Le Journal dde.crisis de Philippe Grasset, qui a commencé le 11 septembre 2015 avec la nouvelle formule de dedefensa.org, l’accompagne et la commente en même temps qu’il tient la fonction d’être effectivement un “Journal” pour l’éditeur et directeur de la rédaction de ce site.
Août 2022 (12 articles)
31 août 2022 (11H05) – On sait, ou bien on le devine, je n’ai le goût ni des commémorations, ni des cérémonies, ni des convenances. Les condoléances, les biographies pour saluer un mort, ces choses convenues ne sont pas de mon parti. Par conséquent, quand je prends la plume pour saluer un mort, c’est le signe que je lui trouve du mérite, et que je crois que sa vie et sa carrière sont à méditer, aussi bien pour l’histoire que pour notre temps. Gorbatchev entre parfaitement dans ce cadre.
J’ai vécu son aventure, comme journaliste et chroniqueur à Bruxelles, comme l’une des périodes les plus excitantes, sans doute la plus exaltée par rapport aux choses du possible de ma très longue carrière de plus d’un demi-siècle (55 ans exactement). A partir de 1985, il imposa un rythme étourdissant aux relations internationales, au point que tous les autres problèmes, notamment nos longues méditations intellectuelles caractérisant les milieux français de l’esprit, passèrent au second plan. Sa popularité mondiale (j’insiste sur cette ‘mondialisation’) fut extraordinaire, et dans tous les grands pays d’Occident il dépassait en popularité les grands chefs du cru. Il a terminé avec une retraite où il battit dans son propre pays tous les records d’impopularité. Ceci ne dépend pas de cela, et même justifierait cela.
RT.com, qui serait plutôt un réseau que les vrais nationalistes purs et durs de Russie regardent avec une certaine suspicion, titre à son propos ces mots que je lui connaissais pas, – qui marquent aussi bien la gloire et la malédiction du liquidateur de l’URSS :
« Si ce n’est moi, qui ? Et si ce n’est maintenant, quand ? »
(Suite)
28 août 2022 (17H55) – Au départ, je me proposais d’adopter ce titre : « Zuckerberg, FBI, Hunter Biden, Trump & ‘Russiagate’ », pour vous signaler une partie du beau monde convoquée dans cette affaire. Mais c’était en laisser certains autres dans l’ombre, alors je préfère en revenir à la poutre-maîtresse de l’aventure. ‘The Biden’s fiston’ et l’exceptionnel merdier où il plonge l’administration de son papa, Washington ‘D.C.-la-folle’, les élections midterms et les États-Unis d’Amérique. Tout cela aurait pu tenir dans un ‘RapSit-USA2022’, mais tout cela mérite un ton qui nous rapproche plus du ‘Journal’. Nous y sommes.
D’abord, un rappel, avant l’entame dans le dur. Cela se passait en octobre 2016, lorsqu’un fantastique article du New York ‘Post’ publia des e-mails sortis du disque dur de l’ordinateur portable de Hunter, oublié par Hunter chez un marchand innocent d’une ville du Delaware où son papa (p)réside. Ce matériel accablait ‘The Biden’s fiston’, ce qui n’est pas difficile au vu de ses incroyables aventures, corruptions et mœurs diverses, en même temps qu’il marquait l’extraordinaire légèreté du bonhomme. Eh bien, la diffusion par les maître des réseaux sociaux (et du monde) de l’article du ‘Post’ fut bloquée. Encore récemment, nous en parlions, nous citant nous-mêmes avec émotion :
« Nous avions parlé en son temps, soit le 16 octobre 2020, de cette “journée folle”, dite “Une journée-tweeter qui tweete”, avec notamment ce passage ramassant les événements de cette journée :
» “Voilà à peu près l’affaire de la ‘journée folle’ de Tweeter. Il est rarissime, sinon complètement inédit de relever un acte de censure aussi patent, indécent et grossier, portant sur des événements en cours de l’importance de l’élection présidentielle, et encore de cette importance de USA2020. Pourtant, tout un segment, largement puisé dans la presseSystème et la presseWoke (pour changer un peu en parlant de la presse progressiste-sociétale ou révolutionnaire qui s’affiche antiSystème mais qui est d’abord antiTrump et qui se retrouve là où on la retrouve, bien alignée en rang), ne s’est pas trouvé particulièrement bouleversé par cette aventure ; dans tous les cas, pour bon nombre d’entre eux, on s’est abstenu d’en parler.” »
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25 août 2022 (09H00) – C’est sans doute Pépé Escobar, pour qui « Daria Dougina vole comme un aigle dans les cieux d’un autre monde », qui a le plus opportunément rappelé l’avis d’Alexandre Douguine :
« Le statu quo actuel autour de l'opération Z [l’“Opération Militaire Spéciale” en Ukraine] ne doit pas durer plus de six mois... Maintenant[que les six mois sont passés], nous devons commencer.»
“Commencer”, c’est-à-dire passer aux choses sérieuses, et il est possible que le choc de la mort de Daria conduise Poutine à le faire, ou le contraigne c’est selon. Il est possible sinon probable, comme l’affirment nombre de commentateurs indépendants qui entendent s’élever contre l’affirmation occidentale ridicule que “Douguine est le Raspoutine de Poutine”, que Douguine n’ait aucune influence directe sur Poutine. Ce n’est d’ailleurs pas son rôle. Douguine est philosophe et métahistorien, ce qui n’implique nullement quelque influence directe que ce soit, mais plutôt des appréciations et des interprétations qui, elles, peuvent avoir indirectement de l’influence sur les esprits en aidant à découvrir la vérité-de-situationdu monde, découverte un instant, dans cet instant et dans ces circonstances. Ses conceptions d’ordre spirituel sont bien claires : pour lui « l’Histoire est ouverte » selon la vision de la Tradition (Guénon et Evola cités), c’est-à-dire qu’elle reçoit des impulsions et des dynamiques qui ne sont de ni l’ordre de la raison ni de l’ordre de l’humain bien qu’elles puissent être devinées sans être identifiées par la raison dans son sens traditionnel et par ce qu’il y a d’intuition dans ce qui est de l’ordre de l’humain.
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21 août 2022 (16H20) – ... Mais deuil momentané, assuré de l’accueil fait à ses morts dans l’autre monde, tant ce courant de pensée allant de Platon à Plotin dépasse le temps et se moque des ‘temps-devenus-fous’. Car c’est bien ce que je retiens de plus haut de l’assassinat de Daria Douguine, c’est-à-dire ce qui faisait ce qu’elle fut, avec ce parallèle d’au-delà nos absurdités sanglantes :
« Toutes les deux [Daria et Hypatie d’Alexandrie]étaient néo-platoniciennes et toutes les deux ont été odieusement assassinées par les séides d'une pensée unique intolérante. »
Je ne suis pas assez noyé ni accablé de culture universitaire et de constructions politiques pour m’arrêter à des analyses et des prévisions suivant cet acte, ou bien, comme l’on fait dans ce monde où je vis plus que par procuration, le saluer par le silence à peine gêné, le sarcasme de fortune ou le slogan robotisé. Pour cette raison, je m’en remets à mon intuitions, pour dire que j’en trouve l’expression particulièrement dans ce commentaire, – je vous laisse le soin d’en retrouver la trace dans ce qui suit, – où il est dit qu’il faut y voir... :
« ...un choc émotionnel qui va radicaliser l'affrontement ontologique entre la Russie et l’Occident et par conséquent la dimension eschatologique de cette guerre russo-atlantiste commencée il y a 8 années sur le Maïdan et dans le Donbass et qui cette année a fini par exploser, tel un volcan sous pression. »
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18 août 2022 (18H35) – Quoi qu’on pense de l’Angleterre, – et j’en pense beaucoup, et “de toutes les couleurs”, – on doit lui reconnaître historiquement une grande valeur militaire dans un certain nombre des diverses guerres qu’elle eut à mener.
Parmi les gloires de l’empire, il y a la fameuse “Bataille d’Angleterre” où la Royal Air Force (RAF) tint évidemment un rôle essentiel, avec ses 750 chasseurs affrontant pendant plusieurs mois à l’été 1940 une force de 2 550 avions de la Luftwaffe, pour enfin l’emporter. Venu visiter ses unités sur la Manche pendant la bataille, le maréchal Goering, qui commandait la Luftwaffe, passait en revue les officiers du JG26 (Groupe de Chasse) de Saint-Omer, volant sur Messerschmitt Bf-109E. Il s’arrêta à son chef, le grand as (101 victoires aériennes) de la Luftwaffe Adolf Galland et lui demanda ce qu’il voulait pour améliorer l’efficacité de ses forces. Il s’entendit répondre sans plaisir particulier, mais sans surprise non plus puisque Galland avait une réputation bien établi de franc et ferme parler :
« Des ‘Spitfire’, monsieur le Maréchal. »
Cela fixait bien la valeur, non seulement des avions mais des jeunes pilotes du Fighter Command de la RAF. C’était le plus souvent des jeunes gens d’à peine 20 ans, des étudiants venus des fameuses universités anglaises et emportés par l’enthousiasme patriotique. On connaît j’espère, les mots fameux de Winston Churchill pour les caractériser à jamais, dans un discours aux Communes le 20 août 1940, – puisque, finalement, l’effort de la RAF avait découragé l’Allemagne, privée de supériorité aérienne, de lancer un débarquement en Angleterre et ainsi écarté le spectre d’une défaite aussi humiliante que celle de la France :
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17 août 2022 (20H55) – ... Quand le titre dit “en suspens”, cela signifie “en attente” de quelque chose, et cela dans une atmosphère étrange, en suspension si vous voulez, attendant que l’Éole des grands événements se décide à souffler dans la direction choisie par les dieux. Le fait est que je perçois la guerre d’Ukrisis, non pas encalminée, non pas stagnante, mais plutôt dans une immobilité symbolique pleine de tensions souterraines, qui définit bien cette attente.
Je réalise cette sensation que j’éprouvais si vaguement et sans vraiment m’y arrêter, à la lecture d’une page du blog de Andrei Martyanov du 16 août. D’abord, Martyanov nous donne un extrait d’une dépêche de Tass (d’abord en russe, qu’il traduit en anglais, restituée ici en français)
« Les planificateurs occidentaux ont pratiquement fait une croix sur le régime de Kiev et planifient déjà la partition de l'Ukraine, a déclaré le porte-parole du Service de renseignement extérieur, le colonel-général Vladimir Matveev, lors de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale. “De toute évidence, l'Occident ne se préoccupe plus du sort du régime de Kiev. Comme le montrent les informations reçues par le SVR, les conservateurs occidentaux l'ont presque passé par pertes et profits et sont en train d'élaborer des plans pour la division et l'occupation d'au moins une partie des terres ukrainiennes”, a-t-il déclaré. Toutefois, selon le général, l'enjeu dépasse largement l'Ukraine : pour Washington et ses alliés, il s'agit du sort du système colonial de domination mondiale. »
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17 août 2022 (06H00) – Le ridicule-bouffe dans lequel s’effondre la grande offensive type-ReSet (avec des oraisons funestes certifiées et estampillées comme celle d’Hariri sur ‘l’avenir de l’homme’), et la civilisation-bouffe américaniste-occidentaliste elle-même, est bien illustrée par cette farce du destin et des dieux réunis, qui fait qu’après Biden, qui sort de son deuxième Covid, les victimes actuelles en “vedettes américaines” sont des héros quadruple-vaccinés de la campagne covido-wokeniste. Cela me valut de prêter attention à cette remarque d’un humoriste dont j’ignore si l’on peut dire qu’il est “bien connu”, et s’il est convenable de le citer...
« C’est un signe du ciel qui fait se demander si les élites de l’establishment ne pourraient pas être défaites simplement par le ridicule encore plus que par le vaccin... Pas besoin que le ridicule tue, il suffit qu’il leur donne le Covid après leurs mille-et-une vaccinations... »
Pour substantiver mon propos initial, j’observerais qu’on compte donc parmi ces victimes expiatoires et sacrificielles de la campagne covido-wokeniste :
le patron de Pfizer Albert Bourla, avec son superbe accent belgo-américaniste, croulant sous les bénéfices-bonus et sous « des symptômes extrêmement lourds » de la maladie malgré, ou grâce à ses quatre vaccins réglementaires ; et
l’ardent propagandiste du Covid et du Woke dans les forces armées, homme de considérable corpulence et premier Africain-Américain dans cette position, le secrétaire à la défense US des États-Unis Lloyd Austin qui en est, lui, et comme son chef bien-aimé Biden quadri-vacciné, à son deuxième Covid ; ainsi lui donnant l’occasion de diriger la plus grande machine de guerre que le monde ait jamais connue, à partir de son chez-soi, en séquence virtuelle, quasiment comme vous et moi, très-démocratiquement.
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13 août 2022 (18H10) – Il faut tenter de reprendre le contrôle de ses pensées, si l’on s’avise de suivre trop dans le détail l’évolution de la situation judiciaro-politico-policière, & communicationnelle certes, aux USA. Le “non-raid” du FBIsur l’énorme résidence-golfeuse de Mar-a-Lago, chez Donald Trump, est en effet un des plus puissants révélateurs d’une situation d’imbroglio crisique en marche dans la Grande République.
(Vous a-t-on dit que le “non-raid” s’est effectué hors de la présence de tous les occupants, – dont Eric, fils de Donald, – de l’immense résidence de 124 pièces ? Oui, sans doute. Mais vous a-t-on précisé que tous, avec en plus Trump à New York, ont pu suivre toutes les péripéties de la visite à partir de caméras de surveillance dont Mar-a-Lago est truffée et que, semble-t-il, le FBI n’avait pas eu l’esprit de débrancher.)
L’excellent Howard J. Kunstler, un de mes favoris avec Larry Johnson et quelques autres, sort une chronique de sa série « Clusterfuck Nation », qu’il me plaît bien de traduire en “Nation-Merdier”, le 12 août, consacrée à l’affaire ; « Gestapo the Steal » nous dit le titre, que je pourrais après tout traduire par “Le pillage intégral de la Gestapo” (“Gestapo” ? Concept intégrant principalement le ministère de la Justice [DoJ] et le FBI...) Kunstler reprend le tout en détail, avec beaucoup de détails, et figurez-vous qu’à la fin de son texte, les deux derniers paragraphes de conclusion, il écrit ceci qui n’est pas sans rappeler l’hypothèse de Larry Johnson dont il a été question hier ; je veux dire la première phrase, sur le “qui-perd-gagne” qui aurait été « monté par [Trump] lui-même », aux dépens du DoJ-FBI... L’idée est dans l’air !
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12 août 2022 (10H15) – D’abord, quelques mots rapidement, pour signaler l’ouragan de condamnations et de commentaires furieux, du côté des conservateurs mais aussi avec quelques débordements chez d’autres, après le raid du FBI dans la résidence secondaire de l’ancien président Donald J. Trump. C’est une affaire, – le mot est cité plus loin et je l’adopte, – finalement assez “étrange”. J’ai mis un certain temps à réagir, certes préoccupé d’autres problèmes, mais surtout n’imaginant pas une seconde qu’une telle “affaire”, dans de telles conditions, pouvait avoir eu lieu.
Je pensais à une autre occurrence, quelque chose de classique, préparé, annoncé, etc., bref une péripétie classique ; ce qui m’intéressa aussitôt au détriment des circonstances du “raid”, c’est, comme on l’a lu, l’extraordinaire haine qui continue à régner comme un complet absolutisme submergeant bon sens et mesure dans les psychologies de la politique US, lorsqu’il est question de Trump. Du coup, les réactions à tel acte qui poursuit grossièrement la haine anti-Trump ont une ampleur à peu près égale mais en sens contraire, dans le registre de l’indignation et de la fureur. Ce fut le cas de Larry Johnson dans sa chronique du 8 août 2022 :
« Mais ce qui s'est passé aujourd'hui à Mar a Lago est un moment décisif. Aucun président américain, et surtout pas Joe Biden, ne peut plus prétendre se présenter devant les Nations unies et exiger que les autres pays se débarrassent de leurs dirigeants corrompus. Les dirigeants étrangers seront plus qu’heureux de brandir un miroir et de dire au président des États-Unis : “Regarde-toi d’abord”. Le statut auquel prétendaient les États-Unis en tant que flamme de la liberté tentant d’éclairer un monde truffé de régimes autoritaires est en lambeaux. »
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8 août 2022 (14H55) – Lorsque l’Opération Militaire Spéciale (OMS) a commencé, le 24 février 2022, tout paraissait clair dans l’esprit des observateurs. La Russie devait aller vite pour régler cette affaire, surtout éviter l’“enlisement”. Certains y voyaient, qui pour s’en réjouir qui pour s’en désoler, une consigne de l’au-delà, une sorte de doctrine “RIP-Brzezinski” opérationnalisé en un piège de type-“néo-Zbig” : faire de l’Ukraine un “second Vietnam” pour la Russie, comme l’Afghanistan avait été, en 1980-1988 et à l’instigation du même Zbigniew Brzezinski, le “Vietnam de l’URSS” (donc “premier Vietnam” de la Russie).
Très vite, en même temps que s’élevait comme un opéra wagnérien scandé par le régiment-Azov le concert d’admiration médiatique et de louanges communicationnelles pour l’héroïsme ukrainien et le génie stratégique de Zelenski, il devint admis que cette doctrine “néo-Zbig” était bien la pensée profonde de D.C. et du Pentagone. Il fallait « mettre la Russie à genoux », la chose fut dite par l’imposant secrétaire à la défense Austin ; c’est-à-dire, faire durer le conflit, pour que la Russie s’y épuise, militairement et économiquement, conduisant en toute logique américaniste à une révolte populaire mettant Poutine à bas et instaurant la démocratie néo-libérale et bien entendu américaniste.
En plus et pour la parfaite équité, il faut être juste et songer aux quarante discours-Macron qui ont fait la France ! Avec son flair infaillible, son intuition quasi-divinatoire, sa sublime vision stratégique, son sens moral exacerbé à la manière de la cithare lancinante comme le destin de l’Anton Karas du ‘Troisième Homme’, la France macroniste avait vu juste avant tout le monde. Elle nous avait averti, dès le lendemain de l’attaque et d’une voix de maître par Bruno Lemaire, que nous allions « faire s’effondrer l’économie russe » et mettre la Russie dans un sinistre et mortel isolement. Ensuite, on la découperait en parts égales, et pour les US un peu plus égale que les autres, comme l’on fait d’une tarte au miel de Samarcande.
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02 août 2022 (09H15) – On ne fera pas ici un compte-rendu précis, ni une prospective non moins détaillée de la vérité-de-situation qui concerne plusieurs situations crisiques en cours de conflagration. Ce n’est ni mon habitude, ni dans ma capacité, moins encore selon un penchant qui est de garder une distance vis-à-vis de ce qui est pressant et tend à emplir l’esprit de confusion, l’âme d’émotions impérieuses et la plume de phrases impératives.
La seule certitude que nous donnent ces premiers jours d’août 2022 est que la GrandeCrise poursuit sa charge, tambour battant. Cette image des “tambours d’août 2022” ne cesse de s’imposer au jugement comme un sentiment impérieux, une image terrible et se suffisant à elle-même, par contraste avec toute description significative. Vous devez avoir à l’esprit simplement cette formule citant un livre fameux sous forme d’une analogie, de ‘L’extension du domaine de la crise’. Bien entendu, tout se lit et se lie à partir de la matrice commune de la GrandeCrise. La diagonale est un avatar monstrueux d’Ukrisis, elle court de l’Ukraine à Taïwan et continue d’embraser le monde en successifs “départs de feu” (ce vocabulaire des grands incendies de forêt du temps des canicules !).
Quoi que fasse la ‘vieille dame indigne’ à qui est venue cette idée, nullement saugrenue puisque logique selon le développement de la folie en-cours, de prétendre visiter les amis de Taïwan, la Chine est invitée avec la plus grande fermeté à entrer dans le sabbat infernal, et elle y entre. Quels que soient les tenants et les causes de l’épisode, et je subodore qu’ils devraient paraître dérisoires et sans vaste plan préparé par rapport à l’effet obtenu, les aboutissants et les conséquences sont que l’immense Chine est désormais, presque à égalité avec la Russie, au cœur du bouleversement du monde. Les États-Unis tiennent parfaitement leur rôle de boutefeu, d’allumer partout les susdits départs de feu alimentant monstrueusement le brasier qui dévore l’ordre devenu désordre du monde.
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1ere août 2022 (08h55) – Et nous allions l’oublier ! Nuancer avec le sens de la responsabilité : et j’allais l’oublier... Un mien ami, venimeux comme une vipère de canicule, m’a fait remarquer que j’ai laissé passer les prévisions de maître Jacques, en date du 7 juillet, sur son blog. Attali, désenchanté mais toujours précis comme l’est “l’homme-qui-sait-tout”, ayant renoncé sans tambours ni trompettes aux plumes flamboyantes qui dessinent des avenirs multicolores. Lui aussi se laisse aller à nous jouer ‘Jacques-le-Fataliste’, comme d’habitude un tantinet hautain mais pas trop ; et cette conclusion si originale par les temps qui courent : cette fois-ci, nous sommes bons pour de bon...
Bons pourquoi ? La Grande Glissade, la plongée dans le Néant, la GrandeCrise, Jacques Attali n’hésite plus. « Il faudrait être le dernier des aveugles » commence-t-il, comme s’il y avait une graduation : un peu aveugle, un peu plus aveugle, drôlement aveugle, le dernier des aveugles... Mais je cherche la petite bête, à faire l’intéressant, pour retarder l’instant fatal où le dernier des grands bâtisseurs de futurs extraordinaires nous annonce que c’est inutile d’insister, que nous allons « Vers le chaos, en six étapes »
(Suite)