Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Juillet 2022 (8 articles)
29 juillet 2022 (19H15) – Il faut bien dire que le reportage photographique du prestigieux ‘Vogue Magazine’ sur le couple Zelenski a représenté une étape importante dans la manufacture de la réalité de la guerre en Zelenskistan. Paradoxalement, ce ne fut pas une image guerrière mais une image de communication, affirmant le triomphe d’une culture, d’une façon d’être et une façon de voir ; paradoxalement, au contraire, ce fut une image guerrière au plus haut degré, un cri qui aurait tant aimé être tendre et poétique de ralliement autour du Zelenskistan, pour la victoire finale.
Auparavant, – avant que ‘Vogue’ ne vomisse sa diarrhée et achève d’envoyer aux enfers cette prestigieuse publication qui fut si longtemps le porte-drapeau de la vraie et grande Haute Couture, sur la ligne Paris-New York, de Lauren Bacall à Jacques Fath, – Zelenski avait tracé les lignes de sa doctrine ultime, culminant dans ce reportage du Courage inspiré en t-shirt de combat tenant dans ses bras l’Héroïsme incarnée en mannequin-révolutionnaire de la modernité. Zelenski s’était adressé à Piers Morgan, de la BBC je crois, pour lancer cette diatribe superbe : “ce que nous faisons (Olena et moi), c’est un ultime effort jusqu’à la victoire, faites donc un effort de votre côté, un petit effort tout de même, du côté du fric, vous voyez”...
« S’adressant à Morgan lors d'une interview télévisée récemment enregistrée, Zelenski a rappelé aux Américains excédés par le flot d'aide vers l'Ukraine, – plus de 56 milliards de dollars depuis février, – que les deux pays “se battent pour des valeurs absolument communes”.
» “La guerre en Ukraine est toujours la guerre contre ces valeurs qui sont professées aux États-Unis et en Europe”, a-t-il dit à Morgan, selon un article du New York Post. “Nous donnons nos vies pour vos valeurs et la sécurité commune du monde”. “Par conséquent, l'inflation n’est rien, le Covid n’est rien”, a-t-il poursuivi. “Ces choses sont secondaires. La chose la plus importante est de survivre et de préserver sa vie, sa famille et son pays. Par conséquent, pour l'instant, nous faisons ce travail, mais l’Occident doit nous aider.”
» Kiev a déclaré qu'il avait besoin d’une aide étrangère jusqu’à 65 milliards de dollars cette année pour rester à flot, tandis que les conseillers de Zelenski ont demandé des envois d’armes de plus en plus massifs à l'Occident... Au début du mois, le ministre ukrainien de la défense, Alexey Reznikov, a déclaré que l'armée ukrainienne avait besoin d'au moins 100 systèmes d'artillerie à obus et fusées guidées HIMARS de fabrication américaine, – soit environ un tiers du stock total des Etats-Unis, – pour mener une “contre-offensive efficace” contre les forces russes.
» Zelenski a déclaré à Morgan qu’il espérait un soutien illimité de la part de l'Occident, déclarant que “l’aide ne sera pas suffisante tant que la guerre ne sera pas terminée, et tant que nous ne gagnerons pas”. »
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24 juillet 2022 (13H20) – Je tiens que le “mouvement” écologiste (une fois pour toutes les autres, des guillemets), lorsqu’il est devenu politique-politicien, est devenu l’archétype total, sinon totalitaire, de ce que je nomme ‘affectivisme” (voir notre ‘Glossaire.dde’) ; soit le fondement de leur politique réduite à l’affect et rien d’autre. (Bien d’autres domaines de la politique, sinon tous, sont plus ou moins touché par cette lèpre de l’esprit, mais chez les évcologistes c’est bien totalitaire.) Le mouvement écologiste lorsqu’il s’est institutionnalisé, lorsqu’il est devenu “force politique“, notamment et surtout pour le cas allemand présenté ici dans l’arène international, montre ce totalitarisme absolu de l’affectivisme, je dirais presque un “affectivisme à-la-prussienne”, mais à double facette comme toujours dans les totalitarismes, surtout allemand ; impitoyable et inflexible pour ceux qu’on domine, incroyablement soumis et zélés pour ceux qui vous dominent.
(Si vous pouvez avoir un Védrine hors de toute surveillance de la bienpensance, il vous en dirait des fameuses sur l’obséquiosité extraordinaire du ministre des affaires étrangères ‘Grünen’ d’alors, Joschka Fisher, vis-à-vis de Madeleine Albright, la Secrétaire d’État, dans des conférences télévisuelles à trois, lors de la guerre du Kosovo en 1999. Védrine n’en est jamais revenu...) .
Voilà les principes posés, passons maintenant à la démonstration in vivo. Je m’arrête à cette nouvelle qui est une interview de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock, écologiste ô combien-‘Grünen’. L’interview à ‘Bild’ est reprise dans ses toutes grandes lignes par RT, et cela suffit car l’essentiel est dit. Baerbock étouffe de fureur à la vision de la photo d’Erdogan avec Poutine (et le président iranien Raïssi, au cours du sommet du ‘Processus de Paix d’Astena’ qui rassemble les trois pays, concernant la Syrie). On laisse de côté les arrière-pensées, voltefaces, etc., des trois, pour ne garder que le fait que ce ‘Processus’ tient et qu’il fait sommet. Et Madame Baerbock en a des vapeurs d’intolérances qui la font sortir de ses gonds alors que gronde la croisade postmoderne en Ukraine, contre l’ennemi commun Poutine, toute cette vertu sanctifiée sous l’étendard glorieux de l’OTAN, derrière lequel devrait se ranger le traître Erdogan.
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19 juillet 2022 (14H40) – Aujourd’hui, le monde dans la communication, les indépendants-résistants comme je les appelle nouvellement (ne trouvez-vous pas que cela sonne comme les fameux “indépendants-paysans”, les proches de Pinay je crois, dans les années 1950), ou bien les antiSystème et les “dissidents” plus classiquement, tout comme ceux d’en face, les “Soumis”, les “Système”, les élites-zombies, – tout le monde dans la communication parle d’effondrement, de fin de civilisation, de Fin des Temps, toutes ces sortes de choses. Moi-même, je ne m‘en prive pas, et cela est pour dire que j’en ai toujours parlé, que je n’ai parlé que de ça, convaincu dès l’époque du début de ce site en 1999-2000 (et d’ailleurs avant, dans la lettre d’Analyse dd&e, dès 1992 et les émeutes de Los Angeles), de l’inéluctabilité de ce destin dans notre temps courant.
Je garde bien à l’esprit d’avoir écrit un texte, en date du 11 septembre 2001, où il n’est fait mention qu’in-extremis de l’événement que-vous-savez, de cette façon qui prétend remettre en place les véritables priorités du destin :
« Post-scriptum post-9/11
» En post-scriptum pour faire une conclusion, nous nous contentons de citer les premiers paragraphes de ce discours. Ils sont à méditer à l'ombre du lendemain, — du 11 septembre et de tout ce qui a suivi. »
En effet, pour ce 11 septembre, le texte cité ici portait comme titre : « Le courage de Rumsfeld et un discours historique [du 10 septembre 2001] » ; et tout cela consacré à ce que j’estime finalement avoir été le le grand événement prophétique de cette séquence 10-11 septembre 2001, 9/10 de préférence à 9/11, le discours de Rumsfeld de préférence à l’attaque des 2-3 tours, l’effondrement d’une civilisation que je lisais dans son discours plutôt que l’effondrement des 2-3 tours qui nous bouleversa de fond en comble...
(Discours 9/10 si souvent repris depuis dans nos colonnes, complètement ignorée par ailleurs, inexistant pour l’histoire, même pas “cancellé” puisqu’à jamais non-ayant-été, noyé par le pathos larmoyant et affectiviste type-9/11, – mais repris par moi pour le remettre précieusement à la métahistoire comme l’annonce des nuées terribles de l’effondrement qui vient... Non que je dénie la moindre importance à l’attaque du 11-septembre, bien au contraire : mais importance symbolique d’une puissance inouïe, illustration tonitruante d’une crise dont cette attaque n’était nullement la cause, sorte de trompe-l’œil et d’énorme simulacre de l’histoire.)
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4 juillet 2022 (16H15) – Comme je suis un mauvais citoyen, je lis assez souvent ‘Russia Today’ (le site RT) que je trouve assez bien fait, – tout en gardant une main sur mon Colt .45, prêt à flinguer la première FakeNews qui se glisse dans un titre ... A propos de titre, celui-ci, du RT d’hier :
« John Bolton admet avoir planifié des coups d’État à l'étranger. – L’ancien haut fonctionnaire de la Maison Blanche a déclaré que renverser un gouvernement demande “beaucoup de travail”. »
Je trouvai l’information assez amusante, d’abord parce que je pouvais ainsi m’imaginer Bolton croulant, chancelant sous le travail de la minutieuse et bureaucratique préparation d’un coup d’État dans une sorte de Zelenskan ; et ensuite parce qu’ainsi, – et c’est dans ce sens qu’allait la déclaration complète, qu’on lit ci-dessous, – il dédouanait, sans doute sans grand plaisir, Trump de toute tentative de coup d’État (le 6 janvier 2021, au Capitole)... En effet, parce qu’il y a quelque chose d’inattendu, de rigolo veux-je dire, d’entendre cette vieille crapule moustachue défendre son professionnalisme, pour ne pas être confondu avec l’amateurisme de l’ancien président : “moi, je suis sérieux, je sais ce qu’il faut faire pour faire un coup d’État, et ça demande du boulot, les capacités, etc.... Trump, c’est un clown, un bon à rien, n’est capable de rien du tout...”
« S'adressant à Jake Tapper de CNN après l'audience du Congrès sur l'émeute du 6 janvier au Capitole, Bolton a insisté sur le fait que [Trump] n'aurait pas pu réussir un “coup d'État soigneusement planifié”, car “ce n'est pas la façon dont Donald Trump fait les choses”.
» Lorsque l'animateur de télévision a soutenu qu’“il n’est pas nécessaire d'être brillant pour tenter un coup d’État”, Bolton a maintenu sa position, affirmant qu'il avait personnellement participé à l'éviction de gouvernements étrangers et que de tels projets nécessitent une planification importante.
“Je ne suis pas d'accord avec vous. En tant que personne ayant aidé à planifier des coups d'État, – pas ici, vous savez, mais dans d’autres endroits, – je peux vous dire que cela demande beaucoup de travail”, a poursuivi l'ancien fonctionnaire. “Et ce n’est pas la façon dont [Trump] fonctionne. Lui, il ne fait que sauter d’une idée à l’autre.” »
Enfin, je passai à autre chose...
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11 juillet 2022 (16H30) – Dans mon esprit vieilli et nostalgique des sagesses anciennes, le quotidien ‘The Times’ a une place particulière, toute feutrée, au fond d’un fauteuil de cuir perdu dans les volutes de fumée d’une pipe faite d’un bois colonial, à-la-Kipling qui permet de ne jamais voir le soleil se coucher sur l’empire. Dans cette présentation vieillotte mais respectueuse, on distingue sans peine le respect que j’éprouve pour cette vieille chose, dont je me dis qu’elle reste malgré tout le parangon du grand journalisme occidental.
Ainsi m’arrête-je avec le plus grand sérieux à cette importante nouvelle complètement exclusive du ‘Times of Sunday’, du 10 juillet 2022, sur la foi d’une interview du ministre ukrainien de la défense, la première donnée à un journal britannique, donc à un journal tout court. Il s’agit donc bien d’une “révélation”, comme il est précisé, quelque chose qu’on ignorait auparavant.
« L'Ukraine est en train de constituer une force de combat d'un million de personnes, équipée d'armes occidentales, pour reprendre son territoire méridional à la Russie, a révélé le ministre de la défense du pays au Times.
» Dans sa première interview avec un journal britannique depuis le début de l'invasion, Oleksii Reznikov a déclaré que le président Zelensky avait ordonné aux militaires ukrainiens de reprendre les zones côtières occupées qui sont vitales pour l'économie du pays. »
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5 juillet 2022 (10H20) – Doit-on nommer cette chose “civilisation”, d’ailleurs ? Permettez que je m’interroge... Dans tous les cas, la vérité d’Ukrisis, et aussi de la “politique européenne”, des “politiques” des uns et des autres, etc., relèvent peut-être, sans doute, de facteurs assez différents de ceux que l’on avance d’habitude.
D’abord, pour vous mettre en bouche, lisez ce que le Premier ministre polonais craint pour notre santé, une sorte de perte d’élan, de paresse du cœur et de l’héroïsme, tout cela qu’on nomme selon les expressions anglo-saxonne “Ukraine fatigue”, c’est-à-dire un désintérêt des populations puis de leurs dirigeants pour la crise ukrainienne, – qui est aussi une fatigue de la pression de la communication. Donc, Mateusz Morawiecki est inquiet :
« Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a averti lundi que la lassitude croissante des populations occidentales vis-à-vis de la crise ukrainienne pourrait être un élément sur lequel le président russe Vladimir Poutine compte.
» S’adressant [au journal] ‘Polska Times’, le Premier ministre a déclaré que si la population polonaise suit de près l'évolution de la situation en Ukraine, il n'en va pas de même pour l'Occident en général. C'est pourquoi les dirigeants occidentaux font de leur mieux pour raviver l'intérêt du public pour cette question, a-t-il ajouté.
» “C’est très important, car les communautés occidentales doivent comprendre que cette guerre concerne aussi leur sécurité. Je crains que les mois à venir n'apportent que plus d'indifférence... Et c'est extrêmement dangereux ; malheureusement, Poutine compte aussi là-dessus”, a expliqué M. Morawiecki. »
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4 juillet 2022 (17H10) – On sait que l’ancien président de la Fédération de Russie, et actuel vice-président du Conseil de Sécurité et de Défense de la même, Dimitri Medvedev, est aujourd’hui dans la ligne de mire de notre attention de communication ; du fait de sa dureté du type hypernationaliste certes (ou “eurasien systémique”, selon Douguine), mais surtout parce qu’il fut anciennement l’un des porte-drapeaux, – “aux yeux de l’Occident”, – de cette tendance libérale dite “atlantiste”, ou proaméricaniste, au sein des élites russes. Le changement de ton de Medvedev depuis février 2022 est stupéfiant, et suivre ses interventions et ses prise de parole est extrêmement instructif, non seulement à propos de lui et d’une certaine catégorie des élites russes, mais aussi à propos du sentiment général de toute la direction russe. (“Instructif”, – d’autant qu’il pourrait être l’un des candidats à la succession de Poutine, – pour la seconde fois mais dans des conditions bien différentes.)
Par conséquent, l’intervention de lui que nous allons rapporter ne surprend pas par rapport à ce néo-Medvedev que nous décrivons, mais il surprend par rapport à la mesure qu’on en peut avoir de la dureté du jugement russe aujourd’hui. Medvedev parlait, à la fin de la semaine dernière, à un Forum Juridique International à Saint-Pétersbourg ; et il prit pour cible des propositions et intentions affichées ici et là pour créer un tribunal pour juger des “crimes de guerre” de la Russie. Medvedev se réfère à un très-houleux débat au Conseil de Sécurité des Nations-Unies au tout début de la semaine dernière, avec interventions visuelles de Zelenski garantie hors-taxe (cette intervention, repentance obligatoire soulignée d’un signe de croix [éventuellement gammée, au choix] dans toute réunion internationale aujourd’hui).
Zelenski, donc, arbitre des élégances démocratiques et pape des vertus modernistes, assurant que la Russie, “État-terroriste” pur jus, devait être jugée (sans doute t-il voulu dire : “jugée-coupable”) par un tribunal international et expulsée de l’ONU. La Pologne, la Lituanie et l’inévitable Royaume-Uni ont soutenu cette proposition qui n’a évidemment nulle chance d’aboutir puisque dépendant d’un vote où la Russie a le droit de veto ; mais bon, l’on s’agit et c’est ce qui importe ; mais bon, un peu moins disons, les Russes ne s’arrêtent à la plaisante explication de l’agitation...
(Suite)
4 juillet 2022 (10H30) – Je vais d’abord vous citer deux faits historiques très récents, – destinés à devenir “historiques”, dirais-je, – dans ce qui semblerait être des pièces de la très-facile démonstration réalisée par la suffisance de notre satisfaction de nous-mêmes, du monstrueux impérialisme russe et de ses plans à long ferme pour envahir l’Ukraine. Eh bien, voilà que ce n’est pazs du tout ça, nous disent des témoins-acteurs, comme on dit, “dignes de foi”..
Le premier de ces “ deux faits historiques très récents ” est du 18 juin 2022 sur ce site, et du “roi du chocolat” célébrant l’Appel fameux à sa façon...
« Mais le plus beau, sans le moindre doute, revient à une intervention du “roi du chocolat”, l’oligarque outre-krainien qui fut président de l’Ukraine de 2014 à 2018 et participa à la manufacture des accords de Minsk censés ramener la paix et la stabilité. Parlant à des journalistes allemands... [...]
» “Petro Porochenko a admis que le cessez-le-feu de 2015 dans le Donbass, qu'il a négocié avec la Russie, la France et l'Allemagne en tant que président de l'Ukraine, n’était qu’une distraction destinée à faire gagner du temps à Kiev pour reconstruire son armée.
» Il a fait ces commentaires dans des interviews accordées à plusieurs médias cette semaine, notamment à la télévision allemande Deutsche Welle et à la branche ukrainienne de la radio d'État américaine Radio Free Europe.
» “Nous avions réalisé tout ce que nous voulions”. “Notre objectif était, tout d'abord, de mettre fin à la menace, ou du moins de retarder la guerre, – d’obtenir huit ans pour rétablir la croissance économique et créer des forces armées puissantes”.
(Suite)