Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Juin 2021 (8 articles)
23 juin 2021 – on s’alarme de plus en plus, en France où l’on a l’alarme prompte, de l’extension terrible de ce que je nomme, moi, le wokenisme. On découvre sa pénétration dans les diverses institutions d’enseignement, notamment certaines des plus prestigieuse d’entre elles. On s’alarme donc de voir les sages élèves des cadres de demain de la direction française (Science Po) être soumis à une séance de dénonciation prolétarienne-sociétale-racisée sur la “blanchité” de la cuisine française, vécue comme un signe supplémentaire d’oppression des nouveaux “damnés de la terre”.
Il est vrai que l’une des réactions recommandables, en attendant qu’ils s’engloutissent eux-mêmes dans leur mélasse racisée, est de rire de telles considérations absolument considérables. Comme le remarque Macé-Scaron (voir CNews ce matin, sur “L’heure des Pros”), ces gens-là sont absolument allergiques à l’humour, écrasés qu’ils sont par l’ampleur de leur Mission et le poids phénoménal de leur Message ; comme tout bon idéologisé-radicalisé, on comprend diablement qu’“il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas”. Avant c’était la religion, aujourd’hui c’est leur bêtise. “On n’arrête pas le Progrès”, – autre formule fameuse de ma jeunesse.
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21 juin 2021 – On met ensemble deux avatars qui paraissent sans rapport : les élections en-France et une activité précise du souverain pontife, le pape François. Il s’agit de deux choses d’une importance certaine, mais dans des domaines si différents qu’il paraît nécessaire de disposer d’un bien plus grand événement que les deux en question, un événement immense, qui les domine d’une façon écrasante pour proposer de les rassembler, de les intégrer, de les fondre de façon à ce qu’ils semblent relever de la même dynamique. Alors, le rapprochement, plus encore, la fusion ira de soi.
C’est le cas (de l’intervention d’un tel “événement immense”), – certes selon mon interprétation et m’attribuant le rôle de l’alchimiste qui sait reconnaître quand les dieux parviennent à porter à fusion les métaux précieux, jusqu’à les faire sacrés.
Le premier avatar dont je veux parler a donc trait au résultat des élections, hier en France. La seule chose qui me soit apparue de quelque intérêt, – mais pour cela, je n’étais pas seul et n’ai aucun mérite d’originalité, – c’est bien entendu l’abstention. 68% des Français en âge et en condition légale de le faire n’ont pas voté ; ce 68% signifie 32 millions de citoyens du pays de France. Aux mêmes élections, en 1992, il y avait 68% de votants.
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16 juin 2021 – Pepe Escobar est un vieux combattant de la presse alternative, libre & indépendante. Je le connais comme lecteur, comme une des vedettes de la toile quasiment depuis l’aube de ma septième vie, née le 11 septembre 2001. Cet ami indéfectible de Lula a des visions géopolitiques parfois complexes sinon très complexes, mais toujours dessinées vivement et ainsi évitant le plus souvent le piège de la lourdeur. Cette légèreté, dans ce cas vertueuse, fait que malgré les imbroglios qu’il décrit, Pepe ne passe jamais pour un “complotiste” hystérique, – tout juste se permettrait-il un “complotiste ironique”...
Cette fois, je le retiens quelques heures avec nous parce qu’il me semble qu’il a fort bien croqué le G7, ses clowns (ils sont sept, comme les nains, allez savoir pourquoi) et son obsession chinoise transmise comme un virus “deepstatiste” entre deux ronflements et deux balbutiements par le délégué de l’imposant ogre-DeepState ; lequel, c’est dit et redit, n’en finit pas de cracher les vis et les boulons de ses superstructures en plein exercice de désuperstructuration...
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14 juin 2021 – Puisque l’on parle de la question de “la gouvernance” sur cette page, une petite histoire, une plaisanterie, un bon mot qui court les salons climatisés et les bars enfin rouverts, et qui a provoqué chez moi, pour un instant, un fou-rire un tantinet nerveux tant la caricature est aussi vive que le vrai :
« Une voiture vide s’arrête devant Matignon. Jean Castex en descend. »
En une seule journée, le ministre dit de la Justice & ci-devant Garde des Sceaux se brocarde avec un candidat du RN assis avec des amis à une terrasse d’un café (rouvert) et, quelques instants ou heures plus tard, s’invective dans un marché à ciel ouvert avec un candidat de La France Insoumise. Images de campagne sans divertissement, où Dupond-Moretti, dit “Bitbull-la-Rolex”, joue le rôle du non-candidat d’en-dessous de la mêlée (le talonneur en rugby) chargé d’entretenir la guérilla de la communication.
Nous sommes dans ces temps pleins de signes, entre une gifle à l’insupportable légèreté et une piste semée de « marques satanistes »
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11 juin 2021 – Un peu comme une sorte d’habitude ou de confidence à mes lecteurs, comme il m’arrive assez souvent d’hésiter entre plusieurs titres, d’en adopter un et de confier ensuite celui que je voulais mettre d’abord, – ce fut d’abord, avant de savoir ce que je mettrais dans ce texte en son début : “Les deux gifles du roi”. Là-dessus, j’aurais pu en rajouter dans le genre lointain mais avec un peu de hauteur du type-lévitation, ou bien “au-dessus de la mêlée”, pour vous dire : “J’ai attendu un peu de temps avant de réagir pour voir ce que serait la réaction des élites de ce grand pays”...
Et voici le résultat, – Veni, vidi, vici ! Oh, César, dictateur infâme, comme tu nous paraîs si loin et nous manquer à tous, malgré ta piètre vertu démocratique... Écoute, César, je ne suis pas venu, il n’y avait rien à voir, et surtout rien qui vaille la peine d’être vaincu.
Un qui m’a bien fait rire, c’est tout de même la Merluche. Arriver à nous la faire-tragique et menaçante, selon la phrase fameuse de son tweet, employant pour le cas un mot que je trouve à la fois inculte et naïf, comme on dit infantilement “les méchants”, comme s’il ne trouvait rien d’autre car effectivement comment arriver à faire essentialisation de cette néantisation (celle de la présidence) ? La dégringolade de cette intelligence (celle de Mélenchon, ici, ceci expliquant cela) est un phénomène fascinant, ou comment le talent, le verbe vif, la phrase bien faite, peuvent complètement se retourner, comme la calotte d’un gland, et hurler une inversion totale, et se rouler dans la farine moisie d’une sorte de médiocrité enfin retrouvée, comme on retrouve une vieille compagne disparue.
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7 juin 2021 – Il faut admettre que ce que nous nommons ici, et moi le premier, “wokenisme”, est un formidable moteur crisique, un accélérateur inouï de la Grande Crise. Je ne parle certainement pas dans ce cas du contenu, mais bien de la dynamique, et encore plus précisément, de la dynamique de la communication. Ce dernier point est essentiel, c’est même le point essentiel et nul autre : ainsi, pa r la communication, est investie la psychologie qui rend folle, bien plus que les meurtrissures d’une pseudo-guerre civile.
Certes, le contenu importe, non par sa pertinence, nullement par sa légitimité, puisque par ailleurs c’est le bêtise et bien la bêtise qui l’anime, mais d’une façon très-puissante par l’aliment qu’il donne à cette dynamique pour se déchaîner. Si vous voulez, nous sommes dans un train fou, qui ne cesse d’accélérer avec sa vieille locomotive qui marche au charbon [l’image est ainsi, de mon point de vue de “vieux réac’”, plus parlante que dans nos TGV si arrogants] ; et le wokenisme c’est le charbon que le cheminot lance dans le brasier de sa chaudière, et un charbon reconnu d’une exceptionnelle qualité dans sa force de combustion, grâce à sa composition qui est justement son contenu. Le délire wokeniste fournit, on en convient, une extraordinaire chaleur du ciboulot.
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5 juin 2021 – Il y a aussi cet événement qui devrait honorer l’histoire européenne comme le fait une surprise bienvenue, d’une dame danoise et sociale-démocrate, donc d’une gauche très institutionnalisée et de réputation aussi molle que politiquement correcte (PC), annonçant que le but de son gouvernement dirigeant actuellement le Danemark est d’en arriver à une “Immigration-zéro”. Il faut y arriver le plus vite possible et une forte majorité l’y encourage tandis que des dispositions sont en train d’être mises en place pour “traiter” les demandeurs d’asile politique dans un pays hors, et loin du Danemark.
« Les réfugiés ne sont plus les bienvenus au Danemark. Le Parlement danois vient d’adopter une loi qui prévoit que tout demandeur d’asile au Danemark sera, une fois sa demande enregistrée et à quelques rares exceptions près type maladie grave, envoyé dans un centre d’accueil en dehors de l’ Union européenne. »
J’ai vu et entendu hier en fin d’après-midi d’éminents personnages de bonne facture, avec QI convenable et PC en ordre de marche, – d’abord médusés, puis embrayant sur la nouvelle en l’explorant, l’expliquant, la comprenant c’est-à-dire en l’habillant d’une rationalité hors-anathème courant. A cet égard l’exposé de l’universitaire et politicologue de grand renom Pascal Perrineau fut édifiant, comme s’il s’était préparé à l’événement.
Hier matin, sur CNews, sur la chaîne dite “de droite radicale” ou “de droite populiste” en train d’exploser comme un phénomène politico-médiatique inédit en France, – « C.News comptera pour l’élection de 2022 », explique un personnage sans divertissement, – Pascal Prau (“L’heure des Pros”) recevait Cyril Hanouna, l’homme de “Balance ton post”. Depuis une “petite phrase” de la Schiappa, Hannouna et l’objet de toutes les attentions et montre, chez Prau, qu’il se fait une gloire de dénoncer le PC et de soutenir les Gilets-Jaunes selon la conception initiales (“les ronds-points”), avant la récupération par l’extrême-gauche.
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1erjuin 2021 – Au vrai du vrai, comme j’affectionne moi-même et nous-autres sur dedefensa.org, on rétablit la vraie-vérité postmoderne et wokeniste : il n’y avait rien de la NSA dans la chanson d’Alain Souchon d’un autre temps où l’on geignait déjà, en 1976, “Le grand geignement de l’homme blanc”, – cette fois il s’agit de l’Européen-UE par rapport à son grand frère/protecteur/héros admiré et glorifié, américaniste certes... Bref, disait Souchon :
« Allo ! Maman, bobo
Moi j'voulais les sorties d'port à la voile
La nuit barrer les étoiles
Moi les chevaux, l'révolver et l'chapeau d'clown
La belle Peggy du saloon
J'suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman comment tu m'as fait, j'suis pas beau »
Mais enfin, les Européens, ces parangons de vertus transatlantiques et victimaires, ont su retenir leur secrète tristesse et leur chagrin un peu affolé. Ils ont réagi avec une superbe remarquable, une hauteur extrêmement démocratique, courageusement-PC (*). Écoutez-les, pleins de dignité et de loyauté outragée, cambrés dans leurs postures sublimement convenables, auréolés de courage voire d’héroïsme, – mais pourtant, je le sais au fond de moi, secrètement blessés, trahis, malheureux, interloqués, désemparés... “Maman, bobo”, quoi.
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