Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Août 2016 (12 articles)
Excusez-moi, excusez-moi chers-compatriotes mais le burkini, non, je n’y arrive pas... Ils se sont mis à deux (Nouvel Obs & Rue89) pour décompter 2,4 millions de tweets là-dessus au mois d’août, “qu’il est temps de disséquer” ; le burkini, l’islamo-laïcisme, la France sur des charbons ardents, et quelque “cela révèle un malaise de société” (ou “sociétal”, c’est encore mieux) comme disaient Bouvard & Pécuchet sur les barricades de Mai, à gauche en sortant de Rue68. Désolé, je capitule, sans doute trop décoiffé, moi, par l'essentialité du propos.
Là-dessus, je retourne à mes bagatelles. Tiens, il y a quelque chose qui est en train de se former, avez-vous remarqué ? C’est comme une toile d’araignée qu’on est occupé à tisser, – “qu’il est temps de disséquer”, comme ils disent. Je veux parler de l’imposante centralité qu’est en train d’acquérir la crise des élections truquées-d’avance/jouées d’avance, USA-2016 : comme une araignée, elle aspire les autres crises pour les accoler à elle-même, car l’exceptionnalité d’une telle chose que sont les USA implique l’exceptionnalité de sa crise.
Aujourd’hui, les événements du chaudron qui s’enroule autour de cette colonne vertébrale que forment l’Euphrate et le Tigre évoluent de plus au plus au rythme américaniste : que va-t-on faire d’ici l’élection, selon l’élu(e), ou en tout état de cause quelle est la meilleure position à occuper ? Comment profiter des hallucinations paralysées des Obama’s boys (& girls) ? Les Russes sont sollicités de partout et on tient désormais Poutine comme le faiseur de roi, le Habemus Papam de Washington D.C. Jamais on n’aurait osé suggérer que l’énorme crise-bouffe Moscou-bloc-BAO pût s’ancrer si profondément dans les avatars de la campagne USA-2016. Qui Poutine va-t-il choisir ?
A Washington, on tire à vue sur le TPP, qu’Obama voudrait faire passer d’un maître-swing, en douce, entre novembre-2016 et janvier-2017. Le TTIP n’est pas non plus épargné (à D.C.), et certains Machiavels européens (Bouvard-Merkel & Hollande-Pécuchet) jugent habiles d’affirmer que le TTIP est cuit, comme si cela dépendait d’eux. Il n’empêche : Farage a été stupéfait, lors de deux visites aux USA, dont un co-discours avec Trump, de se voir assailli de questions sur le Brexit. Indeed, le Brexit est devenu une crise US et le porte-drapeau de Trump tandis qu’Hillary juge que l’UE est le modèle de la gouvernance mondiale. Soros, maître-araignée de l’ombre au clair-obscur de ses e-mails, trace sur sa propre toile où trône Hillary-emprisonnée le signe du Diable et il pourrait être cause d’une grave crise entre Israël et Washington.
La Grande Crise se rassemble, se tend comme un ressort. Elle se fait crise haute et elle va éclater pour tuer, “shoot to kill”, rassemblant et résumant en elle-seule toutes les autres. Autant en emporte les burkinis de l’été qui s’achève. Mon humeur de crise est plutôt roborative et je marche d’un bon pas : c’est la rentrée, mes chers-concitoyens, “il est temps de se disséquer”...
C’est si simple et évident, comme c’est ma conviction : le Système, autant dans les activités qu'il organise que dans le chef des sapiens de service tels que nous les voyons se comporter, est en train de développer une folie considérable, et cette folie manifestée par une panique et un extrémisme sans mesure... Nous allons voir cela, en reprenant certaines nouvelles un peu trop vite et courtement utilisées.
Bien entendu et parce qu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes, – quoique les uns et les autres avec leurs raisions d'être, – je ne vais pas reprendre l’argument bassement matériel et économique qui termine et, en vériité, justifie cet article de ce 26 août, sur ce site même, mais plutôt développer les exemples de l’affrontement de la communication Système-antiSystème qui y sont donnés. La raison qui me fait réagir de la sorte est que je les trouve d’un intérêt considérable et d’une signification à mesure, venus au cœur de cette montée constante de la tension, de ce renforcement continuel de l’hystérie de la psychologie caractérisant le courant et la dynamique implacable qu’on trouve dans la course effrénée des différents acteurs/figurants agissant au nom du Système dans cette immense bataille, – cet Armageddon qui est “Notre-Armageddon”, où nous figurerons et même figurons d’ores et déjà, face à eux, de pied ferme.
Je vais reprendre le long passage où sont exposées les deux choses qui illustrent comme des exemples parmi tant d’autres le climat actuel et, à mon avis, l’intensité de la bataille en cours, notre-Armageddon. Le tout est surmonté d’une phrase servant d’exergue, déjà pleine de cette folie qui est la leur et qu’ils voudraient tant nous inoculer, comme l’on fait d’un poison (« Selon le Center for European Policy Analysis (CEPA), un groupe lobbyiste financé par le gouvernement US et l’industrie de défense US, le fait de lire cet article signifie que vous êtes incapable de penser par vous-même ») ; cette phrase, suivie de cette introduction qui l’éclaire d’une explication nous jetant au cœur de la bataille essentiellement, voire entièrement formée de communication, car la cible et l’enjeu principaux sont bien entendu les psychologies : « Cette phrase que nous avons placé en exergue (adaptation française de “According to the Center for European Policy Analysis (CEPA), a Warsaw-based lobby group funded by defense contractors and the US government, the act of reading this article may mean you're unable to think for yourself.”) ouvre un article de RT du 24 août, – “American defense contractors think you have been brainwashed”, – concernant une initiative majeure du Système pour balayer définitivement toutes les tentatives antiSystème dans le champ de la communication. »
Enfin, voici l’extrait, qui enchaîne directement sur la phrade citée :
(Suite)
Dix fois, je me suis dit “Allez, je fais un texte là-dessus”, dix fois je me suis installé devant mon clavier, dix fois j’ai reculé ; cela, dans l’espace de 4-5 jours, une petite semaine... Imaginez l’humeur, à la fois les montagnes russes les bien-nommés, à la fois le brouillard de chaleur, à la fois le foisonnement de textes où voisinent le péremptoire et l’incertitude tandis qu’Obama entreprend son nième parcours de golfe, toujours avec son cool-swing, ce maître-coup à lui propre et à nul autre.
Ces derniers jours furent une expérience intéressante... Les Russes installent en Iran leurs bombardiers à la satisfaction de tous les acteurs et imagine-t-on pour un séjour prolongé, trois missions plus tard ils quittent l’Iran : brusque mésentente ? Accident de parcours ? Coordination maladroite ? Plan appliqué avec précision ? Explications diverses, avec supputations diverses, on n’y comprend rien ; non, tout va bien finalement, aucune mésentente bien au contraire et les Iraniens désignent pour la première fois les Russes comme “nos alliés”. Cette base qui semblait assurée puis qui fut désertée en est tout de même bien une.
Pas très loin de là, dans la ville d’Hasaka, en Syrie, les Kurdes avec l’aide US attaquent victorieusement les Syriens d’Assad. Des avions syriens se sont manifestés, les USA qui chouchoutent les Kurdes ont menacé d’abattre les avions syriens au nom de la légitime défense. Étrange situation : illégalement déployés sur le territoire syrien, ils menacent “légalement” d’abattre des avions syriens qui évoluent (“illégalement” ?) dans leur propre espace national ... Le premier jour, certains ont jugé que c’était un pas décisif vers la possibilité d’un affrontement direct avec les Russes. Deux jours plus tard, le porte-parole du Pentagone livre un combat sémantique devant les journalistes : non ce n’est pas une “no fly zone”, qui serait une sorte de casus belli, mais simplement une “zone d’exclusion”. Il ne faut pas dramatiser : ne dramatisons pas.
Donc les Kurdes ont attaqué les Syriens, mais les Turcs ont pénétré en Syrie pour soi-disant déloger Daesh de la ville de Djarabulus, « afin de prendre la ville avant les Kurdes », dit Le Monde, et peut-être avant de se tourner vers Hasaka, pour attaquer les Kurdes. Les Syriens d’Assad dénoncent cette violation de leur souveraineté et accusent les Turcs de vouloir installer à Djarabulus leurs propres terroristes. Les USA, qui soutiennent peut-être les Turcs pour Djarabulus, seraient fort mécontents si les Turcs affrontaient les Kurdes du côté d’Hasaka. Utiliseraient-ils leur base d’Incirlink, en Turquie, pour attaquer les Turcs si les Turcs attaquaient les Kurdes en violant la souveraineté nationale syrienne ?
A propos, le premier ministre turc vient de déclarer qu’Assad est désormais tout à fait fréquentable et l’on continue sur les réseaux à discuter des bruits de transferts de bombes nucléaires US d’Incirlink vers la Roumanie. Est-ce bien vrai [pour les bombes] ? (“Oui, et comment” confirme-t-on du côté de la source) Et si c’est vrai, pourquoi ? Pour empêcher Daesh, ou Erdogan après tout, de s’emparer de quelques bombes nucléaires, ou pour menacer la Russie à partir de la Roumanie ?
Qui peut distinguer quoi que ce soit qui ne soit tourbillon crisique, désordre et chaos incontrôlable, et vertige avec tout cela ? Rien qu’une petite semaine à la petite semaine, une semaine folle qui n’a rien d’une semaine sainte. Il fait plus de 30° en cette fin août et l’Orient est vraiment très-très-compliqué. (Encore ne vous ai-je pas dit un mot d’Alep, et le respecté Elijah J. Magnier écrivant à propos de cet ensemble syrien, nous dit l’essentiel : « Si tout cela a une signification, c’est que, – si cela est possible, – la guerre en Syrie est en train de devenir de plus en plus complexe ».) L’humeur devrait en être à ce vertige, mais voilà que j’arrive à le ressentir par instant, presque avec ironie, presque avec une tendresse fataliste. Parfois l’esprit, que j’espère inspiré par l’intuition haute, finit par comprendre que ce tourbillon crisique, à force d’être vertigineux, finit presque par être apaisant, presque stable dans l’incohérence achevée qui devient comme un encéphalogramme (momentanément) plat. L’“humeur de crise” est à mesure, détachée parce qu’apaisée pour un instant.
Depuis quelques jours, à mesure qu’on digère ce courrier inattendu, partout apparaissent des détails et même ce qu’on pourrait nommer “le style” des entreprises mondiales de Georges Soros. Je ne résiste pas à la nécessité que je ressens d’en parler pour mon compte, et pour ce cas en allant dans tel ou tel détail révélant ce “style”, c’est-à-dire dans tel ou tel point des messages internes échangés entre lui (Soros) et son organisation et dont un hacker compatissant nous a généreusement arrosés à l’occasion d’une ce ces fuites qui remplissent nos instants de loisir. Époque bien intense, mais où l’on sait faire lorsqu’il s’agit à la fois de l’instruction et de la détente de l’esprit et de l’âme poétique, – le phénomène d’un accès direct et quasi-immédiat par rapport aux normes du genre à la correspondance de quelques-uns des grands de ce monde ... Dont George Soros, certes.
Il est vrai que cet être incertain, entre simulacre habile et simulateur puissant, me fascine... J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises dans ce Journal-dde.crisis, dont une fois fort abondamment (le 14 mars 2016). A une autre occasion, parlant de Albright et de sa laideur telle que la décrivait l’héroïque Edouard Limonov, j’ai rapproché le portrait de celui de Soros, dans ces termes qui permettent d’engager le propos dans le style qui convient (tout en convenant expressément qu’Albright n’est qu’une pâle succédanée de Soros s’il faut une mesure de l’importance respective des deux ; il va de soi que pour moi, Soros est le maître tandis qu’Albright n’est qu’une comparse de passage, sans le moindre intérêt) :
« [...L]a photo que nous montre RI nous dit qu’Albright pourrait être un Soros déguisé en vieille sorcière mitonnant mécaniquement la dernière recette du Diable, tandis que certaines photos de Soros nous font soupçonner que Soros pourrait être Albright déguisée en vieil imprécateur au service du Diable. »
Effectivement, Soros est laid, mais de cette laideur si particulière que vous n’en pouvez aisément détacher les yeux parce qu’elle est dynamique et mouvante, et apparaît essentiellement dans l’expression qui est reflet de l’esprit plus que dans les traits qui ne sont que fixité de la représentation ; laideur racoleuse et méprisante à la fois, sardonique, ricaneuse, que dis-je moi, – persifleuse oui, voilà le mot ! Il est étonnant que l’on parle de La Beauté du Diable, alors qu’il serait plus juste de parler de sa laideur paradoxale, qui est fascinante et nullement repoussante ; et pour qui sait s’y prendre, fascinante comme le chant des sirènes dont le rusé Ulysse avait compris qu’il ne pouvait l’écouter qu’en prenant les précautions qui lui interdiraient d’y céder. Ainsi doit-il en être de notre démarche vis-à-vis de Soros : reconnaître la fascination qu’exerce ce personnage et disposer des précautions qui importent pour s’en garder...
(Suite)
Un lecteur réclame avec insistance l’explication et la signification d’un mot que nous employons constamment sur ce site : “surpuissance”… « En quoi le système est-il en surpuissance si les mots ont un sens ? », puis, dans un second message : « En quoi le système est-il en surpuissance, que j’demande ? »
Je vais rapidement m’exécuter dans ce sens que j’réponds, pour ainsi dire, ce qui donnera l’occasion de rappeler justement le sens, non seulement du mot, mais de l’expression, dite “équation surpuissance-autodestruction” qui est souvent employée. Je pourrais me contenter de renvoyer à un article du Glossaire.dde, sur “Le Système”, qui reprend l’explication, mais je crains de décourager le lecteur par la longueur du texte. (Pourtant, le Glossaire.dde est fait pour cela, pour être lu, parce qu’enfin... Si la question des “mots ont-ils un sens ?” est importante, la question de savoir si les textes d’au-delà d’une certaine longueur, et embrassant les sujets dans tous leurs tenants et aboutissants plutôt que réduit à leur seule et immédiate actualité, c’est-à-dire la non-essence du seul présent, – si ces textes méritent encore d’être crédités d’avoir un sens, – cette question-là, dans cette époque de dissolution du verbe a aussi son importance, qui est la plus extrême et à mon avis bien plus que la précédente...)
Voici donc un extrait, avec une coupure dans l’extrait pour ne fatiguer personne, qui explique le sens du mot “surpuissance“ tel qu’on l’emploie sur ce site, complété par l’explication de l’“équation surpuissance-autodestruction”, c’est-à-dire la dynamique de surpuissance du système conduisant à son autodestruction... Enjoy ! comme dit Trump à la fin de nombre de ses tweets, – ce qui n’est qu’une pirouette de ma part.
« La (sur)puissance intrinsèque du Système s’exprime nécessairement, sans autre but et objectif possible dans le sens de la déstructuration enchaînant sur le reste, selon le processus dd&e. Nous l’avons désignée comme “surpuissance” pour marquer à la fois le caractère dynamique fondamental du Système, et sa tendance évidente à toujours vouloir surpasser les effets qu’il produit, par logique évidente de sa dynamique. En quelque sorte, plus il déstructure-dissout, plus il doit déstructurer-dissoudre. [...]
» C’est alors qu’apparaît le phénomène essentiel de basculement, d’inversion paradoxale puisque inversion vertueuse, de “surpuissance-autodestruction”. La surpuissance du Système impliquant inéluctablement et irrévocablement la destruction de tout ce qui est organisé, structuré, selon le processus dd&e, poursuit dans cette voie quand tout est effectivement devenu victime de dd&e. Or, le Système, pour mener depuis deux siècles son entreprise, a été obligé lui-même de se structurer en “machiner à déstructurer” ; en d’autres termes, il est devenu paradoxalement une entité structurée. Son besoin, son dynamisme surpuissant exponentiel de déstructuration se poursuivant, le Système qui ne rencontre plus rien à déstructurer, finit alors par s’attaquer à lui-même puisqu’il reste la seule chose à déstructurer. Il entre alors dans cette logique de basculement et d’inversion surpuissance-autodestruction puisque sa surpuissance s’emploie désormais à se détruire lui-même. »
(Suite)
Hier, lisant les vertigineuses nouvelles, en nombre vertigineux, dont vous ne pouvez rien distinguer le vrai du faux, ni même plus si le vrai et le faux existent, je me disais que Coluche, s’il avait poursuivi sa candidature de 1981 et fait campagne, n’aurait pas fait mieux que The Donald dans son dessein, construit ou pas, conscient ou non, de ridiculiser le Système... Pour résumer, je m’interrogerais de cette façon : est-ce Le-Donald qui est fou ou bien est-ce The Donald qui est en train de les rendre fous ? Vous savez, la question mérite d’être étudiée très attentivement, car tous ces jugements sévères, furieux, horrifiés, bienpensants, très moralisants, très comme-il-faut, très corrompus-chic et démocratiquement-usurpateurs, qui l’accablent et l’excommunient, qui le vouent aux gémonies et à l’enfer-et-damnation, hors de la communauté de notre-civilisation du monde, tout cela vient de gens qui souscrivent plus ou moins mais des deux mains par le fait même, à la politique démente de leurs pays qui est en train de détruire le monde et leur pays avec lui au nom de leur contre-civilisation et de la cotation en bourse de Lockheed Martin. Pour qui a un peu de temps à lui, cela laisse à penser.
D’toutes les façons, hein, Le-Donald est mort, fini, balayé-je-me-fous-du-passé, plus le droit à la parole, clown bientôt sans emploi, – voilà un premier fait qui est répété, et répété depuis au moins neuf-dix mois ; dix, vingt fois démentis, dix-vingt fois repris comme une révélation d’expert ou l’antienne d’un simple d’esprit. Cette fois plus question d’y revenir … D’ailleurs, ce sont les sondages, qui hoquetaient diversement et suspectement depuis juin dernier, qui se sont enfin unis pour trancher dans le vif, et même dans le gras : il est fini n.i.-ni-ni, le-Trump. Cela nous vaut certaines figures de gymnastiques de type-olympique, comme cette histoire de Mr. Alan Abramowitz, créateur du modèle de prévision statistique Time for Change pour les présidentielles qu’il utilise pour contribuer aux travaux du centre statistique Crystal Ball du Policy Center de l’Université de Virginie.
(Suite)
Obama fait ces derniers jours des déclarations mi-désabusées, mi-ironiques, on ne sait trop. Il confie ses impressions de golfeur et l’on annonce triomphalement qu’il a effectué dimanche son 300ème parcours en tant que président, – bref, c’est pour dire qu’il n’a pas chômé. Il confie publiquement qu’il est “forcé” de quitter la Maison-Blanche et que, s’il ne tenait qu’à lui, il ne la quitterait jamais, – et plutôt, c’est mon impression, parce qu’il s’y trouve bien, comme dans une résidence secondaire de luxe bien plus qu’à cause du pouvoir qu’on y trouve et qu’on y exerce. Il est à l’aise, décontracté, intervient théâtralement dans la campagne par à-coups puis s’en retourne à son golf. On a l’impression, toujours extraordinairement persistante, qu’il n’est jamais vraiment entré dans sa fonction de président des États-Unis et qu’il s’en ira, toujours aussi énigmatique quant à sa véritable utilité, sa pensée profonde, la marque réelle qu’il laisse... “Premier président noir des États-Unis”, cela suffit-il à son bonheur ?
Que s’est-il passé ?
Je vais m’essayer à comprendre et à expliciter cette présidence qui paraît si énigmatique et si cool alors que la crise du monde gronde partout autour de lui, et également chez lui, à Washington, à condition qu’il ait jamais vraiment résidé à Washington. Je vais en passer par une comparaison qui a déjà été faite sur ce site, et qui reste à mon avis complètement valable selon un certain point de vue, celui que j’adopte pour ce travail. Il en a notamment été question le 11 février 2010, avec cette conclusion dont je ne retirerais pas un mot, impliquant combien le destin d’Obama était tracé dès sa première année de présidence, par sa faute même, et combien il a été complètement inutile...
Dans ce texte, il était avancé que Nixon avait inauguré une méthode de gouvernement extraordinairement resserrée pour pouvoir franchir l’obstacle, voire l’hostilité de la bureaucratie, – du Système, si vous voulez, – et qu’il aurait peut-être réussi, s’il n’y avait eu le Watergate qui fut, dans son déclenchement originel, un montage de la direction militaire. (L’amiral Moorer, alors président du Joint Chiefs of Staff, avec son espion Bob Woodward, alors dans l’US Navy avant d’aller se couvrir de gloire au Washington Post, comme le démonte et le démontre le livre Silent Coup, dont diverses références sont données dans les textes du site, du 25 septembre 2009 et du 28 décembre 2009.) La même observation sur l’organisation de son gouvernement concernait la façon dont Obama avait procédé, mais probablement avec un tout autre résultat, selon ce qu’on en pouvait attendre... C’était en effet écrit début 2010 et cela décrit toute la présidence Obama :
(Suite)
C’est un tout petit instant qu’on doit désigner, si l’on va au fond des choses avec ironie et gravité à la fois, – deux choses qui vont si bien ensemble, – comme un instant formidable d’une vérité-de-situation essentielle de notre temps. Cela se passe le 4 août, à l’ouverture du briefing quotidien du département d’État, à Washington D.C. La chose a été largement diffusée, surtout par vidéo, mais aussi avec des textes accompagnant cette vidéo. Je vas m’attarder à la documentation de ce court instant parce que je crois que, dans cet instant, on trouve l’essence même de notre époque, – à la fois extraordinairement écrasée par le poids du mensonge que l’on désigne de façons différentes sur notre site, parce qu’il prend des formes différentes, – virtualisme, narrative, déterminisme-narrativiste notamment, – à la fois disposant de moyens exceptionnels de mise en évidence éclatante (pour ceux qui ont les yeux normalement ouverts) de ce mensonge et de son poids. (Bien entendu, c’est la système de la communication et son côté-Janus qui permet cet étonnant contraste de possibilités.)
Donc l’officier du service public qui est chargé de ce briefing, Mark Toner, arrive devant son pupitre et dit quelques mots pour introduire son briefing. Il est d’humeur guillerette, Toner, et ne cesse de rire dans ces premières secondes, – on apprendra que c’est son dernier briefing avant son départ en vacances, et alors tout cela et le reste se comprennent parce que si humain (“humain, trop humain”, doit penser son chef de service à cet instant, non ?). Puis après quelques échanges joyeux et ironiques, il songe à en venir au principal et Toner dit, se rappelant qu’il y a quelques stagiaires en plus des journalistes accrédités habituels :« Je pense que nous avons quelques stagiaires au fond de la salle. Bienvenu. Je suis heureux de vous accueillir pour cet exercice de transparence de la démocratie... » ; et là, il n’en peut plus, Toner, et part d’un éclat de rire absolument tonitruant, un fou-rire qu’il ne peut réfréner ni contenir, suivi par tous les journalistes, – car effectivement, désigner la communication gouvernementale à la presse d’“exercice de transparence en démocratie” est vraiment le sommet du mensonge comme définition de la pratique systématique du mensonge, – et tout cela d’un tel naturel que nul ne devrait s’y tromper me semble-t-il si l’on assez d’honnêteté et d’attention aux êtres, cet éclat de rire n’a rien de cynique, ni de méprisant, mais enveloppe bien une situation que tous, les journalistes, le public, lui-même, doivent servir et subir à la fois...
On voit la vidéo de cette intervention le 5 août sur Youtube, avec ce commentaire : « Mark Toner, the deputy spokesman for the US State Department, literally burst out laughing at the idea of transparency and democracy during an official press briefing on Thursday, August 4th. » Plusieurs sites de grands réseaux l’ont repris, avec texte et vidéo, par exemple Fox.News le 4 août et surtout le Washington Examiner le 4 août également, avec la vidéo bien sûr, mais un texte beaucoup plus long sur la façon dont le State Department traite la communication. J’en donne ici deux extraits, le second rappelant certaines autres occasions où le département a été pris en flagrant délit de bidouillages des information, – et je souligne en gras certains passages qui m’intéressent :
(Suite)
En cet instant, avec tant d’impressions et d’intuitions alimentées par plusieurs lectures de ces derniers jours et surtout de ces dernières heures qui décrivent les événements en cours et les psychologies en action, à la fois aux USA et selon ce qu’on peut dire des perspectives des événements selon les résultats de ces élections (singulièrement si Clinton l’emporte), je serais bien en peine de produire un texte cohérent d’analyse pour décrire mon jugement profond, celui que j'ai maintenant. Le texte d’hier sur l’“American chaos” tentait de le faire, mais il ne fait qu’approcher mon jugement général, qui est à cet égard en train d’évoluer dans le sens d’une hypothèse terrible : la folie, ou démence, est en train de gagner partout, de nous envahir, essentiellement à partir de cette bouilloire psychologique prête d’exploser que sont les USA, éventuellement dans une sorte d'implosion puisque tout est inversion aujourd'hui. (... Et les “événements” dont je parle en ont la consistance, essentiellement de la perception et de la psychologie, car tout ce qui est “de communication” dispose nécessairement d’une part, plus ou moins grande mais plutôt plus dans ce cas, du domaine du non-acte.)
Lorsqu’il est écrit dans le “chapeau” du texte référencé : « Objectivement considérés et hors des considérations-Système, les deux candidats des présidentielles USA-2016 sont psychologiquement proches des cas pathologiques » (*), j’ai l’impression à cette heure, vingt-quatre heures plus tard, alors que la réflexion se développe et que les signes de l’affection se multiplient, de me trouver bien en-deça de la vérité-de-situation dans son entièreté, que c’est l’ensemble du système de l’américanisme et de sa population dirigeante (leurs élites-Système, si on veut) qui est “psychologiquement proche...”, et même complètement en train de basculer dans une pathologie de la psychologie qui peut être désignée d’une manière un peu frustre du mot de “folie”, ou peut-être plus élégamment du mot de “démence”. Il y a quelque chose de collectif, sans aucun doute, avec divers cas particuliers plus ou moins exotiques auxquels on s’attache un peu plus mais avec aussi cette part de mystère, dont l’on signale souvent la présence sur ce site, sans en connaître la cause et le machiniste qui la développe.
J’aurais pu faire de cette impression une “Humeur de crise”, mais comme j’ai pris pour règle de m’en tenir à des textes très courts dans cette série, et puis parce que l’objet de mon humeur est largement plus intéressante que cette humeur, et mérite un développement très spécifique, alors m’y voici... Car le spectacle, ce que je dirais être “le spectacle de la communication” qu’offre Washington D.C. et tout ce qui en dépend, est d’une telle singularité, hors de toutes les normes concevables, bien au-delà des manœuvres électorales, des coups fourrés, des campagnes orientées, des complots vrais ou faux, dénoncés ou acceptés, des narrative montées pour liquider l’un ou l’autre (et plutôt l’un que l’autre) et promouvoir l’une ou l’autre (plutôt l’une que l’autre), – bien au-delà de tout cela, voici le “spectacle de la communication” dans toute la surpuissance de son éclat et de son tintamarre.
(Suite)
Ce n’est pas une coutume ni un procès-verbal mais, pourquoi pas, l’idée qui m’était venue (hier) de présenter aux lecteurs du site une situation très chiffrée de dedefensa.org. Là-dessus, l’intervention d’un lecteur me fournit un argument impératif, qui justifie d’autant plus ce texte, en y ajoutant l’état des lieux écrits de l’immense saga de votre serviteur, La Grâce de l’Histoire. Le message de “Philippe” (ce n’est pas moi qui m’écrit à moi-même pour autant), de ce 3 août 2016 précisément sur le Forum, est le suivant :
« En réécoutant vos vidéo, j'ai deux séries de questions à vous adresser.
» 1 – Ou en êtes vous de la rédaction du 2e tome de la grâce de l'histoire ? (le 2e cercle) Avez vous prévu une date de parution ? (même approximative ou à titre indicatif).
» 2 – Prévoyez vous de produire d'autres entretiens vidéo ? Si oui, quand ? Si non, pourquoi ? »
Je commence donc par traiter cette question générale, – « dedefensa.org (y compris La Grâce) fait ses comptes », – par les réponses aux questions posées par notre lecteur-“Philippe”. Je procéderai par thèmes, avec des intertitres pour mettre un ordre estimable dans ce compte-rendu.
(Suite)
Est-ce la coutume du mois d’août qui voulait que l’actualité du monde, sauf pour cas de Guerre Mondiale, se fasse in abstentia et que ce temps-là, de mon très vieux temps d’avant, était alors vécu comme une période d’indolence qui ne manquait pas d’un doux attrait ? (Dans ce temps-là où l’on chantait Paris au mois d’août et où l’épouvantable grouillement du tourisme globalisé n’avait pas encore posé son groin sinistre et son poids écrasant sur le monde, la capitale, où je passai ce mois-là une année ou l’autre, révélait un charme comme inactuel et magnifique, qui se savourait comme un délice de l’âme et du cœur. Nous vivions comme on fréquente un poème.) Cette année pour mon compte, – je parle de 2016, – c’est comme si le phénomène s’installait effectivement, – je ne parle plus de Paris mais plutôt d’une façon symbolique, au nom du veilleur de la communication que je suis devenu, – mais dans sa plus complète inversion. Le calme et le silence en un sens, mais comme un raté, un passage à vide qui se révélera très bref, bien en-deça du mois, dissimulant à peine les affreux bouillonnements qui se préparent.
Les lampions des fiestas américanistes que sont les conventions se sont éteintes. Elles ont montré le terrifiant volume de haine, de tromperie, de veulerie, de volonté de destruction qui marque aujourd’hui la bataille politique, pour des objectifs si incertains à moins qu’ils ne renvoient aux symboles les plus simples qu’on qualifiera également de terrifiants. (L’un des deux a décidé de qualifier sa concurrente du simple terme de Devil et le plus remarquable est que cette apostrophe ne paraît nullement outrée ni déplacée dans le climat régnant.) Les autres crises semblent également moins tonitruantes, que ce soit la Turquie, le terrorisme et son cortège d’outrances, d’impasses et d’aveuglement, le naufrage de l’Europe, les perspectives de guerre contre la Russie, et tout le chaos du monde en général. Tout cela n’apaise rien et ne fait que ressortir le silence de l’angoisse qui veille, et ne conduit qu’à cet avertissement exprimé comme l’évidence, venu du Ciel ou bien des entrailles du Mordor : “Vous ne perdez rien pour attendre...”
C’est un de ces moments d’entre-deux et d’entretemps comme l’on en connaît, mais dans ce cas si fortement symbolisé par le contraste avec le fracas de l’une ou l’autre semaine d’avant, par l’ivresse et le vertige d’où l’on croit sortir et où l’on sait qu’on retombera aussi vite. Pour cette fois, avec le calme nullement simulé de mon esprit et de ma plume, je suis dans cet état où il devient futile sinon impossible d’avancer un avis, une prédiction, etc., quelque chose comme “l’automne sera terrible”, “le calme avant la tempête” ou “l’œil du cyclone”... Rien qu’une lassitude temporaire, qui vous fait pourtant mesurer sa profondeur vertigineuse ; vous êtes à la fois spectateur et acteur, vous interrogeant vaguement et vainement sur le sens de ces événements que vous continuiez à observer hier et sur l’utilité de la bataille que vous continuerez à mener demain ; à la fois assuré de ne trouver aucune réponse qui satisfasse, et confirmé de l’importance dérisoire de cette insatisfaction. Les événements du monde dictent leur loi et nul ne peut prétendre ni l’ignorer ni la contourner. Le mois d’août nous chuchote notre destin.
Je poursuis par conséquent la chronique d’hier dans ce Journal dde.crisis, en notant une remarque de notre excellent accompagnateur-commentateur Perceval-78, sur le Forum du même texte, et disant ceci :
« Ah mais que si, dans la saison 4 le président Underwood en campagne électorale est victime d'une tentative d'assassinat par un ex journaliste, attentat dont il se remettra difficilement par le biais d'une greffe de foie.
» La rumeur, Washington bruisse de rumeurs, dit que Claire pourrait tuer son mari dans la saison 5 pour avoir le poste de Présidente. »
La remarque concerne un passage précis (voir plus loin) du texte en question, et ce qui m’intéresse est bien sûr, tout en en reconnaissant l’intérêt général, de préciser que sur ce point de la chronique régulière de Perceval-78 je suis en désaccord amical mais insistant, notamment et essentiellement pour l’esprit de la chose. Je sais que les gens de House of Cards ont l’habitude de se féliciter qu’à chaque saison ils introduisent un élément extraordinaire qui se vérifie dans la situation politique de Washington D.C. l’année d’après ; là, je crois que cette règle n’est pas rencontrée du tout et que c’est plutôt Washington D.C. qui les a pris de vitesse.
(Je précise que j’ai trouvé ce feuilleton admirable, jusqu’à la saison 3 [je ne suis pas sûr du numéro] qui, brutalement, m’a particulièrement déçu, jusqu’au quasi-dégoût ; cela, lorsque j’ai découvert le portait caricatural-Système qu’ils ont fait du président Poutine, alias-Ivanov, selon les canons des plus incroyablement stupides caricatures-narrative du personnage ; et là-dessus, cerise de service sur le gâteau, par contraste la vertu ontologique au-delà de toutes les charogneries courantes d’usage de la politique US, dans le chef des réflexes humanitaires de la First Lady Claire Underwood, et de son mépris très type-Park Avenue pour le thug venu des steppes sauvages et des officines cliquetant d’instruments de torture du KGB, – et, du coup ceci [l’humanitaire-chic/salonard] rattrapant aisément cela [charogneries d’usage, etc.], et comment ! Ce réflexe de vertu américaniste m’a laissé extrêmement désappointé quant à la valeur intrinsèque de l’entreprise.)
Revenons à notre propos en citant le passage auquel notre excellent Perceval-78 fait allusion, et aussi je vais me permettre de souligner en gras ce qui me paraît essentiel pour mon explication, laquelle fera progresser la question de la description et de l’éventuelle compréhension de la situation aux USA : « [...L]a situation des USA, qui semblait montrer une solidité d’une extrême résilience dans les tempêtes crisiques qui se succèdent depuis plusieurs années, devient soudain quelque chose de proche d’un “château de cartes”, où même un assassinat politique est envisagé froidement et avec une pointe de dérision et de scepticisme (House of Cards, le feuilleton, n’a jamais envisagé cela) : seront-ils assez organisés pour monter une tentative d’assassinat de Trump, en auront-ils l’audace, les guts, ou bien même cela les dépasse-t-il ? »
(Suite)