il devrait être, pour ceux qui y participent, extrêmement ouvert, – sinon iconoclaste, absurde ou impensable pour certains (pour ceux qui n’en veulent pas). Il est vrai que ce Grand Débat, suscité par le symbole du fléau de Dieu qu’est la pandémie Covid19 suivi par l’opérationnalisation du mythe de l’insurrection qu’est l’événement que nous nommons sur ce site la Grande-Emeute2020, ne concerne rien de moins que l’idée d’une alternative à notre système, – au Système dirais-je, pour notre compte à nous.
(Suite)
16 juin 2020 – J’ai bien du mal à me dire : “Oui, c’est cela, nous sommes en train d’assister à la chute de l’Amérique, à la chute de ‘notre chute de l’Empire’”. J’entends par là que la possibilité de ce gigantesque événement est désormais bien réelle, palpable, complètement imaginable et envisageable, je dirais presque comme un terrible qualificatif qui s’insinue enfin en nous tous : “inéluctable”, cette chute... Je parle de “l’Empire”, de l’Amérique, et l’on sait que c’est le Système, que c’est notre civilisation, que c’est une époque de l’Histoire et son temps que le Temps, cette chose métaphysique et sublime, abandonnent à eux-mêmes. Nous imaginons désormais bien plus que nous ne pouvons imaginer
Et plus que jamais, plus que tout ce qu’on pouvait imaginer, – justement, toujours cette impossibilité devenant possible, – se produit ce phénomène incroyable, tel qu’on l’avait signalé à propos de l’attaque du 11 septembre :
« D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d’une force et d’une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s’accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L’histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire. On sait également que ceux qui ont décidé et réalisé cette attaque l’ont fait parce qu’ils savaient qu’existe cet énorme phénomène d’observation des choses en train de se faire, et de nous-mêmes en train d’observer. Le monde est comme une addition de poupées russes, une duplication de la réalité en plusieurs réalités emboîtées les unes sur les autres. » (*)
(Suite)
12 juin 2020 – Nos très-fidèles et même nos simplement-fidèles lecteurs ont remarqué l’apparition d’une sorte de “rubrique temporaire” à l’intérieur de la rubrique Brèves de crise (par ailleurs fort peu utilisée). La chose est lapidairement expliquée dans une note accompagnant ce premier texte de la série, aujourd’hui :
« Nous commençons une série de “rapport de situation” (d’où Rap[port]Sit[uation], imité du SitRep [Situation Report]utilisé pour l’anglais) sur les événements aux USA, au moins jusqu’aux présidentielles (d’où RapSit-USA2020), peut-être (sans doute) après. La parution n’a aucune régularité, se faisant selon notre jugement sur l’importance des événements ou sur la nécessité d’une mise à jour, d'un rectificatif du flux officiel-Système, etc. Certains événements signalés peuvent être repris et développés dans d’autres rubriques. La rubrique ‘Brèves de crise’ est utilisée dans ce cas pour la facilité. »
L’idée de la forme a été pêchée chez certains sites anglophones (le Saker-US en premier, je crois, sur l’Ukraine et la Syrie), – Situation Report [SitRep] devenant Rapport de Situation [RapSit]. (L’introduction de l’abréviation “Rap” si évocatrice du climat où nous évoluons est, c’est mon sentiment, du plus heureux effet n’est-il pas ?)... Il s’agit bien de donner quelques points rapides de la situation aux USA, plutôt qu’un développement comme c’est souvent le cas dans les SitRep. Les développements, sur ce site, se retrouvent plutôt dans les autres rubriques, qui peuvent, comme cela est précisé, revenir sur un élément mentionné dans un “RapSit”.
(Suite)
7 juin 2020 – ... En fait, il faut compléter la devise de Saint-Cyr : « A genou les hommes, debout les officiers », pour mieux observer l’extraordinaire spectacle de cette pandémie américaniste, puis globale, – mais ceci équivaut à cela, après tout, – qui caractérise l’événement de la Grande Emeute-2020. On va jusqu’à cet officier de la police de Minneapolis embrassant le sol après s’être mis à genou, sur injonction des BLM (Black Lives Matter) : “A genou les officiers, debout les hommes” ? Dérision, vision pathétique, crépuscule et les ténèbres d’un monde détruit en des riens innombrables, addition de néants complices de la même paroisse... Laissez Saint-Cyr en son temps, elle n’a que faire du nôtre.
Comment voulez -vous commenter cela, avec des mots ou des expressions qu’ils ne connaissent plus, dont ils ne savent même plus qu’ils peuvent exister : “dignité”, comme le contraire de l’indignité, “respect de soi” comme l’opposé de l’auto-humiliation. (Certains nomment cela masochisme avec un sourire entendu ; je leur laisse le tout, y compris le sourire et le pourboire.)
(Suite)
5 juin 2020 – Qui se rappelle encore, je veux dire dans sa mémoire vivace, de l’assassinat de Soleimani par le fait d’un drone actionné par un assassin assis dans son fauteuil, à des centaines de kilomètres de là ? Le 6 janvier 2020, il était défini sur ce site par ce titre mesurant l’importance rupturielle qu’on lui accordait : « Un assassinat métahistorique ». La situation était gravissime dans la perspective jugée quasiment inévitable d’une guerre entre les USA et l’Iran.
Dans le brouhaha terrible que provoqua cet événement, un jugement du philosophe de la littérature Mircea Marghescu, dans son Homunculus – Critique dostoïevskienne de l’anthropologie me vint à l’esprit puis sous la plume :
« L’acte est solidaire de ses conséquences et c’est en fonction d’elles qu’on le jugera. Sa culpabilité ne sera plus mesurée à son degré de conscience, – et de mauvaise conscience, – mais à “la mort qu’il porte en lui” et qu’il introduit dans le monde des hommes. »
(Suite)
4 juin 2020 – « Rien ne pourrait être plus dangereux que de penser que la crise est passée. Au contraire, elle ne fait que commencer. La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise sans précédent en tant que force sociale et politique indépendante. Elle doit s’opposer à la conspiration à la Maison Blanche par les méthodes de la lutte des classes et de la révolution socialiste. »
Qui a écrit cela ? Vous avez deviné, à la seule dialectique et en se référant à nos habitudes. Il est excellent de suivre le site trotskiste WSWS.org parce que dans sa chronique alterne le pire et le meilleur, sans transition ni nuances. Il y a donc à boire la liqueur la plus exquise et la plus revigorante, et à manger les aliments les plus artificiels et les plus improbables. Il sait faire le tri avec minutie et justesse, c’est-à-dire commenter les événements, et tirer les leçons tactiques qui importent, et là-dessus nous annoncer mordicus les événements formidables, – globaux, inarrêtables, prolétariens, – qui donneront raison à l’irremplaçable Léon, quatre-vingts ans presqu’exactement après son assassinat ignoblement manigancé par le fourbe-psychopathe du Kremlin.
Donc oui, la “crise” ne fait que commencer, c’est-à-dire le dernier étage de la puissante fusée que même Elon Musk ne pourrait pas sa payer, et cette fusée baptisée GCES. Mais aussitôt admise la chose, la présentation qu’en fait WSWS.org me serre le cœur d’émotion et amène même, à l’extrême-gauche de mon œil gauche, une petite larme sardonique et sarcastique : comment peuvent-ils croire à cette sorte d’envolées lyriques alors qu’ils se trouvent en plein cœur de la mise à nu qu’est le simulacre de l’américanisme depuis les origines, dans toutes ses impostures ?
(Suite)